Si l’auteur n’éblouit point, il éclaire ; il mene son lecteur de principes en principes, de conséquences en conséquences, & il le convainc sans qu’il s’en apperçoive. […] C’est encore dans l’école de Mme. de Lambert que Mr. de Moncrif a puisé les principes de son Essai sur la nécessité & les moyens de plaire : écrit excellent où l’auteur n’enseigne que ce qu’il a pratiqué : écrit aussi utile qu’agréable par la précision & l’élégance du style ; par la justesse, la délicatesse, la solidité de la plûpart des réfléxions.
Les uns chercheront donc dans le nouvel écrit de Guizot, comme ils cherchèrent dans tous ceux du même auteur qui le précédèrent, des raisons suffisantes pour accepter et légitimer, pour innocenter et comprendre le principe des révolutions ; les autres pour le repousser, le maudire et le combattre davantage. […] On verra par là ce qu’on a gagné à laisser vieillir le principe des révolutions dans le cœur des peuples, et combien, sur ces degrés descendus, de génération en génération, vers l’abîme de tous les pouvoirs menacés, l’orgueil des nations a ramassé de fange et de corruptions dont le poids l’entraîne un peu plus vite et doit le faire sombrer un peu plus profond ! […] Mais si, le principe ôté, nous ne voyons plus dans l’histoire de la Révolution d’Angleterre que les sentiments et la moralité des hommes, je l’exalterai, je la glorifierai en la comparant aux origines matérialistes et fatales de la Révolution de mon pays !
La Monarchie et son principe sont pris ici dans une profondeur d’histoire inaccoutumée et qui étonnerait, si on ne savait pas que toute la vie cérébrale d’un homme s’est absorbée dans cette question de Monarchie, que la Révolution a résolue par la mort de cette France que la Monarchie avait créée. — Seulement, sous ces ruines entassées et remuées avec tant de puissance, on n’aperçoit pas la moindre espérance de la voir un jour ressusciter ! III Elle est morte, en effet, — le cœur peut en saigner, — mais elle est morte à jamais, pour qui a le sentiment des réalités de l’Histoire… Aux yeux de ceux qui savent ce qui constitue la personnalité et l’identité d’un peuple, il faut, pour qu’il se sente toujours vivant, qu’il ait pu rester, sinon tout entier, au moins en partie, dans le principe de sa vie et de sa durée. […] Et c’est immédiatement et la fin du règne de Louis XIV, — le dernier roi qui ait incarné purement et intégralement dans sa personne le principe qui a fait vivre, pour la première fois dans les annales du monde, pendant huit cents ans, une Monarchie, — qu’il date l’avènement, dans les doctrines et dans les faits, de cette Révolution, rapide comme tous les fléaux, qui a déjà tout envahi, et dont l’ambition est de détruire l’organisation séculaire des gouvernements et des États.
D’après ces principes, la grande péninsule située à l’orient de la Grèce conserva le nom d’Asie Mineure, après que le nom d’Asie eut passé à cette vaste partie orientale du monde, que nous appelons ainsi dans un sens absolu. […] Ces principes de géographie peuvent justifier Homère d’erreurs très graves qui lui sont imputées à tort. […] Autrement il ne serait point croyable qu’Ulysse, voyageant sans le secours des enchantements (contre lesquels Mercure lui avait donné un préservatif), fût allé en un jour voir l’enfer chez les Cimmériens des Palus-Méotides, et fût revenu le même jour à Circéi, maintenant le mont Circello, près de Cumes. — Les Lotophages et les Lestrigons durent aussi être voisins de la Grèce.Les mêmes principes de géographie poétique peuvent résoudre de grandes difficultés dans l’Histoire ancienne de l’Orient, où l’on éloigne beaucoup vers le nord ou le midi des peuples qui durent être placés d’abord dans l’orient même.
Faute de partir d’un principe commun, les arguments frappent au hasard, sans avoir chance de se rencontrer. […] Une moitié des principes de psychologie est consacrée à une analyse subjective. […] Nous renverrons aux Premiers principes le lecteur curieux de plus de détails sur ces dissentiments. […] Principes de Psychologie, Part. […] Les Principes de Psychologie sont si riches en détails originaux qu’il nous est impossible d’en donner une idée complète.
Ayons encore ici recours au principe des transitions graduelles, et voyons si la nature ne nous révèle pas elle-même sa méthode de création. […] Cette difficulté, qui paraît au premier abord insurmontable, diminue quand on songe que le principe de sélection s’applique autant à la famille qu’à l’individu, et que la production d’êtres neutres peut être un avantage décisif pour la communauté. […] L’utilité de leur présence dans une société d’insectes ressort de ce même principe de division du travail social dont l’homme civilisé a reconnu les immenses avantages. […] Je me suis un peu étendu sur l’examen de ces faits, afin de bien démontrer jusqu’où peut s’étendre l’efficacité du principe qui fait la base de mes théories, et parce qu’ils présentent la difficulté la plus sérieuse qu’on puisse leur opposer. […] Car, du moment où la Fourmi devenait nécessaire à l’Aphis, celui-ci devait se prêter volontiers à une succion qu’il n’a peut-être subie au principe que par force.
Mais cette réponse, qui place le bonheur dans une certaine harmonie des organes avec ce qui les entoure, ne lui suffit pas : Je voudrais, dit-il, si jamais je pouvais entreprendre quelque chose de suivi, rechercher jusqu’à quel point l’âme est active, jusqu’à quel point elle peut modifier les impressions extérieures, augmenter ou diminuer leur intensité par l’attention qu’elle leur donne ; examiner jusqu’où elle est maîtresse de cette attention… Est-ce que tous nos sentiments, nos affections, nos principes, ne tiendraient qu’à certains états physiques de nos organes ? […] Maine de Biran a dès l’abord une faculté heureuse qui est le principe de toute découverte et de toute observation neuve : il s’étonne de ce qui paraît tout simple à la plupart des hommes, et de ce dont l’habitude leur dissimule la complication et la merveille. […] Il a en lui, au cœur de sa vocation bien distincte, un principe d’infirmité. […] Maine de Biran est un ancien garde du corps de Louis XVI, qui a du Greuze en lui, un principe de mollesse au milieu de l’élévation, absence de vigueur, de netteté, d’originalité, de ressort… Ai-je assez dit tout ce qui lui manque ? […] Il avait en lui un principe d’inquiétude qui l’avertissait que le problème intellectuel et moral de l’homme n’était pas si simple, et qu’il y avait à chercher encore.
Il nous a semblé que, sans faire violence à la lettre et à l’esprit de ces documents, il n’était pas difficile d’y surprendre, d’y noter déjà dans leurs origines et leurs principes la plupart des misères, des contradictions et des défaillances qui n’avaient que trop éclaté plus tard, au su et vu de tous, dans cette fine nature. […] Pour ne pas nous perdre ici en des apologies de détail dont le lecteur n’a que faire, nous poserons tout d’abord un principe, et ce principe est celui-ci : Il faut avoir l’esprit de son âge, dit-on : cela est vrai en avançant ; mais surtout et d’abord il faut en avoir la vertu : des mœurs et de la pudeur dans l’enfance, de la chevalerie, de la chaleur de conviction et de la générosité de pensée dans la jeunesse. […] Il avait compris de bonne heure que la société moderne ne serait pas satisfaite en son mouvement de révolution avant d’avoir appliqué en toute matière le principe de liberté ; il se rattacha à cette idée, et, à part les inconséquences personnelles, il en demeura le fidèle organe. […] Ce genre d’explication rentre tout à fait dans l’opinion de Fauriel telle que je l’ai trouvée exprimée dans ses papiers ; celui-ci comparait Benjamin Constant à La Rochefoucauld en un sens : il attribuait le manque de principes qu’on lui voyait, et ce mépris des hommes qui s’affichait jusqu’à travers son républicanisme d’alors, au premier monde dans lequel il avait vécu.
M. de Bonald avait pris pour épigraphe cette phrase de Rousseau dans le Contrat social : « Si le Législateur, se trompant dans son objet, établit un principe différent de celui qui naît de la nature des choses, l’État ne cessera d’être agité jusqu’à ce que ce principe soit détruit ou changé, et que l’invincible nature ait repris son empire. » — M. de Bonald se réservait de prouver qu’ici la nature n’était autre chose que la société même la plus étroitement liée et la plus forte, la religion et la monarchie. […] C’est ainsi encore que, plus de trente ans après, dans son dernier ouvrage (car, chez M. de Bonald, le dernier ouvrage ressemble au premier), dans sa Démonstration philosophique du principe constitutif de la société, il déduira d’une construction philosophique et presque grammaticale la nécessité de l’Homme-Dieu. […] Il avait pour principe qu’en tout état de cause il est bon de résister à la nouveauté, fût-elle une vérité : cela lui fait faire quarantaine. […] Ils paraissaient plus unis que jamais pour la défense des mêmes principes, dans Le Conservateur, mais les vues et les arrière-pensées différaient.
Une étiquette est mise sur un groupe qui en est encore à chercher ses principes de cohésion. […] C’était le monde retourné, la subversion de tous les principes admis jusque-là. […] à la nation tout entière, ignorant que chaque État, pour ne pas dire chaque individu, trouve en lui-même le vivant principe de sa morale. […] Déjà les anciens sages avaient remarqué que notre univers paraît être le théâtre d’une lutte éternelle entre deux principes ennemis, qui produisent tour à tour la vie ou la mort, la confusion ou l’harmonie. […] Ils sont des hommes, ils ne consentiront à obéir qu’à des hommes et non à je ne sais quels principes abstraits interprétés par des mandataires anonymes sans intelligence, ni générosité, ni bonté.
Ce principe n’a aucune prétention non plus à l’originalité. […] Il ne distingue pas le véritable principe de cette gêne. […] Ici, la partialité du narrateur est un principe de déformation, un autre, le manque de perspective. […] Un seul principe leur est commun, celui de l’exactitude vérifiée. […] Elle pose le principe qui anime la Contingence des lois de la nature.
Il se déclare pour le principe des gouvernements héréditaires et légitimes, comme infiniment plus faciles à posséder et à régir innocemment que les autres pouvoirs. […] C’est en partant de ce fait, et non de ce principe de la corruption générale, qu’il dit ailleurs à son prince : « Il vaut mieux dans un pareil monde être aimé, mais il est plus sûr d’être craint. […] Ses ministres réformateurs et philosophes, tels que Tanucci et Acton, introduisaient dans la législation, dans l’administration, dans la marine et dans l’armée de son royaume, tout ce qui, dans les principes et dans les progrès modernes, n’offensait pas jusqu’à la révolte les mœurs féodales des provinces et les superstitions du bas peuple de la capitale. […] Elle se ligua avec l’Angleterre, avec le pape, avec l’Autriche et la Russie, avec toutes les puissances et toutes les causes qui voulaient arrêter ce torrent de principes et de sang menaçant de couler de Paris sur le monde. […] Les vaisseaux de Nelson ramènent la reine à Naples ; le peuple l’y reçoit avec des transports de rage et d’amour ; mais son retour est le signal d’une vengeance sanguinaire contre l’aristocratie napolitaine qui a trempé dans les principes révolutionnaires français.