Dès qu’il parut, on l’attribua à Massillon, qui prouva qu’il n’en étoit pas l’Auteur, par les grands éloges qu’il lui donna, éloges que cet Ouvrage obtiendra certainement de la part de tout Lecteur capable de sentir & d’apprécier la solidité des préceptes, la profondeur des réflexions, l’énergie & la précision du style.
Son Traité de l’Amitié fait sentir ce doux sentiment, le fait désirer, & prouve qu’elle avoit une ame propre à le faire naître.
Le grand nombre d’éditions qu’a eues cet Ouvrage, prouve que, s’il pouvoit être mieux écrit, il étoit difficile de le rendre plus utile.
Ses Lettres critiques sur Roméo & Juliette prouvent que les applaudissemens momentanés donnés à cette Tragédie n’en ont pas imposé à son discernement ; & les Etrennes à ses Amis, qu’il n’est rien moins qu’atteint de la maladie philosophique, & qu’il a le bon esprit de sentir les maux qui en sont le résultat.
Après avoir donné une élégante Traduction en Vers d'Anacréon & de quelques autres Poëtes Grecs ; après avoir débuté sur la Scene par deux Tragédies, Ajax & Briseïs, qui n'ont pas eu, à la vérité, beaucoup de succès, mais qui en eussent obtenu davantage, si une Poésie pure, facile, & harmonieuse, pouvoit remplacer le défaut d'intérêt dans l'une, & faire pardonner la trop grande complication d'incidens dans l'autre ; il a renoncé à la carriere du Théatre, & semble avoir fait ses derniers adieux à Melpomene, dans son Appel au petit Nombre, où il prouve à la Multitude qu'elle a tort, avec autant de chaleur & d'énergie, que de littérature & d'érudition.
Cette Anecdote, quand elle ne seroit pas exacte, prouve au moins la grande idée que ceux qui le connoissoient, avoient de sa facilité.
L’éloge détaillé que nous faisons de son tableau, prouvera au moins que nous avons bien plus de plaisir à louer qu’à reprendre.
Sa traduction de l’Homme de Cour de Balthasar Gratian, & celle du Prince de Machiavel, avec ses Commentaires, prouvent qu’il avoit au moins quelque talent pour cette partie.
Ce qu’il a avancé sur l’excellence du Gouvernement féodal, prouve qu’il est des Auteurs capables de fermer les yeux au flambeau de la raison & à celui de l’expérience.
Ses talens pour l’éloquence, reconnus dans l’Eloge funebre de M. le Dauphin, ses Mandemens qu’il fait lui-même, ses Lettres Pastorales qui respirent le patriotisme, & quelques autres Ouvrages où il n’a pas mis son nom, prouvent que l’Académie Françoise a moins recherché dans lui l’éclat de la naissance, que les qualités d’un Littérateur éclairé.
Quoi qu’il en soit de ce goût poussé trop loin, l’Histoire d’Hercule le Thébain, & son Recueil d’Antiquités Egyptiennes, Etrusques, Grecques, Romaines & Gauloises, prouveront toujours l’étendue de ses connoissances, & contribueront à éclairer, autant qu’à flatter les Erudits & les Curieux.
de] Ce Poëte, qui vit encore, n’est point parent du Chansonnier, & ses Vers le prouvent bien.