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735. (1858) Du roman et du théâtre contemporains et de leur influence sur les mœurs (2e éd.)

Ils portent le sceau de la désobéissance. […] entre son amour banal et l’amour ineffable que le divin martyr portait à tous les hommes ? […] Une pente irrésistible entraînait donc la littérature à porter dans le domaine de la morale publique, la même subversion qu’elle avait commencé de porter dans la morale privée. […] Ces paroles de menaces, cette invocation au jour des représailles portent la date de 1846. […] Les gendarmes eux-mêmes te portent les armes en cas de décoration.

736. (1898) La poésie lyrique en France au XIXe siècle

Lamartine est le seul dont on puisse dire sans ridicule qu’il a porté une lyre. […] Il existe d’Alfred de Musset un portrait où Musset est dans un costume de page, qu’il aimait à porter. […] Enfin, en voilà un qui ne portait pas le diable en terre ! […] Par exemple, les classiques portaient le menton rasé, parce que, à cette époque-là, ce n’était pas convenable de porter sa barbe ; les romantiques, au contraire, avaient des barbes fluviales. […] Les classiques, de même qu’ils ne portaient pas leur barbe, généralement ne portaient pas non plus de cheveux — ce n’était pas mauvaise volonté, mais c’était pour une autre cause ; — les romantiques avaient des crinières mérovingiennes.

737. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « Horace Vernet (suite et fin.) »

Toutes les troupes de la garnison prendront les armes, et se formeront en bataille sur la place en avant du pavillon ; elles porteront les armes, et les tambours rappelleront. Les postes sortiront et porteront les armes. […] Mais encore une fois, c’est là le pendant, la contre-partie des jugements que portait tout bon Français d’avant le romantisme sur Shakespeare ou sur Calderon. […] Un accident qui parut d’abord sans conséquence, une chute qu’il avait faite à Hyères, et dont le coup porta sur la poitrine, amena les suites déplorables qui ont hâté sa fin.

738. (1862) Cours familier de littérature. XIV « LXXIXe entretien. Œuvres diverses de M. de Marcellus (2e partie) » pp. 5-63

Quoi qu’il en soit, M. de Chateaubriand, après que Napoléon fut bien tombé, publia une brochure qu’il portait, dit-il, depuis quelques semaines sur son cœur sous son habit, et qui ne voulait pas se tromper d’heure. […] De là, une extrême ambition littéraire, satisfaite du premier coup par le succès le plus fantastique qui fût jamais, succès que toute une religion relevée, vengée, illustrée, avait porté jusqu’à l’idolâtrie. […] Ils m’ont pris le bélier qui portait la clochette, dont la toison était couleur d’or, et la corne d’argent. […] « Émerveillé d’entendre retentir si mélodieusement la langue antique dans une bouche enfantine, je déposai quelques petites pièces de monnaie dans le panier vide ; et l’écolier, après avoir porté une main à ses lèvres et à son front, s’éloigna en me disant : Que vos années soient nombreuses !

739. (1911) La morale de l’ironie « Chapitre IV. L’ironie comme attitude morale » pp. 135-174

C’est porter bien de la rigueur en des matières incertaines. […] Il est porté à s’abandonner à ces influences complexes qui le sollicitent de partout et qui sont la société concentrée et résumée dans son âme. […] Et il est ainsi porté à n’agir que pour lui. […] De plus notre vie, nos actes, notre imagination même sont enfermés dans un cercle si étroit, il y a autour de ce cercle tant de possibilités ou de réalités inconnues que les jugements portés par nous restent toujours incertains et petits ; s’ils sont trop arrêtés ou trop âpres, ils se teintent de ridicule.

740. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — V. — article » pp. 457-512

De grands talens, & l’abus de ces talens porté aux derniers exès : des traits dignes d’admiration, une licence monstrueuse : des lumieres capables d’honorer son Siecle, des travers qui en sont la honte : des sentimens qui ennoblissent l’humanité, des foiblesses qui la degradent : tous les charmes de l’esprit, & toutes les petitesses des passions : l’imagination la plus brillante, le langage le plus cynique & le plus révoltant : de la philosophie, & de l’absurdité : la variété de l’érudition, & les bévues de l’ignorance : une poésie riche, & des plagiats manifestes : de beaux Ouvrages, & des Productions odieuses : de la hardiesse, & une basse adulation : des leçons de vertu, & l’apologie du vice : des anathêmes contre l’envie, & l’envie avec tous ses accès : des protestations de zele pour la vérité, & tous les artifices de la mauvaise foi : l’enthousiasme de la tolérance, & les emportemens de la persécution : des hommages à la Religion, & des blasphêmes : des marques publiques de repentir, & une mort scandaleuse ; telles sont les étonnantes contrariétés, qui, dans un Siecle moins conséquent que le nôtre, décideront du rang que cet Homme unique doit occuper dans l’ordre des talens & dans celui de la Société. […]   Dans la Littérature, il a porté le même esprit & les mêmes variations. […] Ils conviennent que parmi les Ouvrages de M. de Voltaire, il y en a quelques-uns d’excellens ; mais ils soutiennent [on commence à les croire, & on les croira de plus en plus] qu’il y en a beaucoup de médiocres & un grand nombre de mauvais : que le talent de saisir les rapports éloignés des idées, de les faire contraster, semble lui être particulier ; mais qu'il y met trop d'affectation, & que les productions de l'art sont sujettes à périr : qu'il n'a que l'éloquence qui consiste dans l'arrangement des mots, dans leur propriété, & non celle qui tire sa force des pensées & des sentimens, qui est la véritable : qu'il n'a aucun systême suivi, & n'a écrit que selon les circonstances, & presque jamais d'après lui-même : que le plus grand nombre de ses Ouvrages ne sont faits que pour son Siecle, & que par conséquent la Postérité n'en admettra que très-peu : que si la gloire du génie n'appartient qu'à ceux qui ont porté un genre à sa perfection, il est déjà décidé qu'il ne l'obtiendra jamais, parce qu'il ressemble à ce fameux Athlete, dont parle Xénophon, habile dans tous les exercices, & inférieur à chacun de ceux qui n'excelloient que dans un seul : que son esprit est étendu, mais peu solide ; sa lecture très-variée, mais peu réfléchie ; son imagination brillante, mais plus propre à peindre qu'à créer : qu'il a trop souvent traité sur le même ton le Sacré & le Profane, la Fable & l'Histoire, le Sérieux & le Burlesque, le Morale & le Polémique ; ce qui prouve la stérilité de sa maniere, & plus encore le défaut de ce jugement qui sait proportionner les couleurs au sujet : qu'il néglige trop dans ses Vers, ainsi que dans sa Prose, l'analogie des idées & le fil imperceptible qui doit les unir : que ses grands Vers tomdent un à un, ou deux à deux, & qu'il n'est pas difficile d'en composer de brillans & de sonores, quand on les fait isolés : enfin, que la révolution qu'il a tentée d'opérer dans les Lettres, dans les idées & dans les mœurs, n'aura jamais son entier accomplissement, parce que les Littérateurs qu'il égare, & les Disciples qu'il abuse, en les amusant, peuvent bien ressembler à Charles VII, à qui Lahire disoit, On ne peut perdre plus gaiement un Royaume ; mais qu'il s'en trouvera parmi eux, qui, comme ce Prince, ouvriront les yeux, chasseront l'Usurpateur, & rétabliront l'ordre. […] Son imagination en a suivi tous les mouvemens, & porté toutes les empreintes.

741. (1880) Les deux masques. Première série. I, Les antiques. Eschyle : tragédie-comédie. « Chapitre XII, les sept chefs devant Thèbes. »

Homère fait lancer à ses héros « des paroles ailées » ; les ailes de la parole d’Étéocle sont les plumes qui portent la flèche droit au but. […] C’est le visionnaire de l’observation ; ses yeux grossissent et enflamment tout, le danger se reflète dans son imagination en monstrueuses images ; il a dans l’esprit cette tête de Méduse que Pallas portait sur son égide d’or. — Quel tableau que celui des Sept Chefs trempant leurs mains dans un bouclier noir où bouillonne le sang d’un bœuf égorgé, et jurant de détruire Thèbes, par toutes les Divinités du carnage ! […] Le premier qui n’obéira pas à mes ordres, homme ou femme, l’arrêt de mort sera porté contre lui, et il sera lapidé par le peuple sur la place publique. […] Cette guerre, issue du fratricide, en porta les marques ; la haine y sévit de toutes parts, avec une rage délirante.

742. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Chamfort. » pp. 539-566

Le jeune Nicolas portait alors le costume d’abbé, le petit collet, comme son compatriote Delille, également Auvergnat et fils naturel comme lui ; mais, moins docile que Delille, Nicolas, en devenant Chamfort, rejeta bien loin le costume dont il avait si peu l’esprit. […] La jeune actrice qui faisait Betty, pour jouer plus au naturel, portait en guise de robe une « peau de taffetas tigré ». […] Arrivé à peu près à ce terme, j’ai senti que j’avais assez d’aisance pour vivre solitaire, et mon goût m’y portait naturellement. […] Le jugement le plus équitable et le plus indulgent qu’il soit possible de porter sur lui me paraît être celui de Roederer dans un article du Journal de Paris, qui a été reproduit dans l’édition la plus complète des Œuvres de Chamfort.

743. (1899) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (troisième série). XVII « Du docteur Pusey et de son influence en Angleterre »

Il se plaça à la tête des membres de l’Université qui portèrent une censure courageuse sur le choix prostitué du gouvernement. […] Il est un écoulement mesuré et tout-puissant dans sa mesure, qui s’échappe incessamment des principes et qui doit porter les esprits vers le but que leur assigne Dieu. […] Nous remarquerons seulement que parmi ces noms livrés à la publicité et appartenant presque tous aux classes éclairées de l’Angleterre, une grande partie des hommes qui les portent dépendent, ou par la dignité, ou par la position, ou par les antécédents, de l’Université d’Oxford. […] Des faits semblables — quelques durs qu’ils paraissent au premier coup d’œil — portaient avec eux, il faut en convenir, une justification suprême : l’amnistie de la nécessité.

744. (1902) Les œuvres et les hommes. Le roman contemporain. XVIII « Octave Feuillet »

Voyez la scène des ruines où elle se fait porter par lui, qui lui dit les bêtises d’usage : « Vous êtes un démon !  […] Après avoir été infidèle à sa femme pour cette fameuse Charlotte de Campvallon, — que les ingénus qui jugent les femmes à l’audace avec laquelle elles relèvent leurs jupes ne manqueront pas de prendre pour un caractère, — il redevient platement amoureux de sa femme, à lui, uniquement parce qu’elle l’a quitté et que c’est l’éternel jeu de ces enfants : « Tu ne veux plus, mais moi précisément je veux, parce que toi tu ne veux plus. » Enfin, dernier coup porté à cet invincible ! […] Un peu plus à fond dans le coup à porter, et ce serait bien ! […] Mais le plus à fond n’arrive pas, et il n’y a jamais, du reste, avec Feuillet, de coup à porter… Cependant, ne vous y trompez pas !

745. (1894) Critique de combat

En mettant une instruction complète à la portée de tous les enfants, elle fait porter la sélection, non plus sur un petit nombre de privilégiés, mais sur l’ensemble d’une génération. […] Il met sa gloriole à servir dans une compagnie d’élite, à professer des opinions bien portées. […] Il portait lui-même le prénom peu commun d’Alpinien et il devait en être content. […] Vous porterez, n’en doutez pas, mesdames, des capotes 1830, et nous reverrons, soyez-en sûrs, citoyens, de bonnes petites lois de compression dans le genre des lois de septembre. […] On pourrait lui répondre : Les gens que vous tuez se portent assez bien.

746. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — A — Alletz, Édouard (1798-1850) »

Frédéric Deville De bonne heure, son goût naturel le portait vers les études morales et religieuses ; il s’essaya, de bonne heure aussi, dans cette double voie, et, soit qu’il ait écrit en prose, soit qu’il ait demandé à la poésie ses inspirations, partout et toujours il a conservé intact le caractère qu’il avait revêtu, le caractère d’écrivain moraliste.

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