Venise se vit riche tout-à-coup en peintres excellens, sans que la republique eût fondé depuis peu de nouvelles academies, ni proposé aux peintres de nouveaux prix.
Féval, qui a pris la succession d’Alexandre Dumas et qui aurait été, s’il l’eût voulu, assez riche de sa fortune personnelle, Féval pourrait se garder des dangers de la production trop facile en portant et en creusant longtemps ses idées, et surtout !
Toutefois, on pouvait espérer que la vie le mûrirait, et rendrait sa vision individuelle plus riche et plus profonde.
Les riches ne considèrent plus leur fortune comme un moyen de supériorité légale, mais comme un instrument de tyrannie ; le peuple qui sous les gouvernements héroïques ne réclamait que l’égalité, veut maintenant dominer à son tour ; il ne manque pas de chefs ambitieux qui lui présentent des lois populaires, des lois qui tendent à enrichir les pauvres.
Baudelaire est un sensuel condamné au mysticisme, étranger à toute explication scientifique et, perdu sur les flots du vice moderne, les considérant avec un regard sévère de prêtre latin, — sans doute de mauvais prêtre, d’autant plus sévère, — latin et traditionnel par son haut goût de moraliste, par la logique de sa pensée en plein rêve, latin et romain par la force carrée de son génie bref, — non pas court, — très sûr, riche, sombre, par sa poétique même et surtout par sa rhétorique, par l’incisive concision de son style. […] Renan, le style, riche sans faste, flotte autour de la pensée, nette ensemble et retorte.
Quand on fait la réaction, on peut avoir tantôt un mélange trop riche en cuivre pour la quantité de sucre, tantôt un liquide trop chargé de sucre pour la quantité de réactif qu’on emploie. […] Si, au contraire, nous prenons un liquide sucré très riche et une très faible proportion du réactif, nous aurons non seulement par l’ébullition la réduction de tout le cuivre, mais de plus vous voyez la liqueur se colorer en brun et l’oxyde de cuivre se redissoudre, parce que l’excès du sucre a réagi avec la potasse qui se trouve elle-même en excès dans le même liquide. […] On devait s’attendre, en conséquence, à voir le sang de la veine porte, que nous avons déjà trouvé plus riche en sérum, contenir plus d’eau que celui des veines hépatiques, et moins de matières solides.
Celle qui a été entreprise depuis est, sans nul doute, conçue d’après un plan beaucoup meilleur, plus riche eu science, et plus conforme à son véritable but. […] Ne retrouve-t-on pas en lui cet esprit de vanité et d’indépendance ; ce dédain pour les puissants et les riches, tout en les recherchant sans cesse ; cette alliance du cynisme et de la morale ; cette prétention d’apporter de la philosophie dans les moindres choses, et de considérer des contes de fées et des romans, non plus comme un simple amusement, mais comme un véhicule de lumières et de raison ? […] Un homme que ses malheurs illustrent encore plus que ses ouvrages, Bailly, voulut aussi depuis donner à la science le charme du style ; il ne vit pas que le principe du talent de Buffon était une puissante et riche imagination ; il s’efforça d’y suppléer en prodiguant des ornements qui sont loin de produire les mêmes effets.
Si le doux prince shakespearien se croit autorisé à émettre cette doléance, combien est-elle plus juste chez ces Athéniens qui avaient alors donné au monde Eschyle, Sophocle, Euripide, Aristophane, Platon, Phidias, κτῇμα εἴς άεί, joy for ever, trésor éternel de l’esprit humain, le plus riche et le plus enivrant qui fut jamais ! […] Tandis que la prose française est depuis bien des siècles une forme d’art merveilleusement riche, souple et susceptible de perfections variées, en Angleterre la poésie se réservait presque exclusivement la beauté proprement littéraire et la prose se contentait en général de dire ce qu’elle avait à dire, sans souci particulier de l’élégance ou de l’éclat du style. […] Cela vaut bien un léger effort, et il n’y a point d’autre obstacle, car ce chef-d’œuvre si riche de « substantifique moelle » n’en est pas moins parfaitement clair et accessible à tous. […] Frédéric II a le front d’écrire : « Je me flatte que la séduction de Berlin aura assez de pouvoir pour l’y faire revenir bientôt, d’autant plus que la bourse de la marquise ne se trouve pas toujours aussi bien fournie que la mienne. » Pure calomnie, attendu que Voltaire était riche et ne vivait nullement aux crochets de Mme du Châtelet : c’était plutôt le contraire.
Savez-vous ce qu’en régime socialiste deviendraient les riches et les forts qu’on n’aurait pas eu le temps de déposséder ? […] En régime socialiste les riches et les forts qu’on aurait parfaitement dépossédés, du moins partiellement, iraient dans les pays non socialisés, où ils auraient placé par avance, à les supposer prudents, leurs capitaux mobilisables, et ils y vivraient et feraient souche ; et ce serait comme la Révocation de l’Édit de Nantes ou comme l’Émigration, moins le retour ; et voilà tout. […] Voyez-moi un peu comme ceci est galant, comme il y a de l’esprit et surtout du sens pratique dans cette application de la Carte de Tendre à la situation politique de 1788 : … L’an 1788, le trentième du mois de décembre, l’Armée du peuple étant campée dans la plaine d’Égalité civile, appuyée à sa droite au morne Liberté et couverte sur son flanc gauche et sur ses derrières par les marais Nécessité ; et le corps des riches mécontents serré dans le détroit de Justice, ayant à dos la rivière Famine… Ça continue.
Jean Mornas, ce pessimiste audacieux, attend Lucie qu’il à magnétisée, et qui revient de commettre le crime : Encore quelques minutes peut-être et Jean Mornas connaissait sa destinée. « Être riche ! être riche ! […] Ce que je dirai pourtant, c’est que la simplicité, la vérité ne sont jamais banales et que la nature est encore assez riche de ses beautés pour qu’on n’en soit pas réduit à n’exploiter que ses exceptions, ses choses cachées, ses verrues et ses difformités. […] — Un hypocrite, Monseigneur. — Mlle de Courteheuse est assez belle et assez riche pour éveiller des ambitions qui pourraient être moins scrupuleuses que la mienne… Quant à moi, si vous savez que je suis un sceptique, vous savez aussi que je suis un homme d’honneur… c’est quelque chose.
Il décida d’en faire un médecin : un bon et noble métier, bien considéré, qui n’était exercé que par des gens de familles riches et bien apparentées. […] III Le journal de Félix, et celui de Thomas, qui reprend ici ses avantages, s’ajoutent heureusement à la collection, qui ne sera jamais trop riche, des mémoires où des voyageurs étrangers ont consigné leurs observations et leurs jugements sur notre pays. […] Au xvie siècle, Avignon n’avait plus ses papes ; il continuait, sans ses cardinaux-légats, d’être une ville italienne, une porte ouverte en France à la civilisation raffinée, riche et joyeuse de l’Italie, un éblouissement pour les rudes et simples esprits du Nord. […] « Non, conclut-il, je ne fais pas de miracle en Espagne : le miracle, c’était qu’avec les moyens naturels qu’elle a d’être puissante et respectée, elle fût ainsi misérable, abattue. » Ainsi l’Espagne riche et forte par la nature, appauvrie et affaiblie par les Espagnols : voilà l’idée, — point à dédaigner du tout, — qu’Alberoni s’est faite et a toujours gardée. […] Il n’y a plus que ceux que leur naissance a fait riches, comme Montesquieu, qui puissent mettre vingt ans à limer un ouvrage : la perfection littéraire devient un luxe de grand seigneur.
L’influence de l’Espagne dans la littérature française Parmi les grandes littératures de l’Europe moderne, il y en a peu, sans doute, qui soient plus riches, mais surtout plus originales que la littérature espagnole, et cependant il n’y en a guère qui nous soient moins connues. […] Et qui refusera de convenir enfin que, si le Barbier de Séville n’est pas mieux intrigué que l’École des femmes, il l’est à tout le moins d’une manière plus implexe, comme on disait jadis, plus ingénieuse, plus riche en surprises, plus voisine surtout de notre goût moderne ? […] D’autres veulent que cette espèce de « religion » ou de philosophie de la nature ait pu séduire un Rousseau, disent-ils, mais non pas un Molière, un auteur comique, l’homme qui nous a laissé « une si riche galerie de vicieux et de ridicules ».