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1029. (1906) La nouvelle littérature, 1895-1905 « Deuxième partie. L’évolution des genres — Chapitre V. Le mouvement régionaliste. Les jeunes en province » pp. 221-231

Ils ne pensent pas pouvoir mieux honorer leur région qu’en lui dédiant leurs poèmes, qu’en décrivant ses aspects et ses mœurs dans leurs romans. […] Isolé jadis dans un milieu réfractaire aux idéologies comme aux lettres, le provincial qui pense et qui s’hypnotisait dans l’adoration de Paris et le désir de quitter au plus vite le sol natal a dès à présent la facilité de s’affilier à un des groupements que nous venons de nommer et où il trouvera toutes sortes d’avantages moraux et des raisons plus grandes d’aimer les arts et d’aimer aussi sa région.

1030. (1909) Les œuvres et les hommes. Philosophes et écrivains religieux et politiques. XXV « Proudhon et Couture »

Malgré la puissance de niaiserie dont l’esprit de parti investit certains hommes, il est permis de douter qu’il y ait un assez robuste dadais pour penser cela. […] D’un autre côté, — on l’a vu aussi, — Proudhon pense que la Révolution continue toujours, et Couture, qu’elle est finie, et justement pour la raison que la France a repris la tradition politique de son histoire en revenant à la monarchie et aux Bonaparte.

1031. (1909) Les œuvres et les hommes. Philosophes et écrivains religieux et politiques. XXV « Le Docteur Véron »

… L’auteur a voulu certainement et cru peut-être y mettre tout cela, et plus encore une certaine volonté d’opposition, très singulière quand on pense au docteur Véron, un homme fondant de bienveillance et de contentement sous tous les régimes. […] Nous pensions qu’en une certaine mesure l’instinct politique ne manquait pas à un homme que Mazarin, qui aimait les heureux, aurait employé pour cette raison-là, et nous n’avions pas prévu cette nouvelle physionomie qu’il vient de prendre.

1032. (1906) Les œuvres et les hommes. Poésie et poètes. XXIII « Belmontet »

pour peu que, libre de ces préoccupations de parti qui bandent les yeux aux intelligences avant de les tuer, comme on fait aux hommes qu’on fusille, on ouvre l’Histoire d’une main impartiale, on ne trouve nulle part, depuis que le monde romain a sombré, de chose humaine qui ait plus que l’Empire de Napoléon ce caractère grandiose, monumental et merveilleux, qui fait penser à l’Épopée. […] — avec nos sentiments et nos égoïstes manières de penser.

1033. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre VII. D’Isocrate et de ses éloges. »

Faut-il penser qu’un grand homme connût l’envie ? […] Mais Aristote n’a pas été le seul à penser ainsi.

1034. (1857) Cours familier de littérature. IV « XXIIe entretien. Sur le caractère et les œuvres de Béranger » pp. 253-364

On ne peut pas impunément laisser penser la France ; dès qu’elle pense, elle conspire : elle conspire à haute voix sous les gouvernements despotiques ; elle conspire à voix basse sous les gouvernements absolus. […] « Voilà, mon ami, ajouta-t-il, tout mon rôle dans les journées de 1830 : j’ai été le souffleur de l’événement, j’ai laissé la responsabilité aux ambitieux et aux dupes : qu’en pensez-vous ? […] J’ai encore la force de penser, je ne me sens pas la force d’agir. […] Je suis plus politique qu’on ne pense. […] Peut-être pensait-il qu’il avait bien eu le premier le sens de ce peuple plus soldat que citoyen.

1035. (1845) Simples lettres sur l’art dramatique pp. 3-132

Buloz pense de M.  […] Buloz pense du même M.  […] Maintenant si tu veux de plus amples renseignements sur ce que pensait de toi et d’Eugène Sue M.  […] Or, veut-on savoir ce que le Satan pensait de M.  […] Buloz pouvait penser que Polyeucte était de Racine.

1036. (1853) Histoire de la littérature dramatique. Tome II « Chapitre IV. Que la critique doit être écrite avec zèle, et par des hommes de talent » pp. 136-215

Mais qu’aurait pensé Sganarelle, et qu’aurait pensé et qu’aurait dit le pauvre de cette subite conversion ? […] Le Sganarelle de Molière ne songe guère à se faire ermite, et savez-vous à quoi il, pense, le bonhomme ? Il pense… à ses gages ! […] Et tu penses que nous portons pour rien un bâton ferré ? […] — Excusez tout ce radotage, mais les pensions sont aujourd’hui quelque chose de si embarrassant !

1037. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « LOUISE LABÉ. » pp. 1-38

Mais celui qui désire plaire, incessamment pense à son fait, mire et remire la chose aimée, suit les vertus qu’il voit lui estre agréables et s’adonne aux complexions contraires à soi-mesme, comme celui qui porte le bouquet en main… » Tout ce passage du plaidoyer d’Apollon est comme un traité de la bonne compagnie et du bel usage. […] Combien pensez-vous qu’elle ait de fois remué le cerveau de Chrysippe ?  […] Ainsi Amour inconstamment me mène : Et quand je pense avoir plus de douleur, Sans y penser je me treuve hors de peine. […] Il nous serait possible de glaner encore dans les vingt-quatre sonnets de Louise Labé, de relever quelques traits, quelques vers : Comme du lierre est l’arbre encercelé… J’allois resvant comme fais maintefois, Sans y penser……..

1038. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « George Farcy »

— Quand je pense que je n’avais déjà plus alors que des réminiscences d’enthousiasme, que je regrettais la vivacité et la fraîcheur de mes sensations et de mes pensées d’autrefois ! […] Les vers y auraient peu ajouté, je pense, pour l’éclat et le mouvement ; ils auraient retranché peut-être à la fermeté et à la concision. « Thérèse, que la nature fit belle en vain, plus ravie de dominer que d’aimer ; pour qui la beauté n’est qu’une puissance, comme le courage et le génie ; « Thérèse, qui vous amusez aux lueurs de votre esprit ; qui rêvez d’amour comme un autre de combats et de gloire, l’œil fier et jamais humide ; « Thérèse, dont le regard, dans le cercle qui vous entoure de ses hommages, ne cherche personne ; que nul penser secret ne vient distraire, que nul espoir n’excite, que nul regret n’abat ; « Thérèse, pour longtemps adieu ! […] Le matin, loin du bruit, quel bonheur d’y poursuivre Mon doux penser d’hier qui, de mes doigts tressé, Tiendrait mon lendemain à la veille enlacé ! […] que penserait-il ?

1039. (1865) Cours familier de littérature. XIX « CXIVe entretien. La Science ou Le Cosmos, par M. de Humboldt (3e partie) » pp. 365-427

Je commencerais par le mot de Descartes : « Je pense, donc je suis. » Et qui suis-je ? […] Seulement je puis penser, et je dois penser, puisque la pensée est la vie morale produite en moi par la vie matérielle. Pensons donc ! […] XIII Mais, avant de mourir, le besoin de penser et de conclure me travaille incessamment.

1040. (1886) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Deuxième série «  Leconte de Lisle  »

Contre les tortures de la pensée on a le sentiment vivace de la puissance déployée à penser et aussi, le plus souvent, la protestation tranquille du corps bien nourri. […] Il est remarquable que la plus ancienne philosophie soit si complètement pessimiste et que l’homme, dès qu’il a su penser, ait condamné l’univers et renié la vie. […] Sophocle pense que le meilleur est de n’être pas né ou de vivre peu8. […] Quant aux Grecs, ils s’occupaient médiocrement de l’avenir de l’homme par-delà la tombe et pensaient que cette vie peut être à elle-même son propre but. […] Il pense comme Vigny, son maître le plus direct, qui avait fait dire à la Nature dans un langage superbe : Je roule avec dédain, sans voir et sans entendre, A côté des fourmis, les populations ; Je ne distingue pas leur terrier de leur cendre ; J’ignore en les portant les noms des nations.

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