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1838. (1898) XIII Idylles diaboliques pp. 1-243

La caste des Intellectuels, la Caste terrible dont le nom seul fait se soulever d’effroi, lorsqu’on le prononce, les plumes de ces chauves-souris : les gens du Réel… MAÎTRE PHANTASM. […] » — En te posant cette question, je voulais savoir si la fantasmagorie à laquelle tu venais d’assister t’avait saisi au point de te détourner du spectacle admirable que comporte le Réel… Tu ne me répondis rien.

1839. (1890) Journal des Goncourt. Tome IV (1870-1871) « Année 1870 » pp. 3-176

Mercredi 12 octobre Par ces jours tragiques, en l’élévation du pouls et la griserie de tête, qu’amène le bruit grondant de la bataille continue, qui vous entoure de tous côtés, on a besoin de sortir de son être réel, de dépouiller l’individu inutile qu’on se sent, de mettre sa vie éveillée dans un rêve, de s’inventer chef de partisans, surprenant des convois, décimant l’ennemi, débloquant Paris, — vivant ainsi de longs moments, transporté dans une existence imaginative par une sorte d’hallucination du cerveau. […] Sur la route dévastée, sous ce ciel fantastique, dans ce paysage aux couleurs, qui ne sont pas les couleurs d’un jour réel, mais des couleurs, qui semblent des colorations d’opale, vues au crépuscule, la prostitution se promène beaucoup.

1840. (1888) La vie littéraire. Première série pp. 1-363

Le poison subtil qui pénètre leur cerveau les rend insensibles au monde réel et les jette en proie à des fantômes terribles ou charmants. […] Tous ces grotesques et tous ces malheureux, il nous les montre si distinctement, que nous croyons les voir devant nos yeux et que nous les trouvons plus réels que la réalité même. […] Balzac, mêle à ses deux mille personnages imaginaires un très petit nombre de personnages réels. […] J’aurais souhaité qu’ils distinguassent les noms réels par un astérisque ou par tout autre signe.

1841. (1903) La vie et les livres. Sixième série pp. 1-297

Ainsi comprise, l’histoire devient un roman réel. […] Ils n’ont pas cru que leur tâche fût achevée, lorsqu’ils eurent construit ces gares monumentales dont la réelle beauté fait ressortir si cruellement l’indigence de nos stations-frontières. […] Ils ont rencontré un terrain solide où diriger leur marche, des choses réelles où poser leurs yeux.

1842. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre I. Les origines. — Chapitre III. La nouvelle langue. » pp. 165-234

. —  Si l’identité, la similitude et l’égalité sont en Dieu des relations réelles. » Duns Scott distingue trois matières : la matière premièrement première, la matière secondement première, la matière troisièmement première ; selon lui, il faut franchir cette triple haie d’abstractions épineuses pour comprendre la production d’une sphère d’airain.

1843. (1863) Cours familier de littérature. XVI « XCIVe entretien. Alfred de Vigny (1re partie) » pp. 225-319

Dépourvu d’émotions réelles, il renvoie promptement la balle élastique des bons mots.

1844. (1889) Histoire de la littérature française. Tome II (16e éd.) « Chapitre septième »

Il fallait aussi rapprocher du réel les types de la tragédie, tempérer la grandeur par ce quelque chose d’humain que Curiace se félicite d’avoir conservé, et par le naturel qui en est le signe le plus expressif.

1845. (1857) Cours familier de littérature. IV « XXIIe entretien. Sur le caractère et les œuvres de Béranger » pp. 253-364

Je n’ai pas connu Laffitte et je ne crois pas que j’eusse jamais aimé un homme dans lequel l’inconséquence et la gloriole se mêlaient, dit-on, à des qualités réelles ; mais j’ai vu de près Dupont de l’Eure dans les épreuves les plus périlleuses de 1848, et j’ai gardé de son intrépidité civique et de son patriotisme dévoué une vénération que je reporte tous les jours à sa tombe.

1846. (1845) Simples lettres sur l’art dramatique pp. 3-132

. — Pour lui donner une marque de l’estime que Sa Majesté fait de son mérite, 600 Croyez-vous que ces notes, écrites de la main du roi, n’aient pas été, pour les poètes dont il est ici question, un encouragement plus réel que les sommes comptées par le trésorier.

1847. (1873) Molière, sa vie et ses œuvres pp. 1-196

ces injures ne seraient rien, et encore un coup feraient sourire, s’il n’y avait pas eu alors un réel danger pour Molière dans ces perfides accusations. […] Alceste, l’éternel songeur, Philinte, l’éternel satisfait, Sganarelle qui se lamente, George Dandin qui pleure, Pourceaugnac qu’on exploite, Vadius qui se rengorge, Trissotin qui se pavane, Tartuffe qui ploie l’échine, Orgon qui croit, Argan qui doute, Harpagon qui thésaurise, Célimène la cruelle, Agnès la rusée, Scapin le drôle étourdissant, et Mascarille, et Dorine, et madame Pernelle, et Sosie, et maître Jacques, et Arnolphe, et Don Juan, et Diafoirus, et Bélise, et Armande, hommes, femmes, précieux et précieuses, petits marquis et grandes coquettes, fripons et honnêtes gens, malades et médecins, philosophes de hasard et savants de pacotille, bref un monde entier, tout un monde de types, de caractères, palpite, pour ainsi dire, depuis deux siècles et vit à côté du monde réel.

1848. (1895) Journal des Goncourt. Tome VIII (1889-1891) « Année 1891 » pp. 197-291

Vendredi 10 avril Dans ce moment, une vie absolument en dehors de la vie réelle, et toute remplie par la contemplation de l’objet et de l’image d’art, produisant une espèce d’onanisme de la rétine et de la cervelle, un état physique d’absence et de griserie, où l’on échappe aux embêtements moraux et aux malaises physiques.

1849. (1911) Lyrisme, épopée, drame. Une loi de l’histoire littéraire expliquée par l’évolution générale « Chapitre II. Vérification de la loi par l’examen de la littérature française » pp. 34-154

Les « documents » sont indispensables, comme explication et contrôle ; mais leur nombre même déroute souvent, sans compter les lacunes et les falsifications ; c’est en outre une matière dont la signification réelle pour le moment où le fait se produisit est fort difficile à évaluer ; puisque même les statistiques exactes de nos jours sont trompeuses, que dire alors des « faits » du passé ?

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