C’est cette religion de l’homme d’État que M. […] Jamais, selon nous, la religion de l’homme d’État ne se montra plus dédaigneuse de la religion des fidèles. […] Dès lors que peut-on souhaiter de mieux qu’une religion nationale ? » Remarquez que l’historien ne dit pas une religion vraie ou une religion divine ; il dégrade hardiment dans cette expression la religion (institution divine ou rien) jusqu’au rang de simple institution nationale. […] Nous le laissons à dire à ceux qui ont la religion de la foi, et non la religion d’État, dans le cœur.
Une religion aride, dépouillée de cérémonies, enfin une foi métaphysique ne peut nous convenir. Une religion sans amour, sans pâture pour l’imagination et le sentiment, sera toujours repoussée par nous. […] Tel est celui qui s’est éloigné de la religion. […] La tolérance de religion ! […] Mais je crains de profaner la religion en la faisant descendre à de tels calculs.
Gaston Boissier intitulé : La Religion romaine d’Auguste aux Antonins. […] — enveloppée long temps et développée lentement dans ce livre de La Religion romaine, rallongée d’une autre religion romaine, sorties l’une de l’autre. […] Et, en effet, à dater d’Auguste, selon l’auteur de La Religion romaine, tout tournait au Christianisme, puisque tout tournait à la dévotion : — la religion, qui n’avait guères été jusque-là qu’une formule de droit religieux et une tradition patriotique, la philosophie, et même la rhétorique. […] Ses dogmes ne seraient alors que des outrages à la raison, et il tomberait jusqu’à n’être plus qu’une religion de cérémonies et de rites comme le furent les religions païennes, ou, comme chez les Romains, une antiquité historique et la consigne des ancêtres. […] Ce sont là les dernières évolutions de la philosophie, qui se retournait vers les religions comme elle s’en détourne aujourd’hui.
On s’est battu pour cause de religion et sous prétexte de religion. […] La religion enfante la morale. […] La morale enfante la religion. […] La religion devient une morale et la morale devient une religion. — La religion devient une morale. […] Elle voulut tellement que la religion catholique fût une religion d’État qu’elle voulut que la religion catholique fût une religion nationale.
De la religion. Je ne peindrai point la religion dans les excès du fanatisme. […] La religion ouvre une longue carrière à l’espérance, et trace une route précise à la volonté, sous ces deux rapports elle soulage la pensée. […] S’il en est ainsi pour les destinées communes, si la religion compense les jouissances qu’elle ôte, elle est d’une utilité souveraine dans les situations désespérées. […] Il s’agit uniquement de ces dogmes dominateurs qui assurent à la religion beaucoup plus d’action sur l’existence, en réalisant ce qui restait dans le vague, en asservissant l’imagination par l’incompréhensible.
La religion les résout. […] Toutes les religions ont un fond commun. […] La religion des Turcs est supérieure à celle des nègres ; ce n’est pas cependant la vraie religion. […] je puis demander aussi : quelle religion ? […] Il n’y a qu’une vraie religion, il n’y en a pas deux.
En effet, chez toutes les nations, la piété a été généralement la mère des vertus domestiques et civiles ; la religion seule nous apprend à les observer, tandis que la philosophie nous met plutôt en état d’en discourir. […] Voilà l’un de ces grands bienfaits que dut au ciel le genre humain, selon la tradition vulgaire, quand il régna sur la terre par la religion des auspices. […] Ainsi la Vénus humaine succédant à la Vénus brutale, ils commencèrent à connaître la pudeur, qui, après la religion, est le principal lien des sociétés. […] Mais il a tort d’opposer l’athéisme à cette religion, quelque barbare qu’elle pût être. Sous l’influence de cette religion se sont formées les plus illustres sociétés du monde ; l’athéisme n’a rien fondé.
pourquoi la transformer en religion ? […] Cette loi même n’a point les caractères d’une religion. […] La loi de Moïse n’est donc pas une religion. […] Elle sert à la religion ; elle n’est pas une religion. […] On y trouve des savants qui associent la religion à la science, et pour qui la science est une sorte de religion.
Il était détestable de reconnaître une religion comme religion d’Etat. Il était mauvais encore de déclarer une religion religion de la majorité des Français. […] Il ne faut donc ni religion d’Etat, ni religion de la majorité des citoyens. […] Il y a dans Rousseau une série d’attaques contre le Catholicisme ; une série d’attaques contre le Christianisme ; un plan de constitution d’une religion, qui serait religion civile, religion laïque, religion d’Etat. […] C’est votre religion personnelle.
Mais, au contraire, si la religion de Comte en est une, c’est précisément pour ne rien avoir de scientifique, et en fait comme en droit, sa conception de la science a ruiné dans son fondement même l’idée d’une « religion de la science. » M’objectera-t-on peut-être ici que cette expression de « religion de la science » n’est qu’une manière de parler, une métaphore, — comme « la religion de la souffrance humaine », — et que personne, pas même Renan, n’a commis cette erreur de la prendre au pied de la lettre ? […] La science, dans la pensée de Renan, n’apparaît-elle pas comme destinée à « remplacer » la religion ? Si la « religion de la science » n’est qu’une métaphore, ne la réalise-t-il pas ? […] La religion de l’humanité ne peut pas être une religion. […] Nous reviendrons sur ce point quand nous parlerons de La Religion comme sociologie.
C’est qu’en effet la religion de Jésus est à quelques égards la religion définitive. […] Jésus a fondé la religion dans l’humanité, comme Socrate y a fondé la philosophie, comme Aristote y a fondé la science. […] La religion de Jésus, en ce sens, n’est pas limitée. […] Aucune révolution ne fera que nous ne nous rattachions en religion à la grande ligne intellectuelle et morale en tête de laquelle brille le nom de Jésus. […] Ce que les beaux siècles de la Grèce furent pour les arts et les lettres profanes, le siècle de Jésus le fut pour la religion.
Mais ce peuple est en partie retenu dans l’état héroïque par une religion pleine de croyances effrayantes, et dont les dieux tout couverts d’armes menaçantes inspirent la terreur. Les missionnaires assurent que le plus grand obstacle qu’ils aient trouvé dans ce pays à la foi chrétienne, c’est qu’on ne peut persuader aux nobles que les gens du peuple sont hommes comme eux. — L’empire de la Chine avec sa religion douce et sa culture des lettres, est très policé. — Il en est de même de l’Inde, vouée en général aux arts de la paix. — La Perse et la Turquie ont mêlé à la mollesse de l’Asie les croyances grossières de leur religion. […] L’Europe entière est soumise à la religion chrétienne, qui nous donne l’idée la plus pure et la plus parfaite de la divinité, et qui nous fait un devoir de la charité envers tout le genre humain. […] Ces avantages, nous les devons à la religion. […] Ainsi, même pour les fins humaines, le christianisme est supérieur à toutes les religions : il unit la sagesse de l’autorité à celle de la raison, et cette dernière, il l’appuie sur la plus saine philosophie et sur l’érudition la plus profonde.