Que s’il faut cependant livrer le secret de nos propres goûts poétiques en marquant à quels poètes nous devons nos émotions les plus profondes, — j’entends celles qui nous révèlent tout entiers à nous-mêmes — je mettrai pour ma part, en première ligne : Lamartine et Vigny ; Lamartine qui « ne sut que son âme » mais qui l’eut si riche et si humaine ; Vigny, le seul poète peut-être qui ait pu donner aux songes de l’homme je ne sais quelle grandeur cosmique, quel retentissement infini… Et cela ne m’empêche point d’admirer autant que personne la magnificence d’Hugo ; mais c’est déjà un autre sentiment. […] — Personne n’est toute la poésie ni toute la pensée de son siècle.
Cette figure de Mme Claës, où les hésitations magnétiques et les projections fluides des regards sont prodiguées, de même que le sont dans le portrait de Balthazar les idées dévorantes distillées par un front chauve, m’a bien fait concevoir le genre de portraits de Vanloo et des autres peintres chez qui des détails charmants et pleins de finesse s’allient à une flamboyante et détestable manière, à une manière sans précision, sans fermeté, sans chasteté. « Les personnes contrefaites qui ont de l’esprit ou une belle âme, dit M. de Balzac à propos de son héroïne peu régulière, apportent à leur toilette un goût exquis.
Ce système est devenu odieux à quelques personnes, par les conséquences atroces qu’on en a tirées à quelques époques désastreuses de la révolution ; mais rien cependant n’a moins de rapport avec de telles conséquences que ce noble système.
« À cette époque, dit le philosophe allemand Herder dans sa belle Histoire de la Poésie des Hébreux, à cette époque de l’âge du monde, la poésie et la musique étaient étroitement unies ; les poètes et les musiciens n’étaient presque toujours qu’une même personne.
Louis XII leur donna toute licence : son règne fut le bon temps pour les basochiens et les sots ; il leur abandonna ses courtisans, ses ministres, un peu même de sa personne.
Musset a le sens du dialogue : il voit les interlocuteurs comme personnes distinctes, et il entend manifestement le timbre de chaque voix, l’accent, la réplique, qui manifestent chaque âme en son état et qualité.
Ils ajoutèrent bravement deux zéros, et même quelque chose de plus, annoncèrent 3 500 votants et envoyèrent à la presse un palmarès fantaisiste où, à côté de gens très connus et de gens qu’ils avaient intérêt à ménager, ils avaient glissé des noms dont personne, et pour cause, n’a entendu parler.
Victor Hugo a incarné en la personne de son Torquemada cette bonté impitoyable, cette charité inhumaine.
Comment peut-on, après cela, méconnoître les avantages de la Religion Chrétienne, dont personne ne conteste la supériorité sur la Paganisme ?
Grandin arrive en personne, et, avec lui, M. de Pienne, l’amant de la duchesse, et deux des gentilshommes de la nuit dernière.
Alors il est pris entre son idée, qui est aussi celle d’autres personnes (celle de Mme de Sévigné, par exemple, protestant avec énergie contre le machinisme des bêtes), il est pris entre cette idée que les animaux ont un esprit, que les animaux ont une âme, et cette autre idée qu’il est très dangereux que l’on croie à l’âme des bêtes.
Ceci terminé, elle écrivait jusqu’à cinq heures, si son père ne l’appelait pas auprès de lui. » (C’est probablement à cette heure que la fée de l’esprit, succédant à la fée des mains, elle traça cette foule de lettres et de pensées qui touchent à trop d’âmes et à trop de vies pour qu’on puisse les publier, et parmi lesquelles furent choisies scrupuleusement celles qui ne souffrent pas du demi-jour et qui n’en font souffrir personne.)