Quelques détails de toilette assez gracieux et vivement rendus, et qui révèlent une main de femme dans un temps où l’on ne décrivait pas, ne sont point assez pour qu’on nomme hardiment madame de la Fayette, cette platonicienne sans le savoir, qui ne voit absolument rien dans le monde que l’expression chaste des sentiments.
Pour qu’une belle poésie naisse, il faut qu’une race rencontre son siècle. […] Quand un homme comme Dryden, si bien doué, si bien instruit et si bien exercé, travaille de toute sa force, il y a des chances pour que parfois il réussisse, et une fois, en partie du moins, Dryden a réussi. […] Il développe, il précise, il conclut ; il annonce sa pensée, puis la résume, pour que le lecteur la reçoive préparée, et, l’ayant reçue, la retienne. Il la fixe en termes exacts justifiés par le dictionnaire, en constructions simples justifiées par la grammaire, pour que le lecteur ait à chaque pas une méthode de vérification et une source de clarté. Il oppose les idées aux idées, et les phrases aux phrases, pour que le lecteur, guidé par le contraste, ne puisse dévier de la route tracée.
Moréas nous devança tous d’un bon lustre), trop forte pour qu’on s’arrêtât longtemps à des misères de publicité. […] Albert Mockel dans ses Propos de littérature, et trop bien pour que je n’y renvoie pas le lecteur. […] Verlaine l’avait prêté pour qu’il circulât, et il circulait. […] Mon indolence était alors assez grande pour qu’il n’existât, de longtemps, de ce petit livre, qu’un schéma détaillé. […] Il serait bon que les déluges ne soient plus dissipés, qu’il en revienne un, pas tant pour qu’on sache, mais pour qu’on voie.
Elle est assez singulière pour qu’on dût s’arrêter sur elle. […] Elle fut dans ma conduite ; mais elle a trop déchiré mon cœur pour que jamais ce cœur ait été celui d’un ingrat. […] Les Genevois ne sont pas encore assez vertueux pour que Rousseau leur propose les danses nues des jeunes filles de Sparte, et il le regrette. […] Que n’aurais-je point fait pour qu’elle daignât m’ordonner quelque chose, me regarder, me dire un seul mot ! […] Même ils en font des résumés : Pour qu’une punition soit bonne, il faut qu’elle soit la conséquence naturelle de la faute.
Non seulement il admet, mais il veut que nous soyons plus personnels que cela, parce que c’est le seul moyen pour que nous soyons intéressants. […] Parce que Corneille voulait adoucir Rodogune pour qu’elle ne fût pas antipathique. […] Il fallait qu’il le fût pour que la pièce existât. […] Pour qu’il éclate, il faut des circonstances, des cas extraordinaires. […] Je vous dis tout cela pour que vous ne vous y trompiez pas.
Mais il y a bien des raisons pour que Sophocle ait fait ainsi, et du reste je crois qu’il y était matériellement forcé. […] Donc le pâtre a dit l’oracle : Pour que Thèbes vive, Ménécée doit périr. […] On a cru qu’on apportait un tabouret et des coussins à Sa Majesté pour qu’elle en fût plus à l’aise pour causer. […] Il fallait qu’il le fût pour que la pièce existât. […] Il suffit d’une question d’Armande pour que l’idée fixe reparaisse !
Pour que le sortilège des beaux vers s’accomplisse, il y faut du rêve et de l’au-delà, de la pénombre morale et du mystérieux. « Qu’est-ce que la poésie ? […] » Il s’est vu en pensée éprouvant les sentiments d’un Sage oriental, et cela suffit pour qu’il ne soit plus reconnaissable ni à lui-même ni aux autres. […] Cela suffit pour que nos sentiments à l’égard de cet Inconnaissable soient tout autres. […] Ils savent, par exemple, de combien il faut augmenter un poids pour que cette augmentation soit perceptible. […] Si c’est mille grammes que vous soupesez, je devrai en ajouter soixante pour que la perception du poids augmenté se produise.
Le moyen âge et le xvie siècle étaient des époques trop actives et trop rudes pour que ces contemplations amères et ces développements malsains de la sensibilité humaine y trouvassent aisément accès. […] Il a conservé la majeure partie de l’original, et marqué spécialement ses additions et corrections pour que la part de chaque poëte fût aperçue au premier examen. […] L’amour leur fut si favorable qu’ils s’unirent par le mariage, bien que les parents de la dame fissent tout ce qui était en leur pouvoir pour qu’elle prît un autre époux. […] Selon lui, l’art de Shakspeare ne se montre nulle part avec plus d’adresse ; le sujet était trop délicat pour être mis sur la scène sans voile ; il était trop récent, et touchait la reine de trop près pour que le poëte pût hasarder des allusions autrement que dans la forme d’un compliment. […] Le seul fait sur lequel Shakspeare ait pris nettement la résolution de substituer l’invention à la vérité, ce sont les rapports de Jean avec la France ; il faut assurément toutes les illusions de la vanité nationale pour que Shakspeare ait pu présenter et pour que les Anglais aient supporté le spectacle de Philippe-Auguste succombant sous l’ascendant de Jean sans Terre.
Vraiment, il y a dans le moment, en ce monde, trop de méchanceté, trop de méchanceté chez l’artiste, chez le jeune, chez l’homme politique, pour que ce ne soit pas la fin d’une société ! […] Hase travaillait une partie de ses nuits, et déjà un peu souffrant, comme il persistait à travailler, une nuit, son domestique était venu trouver Lavoix, pour qu’il décidât son maître à se coucher. […] Il y a des moments, où je me demande, si le grand art n’est pas inférieur à l’art industriel, quand celui-ci est arrivé à son summum de la perfection, et si, par exemple, un tableau de coloriste n’est pas inférieur à un flambé hors ligne, et si, si… mais, je ne veux pas pousser la comparaison plus loin, pour que mon ombre ne soit pas lapidée par les critiques d’art de la Revue des Deux Mondes, du xxe siècle. […] Une salle, où l’on doit jouer samedi, et qui semble demander encore un mois de travail, une salle, où il y a partout des brasero allumés, pour sécher la salle, où l’on commence à poser les rideaux des loges, où Porel, pour qu’on entende les acteurs, est obligé de crier : « Deux minutes sans coups de marteau ! […] où je me privais de cigarettes, pour qu’elle puisse manger… Et dire qu’à douze ans j’avais un domestique et un cheval… et qu’à quinze ans, je n’avais plus un sou… et qu’il fallait faire vivre une mère et un frère… et dix-huit cents francs, comme chien de commissaire de police, pour tout cela… » La sonnette du théâtre coupe la monographie de mon collaborateur.
Rien n’est plus propre d’ailleurs à faire juger de ce que je puis faire en ce genre… Et encore : J’ai fait hier une importante découverte sur la théorie du jeu en parvenant à résoudre un nouveau problème plus difficile encore que le précédent, et que je travaille à insérer dans le même ouvrage, ce qui ne le grossira pas beaucoup, parce que j’ai fait un nouveau commencement plus court que l’ancien… Je suis sûr qu’il me vaudra, pourvu qu’il soit imprimé à temps, une place de lycée ; car, dans l’état où il est à présent, il n’y a guère de mathématiciens en France capables d’en faire un pareil : je te dis cela comme je le pense, pour que tu ne le dises à personne. […] Daignez me secourir pour qu’une vie passée dans la douleur me mérite une bonne mort dont je me suis rendu indigne. […] … Mais une autre lettre un peu postérieure (mars 1806) achève de nous révéler l’intérieur de ces nobles âmes troublées et de les éclairer du dedans par un rayon trop direct, trop prolongé et trop admirable de nuance, pour que nous le dérobions. […] Virgile, en une sublime églogue, a peint le demi-dieu barbouillé de lie, que les bergers enchaînent : il ne fallait pas l’enchaîner, lui, le distrait et le simple, pour qu’il commençât : Namque canebat, uti magnum per inane coacta Semina terrarumque animaeque marisque fuissent, Et liquidi simul ignis ; ut his exordia primis Omnia, etc., etc.
Pour que nous les connaissions, il faut d’abord qu’un de ses organes soit ébranlé ; pour que nous leur imprimions un mouvement, il faut d’abord qu’un de ses muscles soit contracté. […] Comme tout composé mental ou organique, elle a sa forme normale ; mais, pour qu’elle l’atteigne, il lui faut certains matériaux et une certaine élaboration ; pour peu que les éléments soient altérés et que le travail soit dérangé, la forme dévie et l’œuvre finale est monstrueuse. […] Il suffit que les trois images viennent chevaucher l’une sur l’autre, pour que les deux refoulements s’opèrent dans le sens indiqué ; le mécanisme qui les situe joue pour les aligner aussitôt que la loi d’évocation mutuelle les éveille ensemble.
« Je le menai avec moi, dit-il, pour que sa présence me rappelât mes devoirs envers lui. […] Il écrivit son testament plein de souvenirs posthumes légués à ses amis : à celui-ci ses chevaux, à celui-là ses tableaux ; à l’un ses livres, à l’autre son bréviaire, pour que ce manuel de prières rappelle à cet ami de prier pour lui ; cinq cents écus d’or à Boccace, afin qu’il puisse acheter, dit-il, un manteau d’hiver pour ses études de nuit. […] Il choisit l’italien, pour que le nom de son idole retentisse plus loin dans la foule et donne à ce nom l’immortalité des multitudes, la popularité ; il crée une langue pour la chanter ! […] il n’y a rien, excepté une âme, une âme puissante, sonore, mélodieuse et profondément touchée ; une âme qui vit dans chacun de ces souvenirs, qui chante dans chacun de ces vers, qui pleure, espère ou prie dans chacune des notes du clavier des âmes ; et ce rien c’est assez pour que le monde, à perpétuité, soit aussi plein des noms de Pétrarque et de Laure que des noms de ceux qui ont conquis ou révolutionné le monde sous le pas de leurs armées.