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2365. (1925) La fin de l’art

» Les juges n’ont pas été de cet avis, et, condamné à six mois de prison, le camelot a vu, en appel, sa peine portée à un an.

2366. (1890) Journal des Goncourt. Tome IV (1870-1871) « Année 1870 » pp. 3-176

Des journées à aller, à venir dans cette maison, comme une âme en peine. […] Longtemps un nuage tout blanc, qui a peine à se dissiper, et qui fait ressortir le jaune de l’embrasure de sable, fouettée par le coup, le gris des sacs de terre, dont deux ou trois sont éventrés par le recul de côté de la pièce, le rouge du bonnet des artilleurs, le blanc même de la chemise de celui qui a tiré la ficelle.

2367. (1898) Manuel de l’histoire de la littérature française « Livre II. L’Âge classique (1498-1801) — Chapitre III. La Déformation de l’Idéal classique (1720-1801) » pp. 278-387

« Quel moyen de contenir par les lois un homme qui croit être sûr que la plus grande peine que les magistrats lui pourront infliger, ne finira dans un moment que pour commencer son bonheur ?  […] Cruppi, L’Avocat Linguet, Paris, 1895 ; et Édouard Herz, Voltaire und die Strafrechtspflege, Stuttgart, 1887] ; — et son Commentaire du traité des délits et des peines [de Beccaria], 1766. — L’occasion lui paraît propice pour attaquer à fond le christianisme ; — et tous les moyens lui deviennent bons ; — encouragé qu’il est à la fois par les instigations de Frédéric, — et l’« avènement » de la Du Barry, 1769. — Son Histoire du Parlement le remet en grâce auprès des puissances. — Publication des Questions sur l’Encyclopédie, 1770-1772. — Son intervention dans les affaires Montbailly, 1770 ; — Morangiès, 1772 ; — Lally, 1773 [procès de réhabilitation] ; — des serfs de Saint-Claude, 1770-1777 ; — et comment l’indécence de ses plaisanteries habituelles gâte l’effet de son dévouement. — Ses relations avec Turgot, 1776. — Les derniers écrits de Voltaire. — Son Commentaire sur l’Esprit des lois, 1777, et sa dernière escarmouche contre Montesquieu. — Ses dernières Remarques sur les Pensées de Pascal, 1777 ; — et de l’intérêt qu’en offre le rapprochement avec les premières ; — qui sont de cinquante ans antérieures. — Les Dialogues d’Évhémère, et le Prix de la justice et de l’humanité, 1777. — Ses démarches pour obtenir qu’on le laisse rentrer à Paris. — Il quitte Ferney le 5 février 1778 ; — et arrive à Paris le 10 du même mois.

2368. (1938) Réflexions sur le roman pp. 9-257

J’ai déjà bien de la peine à supporter dans Graindorge tout ce qui est fiction. […] Bourget ne croit pas qu’elle soit exclusive de l’esthétique opposée, qu’il préfère, et il n’a pas de peine à citer des chefs-d’œuvre fort peu objectifs, traversés de commentaires par l’auteur : Adolphe, Sylvie, les romans de Balzac. […] Ainsi l’auteur de Valentine Pacquault n’avait pas eu de peine à écrire une Bovary plus âpre et plus charnelle.

2369. (1910) Victor-Marie, comte Hugo pp. 4-265

Ils sont graves alors, ils sont sérieusement émus, (et en même temps, par une délicieuse, par une désarmante ironie (sur eux-mêmes), par un amusant retour sur soi-même ils appellent en effet cela, souriants de connivence, ou sérieux apparemment, être (un peu) émus.) ils sortent, non sans peine, des raisonnements serrés, des raisonnements invincibles, (alors tu vois ben), des raisonnements victorieux, des raisonnements généreux, des raisonnements sévères, des raisonnements éloquents sur le gouvernement des peuples, des raisonnements logiques, en tenant la rampe, des raisonnements prodigieux. […] Digne ennemi de mon plus grand bonheur, Fer qui causes ma peine, M’es-tu donné pour venger mon honneur ? […] Pauline            Que cet hélas a de peine à sortir !

2370. (1896) Hokousaï. L’art japonais au XVIIIe siècle pp. 5-298

Une impression charmante est la planche en couleur où Hokousaï a représenté une collation dans la campagne, et où des femmes s’amusent à faire flotter sur un cours d’eau des coupes à saké, et l’homme auquel le courant l’apporte est obligé d’improviser une phrase poétique, sous peine, s’il ne peut l’improviser, de boire trois coupes. […] A peine s’est-il logé, établi à nouveau dans le quartier Honjô, le quartier campagnard, affectionné par le peintre, qu’un incendie brûle sa maison, détruit un grand nombre de ses dessins, et les esquisses et les croquis qu’il a pris tous les jours de sa vie, — et de la maison où brûle son œuvre le peintre n’emporte que son pinceau. […] Vers l’âge de cinquante ans, j’avais publié une infinité de dessins, mais tout ce que j’ai produit avant l’âge de soixante-dix ans ne vaut pas la peine d’être compté.

2371. (1884) L’art de la mise en scène. Essai d’esthétique théâtrale

La plupart des pièces dont le comique touche à l’extravagance nous paraissent en effet, dès qu’elles sont imprimées, d’une telle platitude que nous avons peine à comprendre le plaisir que nous avons pu y prendre. […] Sans doute la plupart des spectateurs sont armés de lorgnettes qui comblent en partie cette distance, mais il n’y a pas à s’arrêter à cette objection ; car, s’il y a un fait certain, c’est que la lorgnette est destructive du plaisir théâtral, puisqu’elle a pour effet de rompre l’illusion que l’on a eu quelquefois tant de peine à produire. […] Si, au contraire, l’actrice sent le poids de sa coiffure, si ses bras ont quelque peine à soulever les plis du pallium qui l’enveloppe, relevé sur le sommet de la tète comme un voile ; si ses pas traînent avec un certain effort la longue tunique qui descend jusqu’à ses pieds, alors elle laissera naturellement retomber sa tête ; sa démarche trahira la lassitude qui l’accable ; ses bras appesantis chercheront un appui sur les femmes qui l’accompagnent ; ses gestes seront lents et languissants, et sa voix, sa diction prendront le caractère corrélatif de cet état physique qu’elle aura incliné vers celui qui convient au personnage de Phèdre.

2372. (1856) Cours familier de littérature. II « Xe entretien » pp. 217-327

… Ne vous avons-nous pas obéi quand vous nous avez dit de supprimer la peine de mort contre nos ennemis ?

2373. (1888) Épidémie naturaliste ; suivi de : Émile Zola et la science : discours prononcé au profit d’une société pour l’enseignement en 1880 pp. 4-93

Heureusement, Courbet sentit qu’il était temps, pour lui, de faire quelques concessions au bon goût ; il se donna la peine d’intéresser le public en lui servant autre chose que de choquantes excentricités.

2374. (1903) Articles de la Revue bleue (1903) pp. 175-627

Henri de Régnier, on se rend compte sans peine qu’on se trouve en présence d’un mode d’expression qui, pour être différent de celui qu’emploieront MM. 

2375. (1875) Revue des deux mondes : articles pp. 326-349

Notre imagination ne saurait rien concevoir de plus malheureux que des êtres pourvus de sensation, c’est-à-dire pouvant éprouver le plaisir et la peine, quand ils sont privés du pouvoir de fuir l’un et de tendre vers l’autre. […] Or voilà un principe faux ; donc toutes les conséquences doivent être marquées au même coin. » Si maintenant nous demandons quels sont les caractères propres à cette science des êtres vivants, Bichat nous répond : « C’est une science dont les lois sont, comme les fonctions vitales elles-mêmes, susceptibles d’une foule de variétés, qui échappe à toute espèce de calcul, dans laquelle on ne peut rien prévoir ou prédire, dans laquelle nous n’avons que des approximations le plus souvent incertaines. » Ce sont là des hérésies scientifiques d’une énormité telle qu’on aurait de la peine à les comprendre, si l’on ne voyait comment la logique d’un système a dû fatalement y conduire.

2376. (1898) Politiques et moralistes du dix-neuvième siècle. Troisième série

Soit goût du paradoxe, soit humeur et bizarrerie d’esprit, Stendhal vous assène des opinions littéraires si merveilleusement inattendues qu’on a quelque peine, parfois, à supporter le coup sans chanceler, quelque habitué qu’on puisse être aux choses les plus imprévues en ces matières. […] Le malheur, c’est que l’auteur a trop mis tout d’abord Fabrice en pleine lumière comme le personnage principal, et que nous avons quelque peine à ramener sur la duchesse l’intérêt que nous voudrions que Fabrice excitât et qu’il n’excite presque jamais. […] Il n’a pas eu de peine à s’apercevoir que l’indépendance du juge est la clef de voûte d’un système libéral, plus que le parlement lui-même, et que peu s’en faut qu’il ne soit la liberté elle-même. […] Si le monde se réglait sur eux, on n’aurait plus qu’à s’asseoir, à jouir des richesses acquises, à se ressouvenir… Mais l’humanité aime mieux jeter à l’eau de temps en temps une bonne partie de son bagage ; elle aime mieux oublier, sauf à se donner la peine ou plutôt le plaisir de réinventer… Ce sont, après tout, les ignorants comme Pascal, comme Descartes, comme Rousseau, ce sont ceux-là qui font aller le monde. » Traduisez : tout travail humain est vanité et toute pensée un simple divertissement.

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