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626. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Sur le Louis XVI de M. Amédée Renée » pp. 339-344

L’art d’un roi qui, sans être supérieur, eût été pratique et prudent, c’eût été de pourvoir au plus tôt, de porter remède à cette fièvre soudaine, à cette chaleur de réforme qui avait saisi à la fois toute la nation, moins les classes privilégiées, et qui gagnait, jusque dans ces classes privilégiées, bien des têtes ardentes et généreuses ; c’eût été de donner à cet enthousiasme le temps et les moyens de se calmer ; c’eût été, par des réformes partielles vigoureusement suivies, de donner satisfaction à des intérêts justes et, par là, de décomposer petit à petit ce nuage gros d’illusions, qui renfermait des tonnerres.

627. (1874) Premiers lundis. Tome I « Anacréon : Odes, traduites en vers française avec le texte en regard, par H. Veisser-Descombres »

Du sein de son loisir, il ne prend d’autre soin que de saisir au passage et d’écrire en vers ses pensées riantes ou tendres, à mesure qu’elles traversent son âme ; et la plupart de ses pièces sont des impromptus de volupté, qui, au milieu de ses jeux, lui échappent sans plus d’effort que les roses effeuillées de sa guirlande.

628. (1890) Conseils sur l’art d’écrire « Principes de composition et de style — Quatrième partie. Élocution — Chapitre VIII. De la clarté et des termes techniques »

La propriété du langage n’est plus absolue alors : elle est relative ; le mot propre est celui qui éveille le mieux dans l’esprit du lecteur l’idée de l’objet que l’écrivain veut désigner, et un à peu près que tout le monde entend, vaut mieux alors qu’un terme exact, que nul ne saisit.

629. (1897) Le monde où l’on imprime « Chapitre XIX. Réflexions morales sur la maladie du journal » pp. 232-240

Eugène fut saisi et vendu, car, quand la gazette ne se vend pas, on vend le gazetier.

630. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — B — article » pp. 211-219

Les rêveries de nos Philosophes sur l’origine du monde, la formation de la matiere, les propriétés du mouvement, &c. sont exposées, dans ces Lettres, avec un tel art, que les notions élémentaires de la Physique ne sont pas même nécessaires au Lecteur, pour saisir l’ensemble des systêmes philosophiques & en sentir toute l’absurdité.

631. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — D. — article » pp. 169-178

Ses principaux effets sont d’éclairer, de saisir, de pénétrer : les Vérités de M.

632. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Seconde partie — Section 25, du jugement des gens du métier » pp. 366-374

La poësie du tableau de Monsieur Coypel, qui représente le sacrifice de la fille de Jepthé ne les saisit point, et ils l’examinent avec autant d’indifference que s’il représentoit une danse de païsans ou quelque sujet incapable de nous émouvoir.

633. (1818) Essai sur les institutions sociales « Chapitre V. Première partie. Les idées anciennes devenues inintelligibles » pp. 106-113

Laissons-en tout l’opprobre aux factieux et aux intrigants, toujours si habiles à se saisir des circonstances.

634. (1906) Les idées égalitaires. Étude sociologique « Première partie — Chapitre I. Définition des idées égalitaires »

Mais il suffit qu’on les ait aperçus dans leur généralité pour saisir ce qui constitue à nos yeux l’essence même des idées égalitaires.

635. (1867) Cours familier de littérature. XXIV « CXLe entretien. L’homme de lettres »

Enfin, après quelques discours, dont il parvint à saisir une ou deux phrases, il crut deviner que cette selle avait été oubliée par le jeune Barasdine, et qu’on le prenait pour un domestique de cet officier. […] Barasdine s’en saisit avec vivacité, et dit: « Celle-ci ne sera pas inutile ; le général est Français, et il n’a point oublié sa patrie ; les accents de votre voix suffiront seuls pour le bien disposer. […] Paul allait s’élancer à la mer, lorsque je le saisis par le bras. « Mon fils, lui dis-je, voulez-vous périr ? […] » Ne pouvant douter de son malheur à mon silence et à mes larmes, elle fut saisie tout à coup d’étouffements et d’angoisses douloureuses ; sa voix ne faisait plus entendre que des soupirs et des sanglots. […] Elles se mirent l’une et l’autre auprès de lui, le saisirent dans leurs bras, le baisèrent ; et leurs larmes, qui avaient été suspendues jusqu’alors par l’excès de leur chagrin, commencèrent à couler.

636. (1862) Notices des œuvres de Shakespeare

Brillant, léger, diaphane comme les apparitions dont il est rempli, à peine se laisse-t-il saisir à la réflexion ; à peine, à travers ces traits mobiles et transparents, se peut-on tenir pour certain d’apercevoir un sujet, une contexture de pièce, des aventures, des sentiments, des personnages réels. […] Ils n’y pouvaient rencontrer ces traits d’une originalité presque sauvage qui nous saisissent dans les ouvrages que Shakespeare a composés sur des sujets modernes, étrangers aux habitudes actuelles de notre vie, comme aux idées classiques sur lesquelles se sont formées les habitudes de notre esprit. […] Juliette, réveillée l’instant d’après, voyant Roméo mort et ayant appris du religieux, qui venait d’arriver, ce qui s’était passé, fut saisie d’une douleur si forte que, « sans pouvoir dire une parole, elle demeura morte sur le sein de son Roméo6 ». […] Ce n’est point le fait, ce n’est point la situation qui a dominé le poëte et où il a cherché tous ses moyens de saisir et d’émouvoir. […] C’est là une de ces questions paradoxales sur lesquelles s’échauffe l’imagination du critique qui s’en est laissé saisir, et où la plus ingénieuse discussion ne sert ordinairement qu’à prouver jusqu’à quel point l’esprit peut s’employer à embarrasser la marche simple et ferme de la vérité.

637. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome III pp. -

A peine l’astronome Florentin en eut-il quelque idée, qu’il le saisit dans toute son étendue & tâcha de le mettre en règne. […] Un esprit d’enthousiasme saisit alors la nation. […] On saisit toutes les sources de ridicule, plaisanteries, brocards, estampes satyriques, chansons. […] La peur saisit le provincial : il se met derrière les soldats & les encourage à avancer. […] Ils arrachèrent indignement son capuce : le général lui-même s’en saisit dans un moment de rage ; le jetta par terre & le chargea d’imprécautions.

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