Si une fillette, sa cruche pleine sur la tête, s’arrête à babiller, non seulement elle oublie la cruche dans le moment présent, mais de plus, lorsqu’elle reprend sa marche dans la rue longue et tortueuse, c’est à peine si elle la sent peser, tout occupée qu’elle est encore de la distraction rencontrée au bas du chemin. […] La puissance lyrique d’un génie se mesure souvent à la fréquence de la reprise de l’idée, ramenée sans cesse sous une forme nouvelle et plus frappante, au moment où on la croyait abandonnée ; c’est l’ondulation de la vague, ne quittant ce qu’elle porte qu’après l’avoir soulevé jusque sur sa crête aiguë, pour le laisser reprendre ensuite par une vague nouvelle. […] Salut, oubli du monde et de la multitude, Reprends-nous, ô nature, entre tes bras sacrés !
Elles ont été remplacées par quatre autres, dont on m’excusera d’être allé reprendre la première, sur les Petits Naturalistes, dans un ancien volume. […] Comme un peintre, qui s’avisant un beau jour de mettre de l’ordre dans ses portefeuilles, y reprendrait les esquisses, les ébauches, les études dont il s’est autrefois servi pour la préparation d’une grande toile, on dirait que M. […] Reprenons l’idée, selon nos forces et à notre manière, en disant que le roman de Flaubert, avant tous ses autres mérites, eut celui de paraître en son temps. […] Alors, si vous pénétrez un peu plus avant, et si vous reprenez le détail des conversations du curé Bournisien, par exemple, ou du pharmacien Homais, vous remarquerez qu’après tout la limite étroite qui sépare le vulgaire du caricatural est rarement dépassée. […] La Faustin, séparée de son lord écossais, a repris la vie de théâtre.
Il a retrouvé les champs, il a repris l’étude, et le voilà qui resonge à la belle gloire. […] Souvenons-nous de ces vers d’une belle tragédie : Ces lions, que leur maître avait rendus plus doux, Vont reprendre leur rage et s’élancer sur nous ; ……………………………………….. […] il nous passera tous. » Et à son jeune ami il répétait : « Faites-vous illustre. » M. de Chateaubriand, à son tour, lui rendait en conseils et en encouragements ce qu’il en recevait ; et quand Fontanes, après avoir repris vivement à la Grèce sauvée, semblait en d’autres moments s’en distraire, son ami l’y ramenait sans cesse : « Vous possédez le plus « beau talent poétique de la France, et il est bien malheureux « que votre paresse soit un obstacle qui retarde la « gloire. […] La nuit vient : vers le toit champêtre D’un front gai reprends ton chemin, Dors content : tes filets peut-être Sous leur poids fléchiront demain. […] En face d’un canapé, seul meuble du gracieux réduit, se trouvait un buste de Vénus : elle était là, l’antique et jeune déesse, pour sourire au nonchalant lecteur quand il posait son Horace au Donec gratus eram, quand il reprenait son Platon entr’ouvert à quelque page du Banquet.
L’homme, quand il imite, demeure presque toujours conscient, ou du moins se reprend assez vite, si pour quelques minutes il s’est abandonné. […] La vraie nature a repris ses droits. […] Thème éternel et tant de fois repris, depuis Don Juan jusqu’à Priola, le plus original des créateurs ne saurait qu’ajouter quelques variations à la donnée première, et d’ailleurs sa ligne conductrice s’impose avec une telle rigueur que celles-ci ne pourraient s’en écarter. […] Voici que mon âme a repris son essor Nocture et craintive ainsi qu’une phalène Aux prunelles d’or ! […] Tout le terrain qu’il a abandonné comme artiste, il va le reprendre au nom d’un intérêt supérieur.
Celle-ci reprend une vieille métaphore religieuse et idéaliste selon laquelle le corps serait un instrument à cordes dont jouerait l’âme. […] Claude Courtot, qui a rejoint le groupe surréaliste tardivement, dans les années soixante, reprendra la métaphore en l’appliquant à Crevel lui-même. […] Il est d’ailleurs difficile de clore cette préface sans reprendre à Courtot, qui a rédigé la présentation de l’édition Pauvert, cette citation des entretiens de Breton selon laquelle Crevel était « l’auteur d’ouvrages tels que L’Esprit contre la raison, Le Clavecin de Diderot sans quoi il eût manqué une de ses plus belles volutes au surréalisme ». […] Il s’agissait non d’amour, mais de guerre, autant que j’en pus juger par le distique initial : En alt vois s’est escrié Vous estes en dol tut fines… que, deux heures durant, un vieux fou se contenta de répéter avec, pour tout commentaire, de multiples aboiements qui reprenaient les mots, un à un, et nous servaient, à propos de la moindre voyelle, tout un jeu de rauques vocalises. […] Si vous voulez que je vous guérisse donnez-m’en mille. » L’humour reprend ses droits qu’il n’avait, d’ailleurs, jamais perdus.
Les entretiens de près reprirent avec vivacité, avec abondance. […] Fauriel, dans cette discussion avec Villers, reprend d’ailleurs ses avantages par la justesse et la précision des critiques qu’il dirige aux endroits essentiels. […] Ayant confié à Fauriel le manuscrit de son traité d’économie politique ou de la Volonté, M. de Tracy lui écrivait ces lignes bien honorables pour tous deux : « …..Avant de me remettre à travailler, j’ai besoin de savoir positivement si je dois tout jeter au feu et m’y reprendre d’une autre manière, moins méthodique peut-être, mais plus pratique. […] Dans le vide immense que lui causa la mort de Mme de Condorcet, il sentit le besoin de se reprendre à ce qui lui restait de liens et de souvenirs, et de se rapprocher d’une famille qui était comme celle de son adoption : il alla s’asseoir au foyer de Manzoni. […] Déjà, sur la fin du ve siècle, vers le temps de la mort d’Euric, si d’autres invasions n’étaient point venues compliquer le mal, celle des Visigoths avait perdu toute son énergie destructive ; la race gallo-romaine reprenait le dessus et opérait la fusion sur tous les points ; l’ancienne civilisation, malgré les atteintes et les altérations subies, était à la veille de refleurir et de triompher.
Voyez-le qui reprend le marteau, et frappe sur l’enclume, et souffle, et s’époumone, et sue, et puis pousse un soupir de soulagement : la phrase est terminée. […] Ce sont les artifices du chanteur qui reprend haleine et ne veut pas que l’on s’en aperçoive. […] C’est un signe bien attristant du désordre des esprits, que de les voir reprendre sans cesse l’examen des vérités les plus simples et dont l’acceptation tacite est nécessaire à la dignité comme à l’agrément des relations humaines. […] Oui, pour retrouver le chemin de Paros, c’est la route de Versailles qu’un Français doit reprendre. […] Félix se donnait selon Tolstoï ; il va, selon Nietzsche, se reprendre.
Je n’ai pas oublié que madame Geoffrin, dans son bon sens bourgeois aiguisé de malice, disait de lui : « Il est manqué de partout, guerrier manqué, ambassadeur manqué, homme dJaffaires manqué, et auteur manqué. » — « Non, reprenait Horace Walpole qui cite le mot, il n’est pas homme de naissance manqué. » — « Non, dirai-je à mon tour plus fermement encore après cette épreuve où on le verra en 93, il n’est pas un homme comme il faut manqué, puisqu’il sut rester tel, si convenable, si décent, si souriant, et prêt à devenir laborieux dans la mesure de ses forces, à demander à sa plume une ressource honnête, à l’heure de l’adversité extrême. » Nivernais, en son beau moment et avant que le siècle tournât décidément au sérieux, avait ses admirateurs et son école mondaine. […] Ce n’est là qu’un premier aperçu, et l’ambassadeur poursuit dans cette lettre même une analyse, qu’il a dû reprendre encore et approfondir bien des fois dans les dépêches qui ne sont pas publiées.
Elle reprit en 1821 cette suite de travaux, naturellement suspendue durant les premières années politiques de son mari ; elle les reprit par zèle du bien et par honorable nécessité domestique, et l’on eut successivement Raoul et Victor, ou l’Écolier (1821), les Nouveaux Contes (1823), les Lettres de Famille sur l’Éducation, son véritable monument (1826) ; une Famille ne parut qu’en 1828, après sa mort.
Sée a repris l’étude d’une substance qui faisait l’objet de son examen, « la modeste fève de Calabar63. » Ce ne sont point là, messieurs, des détails trop techniques pour être produits devant vous. […] Permettez-moi de reprendre et d’ajouter… Le parti clérical !
» Otez ces digues, œuvres de la tyrannie et de la routine ; la nature délivrée reprendra tout de suite son allure droite et saine, et, sans effort, l’homme se trouvera, non seulement heureux, mais vertueux415. […] Mais « un pistolet aux mains d’un brigand est aussi une puissance » ; direz-vous qu’en conscience je suis obligé de lui donner ma bourse Je n’obéis que par force, et je lui reprendrai ma bourse sitôt que je pourrai lui prendre son pistolet.
XXIII Ainsi encore, qu’un jeune roi de Naples, à peine échappé à la tutelle ombrageuse de son père, élevé, dans la solitude royale de Caserte, à cultiver un jardin royal pour toute instruction politique, monte, encore enfant, sur le trône et s’y tienne à tâtons pendant un orage ; qu’ensuite il jette une constitution hasardée à ses peuples pour apaiser l’insurrection de Sicile, comme on jette un à un ses vêtements royaux derrière soi pour retarder la poursuite de la révolution pendant qu’elle les ramasse ; Qu’il décompose lui-même son armée par les conseils de ministres incapables ou perfides ; Que ses oncles même abandonnent ce malheureux neveu pour aller se joindre à ses ennemis ; Qu’il sorte de sa capitale pour en écarter les bombes et les obus des Piémontais ; qu’il reprenne courage dans l’honneur et dans le désespoir ; qu’il s’abrite avec ses derniers défenseurs, avec sa mère, ses frères, ses jeunes sœurs, dans une ville de guerre pour tomber au moins avec la majesté, le courage du soldat, sur le dernier morceau de rocher de sa patrie ; et que le Piémont, étranger à cette question entre les Napolitains et leur jeune roi, avec lequel le patriotisme et la liberté les réconciliaient, entre, sans querelles, sans déclaration de guerre, avec ses armées dans le royaume, et vienne, auxiliaire de l’expulsion, écraser de ses boulets les casemates de Gaëte devenues le dernier palais d’un dernier Bourbon : quel droit peut alléguer contre son parent innocent le roi de Piémont, pour s’emparer du trône démoli par ses canons ? […] Si nous sommes alliés de l’Autriche, nous agirons contre notre nature et contre nos intérêts en aidant l’Autriche à reprendre une situation prépondérante en Italie.