Mademoiselle de Cahuzac, d’une maison assez riche pour le pays, avait apporté en dot à M. de Guérin quelques petites terres, et, après la mort de ses grands-parents, une assez grande maison meublée dans la petite ville de Cahuzac. […] Puis nous l’avons fait jaser sur son pays d’à présent, sur ses enfants et sa femme. […] « Bonsoir, mon ami. » Le 5, elle raconte des visites faites avec sa sœurs aux malades du pays. […] Ce n’est aucune peine ni chagrin qui me fait penser de la sorte, ne le crois pas, je te le dirais ; c’est le mal du pays qui prend toute âme qui se met à penser au ciel. […] En patois du pays : Que de mots là-dedans !
Il se désolait encore d’assister à une nouvelle ruine d’un pays auquel il était attaché d’une façon toute particulière, d’un pays qu’il avait habité pendant les belles années de sa jeunesse, et dans lequel il était revenu discuter les affaires publiques sous le pontificat précédent, et où il avait trouvé la plus cordiale réception et la plus éclatante bonne foi. […] D’un autre côté, un cardinal ne pouvait guère se montrer dans un pays où depuis tant d’années on n’avait pas vu même les insignes d’un simple homme d’Église. […] Si Henri VIII, qui n’avait pas la vingtième partie de ma puissance, a su changer la religion de son pays et réussir dans ce projet, bien plus le saurai-je faire et le pourrai-je, moi. […] Il enjoignit à son plénipotentiaire de me communiquer la lettre qu’il lui écrivait de sa main, — ce qui fut fait. — En parlant de moi dans cette lettre, il termine ainsi : “Dites au cardinal Consalvi de ma part que, s’il aime son pays, il n’a qu’une de ces deux choses à faire : ou obéir à tout ce que je veux, ou bien laisser le ministère.” « Je ne balançai point un instant quand le cardinal Fesch me fit lire cette dépêche, et je lui permis de répondre de ma part “que je ne ferais jamais la première des deux choses, et que j’étais tout prêt à exécuter la seconde dès que le Pape m’y autoriserait, afin de ne pas servir de prétexte ou de motif aux malheurs de mon pays”.
Ce pays est vraiment charmant. […] Rien de douloureux, dans ces pays limitrophes de la France, comme un dîner de table d’hôte, ce dîner jusqu’à ce jour, où régnait le Français par le droit de la grâce, de l’esprit, de la gaîté ! […] Pendant que l’exécration de notre pays devient un culte, qu’elle se glisse dans la prière de l’enfant d’outre-Rhin, en France qui se souvient ? […] C’est le nom que le lieutenant de gendarmerie donne aux vignerons du pays. […] Je ne crois pas qu’il y ait ce jour, dans les cimetières des autres pays de l’Europe, tant de robes noires, tant de couronnes, tant de fleurs.
Le 21 juillet 1842, il eut le courage de jeter à la face de Louis-Philippe des phrases de ce calibre : « Sire, vous êtes le gardien auguste et infatigable de la nationalité et de la civilisation… Votre sang est le sang du pays, votre famille et la France ont le même cœur… Sire, vous vivrez longtemps encore, car Dieu et la France ont besoin de vous. » Victor Hugo a toujours été cosmopolite : il unissait tous les rois d’Europe dans son adulation. […] Car la caractéristique de l’évolution politique dans les pays civilisés, est de débarrasser la politique des dangers qu’elle présentait et des sacrifices qu’elle exigeait autrefois. En France, en Angleterre, aux États-Unis les ministres au pouvoir et les élus à la Chambre et aux Conseils municipaux, ne se ruinent plus, mais s’enrichissent : dans ces pays on ne condamne plus des ministres pour tripotages boursicotiers, malversations financières et abus de pouvoir. […] — Les génies que l’on renomme ne savent trouver que douleurs dans l’exil, les commerçants qui s’expatrient au Sénégal, aux Indes, ces pays de fièvres et d’hépatites, après des dix et vingt ans d’exil ne parviennent à amasser qu’une pelote de quelques centaines de mille francs, s’ils ont en poupe le vent de la chance ; et lui Victor Hugo, le Prométhée moderne, vit dans une île délicieuse, où les médecins envoient leurs invalides, il s’entoure d’une cour d’adulateurs empressés, qui le font mousser, il voyage tranquillement en Europe, il thésaurise des millions et il obtient la palme du martyre ! […] Thiers et Favre, les ministres de la reine Victoria et du roi Amédée n’ont pas ouvert leurs pays, l’Angleterre et l’Espagne, à ces vaincus, qu’ils n’ont jamais insultés ainsi que Victor Hugo.
Il se tenait paisiblement dans les montagnes de la Béotie, où le culte du pays était conservé par la simplicité même des mœurs. […] Dinias va même aussi dans la lune, qu’il rencontre de plain-pied en s’avançant jusqu’à l’extrémité des pays du nord. […] Il gémit parfois de son exil ; mais il ne dit rien de sa famille ou de son pays. […] Le monologue d’Hamlet ne devait-il pas être inspiré dans le pays des brouillards et du spleen ? […] Il était dès lors tourmenté de l’espérance d’élever quelque grand monument à la gloire de son pays.
Les contributions dont on avait coutume de frapper les pays ennemis, et moyennant lesquelles ils se rachetaient de l’incendie et du pillage, étaient une autre difficulté que Villars avait prévue dès l’abord et dont il avait parlé au roi. […] Ce sera surtout dans sa campagne d’Allemagne de 1707, où il put se répandre en toute liberté par-delà le Rhin, qu’il appliquera en grand sa méthode de contributions et son organisation de la maraude en pays ennemi : Je tirai de très grosses sommes, nous dit-il lui-même, dont je continuai à faire l’usage que j’avais fait de toutes les autres. […] L’hiver durait encore, qu’il visita avec grand soin le pays, « sans négliger un ravin, un bouquet de bois, un ruisseau, un monticule, une fondrière. » Les gros approvisionnements que l’ennemi faisait à Trêves l’avertirent que c’était sur lui que porterait l’effort de la campagne. […] En Italie, il lui faudrait tout d’abord entrer dans un système de guerre qu’il n’a pas conçu et qui n’est pas le sien : Présentement M. le duc de Vendôme a fait toutes ses dispositions, lesquelles je crois être très sages ; mais, quelque respect que j’aie pour ses projets, chacun a sa manière de faire la guerre, et j’avoue que la mienne n’a jamais été de vouloir tenir par des lignes vingt lieues de pays… Encore une fois, monsieur, si quelque chose allait mal en Italie, j’y volerais… Il n’y a qu’à conserver ; et si Sa Majesté, qui m’a dit autrefois elle-même et avec bonté les défauts qu’elle me connaissait, a bien voulu les oublier dans cette occasion, il est de ma fidélité de les représenter.
L’Espagne était depuis un siècle dans un accroissement de puissance et d’ascendant qui troublait les conditions d’existence et les rapports naturels des pays voisins, et menaçait tout l’occident de l’Europe ; et en même temps elle apportait dans ses conquêtes politiques un système d’oppression absolue et de machiavélisme pratique qui tendait à pervertir la morale, à nouer tout développement de l’esprit et à déformer l’humanité. […] Henri IV, sauveur du pays et restaurateur de la race et de la morale française, qu’il remet dans son ordre et qu’il fait rentrer dans ses voies, voilà la conclusion et le résultat dans son expression la plus nette. […] Non, la conscience publique ne s’est point trompée, la reconnaissance nationale et populaire n’a point salué à faux le roi longtemps guerrier qui devint celui des laboureurs et des gens du plat pays, qui les releva de la ruine, réprima les brigandages, permit à tout gentilhomme ou paysan « de demeurer en sûreté publique sous son figuier, cultivant sa terre ». […] Si la France s’était assise et établie sous Henri IV et sur les bases de la société d’alors, si elle y avait acquis son ciment qui l’eût fixée sous la forme qu’elle semblait affectionner de 1600 à 1610, l’élément prédominant, je l’ai dit, eût été le gentilhomme rural, disséminé dans le pays, le cultivant, mais aussi le possédant ; prenant volontiers la charrue après l’épée, mais ayant aussi seul le droit de porter l’épée, ayant le droit de justice sur le paysan, etc.
Mais ne nous hâtons pas de nous prononcer : les noces de Gamache sont copieuses en tout pays. […] Toutes les dames qui sont venues avec elle disent qu’elle est charmante, que tout ce qu’il y a à désirer est qu’elle ne se gâte point dans ce pays-ci… » Et, à notre tour, nous aurions le moyen aussi de dire notre avis. […] Mais, à cette heure, il paraît bien qu’il était réellement las et dégoûté de la guerre, tout l’indique ; il n’en désirait pas la durée, et il l’écrivait à son frère en termes expressifs et pour lesquels il recourait à un proverbe de son pays : « Dieu m’en préserve ! […] Que le maréchal de Saxe ait aimé plus ou moins les plaisirs, cela ne regarderait que lui, s’il n’en avait trop usé pour abréger une existence glorieuse et utile au pays.
L’année ne s’embarrassait ni des distances, ni des vivres ; elle ravageait le pays. […] « Tout le pays n’était qu’une vaste fondrière où nous enfoncions jusqu’au cou. » Soyez donc héros ou tacticien sur ce pied-là. […] S’étendre dans le pays ? […] Un officier avait toujours un cheval excellent, il connaissait le pays, il n’était pas pris, il n’éprouvait pas d’accidents, il arrivait rapidement à sa destination, et l’on en doutait si peu que l’on n’en envoyait pas toujours un second : je savais tout cela.
Jomini en toute occasion se plaît à rappeler (et même au moment où il trace un portrait flatteur de l’empereur Alexandre) qu’il est « Suisse de nation et citoyen d’un pays libre. » Il s’en prévaut pour donner à ses compatriotes des conseils vigoureux et sages. […] Je n’ambitionne rien dans mon pays que l’honneur d’être appelé au jour du danger à commander son avant-garde, dussé-je même subir le sort du respectable général d’Erlachl62 » Ce dernier vœu assez inattendu, ce soudain souhait d’une mort patriotique et guerrière nous ouvre un jour sur l’âme de Jomini, sur sa plaie secrète, sur les ennuis dont il n’était pas venu à bout de triompher, et que nous révèle encore mieux une lettre intime écrite vers la même date. […] C’est ainsi que dans son pays natal, où Jomini était loin d’avoir toujours été prophète, le conseil d’État du canton de Vaud décida à son tour que le portrait de son illustre concitoyen serait placé au musée de Lausanne ; et ce portrait s’y voit aujourd’hui, de la main de l’excellent et généreux peintre Gleyre. […] Il en est que Jomini raconte d’original et qu’il doit à son expérience personnelle, comme par exemple, au chapitre des Guerres nationales, les deux faits qui se rapportent au temps où il était chef d’état-major de Ney en Espagne, et qui prouvent que les conditions habituelles de la guerre sont tout à fait changées et les précautions ordinaires en défaut, quand on a tout un pays contre soi69.
Enfin, nul autre ami n’a autant de soin et d’attention que le roi en a pour elle : et ce que j’ai dit bien des fois, elle lui fait connaître un pays tout nouveau, je veux dire le commerce de l’amitié et de la conversation, sans chicane et sans contrainte ; il en paraît charmé. » Cette lettre du 21 juin renferme tout le secret de la faveur dont jouissait madame de Maintenon, et de celle où elle devait parvenir. […] Et ce que j’ai dit bien des fois, elle lui fait connaître un pays tout nouveau, je veux dire le commerce de l’amitié et de la conversation sans chicane et sans contrainte ; il en paraît charmé. » Certes, elle devait être d’un grand charme cette amitié qui, dans madame de Maintenon, était de l’amour retenu par la raison, la justice, l’honneur, la bienséance ; cette amitié, où les sens entraient pour quelque chose, mais soumis à de plus hautes et plus puissantes sympathies, celles de l’âme et de l’intelligence, à de plus nobles besoins, ceux de la considération et du respect de soi-même ; cette amitié passionnée que l’honneur forçait à résister au plus doux penchant, qui ne souffrait pas moins de sa résistance que l’ami à qui elle était opposée ; cette tendresse qui avait autant besoin d’être consolée de ses refus que celui qui les essuyait et dont la souffrance parvenait à obtenir des encouragements de l’amant voluptueux et contrarié. Elle devait être féconde en jouissances nouvelles cette amitié vive qui, par une conversation animée, sans chicane et sans contrainte, multipliait sans cesse et variait à l’infini ses épanchements vers l’objet aimé, les lui offrait toujours avec intérêt et toujours à propos, provoquait les siens, lui communiquait une vie nouvelle, une existence inconnue, créait en lui un autre homme, avec des facultés jusque-là ignorées de lui-même, l’introduisait dans ce pays nouveau dont parle madame de Sévigné, où avec d’autres yeux il voyait d’autres choses et d’autres hommes, l’introduisait dans son propre cœur où il n’était jamais descendu, l’apprenait à s’étudier et à se connaître, lui donnait une conscience pénétrée du besoin de sa propre estime, une conscience qui lui rendit bon témoignage de lui et de son amie. […] Victorieux depuis qu’il régnait, n’ayant assiégé aucune place qu’il n’eut prise, supérieur en tout genre à ses ennemis réunis, la terreur « de l’Europe pendant six années de suite, enfin son arbitre et son pacificateur, ajoutant à ses états la Franche-Comté, Dunkerque et la moitié de la Flandre ; et ce qu’il devait compter pour le plus grand de ses avantages, roi d’une nation alors heureuse et alors le modèle des autres nations. » Les armées qui avaient conquis les pays dont sa longanimité rendait la plus grande partie par la paix de Nimègue, étaient florissantes, pleines de gloire et de confiance.
Et pourtant l’évêque d’Avranches a encore du renom dans son pays de Basse-Normandie ; il en a jusque parmi le peuple, parmi les paysans ; son souvenir a fait dicton et proverbe. […] Je soumets mon explication aux savants du pays. […] Huet se rendait parfaitement compte qu’il était l’homme d’une époque qui finissait : Quand je suis entré dans le pays des lettres, dit-il, elles étaient encore florissantes, et plusieurs grands personnages en soutenaient la gloire. […] Dans un portrait de Huet, écrit par Mme l’abbesse de Caen, je rencontre le même trait qui est attribué à notre savant et qu’il dut tenir de sa mère : « Vous trouvez fort bien, lui dit-on, le ridicule des choses, et en cela seulement vous avez assez l’esprit de votre pays. » Le père de Huet avait été calviniste, mais s’était converti avec sincérité et même avec zèle.