Ce qui était poussière reprenait les apparences de la jeunesse et de la fraîcheur. […] C’est là qu’un naturel, qui est le moins froid du monde, reprend le dessus, et que son tempérament se révèle. […] Qu’importe, reprend Voltaire : « On chantait publiquement sur le théâtre de Rome : Post mortem nihil est… et ces sentiments ne rendaient les hommes ni meilleurs ni pires. […] Spirituelle surtout la manière dont M. de Régnier a repris, remis à neuf, recréé un sujet auquel se sont appliqués vingt romanciers de nos jours. […] Dans les « Deux Vies », pour reprendre les espèces mêmes données par les frères Margueritte, c’est sur une plage, devant un mélancolique coucher de soleil, que Francine, sentimentale comme une pensionnaire de la veille, a élu son époux.
J’ai une fois joliment repris un de nos ducs. […] Dans ses Mémoires, Saint-Simon reprend ses premiers jets de portraits, les développe et se donne tout espace.
Ainsi se forme en lui le modèle idéal qui, obscur ou distinct, achevé ou ébauché, va dorénavant flotter devant ses yeux, rallier toutes ses aspirations, tous ses efforts et toutes ses forces, et l’employer à un seul effet pendant des siècles, jusqu’à ce qu’enfin renouvelé par l’impuissance ou la réussite, il conçoive un nouveau but, et reprenne un nouvel élan. […] La fine élégance est devenue débauche ignoble ; le doute délicat s’est tourné en athéisme brutal ; la tragédie avorte, et n’est qu’une déclamation ; la comédie est effrontée et n’est qu’une école de vices ; de cette littérature, il ne subsiste que des études de raisonnement serré et de bon style ; elle-même est chassée de la scène publique presque en même temps que les Stuarts au commencement du dix-huitième siècle, et les maximes libérales et morales reprennent l’ascendant qu’elles ne perdront plus.
Madame Récamier reprit son sang-froid un moment troublé ; elle écrivit au prince pour retirer la parole écrite qu’elle lui avait donnée d’être à lui. […] Sa tristesse reprend le ton de la tendresse.
Et nous n’y voyons rien à reprendre. […] Tout le portrait de ce pauvre Garnotelle, vingt fois repris et complété, est une merveille de finesse, d’ironie, de férocité.
Il reprit des mains de Descartes, pour les appliquer à la recherche de vérités d’un autre ordre, les procédés de cette méthode : la nécessité du doute provisoire pour arriver à ne plus douter ; le mépris de l’antiquité et de l’autorité dans tout ce qui n’est pas du domaine de la foi ; l’évidence, comme marque unique à laquelle le vrai se distingue du faux ; la raison comme seul juge de l’évidence. […] Ainsi, dans la sixième lettre, après l’anecdote de Jean d’Alba, ce valet des jésuites qui, devant le Châtelet, se défendait par les maximes des pères d’avoir volé leur vaisselle, l’interlocuteur fait remarquer au père que c’est peu d’avoir mis les gens en assurance à l’égard de Dieu, de leur conscience et du confesseur, si l’on n’est pas parvenu encore à les mettre en assurance du côté des magistrats ; et il ajoute : « Votre pouvoir est de grande étendue : obligez-les d’absoudre les criminels qui ont une opinion probable, à peine d’être exclus des sacrements. — Il y faudra songer, reprend le père : cela n’est pas à négliger.
Il s’efface en quelque sorte devant les instincts égoïstes pour reprendre ensuite le pouvoir, une fois l’individu persuadé qu’on va désormais bien s’entendre. […] Si Dieu reste impuissant, si la vision illusoire de l’humanité future, si l’affection, si la routine suggérée s’attellent en vain pour tirer l’individu hors de l’égoïsme et le détacher de lui-même, voici le « devoir » qui va reprendre la tâche impossible.
N’osant pas se frayer une route nouvelle et s’avancer résolûment vers l’avenir, elle a repris facilement la vieille voie tracée on elle flaire les pistes des anciens, semblable à un chien qui a perdu son maître. […] L’autre répondait : Clysterium donare ; et toute la compagnie reprenait en chœur : Dignus, dignus est intrare in nostro docto corpore !
De sorte qu’on pourrait dire, sans jouer aucunement sur le sens des mots, que le réalisme est dans l’œuvre quand l’idéalisme est dans l’âme, et que c’est à force d’idéalité seulement qu’on reprend contact avec la réalité. […] Si les personnages que crée le poète nous donnent l’impression de la vie, c’est qu’ils sont le poète lui-même, le poète multiplié, le poète s’approfondissant lui-même dans un effort d’observation intérieure si puissant qu’il saisit le virtuel dans le réel et reprend, pour en faire une œuvre complète, ce que la nature laissa en lui à l’état d’ébauche ou de simple projet.
Il y a même des endroits où le canal semble manquer, où la ligne est indécise, mais la source reprend aussitôt.
Mme Récamier a désormais sa place assurée, et l’une des meilleures, dans le rayon de bibliothèque consacré aux femmes françaises ; elle vit, et, pour reprendre une expression de M.
Un jour qu’il est allé masqué au bal de l’Opéra en compagnie du comte de Noailles, il en parle au cardinal et lui dit que c’est M. de Noailles qui, pour dépister les curieux, a fait le rôle du roi et a fort bien joué tout le temps son personnage. « Oui, sire, reprend le cardinal ; mais j’ai ouï dire qu’il avait fait Votre Majesté un peu trop galante. » Le roi piqué fut un moment sans répondre, et il dit ensuite d’un ton sec : « J’en suis content, il n’a fait que ce que je lui ai ordonné. » Et il tourna le dos à son ancien précepteur qui croyait l’être toujours.