En se rappelant les éloquents, les généreux récits du fils, on aime à y associer par comparaison les mérites qui recommandent ceux du père, la mesure insensible du ton, ce style d’un choix si épuré, d’une aristocratie si légitime, et toute cette physionomie, si rare de nos jours, qui caractérise dans les lettres la postérité, prête à s’éteindre, des Chesterfield, des Nivernais, des Bouflers173. » Prête à s’éteindre ! […] M. de Ségur sait nous intéresser à ce jeu dont il nous montre au doigt point par point le dessous ; il en ranime à ravir dans son récit le divertissement et les mille circonstances. […] Lorsqu’on le questionnait en souriant là-dessus, il répondait par un de ces récits qui ne font qu’effleurer.
J’ai donné à ce petit ouvrage les formes les plus antiques ; il est divisé en Prologue, Récit et Épilogue. Les principales parties du récit prennent une dénomination, comme les Chasseurs, les Laboureurs, etc ; c’était ainsi que, dans les premiers siècles de la Grèce, les Rhapsodes chantaient sous divers titres les fragments de l’Iliade et del’Odyssée. […] Chactas commence son récit : Il est bien vieux, il a soixante-treize ans : « À la prochaine lune des fleurs, il y aura sept fois dix neiges, et trois neiges de plus, que ma mère me mit au monde sur les bords du Meschacebé. » Il raconte à René la grande aventure de sa jeunesse, quand il ne comptait encore que dix-sept chutes de feuilles.
Cependant elle ne peut tout à fait s’abriter contre les souffles nouveaux : Jean Le Maire de Belges, qui fut historiographe de Louis XII, écrit les Illustrations des Gaules 162, vaste compilation de récits fabuleux, où se heurtent singulièrement l’érudition saugrenue du moyen âge et l’enthousiasme poétique de la Renaissance : le même qui fait des vers dignes de Molinet est un adroit ouvrier qui prépare avec un certain sentiment d’artiste l’instrument de la poésie future ; Clément Marot tiendra de lui quelques excellents secrets de facture163. […] Dans sa litière, où cette infatigable voyageuse passa la moitié de son existence, elle travaillait, conversait, dictait : vers ou prose, chant, drame ou récit, religion ou galanterie, mythologie ou réalité, toute forme et tous sujets lui étaient bons. […] La bonne reine a pris le ton du jour, conté les récits qui plaisaient : de là non pas l’immoralité — c’est trop dire, — mais plutôt l’impudeur hardie de l’Heptaméron, et cette mixture qui nous surprend de dévotion, de gaillardise et de morale.
Pour qu’aucune des études par où notre siècle s’est signalé ne lui échappât, il écrivit un jour sur les Contes de Perrault un dialogue exquis où il nous montrait comment sont sortis, des mythes solaires inventés par les anciens hommes, ces récits qui amusent nos petits enfants. […] Si peut-être ces petits récits font songer, par quelques-unes des réflexions qui y sont mêlées, au Voyage sentimental de Sterne, au moins sont-ils composés avec soin et les digressions ne sont-elles qu’apparentes. […] C’est d’abord une ironie très douce, très calme, qui s’insinue dans tous les récits et dans toutes les réflexions.
Selon ces beaux récits, qui ont charmé des siècles, l’homme ne trouve sur la terre que l’épreuve ; cela est tout simple, il aura un jour la vie éternelle ; mais l’animal, qui n’a point de place dans l’éternité, est toujours récompensé ici-bas de ce qu’il fait pour le bien ; car enfin il faut que Dieu soit juste. […] L’humanité, en effet, aime l’idéal ; mais il faut que l’idéal soit une personne, un fait, un récit ; elle n’aime pas une abstraction. […] si nous avions les récits de madame Gros, sténographiés sans qu’elle le sût !
Sa parole est lancée vers un but visible, sa passion attaque un être vivant, au lieu d’embrasser à vide une Ombre évoquée par l’incantation d’un récit. […] Des récits épiques s’amoncellent entre les intervalles du dialogue. […] Les récits encombrent son drame, les contreforts de l’épopée s’y prolongent : tel morceau des Perses et des Sept Chefs semble le raccourci d’un chant de l’Iliade.
L’admiration, l’enthousiasme dont il était saisi, lui inspirait des expressions qui répondaient à la mâle et harmonieuse énergie des vers grecs, autant qu’il est possible d’en approcher dans la prose d’une langue à peine tirée de la barbarie… Cependant M. de Malezieu, par des efforts que produisait un enthousiasme subit, et par un récit véhément, semblait suppléer à la pauvreté de la langue, et mettre dans sa déclamation toute l’âme des grands hommes d’Athènes. […] Quand on lit aujourd’hui le récit de ces fêtes dans le recueil intitulé Les Divertissements de Sceaux, on reconnaît, au milieu des fadeurs, que M. de Malezieu y mettait cet esprit que voulait la fée. […] Mlle de Launay, durant plus de quarante ans, demeura auprès de sa maîtresse, et elle a laissé des Mémoires piquants, qui sont depuis longtemps admirés pour la qualité du langage et l’agrément du récit.
Ce récit fit révolution sur l’esprit de Napoléon et changea à l’instant le cours de ses idées : il revint à la résolution de combattre en désespéré : « Eh bien ! […] Ce ne saurait être un récit détaillé que je présente ici, et il n’y a que deux points qu’il importerait de constater : 1º Que, comme militaire, le maréchal usa avec force et habileté de tous les moyens incomplets qu’il put réunir ; 2º Que, comme Français et comme homme, il accueillit, il invoqua jusqu’à la dernière heure tous les moyens de conciliation qui étaient en son pouvoir. […] Lorsque l’aide de camp fut enfin introduit, le roi lui fit cette seule réponse : « Dites au maréchal qu’il groupe ses troupes, qu’il tienne bon, et qu’il agisse par masses. » Il serait pénible de pousser plus loin ce récit qui présenterait jusqu’à la fin les mêmes situations, les mêmes efforts infructueux, les mêmes récidives, avec des chances de moins en moins favorables à chaque minute écoulée.
Les lettres qu’on a de lui à cette date (1774-1775) nous le montrent émerveillé lui-même de sa destinée, se retournant, se regardant de profil pour se dire combien elle est étrange et bizarre, courant le monde, l’Angleterre, l’Allemagne, faisant sept cent quatre-vingts lieues en six semaines, et plus de dix-huit cents lieues en huit mois, et s’en vantant, attentif dans ses absences à ne point se laisser oublier, à se remettre de temps en temps sur le tapis par des récits de périls et d’aventures qui n’arrivaient qu’à lui seul. […] Le public, sur la foi des récits de société, s’était attendu à tant de rire et de folie qu’il n’en trouva pas assez d’abord. […] J’ai, après ce récit, à résumer plus d’une idée et sur le caractère de la société à cette date, et sur le caractère de l’auteur.
Volney, reprenant à sa façon, et quarante ans plus tard, la tâche de Fréret, rencontre également l’autorité des Écritures qu’on lui oppose, et s’en irrite ; il s’en irrite comme un disciple de l’Encyclopédie : de là vient qu’en lisant ces amples et vastes récits d’Hérodote, qui font parfois l’effet d’un beau fleuve de Lydie, et en les comparant à d’autres récits d’un caractère plus primitif encore, il trouve moyen d’y apporter de l’aigreur, d’y mettre de la passion, et d’y insinuer de ce zèle hostile que nourrissait l’école de d’Holbach contre tout ce qui tenait à la tradition religieuse. […] Presque nulle part (excepté une fois sous la tente de l’Arabe) il ne rend hommage à cette fidélité des tableaux et des scènes bibliques qu’ont sentie d’abord tous les voyageurs en Orient, et dont il est dit dans le récit de Napoléon sur la campagne de Syrie : « En campant sur les ruines de ces anciennes villes, on lisait tous les soirs l’Écriture sainte à haute voix sous la tente du général en chef.
Elle associera à cette vie, qui dominera le siècle ou le subira, la vie complexe de ce siècle ; et elle fera mouvoir, derrière le personnage qui portera l’action et l’intérêt du récit, le chœur des idées et des passions contemporaines. […] Le livre, à la lecture, m’a fait l’impression d’une histoire renfermant trop de jolie rhétorique, trop de morceaux de littérature, trop d’airs de bravoure, placés côte à côte, sans un récit qui les espace et les relie. […] Toutefois, n’ayant point derrière nous le manuscrit autographe, nous n’avons osé hasarder aucun extrait ; nous nous sommes contentés de tirer de ces mémoires les faits qui amplifient, certifient, contredisent, avec un accent de vérité incontestable, les récits déjà publiés.
Toute personne nous ayant procuré cinq abonnements recevra la revue gratuitement pendant un an. » Cet activisme est le pendant des difficultés financières qu’exprime la page de sommaire : « Les difficultés d’impression s’opposent momentanément à notre parution régulière, nos abonnés sont assurés de recevoir douze numéros, correspondant à leur abonnement d’un an. » Le numéro fait se rencontrer de façon exemplaire les différentes esthétiques nourrissant la revue, le post-symbolisme du récit de Hertz succédant à l’évocation d’Apollinaire, le poème de Péret rencontrant les fables de Max Jacob. […] Ce n’est guère un récit que je tente, c’est plutôt une confession votive que j’exhale, un regret que j’exprime à l’illustre disparu, ou, suivant la parole charmante de la Duchesse de Clermont-Tonnerre, à propos de Remy de Gourmont, un « tardif envoi de pleurs »c que je lui fais. […] Dans ses poèmes et ses récits, elle s’inspire de sources bibliques et orientales.