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2932. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Alexis Piron »

On pense involontairement à lui quand on entend ce vers de Casimir Delavigne : Nous avons trop d’auteurs qui n’ont fait qu’un ouvrage. […] penserait-il y plaire ?

2933. (1866) Petite comédie de la critique littéraire, ou Molière selon trois écoles philosophiques « Première partie. — L’école dogmatique — Chapitre premier. — Une leçon sur la comédie. Essai d’un élève de William Schlegel » pp. 25-96

Absent, il ne pense qu’à elle et se hâte de rentrer. […] Mais les hommes ne parlent pas tant de leur caractère, ils le montrent ; et puis, comme la critique ne saurait penser à tout, elle n’a pas encore vu une chose qui saute aux yeux, c’est que ce Philinte, chargé de faire la réplique à Alceste, est un personnage fort commode sans doute, mais tout à fait impossible ; car, comment un misanthrope aurait-il choisi pour son ami un homme dont les opinions sont diamétralement opposées aux siennes103 ?

2934. (1891) Journal des Goncourt. Tome V (1872-1877) « Année 1875 » pp. 172-248

Après dîner, il s’est mis à parler, d’une manière intéressante, de la cuisine du succès, et un moment se tournant vers Flaubert et moi, avec un ton où le mépris s’alliait à la pitié : « Vous autres, vous ne vous doutez pas, pour le succès d’une œuvre dramatique, de l’importance de la composition d’une première… vous ne savez pas tout ce qu’il faut faire… tenez, simplement, si vous n’encadrez pas au milieu de bienveillants, de sympathiques, les quatre ou cinq membres que chaque club détache pour ces jours-là… car en voilà des messieurs peu disposés à l’enthousiasme… et si vous ne pensez pas à cela, à cela, à cela. » Et Dumas nous apprend tout un monde de choses, que nous ignorions parfaitement, et que maintenant que nous les savons, nous ne saurons jamais mettre en pratique. […] Les hommes n’apportent pas aux idées de ce domaine la même foi qu’à leurs doctrines littéraires, qui sont et le credo convaincu et le produit d’un tempérament. » Ici, il s’interrompt pour jeter : « Tenez, nous sommes cinq dans ce salon, qui pensons absolument d’une manière différente, eh bien, je sais que nous nous aimons mieux, que ne m’aime Emmanuel Arago ! 

2935. (1910) Muses d’aujourd’hui. Essai de physiologie poétique

………………………………………………………………………………………… Et vous, chère langueur, tristesse douce et pure…………… Voici les mois et les saisons évoqués par la robe ou le parfum d’une fleur dans l’intimité du chez-soi : Mars qui sent La violette bleue et la jacinthe lisse, La maison qui s’emplit d’un parfum de narcisse, ……………………………………………………………………………………… Voici : Les pivoines de juin tout en nacre et en soie Gerbe claire mirée en un miroir obscur… Mais, chez ce poète encore, nous trouverons les motifs de sa poésie dans la nostalgie de sa terre ancestrale, dont elle essaie d’imaginer le ciel brûlant : Lorsqu’il fait chaud et que je suis songeuse et seule                   Je pense à vous, Vous dont je ne sais rien, je rêve, ô mes aïeules,                   À vos yeux doux. […] Le jour s’effrite vermoulu Fourbu d’être clair et debout, Il se fait cendre, on ne sait plus S’il est lui-même ou s’il est nous… Mais, ce désir, cette volonté de s’éparpiller dans l’inconscience des choses, est encore plus nettement exprimé dans ces vers qui disent aussi une sorte de vertige de l’anéantissement : Mon songe est de ne plus ni penser ni sentir, Mais, sur l’inconscient au grand cœur magnanime, De tournoyer ainsi qu’aux branches d’un abîme Avec la volonté de m’y anéantir. […] Aussi pourrait-on penser que le poète s’est trouvé un peu étouffé par l’artiste, mais quelle sagesse d’avoir voulu maîtriser les élans de sa sensibilité, pour n’en retenir que le dessin précis.

2936. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Corneille. Le Cid, (suite.) »

Mais les frères, une fois dehors, ne pensent qu’à se venger, et ils projettent de venir brûler nuitamment dans le château de Bivar ceux qui leur ont rendu la liberté.

2937. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Journal et Mémoires, de Mathieu Marais, publiés, par M. De Lescure  »

Des deux, c’est Boileau qui pensait sur cet article en homme d’État.

2938. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Nouvelle correspondance inédite de M. de Tocqueville (suite et fin.) »

« Quand je songe, écrivait-il à son ancien collègue, aux épreuves qu’une poignée d’aventuriers politiques ont fait subir à ce malheureux pays ; lorsque je pense qu’au sein de cette société riche et industrieuse on est parvenu à mettre, avec quelque apparence de probabilité, en doute l’existence même du droit de propriété ; quand je me rappelle ces choses, et que je me figure, comme cela est la vérité, l’espèce humaine composée en majorité d’âmes faibles, honnêtes et communes, je suis tenté d’excuser cette prodigieuse énervation morale dont nous sommes témoins, et de réserver toute mon irritation et tout mon mépris pour les intrigants et les fous qui ont jeté dans de telles extrémités notre pauvre pays. » C’était peut-être, il est vrai, pour consoler le chef de l’ancienne Opposition de gauche et le promoteur des fameux banquets qu’il écrivait de la sorte : quoi qu’il en soit, le philosophe est ici en défaut, et il paraît trop vite oublier ce qu’il a reconnu ailleurs, que ce ne sont pas les partis extrêmes qui ont renversé Louis-Philippe, mais que c’est la classe moyenne le jour où elle fit cause commune avec eux.

2939. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Œuvres de Virgile »

Benoist (car je pense à lui) interroge l’inépuisable et bienveillante mémoire du comte Adolphe de Circourt ; elle ne lui fera pas défaut pour toutes ces illustres anecdotes de l’éloquence parlementaire anglaise depuis plus d’un siècle.

2940. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « M. EUGÈNE SUE (Jean Cavalier). » pp. 87-117

Saint-Simon de son temps, Lemontey du nôtre, ont beaucoup dit sur le grand roi ; j’en pense volontiers tout le mal qu’ils articulent, à l’endroit de l’égoïsme qui chez lui était monstrueux, et que soixante années d’idolâtrie cultivèrent.

2941. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « UNE RUELLE POÉTIQUE SOUS LOUIS XIV » pp. 358-381

Quoi de plus sévèrement pensé, de plus sérieusement rendu que ce point d’une méditation sur la mort ?

2942. (1868) Cours familier de littérature. XXV « CXLIXe entretien. De la monarchie littéraire & artistique ou les Médicis (suite) »

Benvenuto Cellini raconte qu’étant entré un jour au palais en montrant son portrait gravé au duc, il le trouva indisposé et couché sur le même lit que son cousin, et qu’ayant demandé à Lorenzino s’il ne consentirait pas à lui donner le sujet d’un revers de sa médaille, celui-ci lui avait répondu avec enjouement « qu’il fût tranquille et qu’en ce moment même il pensait à lui en fournir un digne de la gloire d’Alexandre, et qui étonnerait le monde. » Alexandre se tourna avec un sourire de pitié dédaigneuse sur son lit et se rendormit.

2943. (1895) Histoire de la littérature française « Première partie. Le Moyen âge — Livre I. Littérature héroïque et chevaleresque — Chapitre II. Les romans bretons »

Ces bonnes gens, vrais enfants, qui ne savaient rien et ne pensaient guère, n’aimaient rien tant que de se faire conter des histoires.

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