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950. (1864) De la critique littéraire pp. 1-13

Au nom de principes que je nie, que mon siècle raille, dont peut-être vous riez vous-mêmes.

951. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre XXII. La comtesse Guiccioli »

Elle avait pu condescendre avec son nom de Guiccioli, immortalisé par Byron, à épouser le marquis de Boissy, ce personnage de comédie politique dont, en ce temps-là, toute la France riait ; et la marquise de Boissy ne devait pas oser, avec la décence comme le monde comprend la décence, tout dire de l’intimité de la comtesse Guiccioli avec lord Byron, L’embarras qu’elle éprouvait fut si grand, qu’il résista aux picotements de l’amour-propre du bas-bleu, du bas-bleu qui l’excitait à profiter de cette position, unique pour le succès d’un livre, d’avoir été la maîtresse de lord Byron !

952. (1909) Les œuvres et les hommes. Critiques diverses. XXVI. « Le comte Gaston de Raousset-Boulbon »

C’était la vieille idée si simple et si vraie contre laquelle la philosophie proteste et réclame, et que tous les Congrès de la paix à mourir de rire ne parviendront jamais à déshonorer !

953. (1909) Les œuvres et les hommes. Critiques diverses. XXVI. « Buloz »

Michelet, avant de faire paraître chaque volume de sa scandaleuse Histoire de France, y fait des communications qui ne révoltent nullement la pudeur de Buloz, de ce farouche, comme dirait Sainte-Beuve, qui trouvait autrefois qu’un éloge de Brummell était bien léger pour sa revue, et qui ordonnait de ne pas rire, en ce grave sujet, à John Lemoine, lequel, si vous vous le rappelez, fut superbe d’indignation puritaine contre les pots de pommade du dandy et l’immoralité de ses rouleaux d’eau de Cologne !

954. (1906) Les œuvres et les hommes. Femmes et moralistes. XXII. « Sainte Térèse » pp. 53-71

Que voulez-vous dire, en effet, quand on n’en peut pas rire, du travail d’un jésuite sur une Sainte, cette Sainte-là fût-elle sainte Térèse ?

955. (1861) Les œuvres et les hommes. Les historiens politiques et littéraires. II. « VIII. M. de Chalambert. Histoire de la Ligue sous le règne de Henri III et de Henri IV, ou Quinze ans de l’histoire de France » pp. 195-211

bonté des sens, familiarité, camaraderie, politique, cette peau d’intérêts qu’il avait sous son autre peau, absence de profondeur d’impression et l’amour du rire !

956. (1899) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (troisième série). XVII « Vie de la Révérende Mère Térèse de St-Augustin, Madame Louise de France »

Telle elle fut, cette sainte dont la canonisation fait rire dans la boutique de la Revue des Deux Mondes.

957. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XXI. De Thémiste, orateur de Constantinople, et des panégyriques qu’il composa en l’honneur de six empereurs. »

« Je ris, dit l’orateur, quand je pense à ce tyran, qui, voulant persuader qu’il était dieu, se faisait élever des statues et des temples ; et l’insensé ne pensait pas même à faire du bien aux hommes.

958. (1901) Des réputations littéraires. Essais de morale et d’histoire. Deuxième série

Vous vouliez rire ? […] Je le soutiendrai sans rire. […] C’est pourtant au fumoir, entre hommes, que se disent les choses les plus savoureuses : à savoir, des contes gras, qui, selon l’excellente hygiène de Rabelais, dispersent les humeurs et favorisent la digestion, en secouant le diaphragme par les éclats et les spasmes du rire. […] Au Nord, les grasses et basses plaines de Belgique et de Flandre avec leurs champs de lin et de colza, et le houblon, leur vigne amère du Nord, etc. » J’ai vu des connaisseurs rire de ce style, qu’ils croyaient celui de quelque vieux capitaine. Le plaisant qui riait le plus fort était un grand zélateur de Michelet.

959. (1864) Corneille, Shakespeare et Goethe : étude sur l’influence anglo-germanique en France au XIXe siècle pp. -311

On comprend aujourd’hui que Diderot se soit demandé pour quelle raison il ne devait y avoir au théâtre que deux genres, l’un qui tendît constamment à faire rire et l’autre à faire pleurer. […] Nous nous moquons du romantisme sentimental, en gens qui se croient devenus raisonnables et qui rient des illusions de leur jeunesse. […] On ne se rit point de ces génies audacieux, dont la mission, comme celle d’Attila, est de tout renverser et de tout détruire. […] On rit, on se récrie, on l’appelle, et sa mère           Tremble à le voir marcher. […] La ruine du comte George de Germany, le héros du drame moderne, n’est plus une simple espièglerie dont on rit, — c’est la honte et le désespoir.

960. (1907) Propos de théâtre. Quatrième série

C’est ainsi que le monde entier se métamorphose sous les mains de l’homme, et la pauvre dame Nature doit se rire parfois au nez de bon cœur quand elle mire dans ses mers et dans ses lacs son éternelle mascarade. » Sentez-vous assez qu’il y a ici un peu de fatigue et que Fantasio ne laisse pas ici de faire de la fantaisie ? […] Sa femme affecte d’en rire. […] J’ai ri d’abord. […] Et je riais. […] Autres personnages secondaires, tous bien modelés et très vrais, sauf un uhlan idiot, grosse caricature destinée à faire rire les septièmes galeries et parfaitement indigne de cette pièce distinguée et grave.

961. (1891) La vie littéraire. Troisième série pp. -396

Il faut bien qu’il y ait quelque chose de changé, puisque nous gémissons de ce qui les faisait tant rire. […] Au fond, il est triste, il l’avoue : C’est crainte de pleurer bien souvent que je ris. Et voici que tout à coup son rire s’éteint. […] Je sais seulement qu’on rit et puis qu’on est ému, et qu’on rit encore et qu’on est ému encore. […] Nous avons bien ri à la barbe du vieil ermite qui vint nous exorciser au temps du roi Dagobert.

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