Quand on commence, comme les Bénédictins, à Pythéas, le navigateur grec de Marseille, antérieur de 400 ans environ à Jésus-Christ, qui se dirigea au Nord à la recherche de la mystérieuse Thulé, et qui racontait tant de choses et si merveilleuses, qu’il passa en son temps pour menteur, comme Marco Polo dans le sien, et qu’on lui appliquait déjà le proverbe : A beau mentir, qui vient de loin ; quand on s’arrête à montrer les premiers établissements des Romains dans le midi de la Gaule, qu’on énumère les nombreux rhéteurs et grammairiens latins que produisit cette contrée, dès lors si prompte au beau langage : qu’on n’omet ni Marc-Antoine Gniphon, qui tint école à Rome, l’un des maîtres de César, et qui eut Cicéron pour auditeur ; — ni Valère Caton, le grammairien et le poète, que les Romains, novices encore à l’harmonie, avaient surnommé la Sirène latine, pour son talent de lire les poètes et de les former, qui faisait lui-même d’assez beaux vers, assez énergiques et touchants (il avait été dépossédé de son champ par les vétérans, cela l’inspira), et qu’a imité Virgile ; — quand on est heureux de rencontrer sur son chemin le grand comédien honnête homme Roscius, sous prétexte qu’il naquit dans la Narbonnaise ; — quand on embrasse ce cadre et qu’on tient à le remplir en détail, on écrit tout simplement un livre intéressant qui comprend une riche province de la culture latine, une province entièrement romaine depuis César. Beaucoup de noms s’y rencontrent, dont quelques-uns célèbres : — Varron d’Atace, le poêle didactique, né dans la Narbonnaise, auteur d’un poème sur la Navigation, et qui traduisit Apollonius de Rhodes ; — Cornelius Gallus, qui imita Euphorion, dont Virgile a immortalisé la passion en quelques vers, et qui n’a rien de commun avec le Pseudo-Gallus contemporain de Théodoric ; — l’historien Trogue-Pompée, que Justin a tué en l’abrégeant (on a sauvé l’Abrégé et laissé périr l’histoire originale). […] Il faut dire que s’il a rencontré juste quelquefois, il s’est trompé souvent. […] Il ne manquait pas d’en rencontrer sur sa route. […] Aussi Chapelain lui répondit-il, non sans esprit, qu’il était un ingrat et que l’envie ne lui avait pris à lui-même de jeter les yeux sur ce bouquin que pour y observer un peu le langage et le style de nos ancêtres : « Et je m’y déterminai principalement, ajouta-t-il, par l’espérance que j’eus d’y rencontrer un fonds d’importance pour le traité des Origines de notre langue que ce dédaigneux a entrepris. » (De la Lecture des vieux romans, par Chapelain, dans la Continuatum des Mémoires de Sallengre, t.
Un amusant causeur sur les voleurs, sur les voleurs de la société, dont il dit qu’il y en a tant dans les rues de Paris, qu’il habite la campagne, pour ne pas les y rencontrer. […] Il me tend le petit livre très bien relié, et me dit : « Regardez quel est mon bréviaire… et certes je ne croyais pas vous rencontrer ! […] je n’ai jamais rencontré réuni tant d’aristocratie dans un salon. […] Si vous mentez, vous vous rencontrerez avec quelqu’un. » Mardi 19 juillet Après la lecture, dans mon Journal, de la peinture descriptive des femmes, se trouvant à une soirée de Morny, peinture qui a un grand succès près du mari et de la femme, je dis à Daudet : « Voulez-vous mon appréciation bien sincère sur cette page ? […] Et Rodin est plaisant à entendre conter les batailles, qu’il a eu à livrer, pour le faire tel qu’il le voyait, les difficultés qu’il a rencontrées, à se faire permettre par la famille, de ne pas adopter l’idéal conventionnel, qu’elle se faisait de l’écrivain sublime, de son front à trois étages, etc., etc., enfin à rendre et à modeler le masque qui était le sien, et non celui qui avait été inventé par la littérature.
Sir Herbert Croft me dit plus tard qu’il l’avait rencontré sur la rivière, vomissant à tout moment, ce qui venait, je crois, de la violence du premier coup que je lui avais porté. […] Que la Tempête ait rencontré sur son chemin une circonstance qu’elle n’attendait pas, c’est possible ; mais qu’elle soit née de cette circonstance, voilà qui est difficile à croire. […] Leurs yeux se sont rencontrés et leurs regards se sont mutuellement envoyé l’étincelle à laquelle s’est allumée cette flamme implacable qui ne s’éteindra pas avant que leur être entier soit consumé. […] Au début du drame, avant qu’il ait encore rencontré Juliette, nous le voyons triste, rêveur, morose, cherchant la solitude, évitant ses amis ou s’enfermant dans sa chambre, dont il tire soigneusement les rideaux. […] Ce sourire paternel, ce sourire doux et triste que Sterne rencontra à sa naissance, fut la lumière qui éclaira sa vie et son talent, et dont il ressentit toujours l’influence.
Aux louanges faciles, aux triomphes mérités, aux transports d’enthousiasme et d’allégresse qu’avait rencontrés partout la jeune fille, succédaient pour la jeune femme les embarras et les orages d’une existence compliquée. […] Mais le jeune poëte ne tarda pas rencontrer ailleurs la vraie direction de son talent. […] J’eus, vers cette époque, l’honneur de rencontrer M. […] Citons quelques vers ; ne choisissons pas, prenons-les à la première page, sûr de rencontrer assez de beautés pour justifier nos éloges. […] « Nous rencontrons ici le Temple.
Très-bien reçu chez la marquise de Mimeure en qualité de Bourguignon, il y rencontra quelquefois Voltaire ; mais par une vocation et comme une pente naturelle, quand Voltaire faisait sa cour à la dame, Piron s’en prenait à la suivante : chacun son niveau. […] La première fois qu’ils se rencontrèrent chez la marquise de Mi meure, dans un salon où ils attendaient tous deux et où ils se trouvaient seuls, il se passa entre eux une scène de silence, de bâillements, de gestes, et toute en parodie du côté de Piron, une sorte d’a parte double que ce dernier brodait assurément et chargeait dans son récit, mais qui pronostiquait déjà toutes leurs relations futures ; leurs atomes ne purent jamais s’accrocher. Une fois, à Fontainebleau, quand la Cour y était dans l’automne de 1732, Piron rencontra Voltaire ; c’est toute une petite scène de comédie encore. […] Une autre fois, c’est à Bruxelles qu’ils se rencontrent, et l’on a une scène encore, racontée par Piron à Mlle de Bar, sa maîtresse et sa future femme : ce sont là les petites comédies de Piron ; il y mettait de l’importance ; donnons-nous le plaisir d’y assister, puisque nous le pouvons88 : « Entre autres âmes damnées que la Providence a confinées ici, écrit-il (22 juillet 1740), il y a Rousseau, Voltaire et moi : ce n’est pas là un trio de baudets, non plus que trois têtes dans un bonnet. […] Il faudrait à la Métromanie un auditoire de jeunes auteurs en herbe, étudiants, un public d’Odéon. — On l’a redonnée depuis au théâtre Français, où elle a été écoutée froidement : « La Métromanie a rencontré chez nous, cette fois encore, un accueil trop sérieux pour être durable. » C’est ce que dit Janin dans un des meilleurs feuilletons qu’il ait écrits (Journal des Débats du 18 septembre 1865). — On m’assure qu’en examinant les textes imprimés de la Métromanie, on trouverait de notables différences d’édition : ce serait à examiner.
Ce prince, en effet, l’ayant rencontrée chez Mme de Parabère, la trouva tout aussitôt à son gré et ne douta point de réussir ; il chercha à plaire de sa personne, en même temps qu’il fit faire sous main des offres séduisantes, capables de réduire la plus rebelle des Danaë ; finalement il mit en jeu Mme de Ferriol elle-même, peu scrupuleuse et propre à toutes sortes d’emplois. […] Le chevalier était donc dans le monde sur le pied d’un homme à la mode, lorsqu’il rencontra Mlle Aïssé, et, de ce jour-là, il ne fut plus qu’un homme passionné, délicat et sensible. […] Celle-ci, née pour les affections, et qui les avait dû refouler jusque-là, orpheline dès l’enfance, n’ayant pas eu de mère et l’étant à son tour sans oser le paraître, amante heureuse mais troublée dans son aveu, du moment qu’elle rencontra un cœur de femme digne de l’entendre ; s’y abandonna pleinement, elle éclata : « Je vous aime comme ma mère, ma sœur, ma fille, enfin comme tout ce qu’on doit aimer. » De vifs regrets aussitôt, des retours presque douloureux s’y mêlèrent : « Hélas ! […] Je suis remplie de défauts, mais je respecte et j’aime la vertu… » Cette idée de vertu entra donc distinctement pour la première fois dans ce cœur qui était fait pour elle, qui y aspirait d’instinct, qui était malade de son absence, mais qui n’en avait encore rencontré jusque-là aucun vrai modèle. […] Cupide, rapace, intrigante, elle détestait en Mlle Aïssé un témoin modeste et silencieux ; la vue seule de cette créature d’élite, et douée d’un sens moral droit, lui était comme un reproche ; elle cherchait à se venger par des affronts, elle lui faisait fermer sa porte ; chez sa sœur, elle prenait ses précautions pour ne la point rencontrer.
Heureux si on peut le rencontrer non loin de soi ! […] C’était surprise et joie de voir réalisée à l’improviste une forme de ce qu’il avait lui-même plus confusément rêvé, c’était de rencontrer sous cette forme légère un idéal déjà à demi connu. […] Si rien n’est plus rare et plus profitable dans la jeunesse que d’apprendre à faire cas du jugement et de l’esprit de ceux dont on ne partage pas les opinions, rien aussi n’est calmant comme de voir ses propres opinions rencontrer quelque alliance et quelque bon accord autour de soi. […] Royer-Collard qu’il y rencontrait un soir, et devant qui on parlait de je ne sais quel ouvrage nouveau, se prit à dire de ce ton qu’on lui connaît : Je ne le relirai pas , et se retournant aussitôt vers le jeune Rémusat : Je vous ai relu, monsieur 210 . […] Ce qui en ressort, c’est le besoin qu’a cette raison humaine d’aller en avant toujours et d’aspirer vers la vérité, coûte que coûte, dût-elle ne jamais l’atteindre et rencontrer pour tout prix le martyre.
Rien de plus touchant, quand on a lu sa vie, que son Essai sur la bonté ; on voit que sans s’en douter il parle de lui-même. « Les plus grands esprits, dit-il, que j’ai rencontrés étaient des hommes éminents par leur humanité. […] Auparavant les gens honnêtes n’étaient point polis, et les gens polis n’étaient point honnêtes ; la piété était fanatique et l’urbanité débauchée ; dans les mœurs, comme dans les lettres, on ne rencontrait que des puritains ou des libertins. […] C’est en France que l’âge classique a rencontré sa perfection ; de sorte que, comparés à lui, ceux des autres pays manquent un peu de fini. […] Sa conversation n’est pas assez vive ; les promptes allures, les faciles changements de ton, le sourire aisé, vite effacé et vite repris, ne s’y rencontrent guère. […] On est charmé de rencontrer un homme enjoué et pourtant maître de lui-même.
Ponsard en fut le héros et Lucrèce le signal… J’eus, vers cette époque, l’honneur de rencontrer M.
Cet Ouvrage, à le bien considérer, n’est cependant qu’une compilation indigeste, où l’on trouve dix articles inutiles, avant d’en rencontrer un intéressant.
Petit perfide, je te reconnais ; puissé-je pour mon bonheur, ne te plus rencontrer.
Contre la palissade qui entoure la ruine de l’Opéra-Comique, cinq colleurs se rencontrent nez à nez, et se mettant à brandir leurs pinceaux et à danser, s’écrient : « Nous sommes tous des Jacques ! […] si un homme, comme moi, pouvait rencontrer un Japonais intelligent, me donnant quelques savoureux renseignements, traduisant, par-ci, par-là, quelques lignes des livres à figures, et surtout me criant : Gare ! […] Il a rencontré quelqu’un de retour de la Cochinchine, qui lui a dit que ce qu’a écrit Baudelaire sur la fumerie de l’opium, c’est de la pure blague, que ça procure au contraire un bien-être charmant, et l’embaucheur lui donne une pipe et une robe cochinchinoise. […] Brachet qu’a rencontré Daudet à Lamalou, et de la conversation duquel il est revenu tout à fait toqué. […] priez Dieu pour vous, que nous rencontrions l’ennemi loin d’ici, parce que le soldat qui s’est battu, devient une bête féroce pendant trois jours… et moi-même je n’en suis pas le maître !