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561. (1933) De mon temps…

C’était une vaste pièce dont le principal ornement consistait en rayons chargés de beaux livres anciens, car Lemaître était un bibliophile avisé. […] A cette époque, il avait déjà publié une grande partie de son œuvre historique et rassemblé les innombrables pièces de ses collections napoléoniennes. […] Ce fut lui-même qui vint m’ouvrir et m’introduisit dans une pièce qui n’était éclairée que par la lueur de deux gros cierges. […] Ainsi pourquoi, à certaines heures, d’un coin de la pièce qu’il me désignait, voyait-il sortir un lapin blanc qui traversait la chambre et disparaissait à l’angle opposé? […] La pièce qui n’eut que quelques représentations mériterait d’être reprise quelque jour et pourrait l’être avec succès.

562. (1894) Textes critiques

Encore que j’aime plus au théâtre le déroulement du rêve en banderolles mauves ou fils de Vierge que la marche échiquière de thèses dont nulle n’est ni ne peut être neuve, chacune est trop asymptote à sa Réalisation pour que Gerhart Hauptmann ne nous ait pas donné, au lieu de la tabletterie redoutée, une pièce de très haut Idéalisme, touchant plus même que l’Ennemi du Peuple, parce que plus près de nous. […] Citons : A la Hâte, Les Veaux et la presque verlainienne pièce de Novembre. […] Et il vaut mieux qu’ils ne soient pas souples, et que le débit dans toute la pièce soit monotone.‌ […] La foule ne comprend pas Peer Gynt, qui est une des pièces les plus claires qui soient ; elle ne comprend pas davantage la prose de Baudelaire, la précise syntaxe de Mallarmé. […] Cette pièce n’ajoutera rien à la gloire de M. 

563. (1885) La légende de Victor Hugo pp. 1-58

Ses camarades d’école jouaient des pièces de théâtre de sa composition ou de celles de son frère Eugène. « Les sujets habituels de ces pièces étaient les guerres de l’empire… c’était Victor qui jouait Napoléon. […] Mais Chateaubriand, à l’exception d’une petite chanson fort connue et d’une pièce de théâtre justement inconnue, n’écrivit qu’en prose. […] Pièce de vers Sur le bonheur de l’Étude, envoyé au concours de poésie de 1817 : tout lui devenait occasion pour outrager son héros. […] Belton, il parle d’une pièce qui l’a « pénétré jusqu’au fond de l’âme », dans une autre, il mentionne un poème, Lucifer, qui l’a « transporté ».

564. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Des prochaines élections de l’Académie. »

Il a taillé sur le patron et à l’usage de la bourgeoisie une infinité de petites pièces, de petits chefs-d’œuvre d’habileté, de gaieté, de sensibilité. […] Mazères semble avoir pour lui l’ancienneté des titres, leur parfaite convenance dans la circonstance présente, une collaboration heureuse avec des maîtres illustres de la scène, et, en son propre et seul nom, des pièces agréables, dont une, faite de verve, le Jeune Mari, est restée au répertoire ; ce qui était fort compté en d’autres temps. […] Léon Halévy a le même honneur et fait preuve du même dévouement ; il embrasse dans ses traductions élégantes, harmonieuses, les plus belles pièces du Théâtre grec, et il ne manque à son succès que la consécration d’une soirée et cette représentation émue qui refait d’une traduction même une œuvre actuelle, et qui lui confère le baptême de vie. […] Il n’est pas si aisé qu’on le croirait de prouver à des académiciens politiques et hommes d’État comme quoi il y a, dans les Fleurs du Mal, des pièces très remarquables vraiment pour le talent et pour l’art ; de leur expliquer que, dans les petits poèmes en prose de l’auteur, le Vieux Saltimbanque et les Veuves sont deux bijoux, et qu’en somme M. 

565. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « Térence. Son théâtre complet traduit par M. le marquis du Belloy (suite et fin.) »

Je continue à passer devant quelques pièces de Térence en ne faisant qu’entrer dans le vestibule. […] Micion, l’homme de la ville, à l’ouverture de la pièce, est dans une inquiétude mortelle. […] Toute cette scène est parfaite de vérité et justifierait, à elle seule, l’éloge accordé à Térence d’exceller dans les mœurs, tandis que d’autres étaient réputés supérieurs dans la conduite et la construction de la pièce ou dans l’entrain du dialogue. […] C’est chez Théocrite qu’il faut lire ce brillant combat de Pollux : il est vrai que tout à côté, dans la même pièce, on se heurte à un exploit d’un genre tout différent, l’enlèvement des deux filles de Leucippe et le combat de Castor contre l’amant de l’une d’elles : car ces Grecs, semblables en cela à un autre peuple de notre connaissance, pouvaient être dits à la fois libertins et civilisateurs.

566. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Des lectures publiques du soir, de ce qu’elles sont et de ce qu’elles pourraient être. » pp. 275-293

Une lecture bien faite d’un beau morceau d’éloquence ou d’une pièce de théâtre est une sorte de représentation au petit pied, une réduction, à la portée de tous, de l’action oratoire ou de la déclamation dramatique, et qui, tout en les rapprochant du ton habituel, en laisse encore subsister l’effet. […] ce jour-là, pour montrer qu’il n’avait pas d’intention systématique, il lut, comme contrepartie, une pièce de Victor Hugo sur l’aumône, où le pauvre a sa belle et large part. […] Molière. — Je n’ai jamais lu de pièces complètes (si ce n’est Le Dépit amoureux et Les Précieuses). J’analysais et je donnais les principales scènes, de manière à pouvoir faire connaître, chaque fois, toute une pièce. — L’effet a toujours été très grand.

567. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Lettres inédites de la duchesse de Bourgogne, précédées d’une notice sur sa vie. (1850.) » pp. 85-102

Elle a publié, de 1820 à 1834, sept volumes de Mélanges, qui contiennent des pièces du Moyen Âge, des lettres ou opuscules de personnages célèbres. […] Ce fut pour elle qu’on représenta dans l’appartement de Mme de Maintenon des pièces saintes, quelques-unes de Duché, mais surtout Athalie. […] Mme la duchesse de Bourgogne m’a dit qu’elle ne réussirait pas, que c’était une pièce fort froide, que Racine s’en était repenti, que j’étais la seule qui l’estimait, et mille autres choses qui m’ont fait pénétrer, par la connaissance que j’ai de cette cour-là, que son personnage lui déplaît. […] Il y a je ne sais quelle force cachée, a dit Lucrèce (ce que d’autres avec Bossuet nommeront Providence), qui semble se plaire à briser les choses humaines, à faire manquer d’un coup l’appareil établi de la puissance, et à déjouer la pièce, juste au moment où elle promettait de mieux aller.

568. (1856) Articles du Figaro (1855-1856) pp. 2-6

Il fit un choix de ses meilleures pièces et les remit à M.  […] Baudelaire se brisèrent en mille pièces, — et je défie bien la postérité d’en retrouver un morceau. […] Et maintenant — comme la grande pièce après la petite — voici venir au pas solennel et rythmé du chœur antique, la phalange sacrée des poètes. […] Il est tout à la fois le héros de la pièce et le paillasse, excellent peintre et meilleur charlatan, s’il est possible. […] Qu’est-ce en effet qu’un tableau, sinon une pièce de théâtre ?

569. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Rêves et réalités, par Mme M. B. (Blanchecotte), ouvrière et poète. » pp. 327-332

Mais la pièce intitulée Les Larmes n’a pu se déguiser, et elles ont jailli plus vite que la pensée, par une force involontaire : Les larmes Si vous donnez le calme après tant de secousses, Si vous couvrez d’oubli tant de maux dérobés, Si vous lavez ma plaie et si vous êtes douces,     Ô mes larmes, tombez ! […] Quelques-unes des pièces de ce recueil sont ainsi d’un effet poignant.

570. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « LVIII » pp. 220-226

Sans doute de tout temps il y a eu des regrets sur la fuite des années légères : Voltaire en cela ne faisait que suivre Horace et il l’égalait même le jour où il chantait à demi-voix : Si vous voulez que j’aime encore… Fontanes a fait aussi sur ce ton une pièce mélancolique et presque morose intitulée La Cinquantaine. […] Le fait est que la pièce a sincèrement réussi : le monde s’y porte ; on comprend rien qu’à voir, on devine, on est touché : la grandeur, la simplicité de Sophocle éclatent malgré tout.

571. (1874) Premiers lundis. Tome I « Anacréon : Odes, traduites en vers française avec le texte en regard, par H. Veisser-Descombres »

Par la grâce naïve, par l’inspiration spirituelle et tendre, par l’émotion voluptueuse et philosophique à la fois qui animent ses pièces légères, le génie d’Anacréon se rapproche du génie français, tel surtout que nous le retrouvons dans nos vieux rimeurs. […] Du sein de son loisir, il ne prend d’autre soin que de saisir au passage et d’écrire en vers ses pensées riantes ou tendres, à mesure qu’elles traversent son âme ; et la plupart de ses pièces sont des impromptus de volupté, qui, au milieu de ses jeux, lui échappent sans plus d’effort que les roses effeuillées de sa guirlande.

572. (1899) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Septième série « Philosophie du costume contemporain » pp. 154-161

Dans ce système, le moindre changement d’attitude se traduit par des déplacements de plis du vêtement tout entier : en sorte que, malgré la simplicité et l’uniformité des pièces de leur habillement, les Tanagréennes offrent des silhouettes et des arrangements de lignes beaucoup plus variés et plus imprévus que ne font nos Parisiennes avec leur harnachement si compliqué. […] Le corset est la pièce essentielle et secrètement génératrice de tout l’ajustement féminin : et la maternité ni l’allaitement ne souffrent le corset.

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