Pour Béranger, les passions en jeu étaient autrement vivaces ; toutes les anciennes rancunes ont profité de cette impatience du public (je ne dis pas du peuple, qui lui est resté fidèle) et se sont réveillées : rancunes légitimistes, rancunes religieuses, rancunes littéraires, et celles-ci très-vives, de la part des raffinés, qui méprisent sur toute chose le bourgeois et les succès qu’il consacre. […] Il avait mis les autres en train, c’était bien le moins qu’il les suivît, il fit donc comme le peuple et fit bien.
Les grands, les riches, les heureux du siècle seraient charmés qu’il n’y eût point de Dieu ; mais l’attente d’une autre vie console de celle-ci le peuple et le misérable. […] Dans son mélange de rêverie et d’épreuve, de réalité et de chimère, il songeait par moments à la Corse dont Rousseau était censé faire la Constitution et qui semblait sur le point de se régénérer : « En un mot, cher ami, je cherche un pays où je n’entende point le peuple se plaindre du gouvernement, où l’on puisse parler avec plaisir et des lois et de leur exécution, où l’étranger n’ait rien à craindre des citoyens, ni ceux-ci de leurs régisseurs.
Au dedans, cette œuvre est une image plus ou moins vague, celle d’une ligne élancée, puis épanouie ; au dehors, elle est l’attitude et le geste imitatif du corps ; dans le langage primitif, chez les peuples enfants, à l’origine de la parole, elle est une autre imitation poétique et figurative, dont nous retrouvons çà et là des fragments ; aujourd’hui, elle est un simple mot appris, pure notation, reste desséché du petit drame symbolique et de la mimique vivante par laquelle les premiers inventeurs, véritables artistes, traduisaient leurs impressions. […] Les deux mots de chaque couple représentent deux objets différents et sentis différemment chez les deux peuples.
Mais à mesure que l’on sort du grand monde, et que l’on descend vers le peuple, les choses deviennent plus sérieuses. […] En vérité, ce que représente Figaro, c’est le monde des faiseurs de tout ordre, hommes d’État, littérateurs ou financiers, ambitieux, intelligents, effrontés, qui courent à l’assaut des places et à la conquête de l’argent : je ne vois pas qu’il travaille véritablement pour le peuple.
Les gens du peuple, les esprits simples adorent les romances qui leur parlent de choses qu’ils n’ont point vues, de lagunes et de gondoles, ou qui leur présentent un Orient de vignettes avec caravanes, minarets et yatagans. […] Car, outre que sa vie voyageuse lui a surtout fait connaître des hommes du peuple, des matelots, la satiété des impressions passionnelles, la misanthropie qui naît de l’excès d’expérience et le sentiment très net, chez un homme qui a vécu en dehors des cités, de ce qu’il y a d’artificiel, de misérable et d’inutile dans nos civilisations, lui font aimer et embrasser avec une ardente sympathie les êtres simples, plus intacts et plus beaux que nous, plus proches de cette terre dont il a parcouru la face et qu’il adore.
Quand on examine le caractère d’un peuple, le départ est souvent presque impossible à faire entre le fond primitif, apporté par les ancêtres lors de leur établissement dans le pays, et les couches successives qui, de génération en génération, y ont été surajoutées par l’action des choses environnantes. […] S’ils avancent, l’année est froide, pluvieuse, les fruits peu mûrs, les blés manquent et le peuple souffre.
Au lieu de chercher la preuve du christianisme dans tel ou tel texte particulier des Écritures, ou dans une argumentation personnelle qui s’adresse à la raison de chacun, M. de Lamennais soutenait qu’il faut la chercher avant tout dans la tradition universelle et dans le témoignage historique des peuples : et pour cela il croyait voir, même avant la venue de Jésus-Christ et l’établissement du christianisme, une sorte de témoignage confus, mais concordant et réel, à travers les traditions des anciens peuples et jusque dans les pressentiments des principaux sages.
Ce n’est pas à Voltaire, ce n’est pas à Buffon, ce n’est pas même à Rousseau, plus soucieux du pouvoir du peuple que de la liberté, ce n’est pas à Descartes, ce n’est pas à Pascal, ce n’est pas à Bossuet, ce n’est pas non plus à Fénelon, plus aristocrate que libéral. […] Le principe de la souveraineté du peuple.
car le tous-les-jours de la vie des peuples est aussi bête que le tous-les-jours de la vie des hommes, et le Génie lui-même se morfondrait à la raconter. […] Rappelez-vous la Psychologie sociale des nouveaux peuples, et, vous qui avez aimé Chasles, attristez-vous !
Elle chante les siècles, les peuples, les empires. […] La satire est partout chez Molière et jusque dans Hamlet et dans L’Ennemi du Peuple.
Or, Lamartine est Oriental, comme la plupart des grands chefs de peuples. […] ……… Cependant le char roule, Il nous entraîne, et nous suivons la foule Vers ces jardins par Le Nôtre plantés, D’un peuple oisif chaque soir fréquentés. […] Ami, Dieu n’a pas fait les peuples au compas : L’âme est tout ; quel que soit l’immense flot qu’il roule Un grand peuple sans âme est une vaste foule. […] Et le secret de ces inventions est aux mains d’une aristocratie très intelligente, très voluptueuse et très méchante, dont les membres sont des géants, des titans, et se disent eux-mêmes des dieux, et qui gouverne par la terreur, exploite et opprime affreusement tout un peuple réduit en esclavage. […] Nul, non pas même Renan, n’a mieux dit les sourds instincts dont le travail, pareil à celui des germes, prépare les transformations des peuples, ni les désirs dont les masses humaines sont émues longtemps avant que ces désirs ne deviennent des pensées par où la réalité sera repétrie… Écoutez ces strophes d’Utopie : . . . . . . . .
Un ordre nouveau commence où tout un peuple ressentira la souffrance d’un de ses membres, et tout l’univers la souffrance d’un peuple. […] De nos jours, les foules, qu’elles soient noblesse, bourgeoisie ou peuple, ont la gloriole de ne plus se laisser prendre aux beaux yeux de la morale spéculative. […] Sa chanson des Bœufs a eu une vogue immense, vogue dont elle était digne, chose rare, car souvent le peuple s’engoue de quelque inepte refrain. […] L’étreinte de la lutte est une sorte d’embrassement, et les peuples qui se sont combattus sont bien près de s’aimer. […] Les peuples avaient passé les fleuves et les montagnes.