Il y a plus : ces talents eux-mêmes qui l’honorent, arrivés à une certaine élévation, subissent chacun cette espèce de vent de dispersion qui circule ; ils versent d’un côté ou d’autre ; ils manquent à la loi de leur propre développement et à leur unité particulière. […] Nul n’est plus propre qu’Homère à remplir cet objet grandiose que j’invoque et que j’aimerais à voir de loin planer sur toute étude, même diverse, comme on voit au fond de l’atelier du sculpteur régner le front du Jupiter olympien.
Les hommes à imagination, en se transportant dans le rôle d’un autre, ont pu découvrir ce qu’un autre aurait dit ; mais quand on parle en son propre nom, ce sont ses propres sentiments que l’on montre, même alors que l’on fait des efforts pour les cacher.
Dans la IVe , Chapelain, avec Ménage ; Chapelain encore, dans le Discours au Roi, en compagnie de Charpentier et de Pelletier ; Chapelain dans le dialogue des Héros de romans, suivi de Mlle de Scudéry, de La Calprenède, Quinault et l’abbé de Pure ; Chapelain toujours dans la Satire III, et Quinault, et Pelletier, et Mlle de Scudéry, et Le Pays, et La Serre : mais voici, de plus, l’inventeur de l’énigme française, prédicateur chrétien et poète galant, l’abbé Kautain, ou Cotin, Trissotin en propre personne. […] Plus modéré dans sa propre cause que dans celle de son ami Racine, il ne se laissa pas engager dans la voie des polémiques virulentes et des diffamations injurieuses, comme il le fit dans l’affaire de Phèdre.
Ma vie se prolongeant au-delà de ce que j’avais toujours supposé, je me suis décidé, en ces derniers temps, à me faire moi-même mon propre éditeur. […] Dans un siècle, l’humanité saura à peu près ce qu’elle peut savoir sur son passé ; et alors il sera temps de s’arrêter ; car le propre de ces études est, aussitôt qu’elles ont atteint leur perfection relative, de commencer à se démolir.
Le propre de ces cultures scolastiques est de fermer l’esprit à tout ce qui est délicat, de ne laisser d’estime que pour les difficiles enfantillages où l’on a usé sa vie, et qu’on envisage comme l’occupation naturelle des personnes faisant profession de gravité 587. […] Pleins d’égards à cette époque pour les religions étrangères, quand elles restaient sur leur propre territoire 604, les Romains s’interdirent l’entrée du sanctuaire ; des inscriptions grecques et latines marquaient le point jusqu’où il était permis aux non-Juifs de s’avancer 605.
Il fait dire au Vicaire savoyard, interprète fidèle de ses propres opinions : « Quand tous les philosophes du monde prouveraient que j’ai tort, si vous sentez que j’ai raison, je n’en veux pas davantage. » Sa démonstration de l’immortalité de l’âme ne repose pas sur une autre base. […] Voici de quel ton il raille sa propre laideur : « Les uns disent que je suis cul-de-jatte ; les autres que je n’ai point de cuisses et que l’on me met sur une table dans un étui, où je cause comme une pie borgne ; et les autres, que mon chapeau tient à une corde qui passe dans une poulie et que je le hausse et le baisse pour saluer ceux qui me visitent… » Il proteste gaiement contre ces peintures de fantaisie ; mais, revues et corrigées par lui, elles ne le rendent pas beaucoup plus séduisant.
La cohésion des strophes, les rythmes variés et propres, l’accord des cadences et des sons constituent la beauté plastique d’une poésie. […] Quiconque les possède est propre à chanter.
Ainsi la confiance en sa propre idée, la certitude dans l’affirmation, avant d’être de l’autorité réelle, peut ressembler à de la témérité. […] Il a peu de gestes, mais il possède la plus essentielle des parties qui concourent à l’action ; il a la voix, une voix d’un courant pur et d’une longue haleine, d’un timbre net et clair, d’un accent distinct et vibrant, très propre à marquer les intentions généreuses ou ironiques du discours.
Montrer à l’homme le but humain, améliorer l’intelligence d’abord, l’animal ensuite, dédaigner la chair tant qu’on méprisera la pensée, et donner sur sa propre chair l’exemple, tel est le devoir actuel, immédiat, urgent, des écrivains. […] Le voisinage de la nature le rend propre à l’émotion sainte du vrai.
Elle y mettait un entêtement incroyable sans se douter du tort qu’elle faisait par là à ses propres idées. […] Elle était plus propre à combattre qu’à penser.
Mais vous savez que personne n’est content de son métier, et qu’on se croit toujours plus propre à celui d’autrui. […] — Oui, Messieurs, pourvu que vous ayez du bon sens ; mais si vous croyez que ce soit une qualité fort commune, j’ai bien peur que vous ne soyez jamais propres à rien juger.
Albalat est disposé à le trouver médiocre », alors que nous déclarons, en propres termes (p. 9, Travail du style) : « Certains improvisateurs ont réalisé du premier coup de la très belle prose. » (NdA) 32. […] Or, voici, en propres termes notre conclusion sur Gautier : « Ce grand artiste eut à sa disposition le plus étonnant des vocabulaires, coloré, matériel, technique, éblouissant, disparate, fatigant et désordonné.