/ 1874
1818. (1858) Cours familier de littérature. V « XXIXe entretien. La musique de Mozart » pp. 281-360

— Ces deux instruments, répondit l’enfant, ne pourraient pas s’accorder ensemble ; le violon du serrurier est juste d’un demi-ton plus bas que le tien. » Le père, étonné du discernement exquis de l’oreille d’un enfant, voulut s’assurer si la différence d’un demi-ton entre son violon et celui du serrurier était réelle ; il descendit, l’archet à la main, chez son voisin, et, s’étant assuré par lui-même que la dissonance était précisément du demi-ton perçu par son fils, il embrassa l’enfant les larmes aux yeux, appela sa femme et sa fille, et bénit Dieu en famille en s’extasiant sur l’organisation précoce et miraculeuse du grand homme futur dont la Providence avait doté leur humble foyer.

1819. (1864) Cours familier de littérature. XVII « CIIe entretien. Lettre à M. Sainte-Beuve (2e partie) » pp. 409-488

Or il m’a semblé qu’il était bon peut-être de replacer la poésie domestique, et familière, et réelle, sur son terrain nu, de la transporter plus loin, plus haut, même sur les collines pierreuses, et hors d’atteinte de tous les magnifiques ombrages.

1820. (1880) Les deux masques. Première série. I, Les antiques. Eschyle : tragédie-comédie. « Chapitre X, Prométhée enchaîné »

C’est alors que se déroule cet itinéraire moitié chimérique et moitié réel, plein de mystères et de dédales, où les zones s’amalgament et où les continents se déforment, où les chaînes des montagnes et les cours des fleuves se bouleversent, et qui résume dans son ensemble le premier Atlas de l’antiquité.

1821. (1895) Journal des Goncourt. Tome VIII (1889-1891) « Année 1890 » pp. 115-193

Et pour les êtres, dont Flaubert a peuplé le monde de ses livres, ce monde fictif à l’apparence réelle, l’auteur s’est trouvé posséder cette faculté créatrice, donnée seulement à quelques-uns, la faculté de les créer, un peu à l’instar de Dieu.

1822. (1853) Histoire de la littérature dramatique. Tome II « Chapitre VI » pp. 394-434

Mademoiselle Mars est partie, en ceci moins heureuse que Talma, mort dans son triomphe de Charles VI, et pleuré comme un être réel dont le public espérait encore tant de pitié et tant de terreurs.

1823. (1857) Cours familier de littérature. IV « XXIe Entretien. Le 16 juillet 1857, ou œuvres et caractère de Béranger » pp. 161-252

Mais ce qu’il y contracta surtout, ce fut la pitié pour ce peuple et l’amour réel des déshérités.

1824. (1772) Bibliothèque d’un homme de goût, ou Avis sur le choix des meilleurs livres écrits en notre langue sur tous les genres de sciences et de littérature. Tome I « Bibliotheque d’un homme de goût. — Chapitre I. Des poëtes anciens. » pp. 2-93

Ses portraits sont tracés avec la plus exacte vérité : mais comme c’est le visage réel de l’homme, & jamais la charge de ce visage qu’il montre, il ne fait point éclater le rire.

1825. (1870) De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés « De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés — Chapitre VII : Instinct »

Il me sera plus aisé de faire évaluer l’importance des différences que je constatai entre les ouvrières de cette tribu d’après des termes de comparaison exactement proportionnels, que d’après les mesures réelles.

1826. (1890) Les œuvres et les hommes. Littérature étrangère. XII « Shakespeare »

Shakespeare le braconnier, le vagabond, le comédien, le déraillé social, eut heureusement l’amour de la famille, affirme hardiment François Hugo, qui, comme nous le lui avons reproché, cherche beaucoup trop le Shakespeare de la vie réelle dans le Shakespeare littéraire.

1827. (1911) Lyrisme, épopée, drame. Une loi de l’histoire littéraire expliquée par l’évolution générale « Appendices » pp. 235-309

Les artistes et, avec eux, les critiques, les amateurs d’art, ne sont-ils pas soumis à des modes qui les trompent sur la valeur réelle de l’expression choisie par eux ?

1828. (1892) La vie littéraire. Quatrième série pp. -362

On saura qu’elle avouait sa faiblesse réelle ou feinte à un très jeune homme, plus jeune qu’elle de cinq ans. […] Elle était reine et reine orientale, c’est-à-dire un monstre ; elle en fut châtiée par cette Némésis des dieux que les Grecs mettaient au-dessus de Zeus lui-même, parce qu’elle est en effet le sentiment du réel et du possible, l’entente des nécessités de la vie humaine. […] Son ascétisme très réel n’est pas de se priver, mais de mésestimer ce dont il use. […] Il a présenté artistement une réelle détresse morale.

1829. (1911) Visages d’hier et d’aujourd’hui

… Puis, comme lasse, l’âme retombe à sa tristesse et, calmée, entrevoit avec exactitude le réel. […] Le secret de la vie est de ne jamais penser à soi, — précepte sublime et qui enferme une contradiction poignante : s’il nous faut renoncer à nous, c’est que l’individualité humaine ne constitue pas un tout réel et suffisant ; mais alors nous allons cependant veiller à d’autres individualités, et les favoriser, et les traiter comme si chacune d’elles constituait à nos yeux un tout réel et suffisant.

/ 1874