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806. (1909) Les œuvres et les hommes. Philosophes et écrivains religieux et politiques. XXV « Le Docteur Véron »

Et Véron, qui nous parle de ses indiscrétions à la page 333 de son livre, Véron, l’homme à la plume familière et facile, qui causait autrefois dans ses articles comme on cause en faisant sa barbe, l’homme du cure-dent à la bouche et de toutes les breloques de l’anecdote et du commérage, Véron ressemblait par là à M. de Retz.

807. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre VII. D’Isocrate et de ses éloges. »

Au reste, cet éloge, comme on s’en doute bien, porte le caractère de l’âge où il fut composé ; c’est l’abandon de l’âme dans un songe tranquille ; on voit se succéder lentement et doucement les mouvements de l’orateur ; on voit les impressions arriver jusqu’à lui par des secousses insensibles, et ses idées ressemblent à ces lumières affaiblies et pâles qui se réfléchissent de loin, et conservent de la clarté sans chaleur.

808. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « M. de Fontanes »

Il ressemble, sans le vouloir, sans y songer, et par une originalité native : dans le fond des traits, dans le tour des lignes, à travers la couleur pâlie, on reconnaît plus que des vestiges. […] On remarquait, à travers les exclamations descriptives d’usage, bien des vers heureux et simples, de ces vers trouvés, qui peignent sans effort : Le poëte aime l’ombre, il ressemble au berger…. […] La manière de travailler, dans l’école classique, ressemblait assez, il faut le dire, à la toile de Pénélope : on défaisait, on refaisait sans cesse ; on s’attardait, on s’oubliait aux variantes, au lieu de pousser en avant. […] Fontanes, dont on a dit quelque chose de pareil, lui ressemblait par son vif amour pour ce qu’on appelait encore tes Lettres, par sa bienveillance active qui le faisait promoteur des jeunes talents. […] La musique ne ressemble à rien de ce que j’ai entendu.

809. (1883) Le roman naturaliste

Les souffrances d’une femme mal mariée, qu’y a t-il là qui ressemble si peu « aux gens que l’on coudoie dans les rues » ? […] Zola ressemble à ce « Roi des halles », dont on disait qu’il savait tous les mots de la langue, mais qu’il ignorait la manière de s’en servir. […] Il n’a voué qu’un culte à Darwin et à Claude Bernard, et nous, notre respect pour eux, ou notre admiration, ressemble à de la superstition. […] Zola ressemblent à ses doctrines : j’entends la grossièreté voulue du langage et la vulgarité délibérée des sujets. […] Nous ne nous ressemblons par rien tant que par nos appétits, si ce n’est par la façon de les satisfaire.

810. (1891) Impressions de théâtre. Cinquième série

Nora ressemble beaucoup, par son extérieur et ses allures, à la Dora, de Dickens, la « femme-enfant ». […] Avdotia ressemble déjà un peu à la Catherine de l’Orage, vous vous rappelez ? […] Le second Tamerlan ressemble cruellement au premier. […] Il n’a que le tort de ressembler à de la prose. […] Or, elle vient de rencontrer dans la rue un homme qui lui ressemble.

811. (1939) Réflexions sur la critique (2e éd.) pp. 7-263

Bertrand se doute-t-il qu’un critique qui tient de tels propos sur Sainte-Beuve ressemble à un romancier qui traiterait Flaubert en très petit garçon ? […] Retenons pourtant de tout cela que ces questions de frontière entre le génie et la longue patience qui lui ressemble si bien sont extrêmement complexes. […] Cela ressemble fort à de l’ironie. […] Les noms des poètes romantiques ressemblent à des noms de crus, et nous disons la Légende des Siècles comme on dit la Romanée. « Cela tue !  […] Un autre, qui ressemble plus qu’un frère à M. 

812. (1864) Le roman contemporain

si les femmes ressemblaient à Marguerite !  […] Feuillet en refermant le livre, sans songer qu’ils ne ressemblent pas beaucoup eux-mêmes à Maxime. « Ah ! si les hommes ressemblaient à Maxime !  […] si les hommes de notre temps ressemblaient à Maxime ! Mais où sont les hommes qui ressemblent à Maxime ?

813. (1890) Journal des Goncourt. Tome IV (1870-1871) « Année 1871 » pp. 180-366

Rien ne ressemble plus à ma nuit de chaque jour, depuis le bombardement, qu’à la nuit passée à bord d’un bâtiment, pendant un combat naval. […] À côté, dans un pensionnat de jeunes demoiselles, les lits du dortoir, déjetés, disloqués, et recroquevillés par le feu, ressemblent à une broussaille de fer. […] Les gens, qui sont encore dans les rues, ressemblent aux gens d’hier. […] L’incendie de Paris fait un jour qui ressemble à un jour d’éclipse. […] Elle ressemble, cette ruine, à la ruine d’un palais magique, illuminé, dans un opéra, de lueurs de feux de Bengale.

814. (1890) L’avenir de la science « X » pp. 225-238

Sans doute les misérables êtres qui bégayèrent d’abord des sons inarticulés sur le sol malheureux de l’Afrique ou de l’Océanie ressemblèrent peu à ces naïfs et gracieux enfants qui servirent de pères à la race religieuse et théocratique des Sémites, et aux vigoureux ancêtres de la race philosophique et rationaliste des peuples indo-germaniques. […] L’élément variable et caractéristique a bien plus d’importance, et la physiologie ne paraît si souvent creuse et tautologique que parce qu’elle se borne trop exclusivement à ces généralités de peu de valeur, qui la font parfois ressembler à la leçon de philosophie du Bourgeois gentilhomme. […] La psychologie ordinaire ressemble trop à cette littérature qui, à force de représenter l’humanité dans ses traits généraux et de repousser la couleur locale et individuelle, expira faute de vie propre et d’originalité.

815. (1883) Souvenirs d’enfance et de jeunesse « Chapitre II. Prière sur l’Acropole. — Saint-Renan. — Mon oncle Pierre. — Le Bonhomme Système et la Petite Noémi (1876) »

Ce qui montrait leur noblesse, c’est que, dès qu’ils voulaient faire quelque chose qui ressemblât à un négoce, ils étaient sûrement trompés. […] Les marins, vois-tu, ne ressemblent pas au reste du monde. […] Le caractère de mon père ne ressemblait nullement au sien.

816. (1888) La critique scientifique « La critique scientifique — Analyse sociologique »

L’Allemagne, la Prusse de Schleiermacher et celle de M. de Bismarck, se ressemblent aussi peu que les Poméraniens ressemblent aux Souabes, et que ceux-ci, blonds ou noirs, épais ou avisés, se ressemblent entre eux.

817. (1890) Impressions de théâtre. Quatrième série

. — A quel roi voudriez-vous ressembler ? […] Cela ressemble bien à un chef-d’œuvre. […] Elle m’agaçait avec ses mots d’enfant qui ressemblent à des mots d’auteur. […] Il y a là une espèce de renversement et quelque chose qui ressemble à une injustice. […] Nous en rencontrons quelquefois, autour de nous, qui leur ressemblent.

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