Le reste de l’univers n’a point cessé d’exister pour lui. […] Il ramène chez lui, fou de douleur, ces restes affreux. […] Mais au reste, on oublie de faire deux distinctions bien nécessaires. […] Elle a épousé Livaray, et Chambard vient alors réclamer d’elle le reste de ses faveurs. […] Pour le reste, célibataire ingénieux et épris de ses aises.
Cela passe tout le reste. […] La figure de l’humanité ne reste pas un moment la même. […] C’est un épisode sur lequel il ne reste plus rien à dire. […] Renan n’en reste pas moins le plus sage des hommes. […] Le reste ne vaut pas un regard.
Il ne me reste qu’à m’excuser de tant de chiffres. […] Un homme reste absolument le même après l’avoir écrit. […] Le style se déshabille comme tout le reste. […] Reste deux actes intéressants ; reste que M. […] Le reste n’en était que les organes de locomotion.
Et de même pour tout le reste. […] Mais secrètement il reste ferme dans son dessein. […] En tout cas, dans sa bouche, il reste parfaitement logique. […] Leur vérité et leur beauté font un peu tort au reste. […] C’est cette histoire qu’il reste à étudier.
Mais je dis presque de tout son cœur, parce que dans ce cœur de comte il reste une place pour l’ambition. […] Mais voici, pendant une courte absence de Mme Marèze, Juliette qui arrive et qui reste quelques instants avec Marèze. […] Et puis, il y a toute la question religieuse qui reste entière, tout l’obstacle résultant de la question religieuse qui reste entier, tout entier. […] Je reste coi, et je t’attends. […] Eh bien, ma foi, l’y voilà. — Rien à louer avec fanatisme, mais rien à mépriser dans le reste de l’interprétation.
J’ai été assez étonné de lui trouver l’esprit si libre, et il m’a paru plus spirituel que je ne le croyais. » Et quelques jours après (25 mars) : « … Chateaubriand a parlé de religion chez Mme de Duras ; il la ramène sans cesse, et ce qu’il y a d’assez étrange, c’est le point de vue sous lequel il la considère : il en croit une nécessaire au soutien de l’État, il aime les souvenirs, et il s’attache à celle qui a existé autrefois dans son pays ; mais il sent fort bien que les restes auxquels il veut s’attacher sont réduits en poudre ; il croit nécessaire aux autres et à lui-même de croire ; il s’en fait une loi, et il n’obéit pas. […] Représentant de la Révolution, vous voilà devenu associé de toute idée libérale ; car le parti de la liberté, ici comme dans le reste de l’Europe, est votre unique allié. » — « C’est indubitable, reprit Napoléon ; les populations et moi, nous le savons de reste. […] Son christianisme au reste, de la manière dont il l’entendait, ne cessa de germer en lui et de croître pendant les dix dernières années de sa vie ; il y mettait tout ce qu’on peut désirer d’un homme de bonne volonté ; il voudrait surtout croire à l’efficacité de la prière et la concilier avec l’universalité et la nécessité des lois naturelles ; il y a des moments où il lui semble saisir un trait de lumière sur cet obscur et mystérieux sujet. […] Il se mettait au travail à six heures du matin, travaillait jusqu’à midi ; le reste du jour se passait en visites et dans le monde.
Bosc, et dont on retrouve l’expression assez peu convenable dans la Correspondance avec Bancal (page 12), n’est autre chose au fond, dans sa crudité, que ce jugement instinctif et presque invincible des esprits de race girondine sur ceux de famille doctrinaire, jugement au reste si amèrement rétorqué par ceux-ci. […] A propos d’un pamphlet de Lally-Tollendal, elle disait des hommes de sa couleur : « Ils flattent les passions des mécontents, ils séduisent les hommes légers, ils ébranlent les esprits faibles : ôtez tous ces êtres de la société, comptez la classe ignorante qu’ils influencent à leur manière, et voyez le peu qui reste de bons esprits, de personnes éclairées, pour résister au torrent et prêcher la vérité ! […] Mais on remarquera, aux précautions qu’elle prend, combien, l’injustice une fois construite et si promptement d’ordinaire, il est pénible ensuite, par un reste de fausse honte, d’en redescendre79. […] L’émotion, au reste, que trahit cette lettre, n’était l’indice que d’un sentiment et non d’une passion. […] Quant au reste, vérité, évidence, limpidité parfaite ; pas une tache, pas un voile à jeter ; regardez aussi avant que vous voudrez dans sa maison de verre, transparente comme avait souhaité ce Romain : la lumière de l’innocence et de la raison éclaire un intérieur bien ordonné, purifiant.
Reste à comparer deux moments voisins dans le même homme, à démêler quelles conditions plus spéciales provoqueront à tel instant la naissance de telle image plutôt que de telle autre. — Pour cela, considérons, non plus seulement des sensations isolées, mais encore des suites de sensations. […] Mais nous sommes occupés ailleurs, nous pensons, nous rêvons, nous causons, nous lisons, et pendant tout ce temps nous négligeons le reste ; à l’égard des autres sensations, nous sommes comme endormis et en rêve ; l’ascendant de quelque image ou sensation dominatrice les retient à l’état naissant ; si, au bout d’une minute, nous essayons de les rappeler par le souvenir, elles ne renaissent pas ; elles sont comme des graines jetées à poignées, mais qui n’ont pas germé ; une seule, plus heureuse, a accaparé pour soi la place et les sucs de la terre. — Il n’est pas même nécessaire que ces sensations destinées à l’effacement soient faibles ; elles peuvent être fortes ; il suffit qu’elles soient moins fortes que la privilégiée ; un coup de fusil, l’éclair d’un canon, une douloureuse blessure échappent maintes fois à l’attention dans l’emportement de la bataille, et, n’ayant point été remarqués, ne peuvent renaître ; tel soldat s’aperçoit tout d’un coup qu’il saigne, sans pouvoir rappeler le coup qu’il a reçu. — Neuf fois sur dix, et peut-être quatre-vingt-dix-neuf fois sur cent, la sensation perd ainsi son aptitude à renaître, parce qu’il n’y a pas d’attention sans distraction, et que la prédominance portée sur une impression est la prédominance retirée à toutes les autres. […] Elles se sont effacées, et maintenant, quand, retrouvant par hasard quelque fragment de cette scène éloignée, je m’y arrête pour tâcher d’évoquer le reste, mon effort est vain. — Il en est ainsi de presque toutes les portions de notre expérience ; l’impression reçue a été solitaire ; sur mille, il y en a tout au plus une qui se soit répétée deux fois ; sur mille de celles-ci, il y en a une à peine qui se soit répétée vingt fois. […] Si dans l’un des deux états les images ont des associations très exactes et très délicates, si, comme on le voit chez plusieurs somnambules66, des aptitudes supérieures se déclarent, si, comme on le remarque dans l’ivresse et après plusieurs maladies, les passions prennent un autre degré et un autre tour, non seulement les deux personnes morales seront distinctes, mais il y aura entre elles des disproportions et des contradictions monstrueuses. — Sans doute, quoique, chez les somnambules, les personnes hypnotisées et les extatiques, des contrastes semblables opposent la vie ordinaire à la vie anormale, leurs deux vies ne sont point nettement ni entièrement séparées ; quelques images de l’une s’introduisent toujours ou presque toujours dans l’autre ; et la supposition que nous avons faite reste, quand il s’agit de l’homme, une simple vue de l’esprit. — Mais dans les animaux elle rencontre des cas où elle s’applique avec exactitude ; tel est celui des batraciens et des insectes qui subissent des métamorphoses. […] On en a vu oublier entièrement une langue étrangère, les faits historiques, ou les dates, etc., et se souvenir de tout le reste. » 61.
Ensuite il faut garder le silence : A voir ce que l’on fut sur terre et ce qu’on laisse, Seul le silence est grand, tout le reste est faiblesse… … Si tu peux, fais que ton âme arrive, A force de rester studieuse et pensive, Jusqu’à ce haut degré de stoïque fierté Où, naissant dans les bois, j’ai tout d’abord monté. […] Le sujet d’Eloa, c’est le péché aimé par l’innocence, parce que, pour l’innocence », le péché n’est que le plus grand des malheurs. » Il n’y a donc, en définitive, de vrai et de précieux que l’amour : tout le reste est fausseté et ironie. […] Il ne reste de nous qu’un cadavre vivant ; Le désespoir l’habite et le néant l’attend90. […] ) « Le seul bien qui me reste au monde est d’avoir quelquefois pleuré. » (Tristesse.) […] Elle a raison, elle veut dire : Pauvre petit, A ton insu, ton cœur respire, Et t’avertit Que le peu de sang qui l’anime Est ton seul bien, Que tout le reste est pour la rime Et ne dit rien.
Nous ne devons pas exprimer au dehors toute notre existence intérieure ; il en est une partie qui, n’étant que pour nous, doit rester entièrement nôtre ; la raison nous le dit, et, si la raison ne nous trompe pas, il est inutile que nous croyions externer ce qui doit rester interne et reste tel en effet ; quand on est raisonnable, mieux vaut l’être jusqu’au bout ; être raisonnable et s’imaginer qu’on ne l’est pas, c’est ne pas l’être entièrement, c’est mêler un grain de folie à une sagesse qui, dès lors, est imparfaite. […] La bouche garde le silence Pour écouter parler le cœur34 ; sa parole intérieure reste calme ; elle ne peut s’élever jusqu’à l’inspiration ; si, dans cet état, il se souvient de la Muse et de leurs amours d’autrefois, son esprit lui représente en vain tous les motifs poétiques qui devraient éveiller son génie ; aucun n’a le pouvoir de l’arracher à lui-même ; il ne ressent ni colère durable ni enthousiasme profond ; la Muse est pourtant descendue du ciel ; elle lui a parlé ; mais il a eu peine à la reconnaître ; ni son appel ni son baiser n’ont pu réchauffer un cœur glacé ; il refuse de s’envoler avec elle dans les « mondes inconnus » qu’en des temps plus heureux ils ont tant de fois parcourus ensemble. […] On voit que la parole intérieure n’est pas même, dans le genre dont elle fait partie, une espèce entière ; mais, dans la vie psychique, elle a plus d’importance à elle seule que tout le reste du genre ; seule aussi, elle est devenue indépendante des autres images : même les images visuelles, si elles sont faciles à abstraire des groupes où elles se présentent, apparaissent rarement isolées ; la parole intérieure, ayant son rôle spécial à remplir, fonctionne à part, sans mélange hétérogène [ch. […] Composée d’habitudes particulières, mais dont l’ordre de réalisation reste pour une grande part indéterminé, l’habitude totale n’est qu’une habitude générale 239 ; pour se réaliser en actes particuliers, mais complexes, elle doit appeler à son aide l’imagination [§ 3] ; celle-ci est nécessaire pour faire franchir à la phrase la faible distance qui la sépare de l’actualité ; mais elle n’a besoin pour cela d’aucun effort, tant les matériaux qu’elle emploie ont été bien construits, et tant ils sont habitués à s’enchâsser sans heurt entre des phénomènes de même nature aux côtés desquels ils se sont déjà souvent trouvés ; d’une part, l’analogie des images, qui toutes sont des sons, facilite leur enchaînement ; d’autre part, l’habitude totale contient, outre les habitudes particulières, spéciales à chaque mot, des habitudes encore générales, mais plus déterminées, qui résultent de l’association fréquente de certains mots ou de certains genres de mots : par exemple, après un substantif, l’habitude conseille, sans l’imposer absolument, un verbe, et, après un verbe, un adjectif240 [ch. […] La parole intérieure réunit ces deux qualités, en apparence incompatibles, par ce fait qu’elle se compose d’habitudes élémentaires à la fois particulières et positives, tandis qu’elle-même reste générale, c’est-à-dire indifférente à l’ordre des actes particuliers qui la réalisent.
Cousin, la duchesse de Longueville reste ce qu’on l’a toujours vue dans sa pénombre historique — et moins ce qui fait rêver, moins le mystère, moins la ligne mi-brisée d’un buste qui paraît plus beau à l’imagination charmée, parce qu’on n’en saisit pas nettement tous les contours ! […] Cousin : « Livrée à la galanterie, et comptant pour rien tout le reste, — remuante plutôt qu’ambitieuse, — portant dans ses égarements ce reste d’honnêteté que, quand elle aimait quelqu’un, elle l’aimait avec une fidélité sans bornes », c’est-à-dire, tant que cela durait ! […] L’haleine y manque à l’auteur comme s’il avait accompli le plus difficile des travaux d’Hercule, et il se sert de ce qui lui en reste pour nous lamenter des adieux de cygne mourant dans un style qui dépasse de beaucoup le ton de pipeau auquel il a, dans ce dernier ouvrage, ramené l’histoire. […] et qui porte à la philosophie les restes d’une voix qui tombe et d’une ardeur qui s’éteint.
Il en reste simplement les hommes qui ont eu du génie ; ce serait dommage qu’il n’en fût pas ainsi, car nous y perdrions tous. […] Tant que l’on reste dans cette généralité vague, on n’a rien dit. […] Quel déchet ce jour-là dans la théorie des tempéraments, dans les « innéités », dans les « élections du père ou de la mère », dans les « hérédités en retour », dans les « mélanges-fusion », dans les « mélanges-équilibre », et dans les « mélanges-dissémination » sans parler de tout le reste, et que je sais de gens qui riraient de bon cœur, et d’autres qui ne riraient pas ! […] L’amour-propre des vaincus a le droit d’être un peu susceptible ; le seul bien qui leur reste, c’est leur réputation : elle ne saurait leur être trop précieuse. […] Une seule chose le pourrait consoler : c’est que le reste de la société, quand vous y touchez, ne paraît pas valoir mieux que lui.