Elle était venue au monde dans la propre maison de M. […] Shakespeare donne un nom propre à cette dame veuve et pauvre, et savez-vous comme il l’appelle ? […] En voilà donc enfin un, entre mille, parmi tous ces poètes affamés, qui n’a pas de pension de la cour, qui n’appartient à aucun prince du sang, qui ne sait pas le nom du ministre, qui méprise la favorite et ses faveurs ; en voilà un qui ne fait pas d’emprunt à messieurs les Comédiens, qui vit de sa propre vie, et sur son propre bien, à son propre soleil ! […] Ce n’est pas là le propre d’une femme qui paie son amant. […] Baron s’est ménagé lui-même dans sa propre comédie.
Le nombres des auteurs devait être immense en un temps où l’écrivain était son propre éditeur, le poète son propre récitateur, le dramaturge son propre acteur. […] Or, quel est l’acte qui n’a pas pour but son propre achèvement ? […] Mais c’est leur métier, et le propre d’un métier est qu’il doit nourrir. […] » Chacune a fait son propre portrait. […] On devine des cahiers de littérature propres et sages avec un titre en gothique mouchetée.
C’est d’elle que devait naître fatalement la culture du poncif, la toute-puissance de la formule, la contrefaçon d’art au sens le plus propre du mot. […] Elle ne détourne point l’Art de son rôle propre ; elle fait de l’Art le véhicule qui ramène la société à la Nature, quand la culture et la civilisation nous en éloignent. […] Au contraire, il établit avec une netteté admirable le domaine propre de l’Art et de la Religion ou des religions. […] l’abaissement de son propre type. » Cela est saisissant de vérité. […] L’usage, la mémoire et la comparaison nous mettent au fait du sens symbolique des mélismes de notre propre musique ; mieux nous les connaîtrons, plus elle nous saisira.
On trouve cependant des gens qui sont rebelles à leur propre vocation. […] Le mot propre est presque toujours rejeté par les orateurs comme indigne de la majesté de la tribune. […] Un peintre ne peint jamais la réalité, mais sa propre interprétation. […] Les noms propres ont leur physionomie et leur beauté. […] Peu de gens sont capables de juger leurs propres ouvrages.
Comme Daudet empruntant à ses « sosies » les documents complémentaires de son propre sujet, les frères de Goncourt, pour parfaire ce type de « fou lettré qui lutte contre la folie envahissante » s’étaient adressés aux recueils spéciaux. […] Le premier semble avoir renoncé bien vite à ses tentatives : « Qu’il ait essayé une ou deux fois du haschisch55 comme expérience physiologique, cela est possible et même probable ; mais il n’en a pas fait un usage continu… Il ne vint que rarement et en simple observateur aux séances de l’hôtel Pimodan, où notre cercle se réunissait pour prendre le “Dawamesk”, séances que nous avons décrites autrefois dans la Revue des Deux-Mondes, sous ce titre “le Club des Haschischins” en y mêlant le récit de nos propres hallucinations ». […] Nous parlons ici des intoxications prises comme matière à description et non considérées pomme excitants propres à fouetter le cerveau.
Il rit au milieu même de son émotion ; ses personnages plaisantent de leur propre infortune. […] 12 Ayant écrit au prince de Conti un récit des mésaventures de Mlle de La Force, il le supplie de ne montrer sa lettre à personne. « Mlle de La Force est trop affligée, et il y aurait de l’inhumanité à rire d’une affaire qui la fait pleurer si amèrement. » Quoique distrait et indifférent à ses propres affaires, sitôt que des gens affligés venaient le consulter, « non-seulement il écoutait avec une grande attention, mais il s’attendrissait, il cherchait des expédients, il en trouvait, il donnait les meilleurs conseils du monde. » Il fut l’ami le plus fidèle, et défendit devant le roi Fouquet disgracié. […] Il est crédule jusqu’au bout, et, de son propre aveu, toujours le même « enfant à barbe grise, qui fut dupe et le sera toujours. » Il ne sait ni se conduire ni se contraindre, il se laisse aller ; c’est la pure nature.
Et pourtant ce courage, il faut l’avoir ; il faut être inaccessible à la séduction de ses propres découvertes. […] Et, pour Molière, nous avons son propre aveu. […] Et voici le secret de sa perfection : « Ce n’est pas assez, écrit-il, qu’une chose soit belle, il faut qu’elle soit propre au sujet, qu’il n’y ait rien de trop ni rien de manque. » Ce retranchement exact assure l’unité et la brièveté.
Du Bellay veut la rime volontaire, propre, naturelle, juste enfin « comme une harmonieuse musique tombante en bon et parfait accord ». […] Ronsard, plus hardi, plus novateur, compte surtout, lui aussi, sur les ressources propres du français : c’est de lui-même qu’il tirera les richesses qu’il lui apportera. […] L’erreur de la Pléiade Son but, c’est par les rythmes, par le choix et l’ordre des mots, de créer une forme belle. « Tu te dois travailler, dit-il, d’être copieux en vocables, et tirer les plus nobles et signifiants pour servir de nerfs et de force à tes carmes, qui reluiront d’autant plus que les mots seront significatifs, propres et choisis. » Voilà qui est excellent.
Dans les cinquante ou soixante mille lignes qu’un journaliste écrit tous les ans, ce qui lui appartient en propre, ce qui le signale et le distingue se trouve perdu dans ce qui le confond et le mêle, dans tout ce qu’il a laissé s’écouler de lui sans y apporter d’attention et sans y attacher de prix. […] Il me paraît que don Juan… (mais oubliez ce que je disais tout à l’heure et croyez que je ne mets rien là de mon propre rêve), il me paraît que don Juan, à le considérer dans Tirso de Molina et dans Molière, sinon dans Byron et dans Mozart, est surtout un grand artiste et un grand orgueilleux. […] Ce qu’il doit porter en lui, c’est une immense fierté, une curiosité infinie, une infinie pitié, peut-être aussi une terreur de son propre pouvoir, et une obscure désespérance, de ne pouvoir aimer une femme, une seule, à jamais… Je reviens à M.
Et ils nous surfont la complexité féminine pour nous faire mieux croire à leur propre profondeur et à l’étendue de leur enquête personnelle. […] C’est placer hors de soi, dans un autre être, sa raison de vivre, mais de vivre totalement, de développer son être propre en se dévouant à lui. […] Tout cela n’est qu’une phraséologie propre à ce siècle où les ennemis des religions ont eu presque tous la manie de fourrer partout le sentiment religieux.
On s’imaginait que les chefs de sectes devaient être des solitaires, ayant leurs règles et leurs instituts propres, comme des fondateurs d’ordres religieux. […] Jouissant encore de peu d’autorité, et sans doute aussi poussé par le désir de voir un maître dont les enseignements avaient beaucoup de rapports avec ses propres idées, Jésus quitta la Galilée et se rendit avec sa petite école auprès de Jean 311. […] Mais, loin que le baptiste ait abdiqué devant Jésus, Jésus, pendant tout le temps qu’il passa près de lui, le reconnut pour supérieur et ne développa son propre génie que timidement.
Les Juifs, n’ayant pas d’architecture propre, n’ont jamais tenu à donner à ces édifices un style original. […] Comme le judaïsme, hors de Jérusalem, n’avait pas de clergé proprement dit, le premier venu se levait, faisait les lectures du jour (parascha et haphtara), et y ajoutait un midrasch ou commentaire tout personnel, où il exposait ses propres idées 386. […] Elle est nette, propre, sans vase, toujours battue au même endroit par le léger mouvement des flots.