Cette espèce de stérilité relative dont on ne se doute pas à distance tient-elle à une cause générale ou particulière, momentanée ou plus profonde ? […] On sait que les dynasties ne jaillissent pas d’un événement à fleur d’histoire, mais qu’elles ont des préparations lointaines et profondes, causes mystérieuses, mais non impénétrables, de l’établissement d’une race dans le gouvernement d’un pays.
Le rationalisme n’est qu’une tendance, une fausse tendance qu’on n’a point en vain, et qui, s’emparant d’un esprit constitué d’origine pour tout ce qui est large, droit et profond, devait nécessairement faire tort aux facultés que Louandre a surtout reçues pour écrire l’histoire. […] L’un des plus grands de ce siècle, et qu’on n’accusera pas, tout poète qu’il fut, de manquer du sens profond de la réalité, — car c’est précisément ce sentiment incomparable qui fit le plus pur de sa gloire, — Walter Scott avait pensé toute sa vie à traiter le sujet qui a tenté Louandre, et sur ses derniers jours il écrivit, trop à la hâte, hélas !
Parce qu’il n’a jamais eu, lui, — et son livre l’atteste, — que des inspirations sociales ; parce que l’Empire l’a créé poète en le touchant de son rayon de feu et qu’il ne se détache jamais de la gloire ou des malheurs de l’Empire en se repliant sur lui-même, il nie l’inspiration la plus profonde de l’humanité, son inspiration éternelle, qui va de Job jusqu’à lord Byron… Franchement, n’est-ce pas abuser de sa propre préoccupation personnelle ? […] Il doit à ce précieux accord, plus rare qu’on ne le croit chez les artistes, si souvent en lutte, comme hommes, avec leur idéal, l’accent quelquefois très profond et toujours passionné de sa poésie, — cet accent qui reste et qui vibre dans l’expression, quand même cette expression n’a pas trouvé, sous la main du poète, toute sa perfection et toute sa rondeur.
Quand l’invention est une outrance qui fait craquer le monde créé sous son absurdité puissante, et qui cherche l’émotion à tout prix, par toute voie, il faut la trouver, ou, soi-même, ou est perdu si on ne la trouve pas, cette émotion qui est le but, mais qu’il faut profonde et non pas vulgaire ! […] Hugues-le-Loup est une histoire grandiose, à détails poétiques et poignants, et à la beauté de laquelle je ne reproche rien, si ce n’est un vague qui n’est pas celui que l’art produit quand l’art est profond ; car il est un vague plus terrible que la réalité la plus nettement tragique.
Aujourd’hui comme jadis, il me paraît très profond le mot de l’homme que j’ai le plus estimé, de ce Franz Wœpke qui disait : « J’ai pris la vie par le côté poétique. » Sous le nom de Paul, dans les Philosophes classiques 2, puis dans le musicien du dernier chapitre de Graindorge, et ailleurs encore, bien souvent, j’ai décrit cette résignation, ce calme, cette politesse, ce labeur désintéressé. […] ∾ Note VII. — Une jeune femme a fait, devant moi, un mot fort spirituel et profond.
Je le signale aussi tout haut : ma vive et profonde admiration pour son talent m’en a donné le droit. […] Le poète religieux s’y arrête dans une contemplation profonde. […] Non, pourvu qu’il y ait dans le roman de fantaisie un talent sérieux et profond ; non, parce que là où la disposition manque pour faire l’ancien roman, le sens manque aussi pour le goûter. […] Elles commencent à devenir profondes, elles mettent étages sur étages, elles montent les unes sur les autres, elles jaillissent en hauteur comme toute sève comprimée, et c’est à qui passera la tête par-dessus ses voisins pour avoir un peu d’air. […] C’est par l’amour et la crainte, ces deux sentiments très divers, mais également profonds, qu’une époque se donne à un écrivain supérieur et qu’un écrivain supérieur domine et possède son époque.
Aucun n’a eu une aussi profonde horreur des dissertations. […] Perdu déjà dans ses rêves, jamais le petit Frédéric ne voulut s’amuser aux jeux de son âge : une fois seulement la vue d’un danseur de corde lui fit une impression profonde, si profonde que toute sa vie il en garda le souvenir. […] Et tandis qu’ils parlaient, nous entendions des voix, plus profondes, qui n’étaient à personne. […] La première, et la plus générale, est une profonde lassitude des formules naturalistes. […] J’ai reconnu le vide profond de la science, qui ne parvient pas même à satisfaire les besoins de l’esprit.
À de tels esprits chez qui domine la culture et la politesse, n’allez pas demander de grandes passions ou des enthousiasmes profonds. […] On ignore ses théories, les raisons profondes qui le guident, on ignore ses commentaires, ses livres de critique qui sont des chefs-d’œuvre de netteté, de dialectique et de finesse. […] Les plus subtiles variations de la pensée humaine, sont — toujours — déterminées par des causes profondes que l’on peut, sans peine, retrouver dans les entrailles ténébreuses des races. […] N’est-il pas permis aux personnages de comédie d’être sensibles aux ardeurs de la chair, aux profondes impulsions du sang, d’avoir soif et d’avoir faim, comme tous les hommes de la ville ou de la campagne. […] Vous n’hésitez pas à remuer toute une grande nation jusque dans ses couches les plus profondes en faveur d’un seul homme !
Dis-je à mon cicerone, allez-vous-en au sallon, et vous verrez qu’une imagination féconde, aidée d’une étude profonde de la nature, a inspiré à un de nos artistes précisément ces rochers, cette cascade et ce coin de paysage. […] — Non, je l’avoue. — Vos petits élèves ne vous ont-ils jamais dit un mot qui vous ait causé plus d’admiration et de plaisir que la sentence la plus profonde de Tacite ? […] Ces arches que j’avais en face il n’y a qu’un moment, je les avais sous mes pieds ; sous ces arches descendait à grand bruit un large torrent, ses eaux interrompues, accélérées, se hâtaient vers la plage du site la plus profonde. […] Je ne vous dirai point quelle fut la durée de mon enchantement ; l’immobilité des êtres, la solitude d’un lieu, son silence profond suspendent le temps, il n’y en a plus, rien ne le mesure, l’homme devient comme éternel. […] Poëtes, parlez sans cesse d’éternité, d’infini, d’immensité, du temps, de l’espace, de la divinité, des tombeaux, des mânes, des enfers, d’un ciel obscur, des mers profondes, des forêts obscures, du tonnerre, des éclairs qui déchirent la nue ; soyez ténébreux.
Félicite-toi de n’être pas mort sans avoir senti, expérimenté ce côté profond de la vie. […] Il avait, outre l’intuition particulière aux poètes, une érudition profonde dont nous avons reçu les précieuses confidences. […] Mais c’est surtout en l’imitant dans cette tendance classique chez lui si profonde que nous lui rendrons le plus juste hommage. […] Nourri de nectar, sa sérénité fut même si profonde qu’à peine elle fut troublée par la chute de la société grecque. […] Maintenant ton regard est plus profond que l’Océan.”
Il part seul ; lui, il n’a d’autre but que de voir et de sentir, de s’inonder de lumière, de se repaître de la couleur des lieux, de l’aspect général des villes et des campagnes, de se pénétrer de ce ciel si calme et si profond, de contempler avec une âme harmonieuse tout ce qui vit, nature et hommes. […] Pour exprimer toute notre pensée, ces vers de Farcy nous semblent une haute preuve de talent, comme étant le produit d’une puissante et riche faculté très-fatiguée, et en quelque sorte épuisée avant la production : on y trouve peu d’éclat et de fraîcheur ; son harmonie ne s’exhale pas, son style ne rayonne pas ; mais le sentiment qui l’inspire est profond, continu, élevé ; la faculté philosophique s’y manifeste avec largeur et mouvement. […] Farcy leur en garda à tous deux une profonde reconnaissance que nous sommes heureux de consigner ici. […] Cet état convient mieux au pécheur qui va se régénérer ; il va plus mal au poëte qui doit toujours marcher simple et le front levé ; à qui il faut l’enthousiasme ou les amertumes profondes de la passion. […] Deschamps : Que ne suis-je couché dans un tombeau profond, Percé comme Farcy d’une balle de plomb, Lui dont l’âme était pure, et si pure la vie, Sans troubles ni remords également suivie !
Lectrice des philosophes du xviiie siècle, amie de Barbès, de Michel (de Bourges), de Pierre Leroux, de Jean Raynaud819, et surtout bonne, d’une bonté immense et profonde, elle adopte la religion de l’humanité. […] Elle s’unit à la nature par une sympathie profonde, elle aime partout la vie, elle mêle son âme aux choses : sa description, pittoresque et poétique tout à la fois, emplit l’œil et le cœur, nous livre à la fois l’objet et le sujet, le peintre ajouté et comme fondu dans son modèle. […] Sans doute, il ne fait pas de psychologie profonde ; il ne s’attache pas au travail intérieur qui fait ou défait une âme ; il n’essaie pas d’isoler et de peser tous les éléments qui se mêlent dans une volonté, dans un désir. […] On peut dire que sa plus profonde psychologie est dans ses descriptions d’intérieur, lorsqu’il nous décrit l’imprimerie du père Séchard, la maison du bonhomme Grandet, la maison du Chat qui pelote, un appartement de curé ou de vieille fille, les tentures somptueuses ou fanées d’un salon ; c’est sa méthode, à lui, d’analyser les habitudes morales des gens qui ont façonné l’aspect des lieux. […] Stendhal a fait une étude profonde de psychologie et de philosophie historiques.