C’est quelques jours après avoir adressé ces vers à la comtesse de Scandiano, qu’il consentit, sur quelques scrupules des critiques romains qui examinaient son poème, à supprimer le bel épisode d’Olinde et de Sophronie, une des grâces les plus déplacées, mais les plus séduisantes, de son récit. […] Le récit des circonstances de cet assassinat, qu’on trouve dans les lettres de la main du Tasse lui-même conservées à la bibliothèque Pitti, et que j’y ai lues, dément les circonstances romanesques ajoutées par ses premiers biographes à cette aventure. […] Le Tasse, exagérant dans ce récit les périls imaginaires auxquels il se croyait exposé, raconta une histoire si vraisemblable, en termes si pathétiques, que sa sœur s’évanouit de terreur et de tendresse en l’écoutant. […] Nous verrons, dans la suite du récit, que cette supposition, incompatible avec le caractère, la vertu, la situation de Léonora, n’a pas plus de réalité dans le caractère et dans la conduite du Tasse lui-même. […] Le récit qu’il fait de son voyage à travers le Piémont est digne de l’auteur de la pastorale héroïque de l’Aminta, et rappelle les voyages pédestres de J.
Mais, en supposant une fois ces défauts évités, combien d’actions importantes que le spectateur voudroit voir, et qu’on lui dérobe sous prétexte de regle, pour ne les remplacer que par des récits insipides, en comparaison des actions mêmes : car il faut le dire en passant, ces récits sont sujets à bien des inconvéniens. […] Mettez les actions à la place des récits, la seule présence des personnages va faire plus d’impression que le récit le plus soigné n’en pourroit faire. […] Pouvois-je me promettre d’un récit, quel qu’il eût été, l’effet que produit cette action. […] Au théatre même, l’action la plus une, a plusieurs parties qui se passent dans des lieux différens : il est vrai qu’on en rassemble les récits dans le même lieu : mais ces récits ne sont pas l’action ; et n’est-il pas vrai qu’elle consiste beaucoup plus dans ce qu’on fait que dans ce qu’on raconte ? […] La majesté et le pathétique qui résultent des sons mariés aux paroles, dégénereroient en une familiarité insipide dans le simple récit.
Et vous, spectateurs routiniers, vous est-il donc impossible de comprendre qu’un héros peut plaisanter quelquefois et parler autrement qu’en vers alexandrins, qu’une action se développe bien mieux en six mois qu’en vingt-quatre heures, et que le tableau d’un supplice est plus attendrissant que le récit qu’on vient vous en faire ? […] S’ils admettent quelquefois des chœurs, ce ne sera pas pour entendre des récits, pour ralentir l’action, ou en remplir les vides par de vaines complaintes. […] Changez d’art, faites un roman ; je souffrirai bien volontiers que vos héros voyagent ou vieillissent, parce que je lirai un récit, et que je n’assisterai point à une tragédie représentée, ou plutôt accomplie devant moi. […] Si l’épopée admet des apparitions, c’est qu’elle raconte et ne représente point : les conditions d’un spectacle sont incomparablement plus rigoureuses que celles d’un récit.
J’essayerai de dire là-dessus ma pensée, en prenant pour division la division même de l’œuvre de Fromentin, puisqu’il a touché à trois genres littéraires : le récit de voyage, le roman, la critique d’art, exemple assurément d’une belle variété d’aptitudes et aussi d’une certaine inquiétude d’esprit. […] Enfin, lorsque dans ces récits d’où la personnalité morale de l’auteur est presque absente, un peu d’émotion vient à se glisser, le ton change encore. […] Il ne coupe pas le récit par d’interminables descriptions, où rien ne manque, si ce n’est justement le sens le plus profond de l’observation humaine. […] Son Dominique n’est que le récit d’une passion malheureuse, peu ou mal combattue par l’homme, et qui n’est, en somme, vaincue que par la droiture naturelle d’une femme, et, on pourrait dire, par une révolte déjà tardive.
Yann Nibor = Nibor, Yann (1857-1947) [Bibliographie] Chansons et récits de la mer (1893). — Nos matelots (1895). — Gens de mer (1897).
. — Mais ce n’est pas un récit que je veux faire. […] Tous les détails de cette soirée, la présentation de Bénédict aux orgueilleux parents de Valentine, l’invitation à la danse, l’embarras du baiser, l’aisance de bel air de M. de Lansac, fiancé de Valentine, tout cela est délicieusement conduit ; et le départ ensuite, le retour, la manière dont Valentine s’égare, la rencontre des deux jeunes gens près des buissons fleuris de l’Indre ; cette voix limpide et nerveuse de Bénédict, qui le précède et l’annonce, et dont Valentine a de loin admiré le chant ; cette arrivée à la ferme par les jardins de derrière et à travers les haies, leurs deux haleines se confondant au passage dans les fleurs ; cette visite nocturne de Valentine à Louise, à sa sœur aînée, si longtemps perdue, si merveilleusement retrouvée, et qu’une faute amère, déjà bien ancienne, avait bannie d’un lieu qu’elle a voulu revoir ; — oui, tout, jusqu’à cette façon naturelle et rusée d’éconduire M. de Lansac, tout, dans cette première partie du récit, captive, enchante et satisfait.
Le rire fou que nous cueillons sur le Falstaff de Shakspeare lorsque dans son récit au prince Henri (qui fut depuis le fameux roi Henri V), il s’enfile dans le conte des vingt coquins sortis des quatre coquins en habit de Bougran, ce rire n’est délicieux que parce que Falstaff est un homme d’infiniment d’esprit et fort gai. […] Récits d’Oreste dans Andromaque.
. — Les Récits et les Élégies (1878). — La Korigane, ballet (1881). — Madame de Maintenon, cinq actes, en vers (1881) […] Volontiers, j’appellerais l’auteur du Reliquaire et des Récits et élégies le plus adroit, le plus doué de nos rimeurs… M.
Après avoir parlé avec peu de ménagements de la condescendance de madame de Montausier à acheter la charge de madame de Navailles, si glorieusement chassée , disait-il, il ajoute : « Ce qui surprit bien davantage, ce fut la protection que madame de Montausier donna à madame de Montespan, au commencement de son éclat avec son mari, pour les amours du roi et l’asile que le roi lui-même lui donna, en choisissant M. et madame de Montausier pour retirer madame de Montespan chez eux, au milieu de la cour, et l’y garder contre son mari, Il y pénétra pourtant un jour, et voulant arracher sa femme des bras de madame de Montausier, qui cria au secours de ses domestiques, il lui dit des choses horribles. » Tous les détails de ce récit sont inexacts. […] Saint-Simon dit ensuite que le marquis de Montespan trouva sa femme chez madame de Montausier, quand il vint faire avanie à celle-ci : et au contraire le récit de Mademoiselle prouve qu’alors elle et madame de Montespan étaient ensemble sur la terrasse du château.
Je crois qu’elle fait tout ce qu’elle peut pour être morale dans ces récits… mais cette moralité est bien fragile. […] J’avais lu tous ses autres romans et jusque dans la princesse Oghérof, je n’avais trouvé qu’un talent de femme, tout en récit, sans aperçu jamais, à côté, comme dans Mme de Staël qui foisonne, elle, d’aperçus !
L’auteur, qui a fait ses études dans les classiques de la Revue des Deux-Mondes, singe les allures d’Alfred de Musset dans un récit qui devrait être d’une simplicité un peu plus mâle que les Contes d’Espagne et d’Italie. […] Au milieu de la cacophonie d’un ouvrage où le récit croise la correspondance et la correspondance le dialogue, ce qui plane, ce qui domine et ce qui choque, c’est je ne sais quel ton cavalier dont le dessous et le vrai nom sont le sans-façon et l’impertinence historiques, — deux défauts et deux ridicules que la Critique ne peut laisser passer, du moins sans avertir !
L’introduction contient la méthode générale de l’historien grec, et les quatre chapitres, en suivant, — les harangues, les récits et les descriptions, — l’art de Thucydide, et enfin, le fond de l’art et de l’artiste, son génie et son originalité. […] Et il en est de même de toutes choses, des portraits, des récits, des descriptions, de la composition et du style de Thucydide.