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228. (1761) Salon de 1761 « Peinture —  Le Bel  » p. 146

Il a de la profondeur ; il s’élève de dessus la toile ; l’œil s’y enfonce ; et celui qui a vu une fois le soleil rougeâtre, obscurci, n’éclairant fortement qu’un endroit, se lever ou se coucher par un temps nébuleux, reconnaîtra ce phénomène dans le morceau de Mr Lebel.

229. (1922) Nouvelles pages de critique et de doctrine. Tome I

Il y a là un phénomène trop constant pour qu’il ne soit pas l’effet d’une cause permanente. […] Les raisons de ce phénomène sont assez complexes. […] Ces phénomènes ont été enregistrés, à travers les siècles, par toutes les consciences préoccupées de vie morale. […] S’il y a véritablement des ordres étagés ou juxtaposés de phénomènes, chacun de ces ordres exige un principe spécial. […] C’est là un phénomène très nouveau, qui s’explique par une nouveauté correspondante dans le recrutement des armées.

230. (1889) Essai sur les données immédiates de la conscience « Avant-propos »

Mais on pourrait se demander si les difficultés insurmontables que certains problèmes philosophiques soulèvent ne viendraient pas de ce qu’on s’obstine à juxtaposer dans l’espace les phénomènes qui n’occupent point d’espace, et si, en faisant abstraction des grossières images autour desquelles le combat se livre, on n’y mettrait pas parfois un terme.

231. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Les fondateurs de l’astronomie moderne, par M. Joseph Bertrand de l’académie des sciences. »

S’est-il assez préoccupé, même en ne s’en rapportant pas aux apparences, du phénomène moral, je veux dire de la voix publique et de l’indignation grossissante qui a donné lieu à la belle légende, — ici plus belle que la vérité ? […] L’état mental de la majorité du monde sur ces questions et ces phénomènes est d’accord avec les vraies solutions, bien que tel ou tel individu puisse en être très éloigné pour la complète intelligence ; mais on n’a pas à revenir du tout au tout ; on n’a pas à dissiper des monstres, des chimères, des dragons armés, des préventions ennemies. […] Elles ont rendu d’importants services à la navigation et à la géographie ; mais leur plus grand bienfait est d’avoir dissipé les craintes produites par les phénomènes célestes et détruit les erreurs nées de l’ignorance de nos vrais rapports avec la nature ; erreurs et craintes qui renaîtraient promptement si le flambeau des sciences venait à s’éteindre. » — Depuis que cet article est écrit, j’ai su que la question de Galilée, de son procès et de son abjuration, avait été traitée à fond par M. 

232. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre III. Le naturalisme, 1850-1890 — Chapitre III. La poésie : V. Hugo et le Parnasse »

Hugo, au siècle de Comte et de Darwin, le répète avec aisance : le mythe est la forme essentielle de son intelligence Sa volonté candide de penser ne laisse dans la nature aucun phénomène où il n’aperçoive la transcription sensible de quelque redoutable énigme ou d’une auguste vérité : toute sensation tend à devenir symbole, tout symbole à se développer en mythe. […] Tout est illusion, écoulement sans fin de phénomènes ; rien ne s’arrête, rien n’est, pas même Dieu. […] De chaque phénomène, il fixe la particulière beauté ; et ainsi le poète des religions se double d’un peintre de paysages et d’animaux.

233. (1897) Préface sur le vers libre (Premiers poèmes) pp. 3-38

L’art évolue, comme l’âme se modifie, incessamment, comme toutes les apparences, comme tous les phénomènes, et comme sans doute la substance. […] J’ai voulu dire que nous n’avions pas affaire à un phénomène immuable, et qu’on pouvait s’y attaquer. […] Cet accent semblable chez tout le monde, en ce sens que chaque passion, chez tous, produit à peu près le même phénomène, accélération ou ralentissement, semblable au moins en son essence, cet accent est communiqué aux mots, par le sentiment qui agite le causeur ou le poète, uniquement, sans souci d’accent tonique ou de n’importe quelle valeur fixe qu’ils possédaient en eux-mêmes.

234. (1906) Les œuvres et les hommes. À côté de la grande histoire. XXI. « Louis XVI et sa cour »

Il était, au contraire, une sublimité de faiblesse, un phénomène — et un phénomène prodigieux — de pusillanimité morale et de défaillance, on ne sait quelle chimérique merlette de blason, sans bec ni sans ongles, et comme il était cela et n’était que cela, tout fut dit : le monde, dont il était l’ironique clef de voûte, s’affaissa.

235. (1880) Goethe et Diderot « Introduction »

Phénomène digne d’être observé et même étudié. […] Et si fort qu’on chercherait en vain à expliquer le phénomène d’une telle gloire par des causes générales plus ou moins puissantes, et qui, d’ordinaire, expliquent tout.

236. (1889) Les œuvres et les hommes. Les poètes (deuxième série). XI « La Fontaine »

Voilà le phénomène qu’il faut décrire et expliquer. […] Il n’y a rien à reprendre dans les investigations étendues, délicates et subtiles qu’il creuse en ce phénomène poétique qui se nomme La Fontaine, ni dans sa conception de la poésie en général et de la poésie de La Fontaine en particulier.

237. (1913) Le bovarysme « Avertissement »

On n’a pas cru qu’il fût possible de se soustraire entièrement à cette fatalité de nos habitudes mentales et il a paru suffisant d’avertir que le véritable but de cette étude est ailleurs, que l’on ne s’y est proposé d’autre objet que celui-ci : mettre entre les mains de quelques-uns un appareil d’optique mentale, une lorgnette de spectacle qui permette de s’intéresser au jeu du phénomène humain par la connaissance de quelques-unes des règles qui l’ordonnent.

238. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre XIV. La littérature et la science » pp. 336-362

L’esprit scientifique, partout où il pénètre, apporte avec lui l’habitude de rechercher le comment et le pourquoi des choses, l’effort pour établir un enchaînement serré de causes et d’effets, le dessein de condenser une quantité de faits particuliers dans une formule générale, le désir de découvrir des lois constantes dans la suite des phénomènes. […] En notre siècle, la même préoccupation se traduit dans tous les domaines par la prédominance de deux conceptions intimement unies : d’une part, l’idée d’un déterminisme universel reliant entre eux par un fil de plus en plus visible tous les phénomènes qui se succèdent dans le temps où se côtoient dans l’espace ; d’autre part, l’idée d’un perpétuel devenir, d’une évolution régulière et continue. […] Il ne lui a plus suffi d’interroger la conscience ; elle a senti la nécessité de connaître les résultats où chaque science particulière aboutit, de relier les phénomènes physiques aux phénomènes moraux, de rattacher par exemple la psychologie à la physiologie.

239. (1869) Cours familier de littérature. XXVIII « CLXVIIe entretien. Sur la poésie »

Et pourquoi ces trois petits phénomènes et ces trois images sont-ils à nos yeux la seule poésie de ce vaste espace ? Parce que de ces trois phénomènes et de ces trois images il sort pour nous une émotion, et que de cette immense plaine d’épis il ne sort que de la richesse. […] XII Si nous parcourions ainsi successivement tous les phénomènes du monde visible ou du monde social, nous trouverions partout des éléments sans nombre de poésie, cachés aux profanes dans toute la nature comme le feu dans le caillou.

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