« Il est possible — ne pourrions-nous pas même dire probable ? […] Ce n’est que par l’action du dehors sur le dedans, et par la réaction du dedans sur le dehors, que la vie mentale est possible. […] Mais ces coexistences et séquences ont entre elles tous les rapports possibles. […] De plus, leur ressemblance est la plus haute possible : c’est celle qu’on appelle égalité ou identité. […] Évidemment cela n’est possible que d’une manière.
Néanmoins, en se bornant aux grandes idées, on peut affirmer que toutes celles qui se sont reproduites à toutes les époques ont leur part de vérité, et qu’il est sage et opportun de les recueillir, et, autant que possible, de les réconcilier. […] Or d’où vient cette croyance du métaphysicien, et comment une si grande illusion serait-elle possible, s’il n’y avait en dehors de nous aucune donnée qui justifiât cette supposition fondamentale de toute construction systématique ? […] Tout cela peut être vrai ; mais il ne faut pas confondre l’un des abus possibles d’une méthode avec cette méthode elle-même. […] Quand on lit Kant, on en retire cette impression, que la raison est trop ambitieuse dans ses théories métaphysiques ; mais si cela est vrai, comment la métaphysique elle-même est-elle possible ? […] Le bon sens aspire à comprendre le plus de choses possible et à se tromper le moins possible.
Il eût été fort possible, par exemple, et l’on conçoit très-bien que Villemain, né en d’autres temps, et venu un peu plus tôt, n’eût jamais parlé, comme il l’a fait, de Shakspeare. […] Courtisan du goût public, il a, en un sens, raison de l’être : son talent ingénieux s’étend ainsi le plus possible, et il en tire le plus grand parti. […] Guizot, au début, l’avait aussi peu que possible, eu égard à sa distinction ; il a écrit peut-être quelques-unes des plus mauvaises pages qu’on ait lues en français (dans sa notice en tête de la traduction de Shakspeare) ; il s’est formé depuis au style écrit par l’habitude de la parole, et l’usage, le maniement si continuel et si décisif qu’il a eu de celle-ci, l’a conduit à porter dans tout ce qu’il écrit la netteté inséparable de sa pensée. — Cousin est peut-être celui des trois qui, sans effort, atteindrait le mieux au grand style d’autrefois et qui jouerait le plus spécieusement, plume ou parole en main, la majestueuse simplicité du siècle de Louis XIV. — Pour Villemain, par l’éclat même et les élégantes sinuosités de sa recherche, il trahit un âge un peu postérieur ; il enchérit à quelques égards sur le xviiie siècle, en même temps qu’il le rafraîchit, qu’il l’embellit avec charme et qu’il l’épure. […] Par ses journaux du soir, l’Étoile puis la Gazette, il a dit et fait tout le mal possible, il a conseillé et loué toutes les mesures perverses et violentes, les censures, etc.
Et il est parfois impossible de prévoir si la transformation qu’elle prépare est possible, et si elle sera avantageuse. […] Peut-être est-il possible de parvenir à un état plus logique, à une coordination plus serrée. […] Les territoires de chaque morale particulière sont trop mal délimités pour que la paix soit toujours possible. […] Il eût été abstraitement possible de les accorder. […] Le bien n’est pas le bien parce qu’il rend la vie possible ; il est le bien parce qu’il est le bien.
Lois qui concernent les choses possibles. […] Elle a pour auxiliaire une dissemblance aussi grande que possible entre les cas. […] Elle a pour auxiliaire une ressemblance la plus grande possible entre les deux cas. […] Quand les frottements du point d’attache sont aussi faibles que possible, et quand l’air environnant est aussi rare que possible, il met trente heures, et non plus quelques minutes, à s’arrêter. […] Mais rien ne prouve que ces mouvements supposés par nous soient possibles dans la nature.
Il était sage d’admettre comme possible une nouvelle coalition des quatre grandes monarchies de l’Europe contre nous. […] L’Angleterre n’était point possible à désarmer ; le commerce, qui partout ailleurs aime la paix, avait intérêt chez elle à la guerre. […] Il ne lui était pas plus possible de s’arrêter après le traité de Presbourg qu’il ne l’avait été après le traité de Lunéville. […] Alors, et seulement alors, il était possible de fonder un état de choses solide et permanent. […] C’est ainsi qu’à Dresde, en mai 1812, tous les souverains venus pour saluer humblement Napoléon, à son départ pour la campagne de Russie, eurent des conférences secrètes afin de s’entendre sur le parti à tirer de nos revers possibles en cette aventure lointaine ; et même, sans conférence et sans parole, il leur suffisait, pour s’entendre, de se regarder dans le blanc des yeux, tant ils étaient unanimes dans leur intime révolte et dans une haine commune !
Il s’agit seulement ici de considérer l’application possible et les résultats vraisemblables de la philosophie, comme science. […] Néanmoins M. de Condorcet, dans son ouvrage sur les probabilités, a très bien fait sentir comment il serait possible de connaître à l’avance, avec une presque certitude, quelle serait l’opinion d’une assemblée sur un sujet quelconque. […] S’il en est ainsi, n’est-il donc pas possible de prouver que les combinaisons de l’ordre moral sont aussi régulières que les combinaisons de l’ordre physique, et de fonder des calculs positifs d’après ces combinaisons ? […] et fut-il jamais possible cependant de réunir en aussi peu de mots autant d’atroces absurdités ? […] Il est toujours possible de prouver, par le simple raisonnement, que la solution de ces problèmes est fausse comme calcul, si elle s’écarte en rien des lois de la morale.
tout est toujours possible à tous les moments donnés, et jamais plus de choses ne furent possibles qu’au temps où nous vivons. […] pas de génie primitif possible ? […] Si quelqu’un eût dit à la fin du dix-huitième siècle, après le régent, après Voltaire, après Beaumarchais, après Louis XV, après Cagliostro, après Marat, que les Charlemagnes, les Charlemagnes grandioses, poétiques et presque fabuleux, étaient encore possibles, tous les sceptiques d’alors, c’est-à-dire la société tout entière, eussent haussé les épaules et ri.
Selon Leibnitz, ces divers systèmes ne peuvent dépasser le possible. […] Et l’induction est apodictique, puisqu’elle est étendue à tous les cas possibles. […] Les théories ont pour but de l’atténuer le plus possible. […] En quel sens est possible, jusqu’où porte une psychologie sans âme ? […] Prédiction possible n’implique pas nécessité, puisque les actes libres peuvent la comporter.
Il nous fallait l’idée de l’art, idée à laquelle peut-être le fond de notre tempérament national est assez réfractaire, qu’en cinq siècles de fécondité littéraire il n’avait pas acquise, que peut-être il ne pouvait absolument pas s’adapter dans toute sa pureté, et qu’il lui fallut toutefois saisir le plus possible pour s’exprimer par elle dans une grande littérature. […] Dans ce cadre charmant, elle posait l’idéal de l’homme complet : le corps souple, robuste, gracieux, amené à la perfection de sa force et de sa forme, non plus instrument vil et méprisé, mais valant par soi, ayant droit à l’entière réalisation de ses fins propres et particulières, droit d’être et de jouir le plus possible ; l’âme parfaite aussi en son développement, enrichie de tous les modes d’existence qu’il lui est donné de posséder, s’épanouissant avec aisance dans sa triple puissance d’agir, de comprendre et de sentir. Rompant tous ses liens, rejetant la gêne de la loi morale, l’oppression des préjugés et des respects traditionnels, l’individu tend à être le plus longtemps possible : il affirme que sa valeur est en lui, et de lui ; le mérite seul inégalise l’égalité naturelle des hommes ; l’idée de la gloire raffine l’égoïsme instinctif, et fournit un principe d’action suffisamment revêtu de beauté ; par elle, l’individu emploie sa vie à se créer une vie idéale après la mort, plus prochaine et plus humaine en quelque sorte que l’éternité promise au juste chrétien. […] En proposant à l’art de manifester la raison, il trouva la formule qui résolut le grand problème littéraire du siècle, et nous rendit possible l’acquisition d’une grande poésie. […] J’ai essayé de dessiner le plus exactement possible la courbe du développement de la littérature au xvie siècle.
Est-il permis, est-il possible de concilier ces deux tendances contraires ? Est-il possible de croire à quelque chose sans se refuser à toute objection, à tout examen, à tout progrès ? Est-il possible, au contraire, de s’affranchir, de s’émanciper, d’ouvrir son intelligence à de nouvelles lumières, de transformer et de développer ses idées et ses opinions, sans paraître mettre en question le fond des croyances que l’on soumet ainsi à un examen sans cesse renaissant ? […] On pourrait nous dire que cette dissidence, en supposant qu’elle existât (et l’on cherche autant qu’il est possible à nous la dissimuler), ne porte après tout que sur des questions libres, des questions sociales et politiques, mais que l’Église catholique nous offre au moins un point fixe et un asile sûr dans un dogme incontesté, formulé par une autorité infaillible. […] S’il était possible de rallier ces éléments divers, on verrait que, malgré le préjugé contraire, l’école spiritualiste est encore la plus active, la plus féconde, et je dirai même la plus progressive des écoles contemporaines.
Le premier, c’est de réunir et d’agréger le plus d’activités possible, d’augmenter, sous le rapport de la quantité, de l’intensité et de la qualité, le contenu de la conscience en sensations, représentations, pensées, émotions, appétitions, etc. […] Le troisième problème, c’est de faire durer le plus longtemps possible le moi, avec toutes ses activités intensives ou expansives. […] A la conscience immédiate du moi actuel vient alors s’ajouter une idée symbolique du moi, qui est une abstraction et une construction complexe, représentant un moi possible dans l’avenir et son rapport avec le moi présent. […] L’idée-force du moi sert donc à rendre possibles des désirs éloignés en les rendant immédiats. […] Le concours des forces organiques augmente l’intensité de la vie ; il permet l’emploi le plus grand de la force avec la moindre dépense possible.