Dans une étude extrêmement concentrée, le philosophe Millioud étudiait naguère « les déplacements de la liberté » et constatait ce phénomène curieux de l’État qui enlève la liberté aux individus pour la donner aux syndicats.
Dans ce faubourg de Bruchium, où, loin du bruit des deux ports de la cité marchande, s’étendaient les galeries du Muséum, dans ce quartier paisible que surmontait sous un ciel si pur la haute tour de l’Observatoire, entre ces philosophes antiquaires ou mystiques, ces grammairiens, ces critiques occupés de recherches sur toutes les formes de l’imagination et de la poésie grecque, il devait se produire, selon l’esprit du temps, un effort nouveau de la veine poétique et s’ouvrir une mine inexplorée.
L’un étoit un prétendu philosophe, variable comme le mois de mars, vous accablant aujourd’hui de politesses, demain ne vous regardant pas ; l’autre un Fanatique, dont on ne peut supporter la conversation, si l’on n’est pas de son sentiment ; celui-ci un idiot qui met tout au péché mortel ; celui-là le Don Guichotte de toutes les femmes, ne s’occupant que de cet objet, & n’ayant que cette conversation pour tout entretien. […] Permettez-moi d’ajouter que je n’aurois jamais pensé qu’un anglais, dont le mot synonyme est philosophe, s’affecteroit d’une masure placée près la résidence d’un monarque. […] bon-jour, mon ami, dis-je en entrant au jardin des Tuileries, au philosophe le plus aimable, & le plus instruit. […] On nous a parlé de deux philosophes dont l’un pleura toujours sur les miseres humaines, & dont l’autre ne cessa de rire pendant qu’il vécut ; mais l’histoire ne fait pas mention d’un philosophe frondeur.
On retrouve dans l’Essai sur l’indifférence les tours de phrases de Rousseau, ses antithèses, sa dialectique, ses interjections, son éloquence insolente, la même emphase et jusqu’à ce ton romanesque que le philosophe de Genève conservait dans ses discussions les plus abstraites. […] « George Sand, dit très justement Mazade, fait des ouvriers déclamateurs, des paysans presque philosophes. […] Le poète latin a beau imiter servilement Théocrite, il n’a fait que des bergers philosophes, tandis que ceux de Théocrite sont des êtres réels, qui ont des âmes de bergers, la préoccupation de leurs travaux, le dialogue de leur profession. […] L’érudition aura toujours pour ennemis les faiseurs d’hypothèses, les pontifes et les philosophes, ceux qui méprisent les faits et voudraient surtout enseigner l’histoire par les idées générales. […] Newton ne voulait pas publier son Traité sur l’optique, à cause des objections qu’on lui faisait. « Je me reprocherais mon imprudence, disait-il, si j’allais perdre une chose aussi réelle que mon repos pour courir après une ombre. » On dit que Pythagore, ayant fait quelques remarques un peu rudes à un de ses disciples, celui-ci alla se pendre, et depuis ce temps le grand philosophe ne reprit plus personne en public.
Vous avez donc du génie comme Béranger ; mais comme lui vous ne savez pas marcher en petit équipage, et reproduire à Paris la sagesse pratique et la philosophie sublime des philosophes de la Grèce. […] Cousin ; tous applaudissent aux bonnes théories du Globe… « — Monsieur, vos jeunes gens de la société ne vont pas au parterre faire le coup de poing ; et au théâtre comme en politique, nous méprisons : les philosophes qui ne font pas le coup de poing. » Cette conversation vive et franche m’a plus affligé, je l’avoue, que toute la colère de l’Académie.
Puis, tout à coup, la tablée des philosophes et des politiciens se met à batailler à côté des deux termes : infini et indéfini, faisant sonner de grands mots ayant l’air d’idées, mais qui ne sont que des sonorités vides et retentissantes. […] Daudet m’entretenait aujourd’hui de sa jeunesse dans ce pays de soleil, au milieu de ces belles filles lumineuses, se laissant rouler sur les bottes de paille et embrasser sur la bouche, et cela en compagnie d’Aubanel chantant sur les chemins : La Vénus d’Arles ; du grand et jamais enroué Mistral, haranguant les paysans avec une pointe de vin, drolatiquement éloquente ; du peintre Grivolas, ce ménechme du philosophe de Couture, dans son tableau de l’Orgie romaine, et qui avait pour mission de déshabiller et de coucher les ivrognes.
Ils ne se doutent pas, ces gens, qu’il y a cent cinquante ans, au moment où Marivaux publiait le roman de Marianne, on lui disait que les aventures de la noblesse pouvaient seules intéresser le public, et Marivaux était obligé d’écrire une préface, où il proclamait l’intérêt qu’il trouvait, dans ce que l’opinion publique dénommait l’ignoble des aventures bourgeoises, et affirmait que les gens qui étaient un peu philosophes et non dupes des distinctions sociales ne seraient pas fâchés d’apprendre ce qu’était la femme, chez une marchande de toile. Eh bien, à cent cinquante années de là, il est peut-être permis, à un esprit un peu philosophe, dans le genre de Marivaux, de descendre à une bonne et à une basse prostituée.
En laissant beaucoup voir, il laisse encore plus penser, & il auroit pu intituler son livre, Histoire Romaine à l’usage des hommes d’Etat & des Philosophes. […] Son style est fort mauvais, quoique l’auteur passât pour avoir beaucoup d’esprit ; mais ses mémoires sont instructifs pour les courtisans & les philosophes.
L’impassibilité sied au savant, peut-être au philosophe. […] Il est à remarquer que chez les philosophes la profondeur de la pensée n’exclut nullement l’imagination. Il y aurait une étude spéciale à faire de la poésie des philosophes. […] Vers d’un philosophe.
Je les vois, et je me demande dans quel dessein il a plu à Dieu de se rendre plus manifeste à leur humble intelligence qu’au philosophe, qui le cherche par l’esprit sans avoir au cœur la volonté de le trouver. […] Dans un récit de sa visite à l’illustre philosophe, il s’en plaint avec amertume. […] C’est ainsi, pensais-je, qu’il se parle à lui-même, quand, seul, sur son oreiller, il fait son examen de conscience devant Dieu, auquel il croit en philosophe et en chrétien. […] Il a fait de la science comme les grands métaphysiciens chrétiens du xviie siècle faisaient de la métaphysique, se gardant comme d’une fraude de laisser percer le chrétien sous le philosophe, et de mêler les deux ordres de preuves.
Le souvenir de Boëce, philosophe et poëte dans un siècle déjà presque barbare, ministre et victime de Théodoric, s’était conservé non seulement parmi les lettrés, mais dans le peuple : ce poëme en langue vulgaire l’atteste. […] Par exemple, à la fin du dixième siècle, dans ce temps où la trêve de Dieu obtenait à peine qu’il y eût deux jours de la semaine sans pillage et sans guerre, un savant philosophe, comme Gerbert, se formait dans les monastères d’Aurillac et de Bobio. […] Consultez-vous les écrivains de l’âge précédent, et quelques philosophes du nôtre, les croisades sont une œuvre admirable, le plus magnifique exploit de cette féodalité chrétienne, dont le pape était le grand suzerain. […] En Allemagne, paraissent deux princes héroïques et politiques à la fois, Frédéric Barberousse et Frédéric II ; l’un, dont le règne agité embrasse quarante années, conquérant de l’Italie et de la terre sainte, joignant à la hardiesse aventureuse de la chevalerie la sagesse d’un roi ; le second, sans cesse occupé de guerres et d’études, parlant presque toutes les langues de l’Orient et de l’Europe occidentale, poëte, philosophe, naturaliste, déployant avec plus de rudesse et d’imagination, comme il sied au moyen âge, cette activité, cette passion des arts et cette liberté de penser, qu’un prince du même nom reproduisit au dix-huitième siècle. […] Là, le Dante procède comme tout philosophe ou théologien habile du treizième siècle.
Il est vrai que Sieyès s’était éteint dans une sorte d’obscurité, qu’il était avant tout philosophe, et, par l’esprit du moins, demeuré fidèle à ce grand tiers état du sein duquel il était sorti et dont il avait été l’annonciateur.