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440. (1889) Ægri somnia : pensées et caractères

Personne ne pensait à m’en demander compte. […] Je ne conseillerais à personne de s’y risquer. […] Rouher le soin de protéger sa personne. […] Rouher savait tous mes sentiments pour sa personne. […] Ces personnes sont soulagées.

441. (1912) Enquête sur le théâtre et le livre (Les Marges)

Ce sont des îlots séparés par les villes moindres et la campagne où il existe nombre de personnes sages, très curieuses encore de lire. […] Ces personnes-là sont les gardiennes du plus beau trésor national. […] Trente mille personnes à Paris vont au théâtre, chaque soir. […] Personne, certainement, n’a le temps de lire. […] Un public peut être composé de personnes intelligentes.

442. (1883) Souvenirs d’enfance et de jeunesse « Chapitre V. Le Séminaire Saint-Sulpice (1882) »

Cette cohabitation dans une même personne de deux entités qui ne vont guère ensemble se faisait chez lui sans collision trop sensible, car le saint l’emportait absolument et régnait en maître. […] Les personnes qui n’ont pas l’esprit scientifique ne comprennent guère qu’on laisse ses opinions se former hors de soi par une sorte de concrétion impersonnelle, dont on n’est en quelque sorte que le spectateur. […] Sachez que j’ai vu peu de personnes avoir été avancées sans cette épreuve ; il faut avoir patience. […] Cela ne devra paraître singulier à personne, puisque l’âge m’obligerait à mettre un intervalle entre mes ordres. […] C’était pourtant un besoin bien pressant pour moi que de m’ouvrir à vous sur des peines qui deviennent chaque jour de plus en plus vives, d’autant plus vives que je ne trouve ici personne à qui je puisse les confier.

443. (1856) Cours familier de littérature. I « Digression » pp. 98-160

L’amitié que nous avons portée depuis tant d’années à Mme de Girardin a été toujours d’un caractère si fraternel et si littéraire, que les charmes de sa figure n’ont été pour rien dans notre attrait pour sa personne, et que, en la pleurant avec amertume comme amie, nous sommes sûrs de notre impartialité comme écrivain. […] Cette gloire posthume et désintéressée, goûtée dans la personne de son enfant, est peut-être la plus touchante de toutes les faiblesses. […] Ce parti ne pouvait pas choisir une personne plus accomplie pour l’un ou l’autre de ces rôles : Diane de Poitiers n’était pas plus belle, madame de Maintenon pas plus supérieure ; mais la jeune fille à qui on destinait leur rôle avait l’innocence qui manquait à l’une, la franchise qui manquait à l’autre. […] Il évita même de revoir trop souvent la belle personne pour laquelle on lui avait prêté d’autres sentiments que ceux de l’admiration. […] Rien ne ressemblait plus alors au poétique encadrement de l’apparition de Terni ; la scène avait changé, mais non la personne ; les années l’avaient embellie encore.

444. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Le prince de Ligne. — I. » pp. 234-253

Son peloton tremble quand il paraît ; personne ne se range pour un grand seigneur, et le soldat qui rencontre un officier dans la rue s’arrête et fait front. […] Il fait ses premiers prisonniers ; c’étaient quinze ou seize hommes et un capitaine qui, se trouvant coupés, se rendirent : « Et je les fis passer derrière les rangs avec un plaisir qui tenait de l’enfance. » L’affaire faite, il a perdu plus de la moitié de son bataillon, et ces débris victorieux continuent de rester encore exposés au canon fort mal à propos : « Il n’était venu en tête à personne de nous mettre à l’abri ; cependant tout était fini, et notre artillerie répondait fort mal à celle des Prussiens. […] Jusqu’à la fin il aura le désir de plaire : « il n’y a que les bourrus qui ne l’aient pas » ; mais son grand précepte, en pareille matière, sera surtout de n’imiter personne : « La méthode se verrait, tout serait gâté. […] Au reste, le prince de Ligne, qui s’y connaît mieux que personne, va nous développer tout ce qui convient à son idée, et nous raconter ces divers degrés et, pour ainsi dire, ces saisons successives de l’homme aimable : Je connais des gens, dit-il, qui n’ont d’esprit que ce qu’il leur faut pour être des sots. […] Le prince a le style le plus contraire à celui de certaines personnes de notre connaissance ; il a le style gai et qui laisse passer des rayons.

445. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Duclos. — I. » pp. 204-223

Né à Dinan en Bretagne, le 12 février 1704, d’une honnête famille de commerçants, le dernier venu des enfants, il fut l’objet des soins de sa mère veuve, personne de mérite, de raison, qui ne mourut qu’à plus de cent ans, et quelques années seulement avant son fils. […] L’astrologie judiciaire, la pierre philosophale, la médecine universelle, la cabale, etc., ont toujours leurs partisans secrets, sans parler des folies épidémiques, telles que l’agiot dont je venais d’être témoin, temps où chacun s’imaginait pouvoir devenir riche, sans que personne devînt pauvre. […] Le comte de Forcalquier était son fils ; il était homme d’esprit, et sa maison était le rendez-vous de tout ce qu’il y avait de distingué dans la littérature et des personnes les plus aimables. […] En causant et dans l’échauffement du discours, il se laissait emporter à ses saillies insolentes et à des outrages non seulement aux personnes, mais à tous les principes ; de sang-froid, et en écrivant, son bon sens lui revenait et lui dictait des restrictions qu’il avait le courage de maintenir plume en main et de professer. […] J’ai cherché, parmi les portraits dessinés qu’on a de lui, celui qui nous rend le mieux l’idée de sa personne : c’est un portrait dessiné par Cochin et gravé par Delvaux.

446. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Bourdaloue. — I. » pp. 262-280

Après sa mort, une lettre du supérieur de la maison professe, le père Martineauk ; un éloge mis en tête de ses Sermons par le religieux qui en fut l’éditeur, le père Bretonneau ; une lettre de M. de Lamoignon, son ami de tous les temps ; un autre hommage plus développé mais du même genre, par une personne de condition, Mme de Pringy, c’est tout ce qu’on a sur Bourdaloue ; et, je le dirai, quand on l’a lu lui-même et considéré quelque temps dans l’esprit qui convient, on ne cherche point sur son compte d’autres particularités, on n’en désire pas : on entre avec lui dans le sens de cette conduite égale, uniforme, qui est le caractère de la prudence chrétienne et le plus beau support de cette saine éloquence ; et l’on répète avec une des personnes qui l’ont le mieux connu : « Ce qui m’a le plus touché dans sa conduite, c’est l’uniformité de ses œuvres. » On ne sait rien ou à peu près rien non plus de la vie de La Bruyère ; mais, à l’égard de ce dernier, le sentiment qu’on apporte est, ce me semble, tout différent. […] Rien de tel pour Bourdaloue : sa personne et tout ce qui touche l’homme, l’individu auteur ou orateur, a disparu dans la plénitude et l’excellence ordinaire de sa parole, ou plutôt il y est passé et s’y est produit tout entier. […] Inférieur à Bossuet qui a cet éclat par lui-même et qui le rencontre dans l’inspiration directe de la pensée, il est supérieur toutefois à ceux qui le poursuivent et qui l’affectent, qui ne sont contents, en parlant des choses de Dieu et des vertus du christianisme, que lorsqu’ils les ont figurées en des termes forcés, singuliers, imprévus, que personne n’avait trouvés jusque-là. […] Dieu, témoin de mes intentions, sait combien je suis éloigné de ce qui les pourrait aigrir ; et malheur à moi, si un autre esprit que celui de la douceur et de la charité pour leurs personnes se mêlait jamais dans ce qui est de mon ministère ! […] Répandez donc sur sa personne la plénitude de vos lumières et de vos grâces… Le vœu de Bourdaloue fut rempli : peu de temps après ce discours, le prince de Condé se convertit sincèrement, il s’approcha des autels ; cet esprit si brillant, si curieux, si altier, que les impies s’étaient flattés de posséder, leur échappa et se rangea humblement à la voie commune.

447. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Souvenirs de soixante années, par M. Étienne-Jean Delécluze, (suite et fin) »

Nous avons tous un faible ou un travers ; et ce travers originel, très-sensible dans notre personne, se reproduit dans nos écrits, mais n’y est pas également visible pour tous. […] Personne presque n’a assez de mérite pour jouer ce rôle avec dignité, ni assez de fonds pour remplir le vide du temps, sans ce que le vulgaire appelle des affaires. […] Delécluze pour quantité de personnes et de noms et cette partie de son livre n’a qu’une valeur médiocre et incertaine. […] Ses livres, en un mot, ne sont pas de nature à donner de lui une idée supérieure à celle qu’imprimait sa personne présente. […] Les allées et venues des personnes de la maison, les visites, rien ne le tirait de son calme, à moins que quelques paroles malsonnantes à son oreille ne vinssent, comme une étincelle électrique, enflammer son cerveau.

448. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Le père Lacordaire. Les quatre moments religieux au XIXe siècle, (suite et fin.) »

L’un d’eux, l’abbé Émery, offrait dans sa personne, à ce commencement du siècle, comme le type de ces vénérables survivants : l’abbé Émery, celui qu’on a pu appeler « le suppléant des évêques », l’oracle du Clergé et sa boussole dans l’orage, le modérateur pendant les tempêtes, le centre caché où venaient aboutir les consultations, la lampe dans l’ombre où venaient s’éclairer toutes les consciences chrétiennes. […] Il s’en trouva une qui se chargea, à l’aide de ce que Bossuet appelle des moyens agréables, c’est-à-dire par son charme et ses artifices, « d’attaquer auprès de Louis XVIII les influences dangereuses, compromettantes pour le salut du trône, pour sa personne et pour le pays ; de détruire ces influences, et en même temps de les remplacer ; de faire accepter au roi les hommes qui auraient gagné la confiance de Monsieur ; enfin, de réconcilier les deux frères. » La personne choisie pour l’exécution de ce pieux dessein, et qui s’y prêta de toute son âme, y employait de longues séances chaque mercredi. […] Au lieu de convives tout profanes, de personnes un peu vives et même légères, d’actrices peut-être, on eut des abbés, des avocats généraux bien pensants, des vaudevillistes devenus censeurs, et plus le petit mot pour rire. — M. de Montmorency meurt vers ce temps-là ; il était de l’administration des hospices ; on célébrait pour lui un service dans chaque hôpital : « Ne manquez pas d’y aller, disait le même médecin aux élèves à qui il portait intérêt, cela fera bien. » Il n’y eut qu’un seul élève, de ceux qu’on appelle câlins, qui y assista. […] Tous ont changé depuis et ont dû changer : l’un irrité et emporté, dans sa fièvre d’impatience, a passé d’un bond à la démocratie extrême ; l’autre, tout vertueux, sans ambition et sans colère, est arrivé par une douce pente aux honneurs mérités de l’épiscopat, vérifiant ainsi en sa personne le mot du Maître : « Heureux les doux parce qu’ils posséderont la terre !  […] Paris s’en aperçut peu ; mais ce qui se vit alors dans quelques provinces n’est pas encore oublié : le corps universitaire souffrit et fut découragé dans la personne de plus d’un de ses jeunes membres.

449. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Mémoires de madame Roland »

Mme Roland, en personne, était et paraissait avant tout fort aimable. […] Beugnot sont ici en défaut sur un point : Mme Roland n’était pas blonde, elle avait les cheveux et les yeux noirs, comme elle le dit elle-même ; mais, sauf cette légère inadvertance, l’impression charmante et morale qui ressortait de toute sa personne est vivement et fidèlement rendue par M.  […] Chloé nous est présentée comme une personne d’une raison précoce, « d’un naturel docile mais pénétrant, cultivé par une éducation aisée et prudente, d’un esprit juste mais gai », d’une humeur enjouée et vive, sur qui les amorces qui s’adressent à la vanité ne prennent pas, mais dont le cœur peut se laisser gagner au vrai mérite et au charme d’un entretien spirituel et instructif ; une conversation « gaiement sensée ou finement badine » a des chances de lui plaire. […] Elle n’y comptait probablement plus lorsque tout d’un coup, un beau jour, dans l’agitation des tempêtes publiques, et avec le rehaussement des vertus de citoyen, elle crut avoir trouvé son premier idéal agrandi en la personne de Buzot. […] Deux choses l’enhardissent et lui délient la langue dans la prison, deux pensées l’absolvent à ses yeux : la considération du danger présent et de la mort, et la conscience qu’elle a de faire honneur bientôt à Roland en le suppléant de sa personne devant le tribunal inique et de lui payer ainsi en monnaie historique son indemnité de mari.

450. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Mlle Eugénie de Guérin et madame de Gasparin, (Suite et fin.) »

Quelle est donc cette personne singulière ? […] Sa distinction native, on l’a vu, l’avait faite une personne d’urbanité, naturellement élégante, et dans ce manoir champêtre, d’où elle sortit à peine, la sauvait de tout provincialisme, de toute recherche comme de toute vulgarité. […] Nous étions parfaitement placés pour le spectacle… Figurez-vous un torrent large et bruyant, puis une petite prairie, puis une montagne, et dans ce cadre un rassemblement de plusieurs milliers de personnes rangées en cercle autour d’une corde qui fait barrière. […] … ce mais-là va vous faire sourire, mais que je suis peu cette personne vaillante, joyeuse à outrance, armée en guerre, cette forte femme bâtie en vigueur que vous croyez ! […] « Telle est mon histoire, en deux mots. — Mais il m’en faudrait cent pour vous dire à quel point, vous sachant un peu prévenu, et le comprenant mieux que personne (vous pouvez m’en croire), je suis touché de votre bonté pour moi, et reconnaissante de la place que vous m’avez donnée à côté d’une femme que je respecte et pour laquelle j’éprouve un vif attrait. — Soyez-en bien persuadé, monsieur, et veuillez recevoir, etc.

451. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Le comte de Clermont et sa cour, par M. Jules Cousin. »

Mais ce qui est vrai, c’est qu’il servit très honorablement dans toutes les campagnes de ces années (1744-1747) et qu’il paya vaillamment de sa personne. […] Ayant rencontré, dit-il, dans les hasards de ses recherches, des lettres inédites, les plus intimes, les plus familières, qui trahissaient les mœurs et les habitudes du prince, il les a données, et il y a joint tout ce qu’il a pu recueillir d’imprimé ou d’inédit concernant sa personne, sa fortune, ses résidences, ses divertissements, les propos tenus sur son compte, les éloges et les médisances dont il a été l’objet : tout s’y trouve ; les photogravures, comme on les aime aujourd’hui, n’y manquent pas. […] Après des personnes du grand monde, telles que la duchesse de Bouillon, — une passion orageuse et triste, traversée d’affreux soupçons, — il se jeta dans les plaisirs dits faciles et n’en sortit plus : ces plaisirs l’enchaînèrent. […] Il n’y eut, d’ailleurs, que les témoins très rapprochés qui le surprirent un instant dans ce rôle d’écolier : il fit bien de sa personne et de son concours dans toute cette journée. […] Les Mémoires de Rochambeau (2 vol. in-8°) ont été publics en 1809 par Luce de Lancival ; mais ce professeur de rhétorique n’a pas mis une seule note à l’édition, n’a éclairci le texte sur aucun point et ne s’est inquiété en rien de le purger des inexactitudes, en ce qui est des noms propres, des titres attribués aux personnes, etc.

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