Le docteur Armaingaud ajoute que c’était presque son devoir, en tant que condition indispensable pour qu’il pût exercer une influence efficace. […] Un grand vent, un coup de tonnerre, des étincelles de feu dans la chambre, un personnage indéterminé qui lui fait lire des vers d’Ausone (que Descartes connaissait fort bien) engageant à l’étude de la philosophie : ce n’était pas assez pour que Descartes crût sérieusement à une vision surnaturelle. […] L’intérêt en est assez vif et la valeur assez sérieuse pour qu’on puisse le louer sans complaisance, mais on ne doit pas éviter non plus la libre discussion que Masson eût souhaitée et qui est seule digne de lui. […] C’est bien quelque chose, et de très précieux, mais enfin ce n’est pas assez pour qu’on attribue à Schiller l’honneur d’avoir été pour Goethe un maître ou seulement un inspirateur.
Et il y en a trop pour qu’on puisse croire à de simples coquilles. […] Puisqu’il insiste encore, je lui signale que dans un de ses vers faux qu’il écrit ainsi : Candida Nesæ, cærulea Cymothe, et qu’il fallait pour qu’il fût juste, écrire : Candida Nesæe, cærula Cymothoe, il y a trois fautes de quantité et deux barbarismes. […] Et pour que l’histoire politique devienne supportable, il faut qu’elle s’intellectualise le plus possible, d’abord par le génie ou le talent de l’écrivain qui a la fantaisie de s’y adonner, comme Thucydide et Tacite, puis par le parti pris de reléguer au second plan la matière proprement historique et de composer avant tout des tableaux épiques, ou des croquis de mœurs, ou d’arriver aux vues générales par des synthèses nouvelles et hardies. […] L’existence, en effet assez douteuse, du libre arbitre, au sens métaphysique, n’est pas le moins du monde nécessaire pour que les grands esprits et les héros exercent une action décisive sur les multitudes et sur les événements.
L’amiral sent que la passion de Georges est partagée, que sa présence entre les deux amoureux fera leur éternel malheur ; il s’empoisonne pour que sa chère Smilis soit heureuse. […] Il commence : Si c’était Pour qu’en son salon rose où chante Colletet, L’impératrice puisse inviter à Compiègne Grandguillot, Grandperret, tous les grands de ce règne ; Si c’était pour aider Rome à faire la nuit ; Si c’était pour aller au Mexique à grand bruit, Tambour battant, avec une nuée altière D’étendards déployés, fonder un cimetière ; Si c’était….
Je parle sans aucune hypocrisie de langage ; quand on l’a lue, on dit avec une sorte de dégoût : « Ce n’est que cela ; ce n’était pas la peine d’être si grossier et si immonde. » Pour que l’Ode de Piron fût un chef-d’œuvre dans son genre, comme on l’a trop dit, il faudrait que l’Ode de J.
N’était qu’il ne dépendait pas de moi de réparer les indiscrétions commises dans une publication partielle, il y a sept ans, j’oserais croire qu’Eugénie de Guérin donnerait son assentiment à ce que j’ai fait depuis trois mois pour que l’expression de sa pensée fût conservée fidèlement, à l’exception de quelques pages dont la publication l’aurait effrayée elle-même.
Une première remarque et réserve est donc à faire quand on a à parler de Malherbe, pour qu’on ne soit pas ensuite trop désappointé en le considérant.
M. de Rémusat en est un des plus fertiles, on l’a vu, et qui sait trop bien se multiplier pour qu’on n’ait pas l’occasion de le retrouver maintes fois en avançant.
Il voulait voir son œuvre à nu, sans ornements, pour en mieux suivre le plan, et pour qu’aucun moyen de métier ne se glissât sous le déguisement de vers heureux.
Et quand la femme semble amollie par l’éveil amoureux de la nature, soudain, évoquant le souvenir de la dernière guerre, cette femme se montre toute prête à se livrer furieusement à lui, non pour faire l’amour, mais pour qu’il naisse et jaillisse de leurs embrassements, un vengeur.
Il n’est pourtant aucune raison valable pour que toutes les parties de l’aile des Chauves-souris ou de la nageoire des Tortues ne se retrouvent pas esquissées avec leurs proportions naturelles, aussitôt que les organes de l’embryon commencent à être visibles.
Dès lors, pour que Paul se représente adéquatement l’état de Pierre à un moment quelconque de son histoire, il faudra de deux choses l’une : ou que, semblable à un romancier qui sait où il conduit ses personnages, Paul connaisse déjà l’acte final de Pierre, et puisse joindre ainsi, à l’image des états successifs par lesquels Pierre va passer, l’indication de leur valeur par rapport à l’ensemble de son histoire ; — ou qu’il se résigne à passer lui-même par ces états divers, non plus en imagination, mais en réalité.
Quoi qu’il en soit, tout avait été préparé ; toutes les issues étaient gardées, pour que le peuple apprît du même coup la mort d’Auguste et l’avènement de Tibère. […] Quelle peut donc être l’influence d’un mauvais gouvernement, pour qu’une race ingénieuse, et qui continuait à cultiver son esprit, soit descendue si bas, et ait langui si longtemps dans un marasme social qui lui ôtait la force et lui laissait l’intelligence ? […] L’esclavage domestique formait une première et grande uniformité ; le reste de la vie des citoyens se passant sur la place publique, était trop ouvert à tous les yeux, pour que l’on y pût supposer avec vraisemblance quelque aventure extraordinaire, quelque grande singularité de caractère ou de destinée ; enfin la condition inférieure des femmes, leur vie retirée, affaiblissaient la puissance de cette passion qui joue un si grand rôle dans les romans modernes. […] Milton, d’ailleurs, ne s’interdit pas des allusions plus directes à lui-même et à ses malheurs : l’invocation à la lumière que ses yeux ne voient plus ; la prière à Uranie, pour qu’elle daigne visiter sa demeure solitaire et inspirer ses chants dans la nuit ; le morceau si poétique où il se représente tombé dans de mauvais jours, parmi des langues mauvaises, entouré de périls et de ténèbres, seul et redoutant le destin d’Orphée ; toutes ces digressions forment une des plus grandes beautés du Paradis perdu, et l’une de celles qui rapprochent le plus de notre nature ce poème trop continuellement idéal.