/ 3507
17. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome II « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — M. de Voltaire, et M. de Maupertuis. » pp. 73-93

Kœnig de produire l’original de la lettre de Léibnitz ; & l’original ne se trouvant plus, il fit rendre, par les mêmes membres, un jugement, qui déclare M. […] On connoît les quatre vers qu’il envoya au roi de Prusse à cette occasion : Je les reçus avec tendresse, Et je les rends avec douleur, Comme un amant, dans sa fureur, Rend le portrait de sa maîtresse. […] Rendez grace au respect & à l’obéissance qui ont jusqu’ici retenu mon bras. […] Une sœur du roi de Prusse, la margrave de Bareith, lui dépêcha un courrier pour l’engager à se rendre à la sienne. […] Le favori disgracié ne pouvoit les rendre, parce qu’ils étoient, avec ses autres papiers, à Hambourg ou à Paris.

18. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — B — article » pp. 245-247

Des longueurs insupportables, peu de variété dans les images, un style incorrect & traînant, en rendent la lecture ennuyeuse, quoique le sujet soit le plus intéressant qui ait encore été traité. […] Les Mémoires pour servir à l’Histoire de Madame de Maintenon ont plus réussi à le rendre célebre, que les injures de M. de Voltaire à le rendre odieux. […] Il en auroit fait disparoître ce qu’il y a de défectueux, & l’eût rendu, à peu de frais, un des meilleurs que nous ayons en ce genre, comme il est un des plus curieux par les anecdotes qui y sont rassemblées. […] Puisqu’il s’est rendu ainsi justice à lui-même, on ne doit pas le priver des louanges qu’il mérite, pour les vues profondes, les pensées vives, les critiques justes, & sur-tout pour la maniere nerveuse & précise avec laquelle il y exprime toutes ses idées.

19. (1782) Plan d’une université pour le gouvernement de Russie ou d’une éducation publique dans toutes les sciences « Plan d’une université, pour, le gouvernement de Russie, ou, d’une éducation publique dans toutes les sciences — Lettre, à Madame la comtesse de Forbach, sur l’Éducation des enfants. » pp. 544-544

serait-ce de le rendre honnête homme ou grand homme ? et je me suis répondu : De le rendre honnête homme. […] J’ai relu ma réponse ; et j’ai vu avec satisfaction que les mêmes vertus qui servaient de base à la bonté, servaient également de base à la véritable grandeur ; j’ai vu qu’en travaillant à rendre mon enfant bon, je travaillerais à le rendre grand ; et je m’en suis réjoui. […] Voyons de belles choses ; lisons de bons ouvrages ; vivons avec des hommes ; rendons-nous toujours compte de notre admiration ; et le moment viendra où nous prononcerons aussi sûrement, aussi promptement de la beauté des objets que de leurs dimensions. […] Tenez-vous-en à la véracité ; rendez-le vrai, mais vrai sans réserve ; et comptez que cette seule vertu amènera avec elle le goût de toutes les autres.

20. (1765) Essais sur la peinture pour faire suite au salon de 1765 « Mes petites idées sur la couleur » pp. 19-25

Mais pourquoi y a-t-il si peu d’artistes qui sachent rendre la chose à laquelle tout le monde s’entend ? […] Mais ce qui rend le coloriste vrai, rare, c’est le maître qu’il adopte. […] Je ne sais comment je vous rendrai clairement ma pensée. […] Mais ce qui achève de rendre fou le grand coloriste, c’est la vicissitude de cette chair, c’est qu’elle s’anime et qu’elle se flétrit d’un clin d’œil à l’autre. C’est que tandis que l’œil de l’artiste est attaché à la toile et que son pinceau s’occupe à me rendre, je passe, et que lorsqu’il retourne la tête, il ne me retrouve plus.

21. (1716) Réflexions sur la critique pp. 1-296

et voici la raison qu’elle s’en rend après y avoir un peu rêvé. […] Racine auroit-il senti l’impossibilité de la rendre ? […] Voyons à présent comment j’ai rendu ce discours. […] Il leur rappelle leurs exploits, et les anime à ne les pas rendre inutiles par leur division. […] Grand dieu, rends-nous le jour, et combats contre nous.

22. (1889) Histoire de la littérature française. Tome III (16e éd.) « Chapitre douzième. »

En 1688, il n’avait voulu que « les rendre raisonnables, par des voies simples et communes. » D’où vient la différence ? […] Pourvu qu’il réussisse, soit à nous amuser aux dépens des autres, soit à nous rendre plus curieux de nous-mêmes, peu lui importe que nous devenions meilleurs ou qu’il suscite dans notre conscience un trouble salutaire. […] La justesse ne rend triviales que les pensées qu’il ne faut pas mettre dans les livres. Il en est une infinité d’autres qui, quoique justes et d’une application de tous les jours, ne nous viennent à l’esprit qu’à la suite de quelque avertissement qui nous les rend nouvelles. […] Quelqu’un prendra ces procédés à La Bruyère, et, par un meilleur emploi, se les rendra propres, en les appliquant à des choses durables.

23. (1901) L’imagination de l’artiste pp. 1-286

La nuance qu’il cherche à rendre se dérobe sous son pinceau. […] Un poète descriptif ne manquerait pas de nous les rendre. […] Pourquoi donc ne nous le rendrait-il pas intégralement ? […] Que peut-il donc faire pour nous en rendre l’impression ? […] Soit par exemple à rendre une physionomie de terreur.

24. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Corneille. Le Cid, (suite.) »

La ville se rendit à lui, après une horrible famine, le jeudi 15 juin 1094. […] Rendez-leur leurs frères, car elles ont d’eux grandement besoin. […] Elle a perdu un père qui la protégeait ; on ne peut le lui rendre ; eh bien ! […] Vous devez bien rendre grâces au Père tout-puissant !  […] La scène est racontée par le menu et de manière à Rendre la supercherie plus piquante.

25. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Seconde partie — Section 35, de l’idée que ceux qui n’entendent point les écrits des anciens dans les originaux, s’en doivent former » pp. 512-533

Les contempteurs des anciens ne sont en droit de reclamer, comme des gens de leur secte, que ceux des critiques qui ont avancé que les anciens ne devoient qu’à de vieilles erreurs et à des préjugez grossiers une réputation dont leurs fautes les rendent indignes. […] Le déchet est du moins aussi grand pour le poëme, quand son traducteur en veut rendre les figures mot pour mot. En premier lieu le traducteur ne sçauroit rendre les mots avec précision, sans être obligé de coudre souvent à un mot qu’il traduit des épithetes pour en restraindre ou pour en étendre la signification. […] Il faut donc quelquefois que le traducteur emploïe une périphrase entiere pour bien rendre le sens d’un seul mot, ce qui fait traîner l’expression et rend la phrase languissante dans la version, de vive qu’elle étoit dans l’original. […] C’est qu’il est de l’essence de toute traduction, de rendre aussi mal les plus grandes beautez d’un poëme, qu’elle rend fidellement les défauts du plan et des caracteres.

26. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Troisième partie — Section 12, des masques des comédiens de l’antiquité » pp. 185-210

Toutes les expressions d’un homme passionné nous affectent bien, mais les signes de la passion qui se rendent sensibles sur son visage, nous affectent beaucoup plus que les signes de la passion qui se rendent sensibles par le moïen de son geste et par la voix. Cependant les comédiens des anciens ne pouvoient pas rendre sensibles sur leur visage les signes des passions. […] Or s’il est vrai de dire que les passions se rendent encore plus sensibles par les altérations qui surviennent sur notre visage, que par les altérations qui surviennent dans notre geste et dans toutes nos attitudes et dans notre ton de voix ; il est aussi vrai que les passions se rendent encore plus sensibles par ce qui arrive dans nos yeux que par ce qui arrive dans les autres parties de notre visage. […] En effet, ajoûte-t-il, le visage, et toute la tête étant renfermez sous la couverture du masque, de maniere que la voix ne sçauroit s’échapper que par une sortie qui est encore resserrée, il s’ensuit que la voix ainsi contrainte rend des sons plus forts et plus distincts. […] Mais ils ont cru que la posterité seroit toujours au fait des choses dont ils parloient, ainsi ils n’en ont dit le plus souvent que ce qu’il convenoit d’en dire pour appuïer un raisonnement, pour fonder une comparaison, pour expliquer une circonstance, ou pour rendre raison d’une étimologie.

27. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre VI. Des éloges des athlètes, et de quelques autres genres d’éloges chez les Grecs. »

Quelque éloignés que ces éloges soient de nos mœurs, il est pourtant aisé d’en rendre raison. […] L’invention de la poudre, c’est-à-dire l’application de l’air et du feu aux combats, a rendu de même la force inutile pour attaquer ou pour défendre. […] Une force unique et terrible, distribuant au hasard les dangers, égale le fort au faible, et le courageux au lâche ; l’art même plus perfectionné décide presque toujours la victoire par les postes : le génie d’un homme rend inutiles les bras de cent mille hommes. […] Outre ces éloges chantés ou prononcés une fois, les Grecs avaient des espèces d’éloges périodiques ou anniversaires, en l’honneur des citoyens qui avaient fait quelque action extraordinaire, ou rendu de grands services à l’État. […] Remarquons que pour rendre hommage à ses libérateurs, le peuple d’Athènes avait choisi les fêtes de Minerve ; ce peuple généreux pensait que c’est honorer les dieux, que de louer ceux qui rendent la liberté aux hommes.

28. (1868) Cours familier de littérature. XXV « CXLVIIIe entretien. De la monarchie littéraire & artistique ou les Médicis (suite) »

Si le succès de cette démarche répond à mes vœux, je me réjouirai d’avoir rendu la paix à mon pays, et recouvré la sécurité pour moi-même. […] pense au faux éclat dont nous éblouissent les honneurs, les richesses et les plaisirs qu’on croit les plus propres à nous rendre heureux. […] Il alla la visiter à Venise et lui rendit l’hommage qu’elle méritait. […] Tâchez donc de vous rendre tel que, si tous les autres vous ressemblaient, on pût goûter ce bonheur universel. […] Montrez-vous plus empressé à recevoir chez vous, qu’à vous rendre aux repas où vous serez invité par d’autres, mais néanmoins sans excès et sans affectation.

/ 3507