Les faits postérieurs ont bien prouvé sa clairvoyance. […] Saint-Simon dit ensuite que le marquis de Montespan trouva sa femme chez madame de Montausier, quand il vint faire avanie à celle-ci : et au contraire le récit de Mademoiselle prouve qu’alors elle et madame de Montespan étaient ensemble sur la terrasse du château. […] La suite prouverait qu’alors les yeux de cette femme respectable furent dessillés sur les relations du roi avec madame de Montespan ; qu’elle fut épouvantée de l’idée d’avoir opposé de la résistance à un mari qu’elle croyait follement jaloux d’une femme irréprochable : il est du moins certain, par le témoignage de mademoiselle de Montpensier, par celui du duc de Saint-Simon, qu’à la suite de l’apparition qui eut lieu dans le passage de l’appartement de la reine, madame de Montausier rentra chez elle malade, ne sortit plus de sa chambre que pour quitter la cour et rentrer dans sa propre maison, à Paris, où elle languit, ne recevant qu’un petit nombre d’amis particuliers. […] Les visites que la reine lui faisait durant sa maladie prouvent assez combien elle en honorait la cause ; peut-être même qu’elle croyait avoir contribué à la déception de madame de Montausier, par son propre aveuglement sur madame de Montespan.
Ne dit-il pas quelque part dans son livre, en parlant de la grande polémique soulevée entre Bossuet et Jurieu, que « Jurieu aurait trouvé un meilleur argument pour sa doctrine s’il avait fait un pas de plus… et s’il eût proclamé l’indépendance absolue de la conscience individuelle… » Un tel passage et beaucoup d’autres, inutiles à citer après celui-là, ne prouvent-ils pas que Weiss a franchi pour son compte « cette ligne imperceptible entre le protestantisme et la philosophie » que Jurieu a trop respectée ? Ne prouvent-ils pas que le rationalisme individuel a achevé de faire, en lui, depuis longtemps, cette petite main-basse qu’il finit toujours par faire sur les croyances collectives du protestant ? […] profonde inaptitude politique, en contraste avec des qualités d’intelligence que nous aimons à reconnaître, et qui prouve une fois de plus qu’en matière historique, comme en toutes choses, les connaissances les plus étendues ne peuvent suppléer à l’instinct ! […] Enfin, il aurait peut-être prouvé ce que nous disions tout à l’heure sur les formes diverses qu’a revêtues souvent en France une politique unitaire : c’est que, bon pour pacifier le pays, l’Édit de Nantes, qui avait rapproché deux partis sans les fondre, présentait des inconvénients et des dangers alors que, défatigués des événements qui avaient longtemps pesé sur eux, ils se retrouvaient avec leurs vieilles haines augmentées de prétentions nouvelles… Si, après un tel examen, l’écrivain qui l’aurait tenté eût condamné comme une faute radicale, une faute politique et à tout point de vue, la révocation de l’Édit de Nantes, personne, du moins parmi ceux qui ont le sentiment de la dignité de l’Histoire, ne l’eût accusé de superficialité ou de mauvaise foi.
dans un certain sens, tout a sa philosophie dans le monde, même Athalie, dont un benêt philosophique disait pourtant : « Qu’est-ce que cela prouve ? […] Ils disent tous qu’il est le plus grand des philosophes, mais lui ne leur prouve jamais qu’il le soit. […] Il ne m’a pas grisé, Charles de Rémusat, ni lui, ni son latin, ni son vin, ni son drame, et je vais le lui prouver. […] Il manque même de haine philosophique, quoique de Rémusat doive avoir, tapies quelque part, les haines de sa philosophie, et quoique le scepticisme du temps et la glace de son tempérament aient bien diminué cette rage contre l’Église qu’ont tous, au fond du cœur, les philosophes, et que Cousin, lâche, mais indiscret, révélait en la couvrant de ce mot, dit justement à propos d’Abélard : « Il avait déposé dans les esprits de son temps le doute salutaire et provisoire, qui préparait l’esprit à des solutions meilleures que celles de la foi. » Charles de Rémusat n’a jamais eu de ces imprudentes et impudentes paroles d’un homme dont l’espérance trahit l’hypocrisie, mais à quelque coin, dans cet esprit moyen, dans cette âme de sagesse bourgeoise, il y a toujours, prête à se glisser au dehors, l’hostilité contre toutes les grandes choses que nous croyons… Comme Abélard, le héros de toute sa vie, comme Bacon, qu’il a aussi commenté, de Rémusat s’est toujours plus ou moins vanté d’être un écrivain de libre examen et de libre pensée, un philosophe contre la théologie, un adversaire de l’autorité sur tous les terrains, en religion comme en politique, — et comme l’Église est l’autorité constituée de Dieu sur la terre et qu’elle a le privilège divin « que les portes de l’enfer ne prévaudront jamais contre Elle », de Rémusat, qui est une de ces portes-là, — non pas une porte cochère, aux cuivres insolemment luisants et aux gonds tournant à grand bruit, mais une petite porte, discrète et presque cachée à l’angle et sous les lierres prudents de son mur, — de Rémusat entend bien prévaloir contre l’Église et lui prouver que son privilège divin n’est qu’une prétention !
Elle attend ; elle se sent mal, et accepterait avec reconnaissance tout soulagement positif qu’on lui voudrait apporter ; mais, pour la convaincre, il ne faut pas trop lui promettre ; elle n’en est plus aux illusions de l’enfance ; et, sans prendre la peine d’examiner longuement, il lui suffit d’opposer aux magnifiques avances de ses bienfaiteurs cette réponse de simple bon sens, que qui prouve trop ne prouve rien.
Puis tous les dogmes se prouvent par l’Écriture, par les conciles, par les Pères, par les théologiens. […] Dans un tel système, la raison est avant toute chose ; la raison prouve la révélation, la divinité de l’Écriture et l’autorité de l’Église. […] Une seule erreur prouve qu’une Église n’est pas infaillible ; une seule partie faible prouve qu’un livre n’est pas révélé. […] Or l’étude attentive que je faisais de la Bible, en me révélant des trésors historiques et esthétiques, me prouvait aussi que ce livre n’était pas plus exempt qu’aucun autre livre antique de contradictions, d’inadvertances, d’erreurs. […] Pour nous rationalistes, cela n’a pas grande conséquence ; mais l’orthodoxe, obligé de prouver que son livre a toujours raison, se trouve engagé en des subtilités infinies.
Pour m’en tenir au point de vue littéraire et à celui du goût, je ne puis m’empêcher de remarquer à quel point l’argent prend d’importance dans sa manière de prouver et de raisonner. Entreprend-il de se justifier auprès de la Commune de Paris des sots griefs qu’on lui impute, comme d’avoir accaparé des armes, d’avoir des souterrains dans sa maison du boulevard, même d’avoir trompé autrefois les Américains par ses fournitures, il dira ingénument, en imitant les gageures et les défis à l’anglaise : Je déclare que je donnerai mille écus à celui qui prouvera que j’aie jamais eu chez moi, depuis que j’ai aidé généreusement l’Amérique à recouvrer sa liberté, d’autres fusils que ceux qui m’étaient utiles à la chasse ; Autres mille écus si l’on prouve la moindre relation de ce genre entre moi et M. de Flesselles… Je déclare que je paierai mille écus à qui prouvera que j’ai des souterrains chez moi qui communiquent à la Bastille… Que je donnerai deux mille écus à celui qui prouvera que j’aie eu la moindre liaison avec aucun de ceux qu’on désigne aujourd’hui sous le nom des aristocrates… Et je déclare, pour finir, que je donnerai dix mille écus à celui qui prouvera que j’ai avili la nation française par ma cupidité quand je secourus l’Amérique… Cette façon de tout évaluer en argent me paraît déceler un ordre de sentiments et d’habitudes qui était nouveau en littérature, et qui s’y naturalisa trop aisément.
On ne prouvera point certainement par la conduite que les grands et les petits tiennent depuis soixante et dix ans dans tous les états de l’Europe, où l’étude de ces sciences qui perfectionnent tant la raison humaine fleurit davantage, que les esprits y aïent plus de droiture qu’ils n’en avoient dans les siecles précedens, et que les hommes y soient plus raisonnables que leurs ancêtres. […] Afin de prouver que nous raisonnons mieux que les anciens, il faudroit faire voir que c’est à la justesse du raisonnement, et non point au hazard ou aux expériences fortuites que nous devons la connoissance des veritez que nous sçavons et qu’ils ignoroient. Mais loin qu’on puisse faire voir qu’on ait l’obligation des nouvelles découvertes à des philosophes qui soient parvenus aux veritez naturelles les plus importantes par des recherches méthodiques, et par le secours de l’art si vanté, d’enchaîner des conclusions, on peut prouver le contraire. […] Il est vrai que tous ceux qui sont persuadez maintenant de la circulation du sang ne l’ont point vûë de leurs propres yeux, mais ils sçavent que ce n’est plus par des raisonnemens qu’on la prouve, et que c’est en la faisant voir qu’on la démontre. […] Il n’est plus permis aujourd’hui, dit-on, de poser des principes qu’ils ne soient clairs et bien prouvez.
Vous croyez qu’il souhaite autoriser le sens commun et prouver le monde extérieur. […] vous prouvez que la destruction des hémisphères cérébraux détruit la mémoire, les instincts, le raisonnement, sans abolir la vie ni les sensations brutes ! […] indiquer l’âge des chaînes, marquer la succession des continents, prouver les convulsions périodiques du globe ? […] Notre but n’est plus de prouver que la perception extérieure est certaine. […] Je ne suis ici que critique ; mon unique but était de prouver que M.
Un Panégyrique de Saint Louis, & trois Oraisons Funebres ; l’une de M. le Dauphin, l’autre de la Reine, la troisieme de Louis XV, prouvent ses talens pour l’éloquence de la Chaire, & le font blâmer d’avoir abandonné une carriere que de justes succès devoient l’engager à parcourir plus long-temps. […] Il nous suffira, pour le mieux prouver, de citer ce joli Madrigal, que le fameux Lambert mit en Musique, & dont un de nos Poëtes actuels s’est approprié sans façon le dernier vers.
Les hommes demandent à leurs dieux de prouver leur existence par des miracles ; mais la merveille éternelle c’est qu’il n’y ait pas sans cesse des miracles. […] S’il était régi par le caprice, qu’est-ce qui nous prouverait qu’il ne l’est pas par le hasard ? […] Rien ne prouve cependant qu’on n’arrivera pas à les sauver ; et si on n’y parvient qu’imparfaitement, ils subsisteront encore, tout en se transformant.
Si nous avions sérieusement à nous défendre de cette imputation, il nous seroit facile de prouver que les Trois Siecles étoient presque achevés quand ses Mémoires parurent ; nous ferions observer qu’un seul volume de la premiere édition des Trois Siecles en auroit fait deux plus gros que ne l’étoient alors ses Mémoires ; nous défierions enfin M. […] Palissot avoit lu & relu l’Article qui lui étoit destiné, & qu’il nous en remercia, en nous faisant toutefois observer que nous avions tort de ne pas trouver de la gaieté dans son Poëme de la Dunciade ; nous ne citerons pas non plus d’autres faits qui prouvent que ce n’est point malgré lui que nous avons loué ses Productions, parce que le témoin de ces faits est un Homme de Lettres d’Italie qui n’habite plus en France ; mais nous citerons la lettre que nous écrivit M. […] J’ai fait même quelques observations qui vous prouveront l’intérêt que je prends à la réputation que vous méritez….
C’est ainsi qu’un physicien réduit au seul sentiment de toucher, prétendrait que les objets éloignés ne peuvent agir sur nos organes, et le prouverait par des sophismes auxquels on ne pourrait répondre qu’en lui rendant l’ouïe et la vue. […] Que dirait-on d’un musicien qui pour prouver que le plaisir de la mélodie est un plaisir d’opinion, dénaturerait un air fort agréable en transposant au hasard les sons dont il est composé ? […] La Motte a avancé que les vers n’étaient pas essentiels aux pièces de théâtre : pour prouver cette opinion, très soutenable en elle-même, il a écrit contre la poésie, et par là il n’a fait que nuire à sa cause ; il ne lui restait plus qu’à écrire contre la musique, pour prouver que le chant n’est pas essentiel à la tragédie.