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565. (1905) Les œuvres et les hommes. De l’histoire. XX. « La défection de Marmont »

Telle est la place assignée dans l’histoire au duc de Raguse, et il y restera. […] et je donne à ce mot toute sa profondeur, car Rapetti est un chrétien, l’inaltérable sévérité du moraliste y est davantage, et, teinte du sang de cette pitié secrète, elle y atteint parfois à quelques places la sublimité.

566. (1890) Les œuvres et les hommes. Littérature étrangère. XII « Hebel »

Quand les poésies de Hebel parurent, Goethe et Jean-Paul, qui tenaient le sceptre de la Critique en Allemagne, firent entendre de ces paroles qui étaient le jugement antidaté de la postérité, la question de toute supériorité intellectuelle n’étant jamais rien de plus qu’une avance de la Pensée sur le Temps : « Je viens de lire pour la sixième fois — s’écriait Jean-Paul — ce recueil de chants populaires qui pourrait trouver place dans celui de Herder, si on osait faire un bouquet au moyen d’un autre. […] « Un doux éclat de soleil couchant — nous dit-il plus loin, avec ce sentiment de poète qui sent la poésie dans les autres, — rayonne de l’âme de Hebel, pure et tranquille, et teint de rose toutes les hauteurs qu’il fait surgir. » Et Jean-Paul ajoute cette phrase mélodique et enchantée du ranz des vaches que son imagination pastorale jouait toujours : « Hebel embouche d’une main la trompe alpestre des aspirations et des joies juvéniles, tout en montrant, de l’autre, les reflets du couchant sur les hauts glaciers, et commence à prier quand la cloche du soir se met à sonner sur les montagnes. » De son côté, Goethe, ce grand critique, ce grand esprit lymphatique, ce Talleyrand littéraire qui fait illusion par la majesté de l’attitude sur la force de sa pensée, cet homme que l’on a cru un marbré parce qu’il en a la froideur, Goethe, ce blank dead, comme l’appelleraient les Anglais, ce système sans émotion et dont le talent fut à froid une combinaison perpétuelle, disait de cette voix glacée qui impose : « L’auteur des poésies allemaniques est en train de se conquérir une place sur le Parnasse allemand.

567. (1909) Les œuvres et les hommes. Philosophes et écrivains religieux et politiques. XXV « Le Docteur Véron »

le docteur Véron n’a rien de ces passions ardentes et blessées, de ces regrets d’une ambition qui n’a plus sa place sous le soleil. […] Nous disions dernièrement à cette place que Napoléon III avait du Louis XI, mêlé à du François Ier ; mais le François Ier n’a pas encore son cortège, et ce n’est pas sa faute, à lui !

568. (1898) Ceux qu’on lit : 1896 pp. 3-361

Je suis malheureusement tenu à l’abréger beaucoup, faute de place. […] Il est vrai que ce désarroi ne se produit que partiellement et que le public est là pour mettre et remettre toutes choses en leur place. […] » disait Barbès, que l’on qualifiait : lion, et qui n’était pas fâché d’assigner une place inférieure à son rival en popularité. […] Celui qui en prit la place et le nom. […] Il n’a rien voulu dire, mais probablement dans l’espoir de retrouver ses « amis », a demandé et obtenu la place de bourreau.

569. (1896) Journal des Goncourt. Tome IX (1892-1895 et index général) « Année 1895 » pp. 297-383

» phrase qui avait manqué de lui faire perdre sa place. […] Maurice Talmeyr, dans un éreintement de mon Journal, m’accuse de travailler à faire oublier la place, que mon frère a dans notre œuvre. […] Enfin il se décidait à se rendre chez son frère, un alcoolique prédicant, auquel il demandait la place par terre pour son corps. […] Au retour, je trouve le bateau plein, et pas un bout de banc pour m’asseoir, quand un monsieur me fait une place à côté de lui. […] Vraiment, est-ce que nous serions dénationalisés, conquis moralement par une conquête pire, que la guerre, en ce temps où il n’y a plus de place en France, que pour la littérature moscovite, scandinave, italienne, et peut-être bientôt portugaise, en ce temps où il semble aussi n’y avoir plus de place en France que pour le mobilier anglo-saxon ou hollandais.

570. (1854) Nouveaux portraits littéraires. Tome II pp. 1-419

Dans ses élégies si remarquables à tant d’égards, les sens tiennent plus de place que le sentiment. […] Pour savoir vraiment la place que M.  […] Guizot, avec une sagacité rare, remet l’enthousiasme et l’anathème à la place qui leur appartient. […] Les faits proprement dits tiennent peu de place dans cette double exposition. […] Dans la vie de Louis XI, en effet, la légende ne tient aucune place.

571. (1837) Lettres sur les écrivains français pp. -167

pas plus de masques sur la place de la Bourse que sur notre bassin du Parc. […] J’ai vu trois brins d’herbe place Vendôme, et je me suis étonné qu’on n’ait pas revêtu la colonne de son étui. […] Ne pouvant rien apercevoir dans cette loge, de la place où nous étions, nous attendîmes respectueusement la fin du trio pour monter à la galerie. […] Véron aurait sans cela demandé l’imposition des mains à Louis-Philippe en place de la croix d’honneur. […] Dumas n’a point de voiture, et se sert de celles de place.

572. (1869) Philosophie de l’art en Grèce par H. Taine, leçons professées à l’école des beaux-arts

Il n’y a point de place ici pour les dieux incommensurables et vagues, ni pour les dieux despotes et dévorateurs. […] L’Athénien décide lui-même des intérêts généraux ; cinq ou six mille citoyens écoutent les orateurs et votent sur la place publique ; c’est la place du marché ; on y vient pour faire des décrets et des lois comme pour vendre son vin et ses olives ; le territoire n’étant qu’une banlieue, le campagnard n’a pas beaucoup plus de chemin à faire que le citadin. […] On voit par les commentateurs et les scoliastes que le son et la mesure y tenaient une place aussi grande que l’idée et l’image. […] Un jeune marié ne va trouver sa femme qu’en cachette, et passe la journée, comme auparavant, à l’école de peloton et sur la place d’armes. […] Un peu plus loin, à Phaselis, ayant vu sur la place publique la statue du philosophe Théodecte, il vint, après le souper, danser autour de la statue et lui jeter des couronnes.

573. (1894) Écrivains d’aujourd’hui

La place où M.  […] Sa place parmi les écrivains réalistes. […] Au point de vue où il se place, il se peut que M.  […] On dirait la musique des chevaux de bois sur quelque place de fête. […] Ils ne laissent point de place à l’initiative individuelle.

574. (1860) Cours familier de littérature. IX « LIVe entretien. Littérature politique. Machiavel (3e partie) » pp. 415-477

Êtes-vous prêts à lui céder la place ? […] Le Piémont aura sa grande et honorable place qu’il a achetée de son sang dans l’Italie subalpine, mais il ne prendra pas la place de l’Italie tout entière. […] Les nationalités diverses de l’Italie respectées comme les vérités du sol ; Les constitutions intérieures de chacune de ces nationalités laissées au libre arbitre des divers États, et reliées seulement par une diète italique à une constitution générale de toute l’Italie ; La Sicile et Naples, unies ou séparées, fournissant à la confédération leur contingent de députés et au besoin de subsides et de troupes remis au pouvoir exécutif extérieur de la patrie italienne ; Rome, livrée à son propre arbitre, réglant sa constitution elle-même selon les besoins de son administration temporelle et les convenances de son pontificat spirituel ; aucune main armée, profane et étrangère, interposée entre les souverains et les peuples, théocratiques, monarchiques ou républicains, à leur gré ; Rome capitale des capitales d’Italie, siége de la diète italique, ou bien une capitale fédérale alternative ; Florence, souveraine d’elle-même, monarchie, duché ou république, se gouvernant selon son génie, ou dans l’activité de ses Médicis, ou par le patriotisme de ses grands citoyens, ou par la douceur de son réformateur Léopold ; Turin, rentré dans ses limites, monarchie militaire, sentinelle de l’Italie septentrionale, bouclier de la Péninsule au nord, se désarmant au midi pour ne pas opprimer ce qu’elle protége, s’interdisant ses alliances séparées et suspectes avec l’Angleterre, offrant ses généraux et ses soldats à la défense de la patrie fédérale ; La Lombardie, principauté ou république, indépendante du Piémont, se modelant pour son organisation en cantons lombards, semblable à ces cantons helvétiques dont ce pays a le sol et les mœurs ; Venise, ville hanséatique sous la double garantie de l’Allemagne et de l’Italie, reprenant sous sa république et sous ses doges non plus sa place militante et conquérante que la marine de l’Europe ne lui laisse plus, mais sa place commerciale et artistique que son génie, plus oriental qu’italien, lui assure ; ses provinces de terre ferme neutralisées comme Venise elle-même, et constituées ainsi pour la paix, laissant une zone de sécurité et d’inoffensivité inviolables entre le Tyrol et l’Italie : Sous le drapeau d’une neutralité européenne, de nouvelles guerres ne sont nullement nécessaires pour une constitution semblable de l’Italie.

575. (1861) Cours familier de littérature. XII « LXIXe entretien. Tacite (2e partie) » pp. 105-184

XIV « Je me place, dans ma pensée, au-dessus de Vitellius, dit Mucien à son collègue, mais je te place au-dessus de moi. […] Un soldat germain, s’élançant vers lui, l’atteignit d’un coup de son épée, soit par colère, soit plutôt pour le dérober à tant de dérisions et d’outrages, soit en cherchant à frapper le tribun ; l’arme trancha l’oreille du tribun, et le soldat fut à l’instant massacré. » XXV « Vitellius, forcé de relever la tête, par la pointe des épées qu’on lui plaçait sous le menton, était contraint, tantôt de présenter son visage aux insultes, tantôt de regarder ses propres statues s’écroulant sous ses yeux, tantôt la tribune aux harangues et la place où l’on avait tué Galba. […] LVIII Enfin, voyez ces funérailles précipitées, ce lit de festin changé en bûcher funèbre ; cette pincée de cendre, qui fut tout à l’heure Agrippine, laissée sur la place, au vent et à la pluie, sans que la terreur des assassins y jette seulement un peu de terre. […] Contentons-nous donc d’un seul : il tient lieu de mille, et replaçons son livre à sa place, à côté d’Homère ; car ces deux hommes sont les deux plus grands poètes du monde écoulé : Homère, le poète de l’imagination ; Tacite, le poète de la vérité.

576. (1883) Souvenirs d’enfance et de jeunesse « Chapitre I. Le broyeur de lin  (1876) »

Notre chemin le plus court était de prendre par la place, et nous étions trop consciencieux pour nous écarter d’un pas de l’itinéraire qui était rationnellement indiqué ; mais, quand nous avions eu en composition quelque curieux problème, nos discussions se prolongeaient bien au-delà de la classe, et alors nous revenions par l’Hôpital général. […] Personne n’allait à la communion que quand il était de retour à sa place et qu’il avait achevé de remettre ses gantelets. […] Ce surnom, ainsi qu’il arrive d’ordinaire, prit la place du nom véritable, et ce fut de la sorte qu’il fut universellement désigné. […] La pauvre fille restait ainsi suspendue comme une âme en peine : elle n’avait pas de place ici-bas. […] Outre l’entrée principale sur la place du village, il avait deux issues : l’une donnant à l’intérieur de la sacristie et mettant ainsi l’église et la cure en communication ; l’autre, au fond du jardin, débouchant sur les champs.

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