Mais il reste dans l’œuvre d’art, le contenu, une suite de descriptions, de paysages, de personnages, de scènes et de péripéties, de sujets et d’images, que l’artiste s’efforce de représenter le plus exactement et le plus persuasivement qu’il peut, de façon qu’on en accepte la réalité non par choix et par goût, mais parce qu’elle paraît s’imposer. […] Aussi, la description d’une scène familière (on peut prendre pour exemple le tableau de l’agitation d’une gare à la tombée de la nuit, par M. […] Octave Feuillet (1821-1890) : ce romancier et dramaturge très prolifique, surnommé à cause de sa série dramatique « Scènes et proverbes » le « Musset des familles », très en faveur à la cour de Napoléon III, fut élu à l’Académie en 1862.
Les jeux des nuages, les mouvements des eaux, les agitations humaines, ce sont maintes scènes variées du seul Drame éternel. […] Une fièvre de passion évoque, dans nos cœurs, les scènes — atténuées pourtant et combien pâlies ! — les scènes qui là-bas sont jouées, parmi les décors variés, dans le royal théâtre où nous ne pouvons pénétrer. […] Antistius qui, sur la scène, résistait si nettement aux prières de Carmenta, a enfin, dans la coulisse, cédé à ses charmes. […] Il nous a décrit, en particulier quelques scènes de mort, la mort d’un interne tué par le croup, la mort d’un misérable enfant torturé dans un hôpital, des scènes d’une émotion simple et profonde qui, bien par-delà Swift, m’ont rappelé Dickens.
Pourtant, l’histoire de la Russie abonde en scènes et en situations si extraordinaires que nous voyons sans surprise, en dépit des dogmes de l’ école naturaliste, M. […] C’est un récit assez embrouillé, et qui contient beaucoup de scènes d’amour. […] Le plus merveilleux de tous, et qui vaut à lui seul une excursion à Bloomsbury, est un bas-relief représentant une scène de mariage. […] Le plan tout entier du récit, le retour du héros sous un déguisement, la scène où il se fait reconnaître par son fils, la vengeance terrible qu’il tire de ses ennemis, et la scène où il est enfin reconnu par sa femme, nous rappellent l’intrigue de mainte pièce grecque, et nous expliquent ce qu’entendait le grand poète athénien, en disant que ses drames n’étaient que des miettes de la table d’Homère. […] Scène : une chambre capitonnée dans une maison de fous, aux États-Unis.
Depuis quelques années, après la période ibsénienne, nous sommes sous la domination russe et, pour ne parler que du théâtre et s’en tenir même à l’aspect extérieur, qui pourrait nier que le décor et la mise en scène des artistes russes ne soient en train de démoder jusqu’au ridicule la manière française ? […] Ne voit-on pas, dans des scènes de caserne, deux soldats se dire sur un ton affectueux : « Mon vieux cochon » et autres aménités qui seraient fort déplacées dans le salon de Mme de Noailles, mais qui ne le sont plus à la caserne. […] De la sorte, la plupart des correspondances ressemblent à des dialogues où l’on aurait effacé les répliques d’un des discoureurs, à une scène de comédie réduite à un seul rôle. […] Tout perfectionnement dans la mise en scène ne fera qu’accentuer son côté artificiel et plus un décor approchera en de certains points de la vérité et de la perspective, plus il s’en éloignera par certains autres.
Après les premières stances, il n’insiste plus sur cette seconde beauté préférable ou encore enviable de la maturité ; il accorde que le Temps triomphe, et qu’il renverse les grâces fragiles comme il change et détruit tout ce qui se succède incessamment sur cette scène toujours renouvelée de la nature ou de l’histoire.
Il en jettera de plus clairs que vous n’entendrez pas davantage ; et l’impatience et le moment amèneront une scène, je ne sais quelle, peut-être des larmes, peut-être une main prise et dévorée, peut-être une chute aux genoux, et puis des propos troublés, interrompus de votre part, de la sienne. — Le beau roman !
Il part là-dessus avec une gravité de membre de l’Académie de médecine écrivant un rapport : « Une curieuse épidémie sévit depuis quelque temps sur les billets de cinq cents francs ; ils ne meurent pas tous, mais tous sont frappés d’un vague discrédit Le symptôme pathognomonique de la maladie est un épaississement accentué des tissus, avec complication de troubles dans le filigrane, etc… » Ou encore : « On vient de découvrir l’antisarcine ; comme son nom l’indique, ce médicament est destiné à combattre les effets du Francisque Sarcey qui sévit avec une si cruelle intensité sur la bourgeoisie moyenne. » Et alors il fait l’historique de la découverte ; il raconte que les études sur le virus sarcéyen ont démontré l’existence d’un microbe spécial qui a reçu le nom de Bacillus scenafairus (bacille de la scène à faire) ; que les premiers microbes ont été recueillis dans la bave d’un abonné du Temps, un malheureux qui « jetait du Scribe par les narines et délirait sur des airs du Caveau… et que son teint blafard (et Fulgence) désignait clairement comme un homme épris des choses du théâtre » ; que ces bacilles ont été recueillis, cultivés dans les « bouillons » du Temps et de la France, etc… Ce qui double encore l’effet de ces méthodiques extravagances, c’est le style, qui est d’un sérieux, d’une tenue et d’une impersonnalité effrayantes.
Maintenant que je resonge à cette scène, je la trouve bien extraordinaire.
Hésiode, s’associaient dans sa pensée aux scènes qui avaient enchanté son enfance.
Caro M. de Vigny est, parmi les poètes de ce temps-ci, le moins préoccupé de se mettre en scène lui-même.
Messer Ipocrito entre en scène en se livrant à part lui à ces réflexions : Qui ne sait feindre ne sait vivre ; la dissimulation est un bouclier qui émousse toutes les armes ; c’est une arme qui brise n’importe quel bouclier.
C’est lui qu’il va choisir comme protagoniste, pour jouer sur la scène la tragi-bouffonnerie qu’il médite et qui n’est qu’une réplique modernisée du Bourreau de soi-même.