Jusque dans la gaucherie de ces apostrophes apparaît le fantasque rêveur qui dira plus tard, en son Art poétique : Que ton vers soit la bonne aventure Éparse au vent crispé du matin Qui va fleurant la menthe et le thym… Et tout le reste est littérature. […] Gaston Paris a indiqué lui-même, dans la dédicace qui précède son Histoire poétique de Charlemagne, quelques-unes des impressions qui ont éveillé d’abord ses sentiments et ses pensées. […] Il écrivait une Étude sur le rôle de l’accent latin dans la formation du français, une Histoire poétique de Charlemagne, des dissertations sur le Pseudo-Turpin ; il publiait la Vie de saint Alexis ; il fondait la Revue critique et la Romania.
Souhaitons seulement que ce désir d’une plus large coulée dans l’inspiration ne s’accompagne pas d’une injustice inintelligente envers ces admirables maîtres de la psychologie poétique, d’autant plus que même les vers de Lamartine n’exerceraient pas cet attrait sur les lecteurs de 1893 s’ils ne se doublaient, eux aussi, d’un peu d’analyse et de psychologie. […] Bourdeau, c’est d’abord que cet esprit diabolique et caressant, délicieux et féroce de Heine s’y donne libre cours comme dans le Tambour Legrand, — ce morceau unique des Reisebilder, — et c’est aussi que l’on y saisit quelques-unes des principales influences qui déterminèrent, sinon la vocation, au moins la direction poétique de son étonnant génie d’artiste. […] Le Pèlerinage à Kevlaar reste comme le chef-d’œuvre de cet art, et un chef-d’œuvre d’autant plus extraordinaire que cet admirable chant, si profondément, si simplement chrétien a pour auteur un poète apparenté à une famille de gens d’affaires, lui-même le moins chrétien des hommes, et dont l’éducation poétique fut faite dans l’ombre d’un gibet ! […] Chateaubriand y apparaît sous un jour de familiarité souvent en contradiction avec les éloquents mais inexacts Mémoires d’outre-tombe : « Je ne fus pas plus tôt parti », est-il écrit dans ces Mémoires, « que ma tristesse naturelle me rejoignit en chemin. » Les causes de cette tristesse n’étaient pas toujours aussi poétiques qu’il plaisait à l’enchanteur — comme l’appelait son ami Joubert — de le faire supposer.
Encore, pour la tragédie, y a-t-il Polyeucte de Corneille, outre quelques autres drames dont le sujet est emprunté au martyrologe, et l’Esther, l’Athalie, de Racine, faites pour être jouées uniquement devant les demoiselles de Saint-Cyr : pièces de « circonstance », pour ainsi dire, et qui n’étaient pas destinées au public ; il y a, de Corneille — et il prend soin de s’en excuser — ses versions poétiques de quelques fragments lyriques de l’Ancien Testament, et de l’Imitation. […] Il faut se rappeler qu’après quelques tentatives poétiques — et commencer par la poésie est excellent pour enseigner au futur prosateur à serrer son style, à cadencer sa phrase — c’est d’abord un critique que fut Bourget, et ses Essais de Psychologie contemporaine (qu’il a émondés plus tard d’opinions qui ne lui paraissaient plus orthodoxes) demeurent une de ses meilleures œuvres. […] D’autres fois, il se cherche des excuses, des motifs — légitimes — d’artiste : « Dans les conversations qu’avaient à ce sujet (les généalogies et les préséances nobiliaires), M. de Guermantes et M. de Beauserfeuil, je ne cherchais qu’un plaisir poétique.
Le célèbre poëte, après une longue absence, était revenu se fixer à Paris au commencement de 1830 ; il publiait ses Harmonies poétiques et obtenait place enfin à l’Académie française.
toi (c’est à l’époux qu’il s’adresse, à celui qu’il a peint si flegmatique sous le nom d’Albert), tu n’as pas senti comment l’humanité t’embrasse, te console. » Le véritable Albert goûtait peu cette insigne faveur et il était plutôt de l’avis de celui qui lui écrivait : « Sauf le respect pour votre ami, il est dangereux d’avoir un auteur pour ami. » — Les raisons de Gœthe pourtant, au point de vue poétique, ont leur beauté et leur grandeur.
Mais cette assez mauvaise prose poétique, cette flatterie plus que française, cette reconnaissance trop italienne, tous ces défauts du panégyrique composent, dans le cas présent, une très belle et très noble action, à savoir la défense et l’apologie, aux pieds du Saint-Siège, de la science et de la philosophie, hier encore persécutées240.
À l’exception du Tasse en Italie, il n’en a pas paru de plus poétique et de plus chrétienne et barbare à la fois.
Lavedan et Gyp, l’un avec son imagination poétique, l’autre avec sa gaminerie si drue, nous déroulent surtout l’extérieur du guignol mondain, peignent en superficie des âmes futiles en effet et superficielles.
Le seul Poëte, ayant élevé au degré suprême la forme poétique, — après l’avoir créée, — renonce l’Art, et s’occupe à la Religion, méditant, comme déjà Wagner, une œuvre d’universelle Révélation métaphysique.
C’est pour ce crime que je souffre, suspendu en l’air par ces chaînes » Les éléments attestés sont devenus plus tard une formule de prosopopée poétique.
— Mais tout autre poète qu’Homère, ajouta mon oncle, aurait reculé devant la description poétique de ces broches et de cette farine répandue sur les côtelettes, pour paner comme aujourd’hui les morceaux. — Vous en plaignez-vous, mes enfants ?
Corneille, La Fontaine et beaucoup d’autres ont été sans elles ; et sans elles apparemment Racine aurait fait ses tragédies, et Despréaux son Art Poétique ; sans elles notre siècle a produit la Henriade, l’Esprit des Lois, Hippolyte et Aricie, et plusieurs beaux ouvrages des mêmes auteurs et de quelques autres.