« Ce n’est pas autre chose, lui répond Criton, sinon que celui qui est chargé de te donner le poison ne cesse de me répéter depuis longtemps que tu dois parler le moins possible, car il assure que ceux qui parlent trop, avant de boire, s’échauffent et contrarient ainsi l’effet du poison, et qu’alors on est quelquefois contraint de le donner trois ou quatre fois à ceux qui ralentissent ainsi leur mort par trop de conversation. […] « Et ne penses-tu pas que l’objet des soins d’un philosophe ne doit point être son corps périssable, mais qu’il doit au contraire s’en affranchir autant que possible, et s’occuper uniquement de son âme ? […] « Et l’âme ne pense-t-elle pas plus fortement et plus clairement que jamais, quand elle n’est troublée ni par la vue, ni par l’ouïe, ni par la volupté des sensations, et lorsque, concentrée en elle-même et dégagée autant que possible de son commerce avec le corps, elle s’applique directement à ce qui est, pour le connaître ? […] « Et l’homme, après avoir purifié son âme, c’est-à-dire après l’avoir autant que possible affranchie du corps comme d’une chaîne, n’en sera-t-il pas plus libre pour penser les choses spirituelles ? […] Comme tous les fondateurs de nouveaux cultes, Socrate, fondateur du culte philosophique, cherchait à concilier, autant que possible, ce qu’il y avait d’innocent dans les antiques superstitions nationales avec ce qu’il y avait de vérité absolue et de piété sainte dans le nouveau dogme.
Erasme, parmi les questions débattues, cite celles-ci148 : « Cette proposition : Dieu le père déteste son fils, est-elle possible ? […] On distinguait toutes les façons possibles de construire un syllogisme ; on en étudiait à fond les formes et les règles ; on leur donnait des noms bizarres ; on poussait des arguments en barbaro, en baroco ou en baralipton. Bref, on apprenait aussi bien que possible à tirer une conclusion juste de prémisses une fois posées ; on n’oubliait que la chose essentielle, à savoir de vérifier les prémisses, de s’assurer que les bases de l’édifice étaient solides. […] Chacun sait comment le pauvre Gargantua commença par être mis aux mains d’un « sophiste ès lettres latines », lequel lui faisait apprendre par cœur, puis redire à l’envers une grammaire et une logique, si bien que le jour où on voulut l’examiner, « il se print à plorer comme une vache, et se cachoit le visage de son bonnet, et ne fut possible de tirer de lui une parole. » Son père, Grandgousier, qui voit alerte, dispos, maître de sa langue et de ses idées, un garçonnet de douze ans élevé de façon moins surannée, entre dans une colère terrible contre les pédants dont « le sçavoir n’est que besterie abastardissant les bons et nobles esprits. » On décide alors de refaire l’éducation du géant, fils de prince, et son nouveau précepteur lui apprend tant et de si belles choses que l’élève devient habile, non seulement à sauter, lutter, nager, botteler du foin, mais encore à sculpter, peindre, jouer du luth, faire des vers, et qu’il peut deviser avec les docteurs comme avec les artisans. […] C’est en vue de mettre dans le français toute la dose possible d’élégance et d’immobilité qu’elle commença son fameux dictionnaire.
Nous sommes, je crois, aussi loin de la vérité que possible. […] Il le faut pour que Molière le fasse détester, maudire, mépriser et moquer de toutes les manières possibles. […] Vous croyez que tout le bonheur possible consiste à avoir de l’argent et à le garder. […] Il n’y manquerait que les sciences, dont la femme n’a pas besoin pour se garantir des séducteurs ; mais avoir une culture littéraire, historique, philosophique égale à celle du séducteur possible, pour avoir une étendue et une solidité d’esprit égale à celle du séducteur possible, cela devient indispensable à la femme. […] Elle était fidèle ; mais Rousseau eût désiré que, plus capable de comprendre les sentiments et les menées des hommes, elle fût toujours et certainement de force à déjouer leurs trames possibles.
Tourmenté de cette idée, j’ai écrit au citoyen Cantwell pour lui demander, comme une grâce, de m’éviter le malheur de paraître ingrat ; je le supplie de vous voir et de vous dire, s’il est possible, à quel point je suis touché de votre singulier mérite. […] Dans le critique de Villers, il nous a été possible de reconnaître l’ami de Cabanis. […] Je ne doute nullement, mon cher Fauriel, que votre traduction, en vous pe rmettant toutes les libertés que vous demandez, ne devienne la meilleure possible, et que, si l’original est un ouvrage manqué, la traduction au moins ne soit un chef-d’œuvre. […] Ainsi, avec un travail plus pénible et plus opiniâtre, on fera le moins mal possible ce que chez vous l’on fait bien presque avec facilité. […] Il nous est possible aujourd’hui de dire ce que nous avions craint d’avouer dans le premier moment, de peur de déplaire à Manzoni et d’effaroucher sa délicatesse : c’est que toutes ces paroles sont extraites textuellement de lettres de lui qui ont passé sous nos yeux.
A leur tour, les Romantiques provoquaient la lutte, défiaient l’ennemi et se montraient insociables et séditieux autant qu’il était possible. […] Il n’est pas possible d’y indiquer la plus légère erreur grammaticale. […] Voltaire conte : il ne lui est pas possible d’écrire un roman. […] Ils les laissent de côté, attendant que la science leur en fournisse la solution, s’il est possible. […] Par bonheur, ou plutôt grâce à l’instinct qui guide le génie, Galdos fit un pas en arrière pour fuir cette impasse sans issue possible.
Il est bien possible. […] Tiersot s’en est tiré en en parlant le moins possible. […] Fort bien, ou il est possible. […] Il va sans dire que ce phénomène se produit dans tous les romans possibles. […] La vie intérieure lui est aussi fermée qu’il est possible.
« Exempt d’un pareil sentiment, Dieu a voulu que toutes choses fussent le plus possible semblables à lui-même. […] Faites donc cette épreuve dans un esprit, s’il est possible, de liberté d’esprit chercheur et avec un commencement d’indifférence hautaine. […] L’altruisme, il est bien possible que ce soit le moi élargi. […] Ceci est possible et même vraisemblable. […] Pour mener une vie heureuse, il faut laisser prendre à ses passions tout l’accroissement possible et ne point les réprimer.
Un livre, par exemple, pensé, puis écrit en faveur d’une réforme sociale, tend à préparer cette réforme, à la rendre possible et réelle, à remédier réellement aux maux qui en ont déterminé la création. […] Celui en qui s’opère cette évolution du germe et qui n’en reconnaît ni les causes, ni les moyens, ni les déviations possibles, est porté à y voir l’expression d’une sorte de nécessité supérieure préordonnée et coordonnée. […] À mesure que les données du problème se compliquent, les réponses possibles deviennent moins nombreuses. […] Il est possible aussi que la vieillesse physiologique et la mort prêtent à des considérations analogues. […] Dans quelle mesure doivent-ils intervenir pour favoriser le plus possible l’invention et son développement ?
Après cela, quand on a fait tout ce qu’on pouvait, qu’on ne poursuive pas une perfection impossible ; qu’on laisse les vaines inquiétudes ; qu’on ne s’abîme pas dans la vague appréhension de fautes possibles qu’on ne voit pas.
Camille de Sainte-Croix, œuvre dont il n’est pas difficile de dégager la portée morale, de tirer tous les enseignements possibles.
Le chapitre des métaphores pourrait tenir en vingt lignes, si on ôtait les exemples ; si on y mettait tous les exemples possibles, il demanderait vingt gros volumes.
De là, dans ce livre, ces cris d’espoir mêlés d’hésitation, ces chants d’amour coupés de plaintes, cette sérénité pénétrée de tristesse, ces abattements qui se réjouissent tout à coup, ces défaillances relevées soudain, cette tranquillité qui souffre, ces troubles intérieurs qui remuent à peine la surface du vers au dehors, ces tumultes politiques contemplés avec calme, ces retours religieux de la place publique à la famille, cette crainte que tout n’aille s’obscurcissant, et par moments cette foi joyeuse et bruyante à l’épanouissement possible de l’humanité.