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1858. (1902) Le chemin de velours. Nouvelles dissociations d’idées

Il y a là dedans tout ce qu’il faut pour n’avoir pas l’air effaré quand le receveur de l’enregistrement raconte qu’il a vu Mounet-Sully dans le Cid, à sa dernière fugue à Paris. […] Si le monde varie si peu, si Hérodote, comme le dit Schopenhauer, a pu raconter toute l’histoire future en écrivant l’histoire d’un petit moment et d’un petit coin de la terre, — c’est que les inutiles évolutions humaines ont été l’œuvre d’êtres inconscients, acharnés à suivre leur nature, à toujours recommencer la même chose, à toujours scier des arbres pour passer de l’autre côté de la rivière.

1859. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME DE STAEL » pp. 81-164

Le poëte danois Œlenschlæger a raconté en détail une visite qu’il fit à Coppet, et il y parle du bon Werner en ce sens ; nous emprunterons au récit d’Œlenschlæger quelques autres traits : « Mme de Staël vint avec ponté au-devant de moi, et me pria de passer quelques semaines à Coppet, tout en me plaisantant avec grâce sur mes fautes de français.

1860. (1889) Histoire de la littérature française. Tome III (16e éd.) «  Chapitre treizième.  »

Bossuet, qui devait être son consécrateur, raconte dans la Relation que, deux jours avant la cérémonie, le nouvel archevêque, à genoux, baisant la main qui devait le sacrer, la prenait à témoin qu’il n’aurait jamais d’autre doctrine que celle de son consécrateur.

1861. (1932) Les deux sources de la morale et de la religion « L’obligation morale »

Mais ce pouvait aussi bien être un homme que nous n’avions jamais rencontré, dont on nous avait simplement raconté la vie, et au jugement duquel nous soumettions alors en imagination notre conduite, redoutant de lui un blâme, fiers de son approbation.

1862. (1889) La littérature de Tout à l’heure pp. -383

Voici ce que l’on raconte de l’horrible événement qui termina les jours de la première. […] En somme — et jusqu’aux lâchetés du cœur et de la chair qui l’arrêteraient sans doute en deçà — il préférerait au récit l’émotion réelle des crimes qu’il raconte. […] Il a, comme un prince des ténèbres, tracé dans l’Art un rayon de lumière noire, — « révélé la psychologie morbide de l’esprit qui a atteint l’octobre de ses sensations ; raconté les symptômes des âmes requises par la douleur, privilégiées par le spleen ; montré la carie grandissante des impressions, alors que les croyances, les enthousiasmes de la jeunesse sont taris, alors qu’il ne reste plus que l’aride souvenir des misères supportées, des intolérances subies, des froissements encourus par des intelligences qu’opprime un sort absurde63  ».

1863. (1828) Introduction à l’histoire de la philosophie

Je n’invente pas, je raconte. […] Brucker, qui ne mêle jamais ces deux choses dans le cours de l’histoire, les confond à son origine : il raconte les mythes de la Perse, de la Chaldée, de la Syrie, qu’il donne pour des systèmes philosophiques.

1864. (1865) Introduction à l’étude de la médecine expérimentale

On raconte que des rois de Perse livraient les condamnés à mort aux médecins afin qu’ils fissent sur eux des vivisections utiles à la médecine. […] Ce serait, suivant l’expression d’un chimiste hollandais, vouloir raconter ce qui se passe dans une maison en regardant ce qui entre par la porte et ce qui sort par la cheminée.

1865. (1894) Critique de combat

Comment admettre, par exemple, que madame de Trémeur, sans nécessité, sans utilité, raconte par lettre à une amie qu’elle sait écervelée des affaires qui pourraient les conduire toutes deux en cour d’assises ? […] N’a-t-on pas raconté qu’entendant un confrère parler d’un jumart, métis prétendu de la vache et de l’âne, il s’était fait céder en toute propriété le droit de mettre dans son œuvre ce problématique animal ?

1866. (1896) Les Jeunes, études et portraits

Il ne se raconte pas dans les journaux. […] Les faits eux-mêmes sont rappelés ou indiqués plutôt que racontés.

1867. (1932) Le clavecin de Diderot

Or, le premier, s’il raconte ses tourments dans René, s’attendrit au souvenir de Lucile dans les Mémoires d’outre-tombe, de quelle complaisance envers le Christianisme et son génie, de quel conformisme diplomatique n’a-t-il point racheté son lyrisme incestueux ?

1868. (1914) Note conjointe sur M. Descartes et la philosophie cartésienne pp. 59-331

Mais ils ne racontent pas Dieu lui-même. […] Ce n’est pas à un vieux typographe comme moi qu’il faut venir raconter ce que c’est qu’une édition savante.

1869. (1892) Portraits d’écrivains. Première série pp. -328

Enfin ce malheur, ce crime, ce désastre qu’on lui raconte, quelle situation, quelle scène, quel drame 60 !  […] Il y mêle les réflexions que lui inspirent les événements qu’il raconte.

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