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807. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — A — article » pp. 175-177

Cet égoïsme, si fort à la mode parmi les Journalistes & les Auteurs critiques de ce siecle, est d’autant plus déplacé & plus ridicule, qu’il blesse l’amour-propre des Lecteurs, sans tourner au profit de celui des Ecrivains qui se le permettent, puisqu’il ne décele en eux qu’une vanité capable d’affoiblir le mérite de leurs bonnes qualités.

808. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — V. — article » pp. 406-407

La science, l'érudition, & l'amour du travail, sont des titres à l'estime publique ; mais ces qualités ne sont pas capables de justifier l'orgueil qui le dominoit & qui transpire souvent dans ses Ouvrages.

809. (1930) Les livres du Temps. Troisième série pp. 1-288

François Mauriac a d’abord une qualité : elle n’est pas « romancée ». […] Du reste, sur leur qualité vénéneuse ou balsamique, les avis sont très partagés. […] La première de ces qualités supérieures, c’est le style. […] Je dois avouer que pour moi cette qualité-là passe avant tout. […] Que de qualités chez ses porteurs !

810. (1928) Quelques témoignages : hommes et idées. Tome I

Plus question ses qualités. […] Elle est par elle-même, et c’est elle qu’il faut regarder, approfondir, analyser, juger enfin, et d’abord et surtout dans sa qualité technique. […] Mais c’est un témoin d’un ton unique et qui veut que sa déposition soit rédigée avec une supérieure qualité d’art. […] « Les gens de qualité portent les fleurs en bas ?  […] De là dérive chez lui cette qualité pour laquelle il faut emprunter un terme à la chimie : la saturation.

811. (1923) Critique et conférences (Œuvres posthumes II)

Barbey d’Aurevilly rend, avouons-le, un franc et loyal hommage à cette superbe épopée où Victor Hugo a mis toutes ses qualités, et aussi tous ses défauts. […] C’est vrai qu’il n’est pas davantage image, gracieux, profond, ou pénétrant, qualités qui sont mes préférées ; mais moi, qui me pique d’être conséquent, je ne considère pas M.  […] Oui, Roger Marx est un fin, un vrai lettré, par la langue et par l’esprit et par toutes les qualités de ce titre si rarement mérité en nos jours d’impudentes usurpations. […] mais la qualité, mais la bonne foi, mais l’effort des poètes soient tels qu’il est rare qu’un pareil spectacle, consolant et rassurant, ait jamais été donné avec cette intensité de talent, et de conscience dans le talent. […] En ma qualité de Parisien, — et de Parisien s’intéressant quelque peu aux choses d’au-dessus et d’au-delà, sans avoir vu les œuvres, la distance et la maladie m’en éloignant, hélas !

812. (1887) Revue wagnérienne. Tome II « Paris, le 8 juin 1886. »

Damad, qui, dans un rôle court, a montré des qualités de charme souvent inconnues de nos théâtres. […] Elles se sont encore limitées : des groupes furent formés, séparés, abstraits : la perception fréquente d’objets rouges a porté l’âme à imaginer un nouvel objet, dont le rouge était la qualité dominante. […] Puis Virgile tenta une épopée et fit un agréable roman ; Tite Live mêla, dans son beau feuilleton, les qualités pratiques de l’esprit latin aux raisonnements hélléniques : et déjà ses raisonnements ne sont plus la dialectique d’Hérodote ou de Thucydide20. […] Quand donc un artiste viendra-t-il qui associera ces qualités et ces formes, au profit d’une complète vie littéraire ? […] Wyzewa retrace l’histoire de la littérature et imagine une littérature qui mêlerait sentiments et raison et qui valoriserait la qualité musicale et sonore des mots.

813. (1911) Lyrisme, épopée, drame. Une loi de l’histoire littéraire expliquée par l’évolution générale « Appendices » pp. 235-309

Croce s’étend d’ailleurs au-delà des monts ; je lui connais des lecteurs enthousiastes en plus d’une ville d’Allemagne, et à Paris, et à Zurich ; c’est qu’il joint à une grande science quelques qualités trop rares chez les savants : une pensée toujours originale, libérée de toutes les vieilles formules, le bon sens lumineux, la compréhension de l’art et surtout le respect des individualités. […] Et encore : entre la prose d’un artiste et les vers d’un poète, il n’y a aucune différence esthétique de qualité. […] Et tout se tient : l’artiste qui réalise une œuvre de beauté, atteint par là même au Bien, sans y avoir visé ; et inversement : une œuvre qui contredit aux notions les plus élémentaires de la morale ne saurait être une œuvre de beauté sincère ; elle peut s’imposer un temps, par la réclame, par ses défauts autant que par ses qualités ; elle ne durera pas. L’homme qui a écrit Il Fuoco, en y ajoutant ou en retranchant des pages dans les circonstances qu’on sait, cet homme peut avoir de grandes qualités artistiques, il n’a pas le respect de son art. […] L’importance des chœurs, le petit nombre des personnages, leur dialogue antithétique, leur qualité sociale, l’usage même du vers, tout cela s’explique, non point par un libre choix de la volonté, mais par la genèse de la tragédie.

814. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « M. Charles Magnin ou un érudit écrivain. »

Quand je dis célébrer, je n’entends pas cette louange uniforme et banale qui tend à grandir et à exhausser un personnage au-delà du vrai ; la meilleure oraison funèbre, la seule digne des gens d’esprit qui en sont l’objet, est celle qui, sans rien surfaire, va dégager et indiquer en eux, au milieu de bien des qualités confuses, le trait distinctif et saillant de leur physionomie. […] En un mot, il allait mettre des qualités d’écrivain classique au service de la cause romantique. […] S’il n’avait pas eu ce goût d’instinct pour le théâtre et ses jeux les plus divers, depuis la comédie anecdotique d’Andrieux jusqu’aux Burgraves, depuis les drames chrétiens de Hrotsvitha jusqu’aux marionnettes, on aurait droit d’être sévère sur sa qualité d’érudit ; on pourrait le définir le contraire d’un Letronne ou d’un Fauriel, et soutenir sans trop d’injustice qu’il n’y apportait aucune initiative personnelle. […] Ses qualités civiles elles-mêmes, sa circonspection, sa politesse lui nuisaient.

815. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « M. VILLEMAIN. » pp. 358-396

Villemain en 1812 par celui de Montaigne, présente ce genre de qualités et de formes, à un moindre degré pourtant que ses Éloges de La Bruyère et de Montaigne, morceaux approfondis et d’un grave caractère. […] Cet agrément consiste, au milieu de tant d’autres qualités sérieuses, à ne pouvoir toucher la science, traverser l’érudition, la grammaire, aucun coin aride de la critique, sans l’égayer à l’instant d’un reflet animé. […] Mais, malgré la révision de l’auteur, combien de qualités mobiles, de composés pour ainsi dire instantanés, ont disparu, ou du moins se sont modifiés en se fixant, et dont ceux qui ont assidûment entendu le maître peuvent seuls rendre aujourd’hui témoignage ! […] On peut apprécier par lui certaines qualités fines de M.

816. (1841) Matinées littéraires pp. 3-32

Nos sentiments étant plus ou moins vifs, d’après notre nature, et notre raison plus ou moins développée, selon notre éducation, il s’ensuit que chez les hommes le goût est plus ou moins juste, plus ou moins pur, plus ou moins éclairé ; il s’ensuit encore, d’après la grande loi de la nature humaine, qui veut que toutes nos qualités morales et physiques se perfectionnent par l’exercice, que notre goût, comme toutes nos autres facultés, est susceptible de culture et de progrès. […] Le goût, étant une affaire de sentiment et de raison tout à la fois, se distingue par deux qualités principales : la délicatesse et la pureté. […] On a peine à comprendre la négligence qu’on met à s’occuper d’un art qui est la source des succès dans le monde, et sans lequel se trouvent presque perdues les plus nobles qualités du cœur et de l’esprit. […] J’ose affirmer ici qu’il n’est personne, quels que soient les vices de nature ou d’habitude de sa prononciation et de son organe, qui ne puisse, avec un peu de travail, des conseils, et quelque bonne volonté, acquérir en peu de temps les qualités d’un bon lecteur.

817. (1854) Histoire de la littérature française. Tome I « Livre II — Chapitre sixième. »

Le caractère de Montaigne, tel que nous le montrent les Essais, est celui d’un homme nonchalant par humeur, non moins que par la faveur d’une condition qui lui permettait le repos ; irrésolu, tantôt par l’effet des lumières, qui font voir autant de raisons pour s’abstenir que pour agir, tantôt par la fatigue de délibérer, détestant l’embarras des affaires domestiques, et préférant l’inconvénient d’être volé à l’ennui de veiller sur son bien ; ennemi de toute contrainte, jusqu’à regarder comme un gain d’être détaché de certaines personnes par leur ingratitude ; ne donnant prise sur lui à rien ni à personne, ne se mettant au travail qu’alléché par quelque plaisir simple, naïf, vrai avec lui-même et avec les autres ; ayant le droit de parler de sa facilité, de sa foi, de sa conscience, de sa haine pour la dissimulation, dans un temps où toutes ces qualités étaient autant de périls142 ; « ouvert, dit-il, jusqu’à décliner vers l’indiscrétion et l’incivilité » ; délicat à l’observation de ses promesses jusqu’à la superstition, et pour cela prenant soin de les faire en tous sujets incertaines et conditionnelles143 ; franc avec les grands, doux avec les petits ; le même homme que le besoin d’ouverture pouvait rendre incivil ; poussant la civilité jusqu’à être prodigue de bonnetades 144, notamment en été, dit-il, sans doute parce qu’on risque moins en cette saison de s’enrhumer en général, ayant les vertus de l’honnête homme, et sachant, en un cas pressant, en montrer ce qu’il en fallait, mais n’en cherchant pas l’occasion un mélange de naïveté et de finesse, d’ouverture et de prudence, de franchise et de souplesse ; modérant ses vertus comme d’autres modèrent leurs vices ; mettant pour frein à chacune ce grand amour de soi, dont il ne se cache pas et qui formait son état habituel ; enfin, s’il fut vain, ne l’étant guère moins de ses défauts que de ses qualités. […] Enfin, à tous ces avantages du caractère de la condition, du spectacle d’un siècle laborieux et agité, qui vécut de toutes les vies, Montaigne joignait une qualité qu’aucun autre écrivain de son temps n’a possédée à ce degré où elle est la marque même du génie, je veux dire la modération. […] Nous nous trouvons aussi quelques-unes de ses qualités, soit qu’en effet nous en ayons certains traits, soit qu’à notre insu, sous le charme de simplicité naïve avec lequel il nous en parle, le désir de lui ressembler nous persuade que nous lui ressemblons.

818. (1902) Le culte des idoles pp. 9-94

C’est à notre époque seulement qu’on s’est avisé de nous présenter pour modèle l’être incomplet, l’eunuque, le mutilé, et de nous donner sa maladie comme une qualité. » L’idéal d’Hugues Rebell choquait trop de préjugés niais, bousculait trop de petites habitudes, pour recueillir de nombreuses adhésions. […] En sa qualité de frère aîné, il tenait à apporter à la collaboration la part la plus précieuse ; il donnait le tour littéraire, il dégageait l’esprit et la pensée des anecdotes, autant dire qu’il gâtait tout. […] Le sens de la composition en art est une qualité, paraît-il, inférieure, comme le jugement et l’ordre. […] Peut-être avait-il des doutes sur les qualités d’éternité de ses œuvres et crût-il avoir trouvé un moyen facile d’être immortel.

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