Ses sensations sont perverties ; il n’ose s’en défier, il n’ose plus y croire, et dans ce cauchemar, où la raison engloutie ne laisse surnager qu’un chaos de formes hideuses, il ne trouve plus rien de réel que l’oppression incessante de son désespoir convulsif. […] Il fallait une imagination comme la sienne, déréglée, excessive, capable d’idées fixes, pour mettre en scène les maladies de la raison. […] Le jeu de ces raisons délabrées ressemble au grincement d’une porte disloquée : il fait mal à entendre. […] « Par la même raison, ces satires, quoique réunies, resteront effectivement détachées, et ne formeront point de véritable ensemble. […] Homme de réalités, homme de faits et de calculs, homme qui part de ce principe que deux et deux font quatre, et rien de plus, et qui sous aucun prétexte et pour aucune raison n’accordera rien de plus !
André Theuriet Sainte-Beuve a dit de Charles Loyson qu’il était un intermédiaire entre Millevoye et Lamartine, et il a ajouté avec raison « mais beaucoup plus rapproché de ce dernier par l’élévation et le spiritualisme habituel des sentiments ».
Les Philosophes qui sont si habiles à rechercher, & si impitoyables à condamner les moindres fautes des Empereurs Chrétiens, prétendent-ils qu’on ferme les yeux sur des extravagances choquantes, parce qu’il leur plaît de déclarer qu’un tel Prince est de leur Secte, & par conséquent absous de tout ce que la raison & le bon sens peuvent lui reprocher ?
Ce qu’il a avancé sur l’excellence du Gouvernement féodal, prouve qu’il est des Auteurs capables de fermer les yeux au flambeau de la raison & à celui de l’expérience.
Il eût fallu cependant excepter de cette Sentence de mort une Piece du Recueil, qui a pour titre le Tombeau de Grégoire, dont les Vers sont assez naturels & assez gais, & qui, par cette raison, ont dû moins couter à ce tendre pere.
Le goût & la raison ont leurs droits ; la crainte de déplaire ne sauroit jamais être un motif pour les sacrifier.
Parmi les choses senties avec esprit & exprimées avec élégance, qu’on rencontre dans son Oraison funebre Henriette d’Angleterre, on peut citer ce morceau, où, parlant des Princes, il dit : « Qu’ils s’imaginent avoir un ascendant de raison, comme de puissance ; qu’ils mettent leurs opinions au même rang que leurs personnes, & qu’ils sont bien aises, quand on a l’honneur de disputer avec eux, qu’on se souvienne qu’ils commandent à des Légions ».
Quiconque écrit sur des sujets d’imagination, ne doit pas attendre que l’âge vienne en refroidir & même en tarir la source ; à plus forte raison, quand cette source n’a été qu’abondante, sans limpidité & sans saveur.
Une assez juste connoissance de la Morale & de la Politique, plus d’esprit que de talent, plus de finesse que de raison, plus de sentiment que d’imagination, de la facilité pour écrire en Vers & en Prose avec intérêt & avec élégance, sont les principaux traits qui caractérisent les Ouvrages de cet Ecrivain.
Le sacré & le profane, la dévotion & la galanterie, le sérieux & le comique, l’histoire & la fiction, les traits d’esprit & les platitudes, la raison & la folie, y forment un tissu bizarre qui amuse toutefois le Lecteur, même le plus difficile, par des saillies toujours variées & toujours imprévues.
Un Journaliste l'a très-bien justifié à cet égard, en observant « que les figures hardies & les mouvemens impétueux, qui seroient sans doute déplacés dans des Annales ou dans une Histoire suivie, ne déplaisent point dans des Mémoires ou dans un Recueil d'anecdotes, qu'on ne peut lire, ni, à plus forte raison, écrire, sans éprouver ces transports qui produisent nécessairement le feu de l'expression ».
L'Auteur semble s'être plus attaché au sentiment, à la raison, à la saine Philosophie, qu'aux ornemens & à une élégance recherchée.