Il seroit aisé de la lui rendre, quelques rares que soient les talens supérieurs, si les avocats redoubloient de délicatesse sur l’honneur, sur les bienséances, sur l’attention à ne tourner en ridicule & à ne diffamer personne ; s’ils ne s’injurioient point, comme il est de règle, à haute voix, pendant que les juges sont aux opinions ; s’ils ne se chargeoient pas indifféremment de toutes sortes de procès*.
Voltaire a bien péché contre ces règles critiques (pourtant si douces !)
Qui qu’il en soit, la maxime que cette Société a osé donner comme un conseil, ou plutôt comme un précepte, et qu’elle a même prise dans tous les temps pour règle de sa conduite, est le résultat d’une affreuse et triste vérité, dont l’expérience journalière, et particulièrement la mauvaise opinion que beaucoup de gens ont encore de Sénèque, sont malheureusement une preuve sans réplique.
Mais à Constantinople, ayant à montrer à marcher, à se présenter, à danser à un turc, Marcel se serait fait d’autres règles.
Il fera peut-être un chef-d’œuvre, s’il a du génie, mais, en général — et c’est au point de vue général qu’il faut se placer lorsqu’on enseigne, — l’éclosion, la révélation, l’éducation et la formation du talent se font à peu près pour tout le monde, par la lecture. « Le talent, a dit Flaubert, se transfuse toujours par infusion. » On pourra chicaner, distinguer, sophistiquer, alambiquer, citer des cas et des exceptions, voilà la règle, voilà le fait.
Faguet termine par ces mots son étude pleine de déductions pénétrantes : « Donc point de conclusion et point de règle.
La jurisprudence divine et l’héroïque propres aux âges de barbarie, s’attachent au certain ; la jurisprudence humaine qui caractérise les âges civilisés, ne se règle que sur le vrai.
Lorsque les universités d’Italie commencèrent à enseigner les lois romaines d’après les livres de Justinien, qui les présente d’une manière conforme au droit naturel des peuples civilisés, les esprits déjà plus ouverts s’attachèrent aux règles de l’équité naturelle dans l’étude de la jurisprudence, cette équité égale les nobles et les plébéiens dans la société, comme ils sont égaux dans la nature.
Ce n’est plus à un moraliste de la fin du dix-huitième siècle que nous aurons affaire, c’est à un écrivain de l’ère nouvelle et laborieuse, à une mère attentive et enseignante, qui sait les épreuves et qui prépare des hommes ; à un philosophe vertueux occupé de faire sentir en chaque ordre l’accord du droit et du devoir, de l’examen et de la foi, de la règle et de la liberté. […] L’application des principes varie si souvent, les règles sont sujettes à tant d’exceptions, qu’un traité de ce genre ne saurait être trop court, parce qu’on ne peut le faire assez long ni le composer d’idées assez générales pour qu’il soit susceptible de s’adapter à toutes les conditions particulières. » Sous forme de lettres d’une belle-mère à son gendre (thermidor an XIII), elle avait parlé du plus ou moins de convenance de l’éducation publique pour les femmes, et s’était prononcée contre, avec un sens parfait, mais avec beaucoup de gaieté aussi ou plutôt de piquant, et de son ton le plus dégagé d’alors. […] Les lettres xii et xiii, d’une grande beauté philosophique, démontrent les principes de conscience et de raison sur lesquels elle fonde le devoir, et expliquent comment tout son soin est de faire apparaître et se dessiner par degrés la règle à la raison de l’enfant, pour qu’il y dirige librement de bonne heure, et dans les proportions de son existence, sa jeune volonté. — Faire régner de bonne heure autour de ces jeunes esprits une atmosphère morale, où ils se dirigent par le goût du bien, les faire gens de bien le plus tôt possible, c’est là son but, son effort, et, à moins de préjugés très-contraires, on lui accorde, en l’entendant, qu’elle a et qu’elle indique les vrais moyens de réussir.
Mais quel est le ciment commun, et où se trouve le fondement premier Toutes ces règles civiles auxquelles sont assujettis les mariages, les testaments, les successions, les contrats, les propriétés et les personnes, règles bizarres et parfois contradictoires, qui les autorise ? […] Sitôt que pour chacun l’unique règle est d’être heureux, chacun veut l’être à l’instant, à sa guise ; le troupeau des appétits lâchés se rue en avant et renverse d’abord les barrières.
Plus les lois renferment de justice, c’est-à-dire de conscience et de révélation des volontés de Dieu par l’instinct, plus elles sont vraies, utiles, obéies par les peuples qui les adoptent pour règle. […] Ces trois caractères de la loi, la règle, la justice, la moralité, sont donc les degrés successifs par lesquels la société politique se fonde et s’élève d’abord par l’ordre, se légitime ensuite par la justice, s’accomplit enfin par la moralité. […] Ce n’est donc pas la question de savoir laquelle de vos lois est plus monarchique ou plus républicaine, plus autocratique ou plus démocratique, mais laquelle est plus imprégnée de règle innée, de justice divine, de moralité supérieure à l’abjecte matérialité des intérêts purement physiques de l’espèce humaine.
Je fus donc en état de lui répondre, et lui dis avec un peu moins de frayeur : — Ô Thrasymaque, ne t’emporte pas contre nous. » X Socrate laisse Thrasymaque déborder en un interminable discours contre l’utilité de la justice ; puis il reprend : « Fais-moi la grâce de me dire si un État, une armée, une troupe de brigands, de voleurs, ou toute société de ce genre, pourrait réussir dans ses entreprises injustes si les membres qui la composent violaient les uns à l’égard des autres les règles de la justice ? […] Et d’abord, il s’occupe de leur éducation sur les genoux des nourrices ; il en exclut les fables qui défigurent les dieux dans l’imagination de ce premier âge ; il prescrit pour cela des règles aux poètes, pour qu’ils n’attribuent aux dieux, dans leurs œuvres, que le bien et jamais le mal ; il leur défend de faire craindre la mort à ces hommes par la déception des enfers ; il n’autorise le mensonge que dans les magistrats, pour l’utilité du peuple, maxime honteuse qui honore dans l’État le crime contre la vérité puni dans le citoyen, sophisme qui rappelle les deux morales de Machiavel, de Mirabeau, de tous les faux politiques, une morale pour la vie privée, une pour la vie publique ; absolution philosophique des crimes d’État. […] XIV Platon règle ensuite tout aussi arbitrairement, dans sa République, la musique, la médecine, l’amour, la justice.