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330. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre III. L’âge classique. — Chapitre V. Swift. » pp. 2-82

Le pauvre Steele, étourdi vaniteux, est entre ses mains comme Gulliver chez les géants ; c’est pitié de voir un combat si inégal, et ce combat est sans pitié : Swift l’écrase avec soin et avec aisance, comme une vermine. […] John Partridge, éminent praticien en cuirs, médecine et astrologie. » Vous entendez d’avance les réclamations du pauvre Partridge. […] Sa meilleure pièce, Cadénus et Vanessa, est une pauvre allégorie râpée. […] —  Pure envie, avarice, orgueil. —  Il a donné tout ; mais il est mort auparavant. —  Est-ce que dans toute la nation le doyen n’avait pas — quelque ami méritant, quelque parent pauvre ? […] « Proposition modeste pour empêcher que les enfants des pauvres en Irlande ne soient une charge à leurs parents ou à leur pays, et pour les rendre utiles au public. » 1729. —  Swift devint fou quelques années après.

331. (1892) Sur Goethe : études critiques de littérature allemande

Pauvre Goethe ! […] Sa religion est au pauvre Juif un premier écueil. […] Pauvre Bernard ! […] Pauvre petite bête ! […] ma pauvre mère ! 

332. (1890) Journal des Goncourt. Tome IV (1870-1871) « Année 1871 » pp. 180-366

On parle d’une séance, où devant l’attitude molle ou indisciplinée des vieux généraux, le pauvre Trochu a menacé de se brûler la cervelle. […] En passant au milieu d’eux, l’on entend des phrases comme celle-ci : « Oui, notre pauvre petit adjudant, on l’enterre demain !  […] Pauvre jardin ! […] Le pauvre garçon ! […] C’était, ce matin, la voix de ma pauvre cousine.

333. (1896) Les origines du romantisme : étude critique sur la période révolutionnaire pp. 577-607

Le cœur gonflé de désirs inassouvis, il habitait un monde vide pour lui ; pauvre et privé de plaisirs, il les épuisait par l’imagination ; il se désabusait de tout avant d’avoir usé de rien. […] Peu importe que vous soyez un fripon, si vous êtes riche, un honnête homme, si vous êtes pauvre. […] Les Renés à la fin du siècle dernier pullulaient, pauvres et fiers, assoiffés de plaisirs, torturés par l’ambition et rêvant de fortunes subites, inactifs et toujours inquiets, toujours en quête d’un « bien inconnu ». […] Palmyra est pauvre, roturière et bâtarde : elle adore, la malheureuse ! […] René, par exemple, parle de la Grèce, de l’Italie, de l’Écosse, comme de pays qu’il a visités, non seulement pour prouver que, bien que pauvre, il avait couru le monde ainsi qu’un lord, mais aussi parce qu’on s’occupait de ces contrées.

334. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Benjamin Constant et madame de Charrière »

Ainsi, quand il voit un gentleman qui a l’air pauvre, il l’insulte ou le fuit. […] Pauvres petits insectes ! […] En revanche, j’en ai reçu une de mon pauvre père, qui est bien tendre et bien triste. […] Que font, à propos, vos pauvres petits orangers que vous vouliez planter ? […] je suis comme atterré de la solitude qui m’entoure ; je suis effrayé de ne tenir à rien, moi qui ai tant gémi de tenir à quelque chose… » Ainsi allait ce triste cœur mobile, ainsi va le pauvre cœur humain.

335. (1895) Les mercredis d’un critique, 1894 pp. 3-382

Denis déclare qu’il n’aura pour femme que la pauvre Faïk. […] On est donc sur le dos, ma pauvre petite fillette ? […] Maintenant, on fait un devoir à un pauvre paysan d’être soldat. […] Quand le pauvre saint Antoine lui crie : “Va-t’en, bête !” […] La Bretagne n’avait qu’un pauvre de moins.

336. (1894) Journal des Goncourt. Tome VII (1885-1888) « Année 1885 » pp. 3-97

Pauvre vingtième siècle, sera-t-il volé, s’il va chercher ses renseignements sur le dix-neuvième, dans les journaux ! […] Zola affirme, chez Daudet, que le pauvre garçon avait la conscience de son état, le sentiment de sa mort prochaine. […] Je me sauve au jardin, pour que la pauvre petite bougresse, ne voie pas les deux larmes qui me sont montées aux yeux. […] Conçoit-on chez les pauvres filles du peuple, qui ne se sentent pas la force physique nécessaire pour gagner leur vie, les angoisses secrètes, le crucifiement journalier qu’elles éprouvent ? […] C’est là, où mon pauvre ami confectionne le journal, jusqu’à une heure, deux heures du matin, sous le flamboiement meurtrier du gaz.

337. (1890) Conseils sur l’art d’écrire « Principes de composition et de style — Première partie. Préparation générale — Chapitre II. De la sensibilité considérée comme source du développement littéraire »

En fait d’idées, le cœur est stérile ou fécond, selon que l’esprit est riche ou pauvre. […] On citera des traits surprenants, des inventions ingénieuses d’enfants, de pauvres d’esprit, d’idiots même, dont un grand amour a peu à peu éclairé, parfois illuminé soudainement l’obscure intelligence.

338. (1896) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Sixième série « La Solidarité »

Mais, en fait, s’il n’y a plus de classes politiques, il y a toujours des classes ou des compartiments sociaux, et les riches et les pauvres sont peut-être plus profondément séparés aujourd’hui par les mœurs qu’ils ne l’étaient autrefois par les institutions. […] de première classe), vous aurez maintes occasions d’être secourables aux pauvres gens, de faire payer pour eux les riches, de réparer ainsi, dans une petite mesure, l’inégalité des conditions et d’appliquer pour votre compte l’impôt progressif sur le revenu  Notaires (car il y en a ici qui seront notaires), vous pourrez être, un peu, les directeurs de conscience de vos clients et insinuer quelque souci du juste dans les contrats dont vous aurez le dépôt  Avocats ou avoués, vous pourrez souvent par des interprétations d’une généreuse habileté, substituer les commandements de l’équité naturelle, ou même de la pitié, aux prescriptions littérales de la loi, qui est impersonnelle, et qui ne prévoit pas les exceptions  Professeurs, vous formerez les cœurs autant que les esprits ; vous… enfin vous ferez comme vous avez vu faire dans cette maison  Artistes ou écrivains, vous vous rappellerez le mot de La Bruyère, que « l’homme de lettres est trivial (vous savez dans quel sens il l’entend) comme la borne au coin des places » ; vous ne fermerez pas sur vous la porte de votre « tour d’ivoire », et vous songerez aussi que tout ce que vous exprimez, soit par des moyens plastiques, soit par le discours, a son retentissement, bon ou mauvais, chez d’autres hommes et que vous en êtes responsables  Hommes de négoce ou de finance, vous serez exactement probes ; vous ne penserez pas qu’il y ait deux morales, ni qu’il vous soit permis de subordonner votre probité à des hasards, de jouer avec ce que vous n’avez pas, d’être honnête à pile ou face  Industriels, vous pardonnerez beaucoup à l’aveuglement, aux illusions brutales des souffrants ; vous ne fuirez pas leur contact, vous les contraindrez de croire à votre bonne volonté, tant vos actes la feront éclater à leurs yeux ; vous vous résignerez à mettre trente ou quarante ans à faire fortune et à ne pas la faire si grosse : car c’est là qu’il en faudra venir  Hommes politiques, j’allais dire que vous ferez à peu près le contraire de presque tous vos prédécesseurs, mais ce serait une épigramme trop aisée.

339. (1899) Esthétique de la langue française « Esthétique de la langue française — Chapitre Premier »

Nous ne comprenons plus, sans études préalables, le vieux français ; la tradition a été rompue le jour où les deux littératures, française et latine, se trouvèrent réunies aux mains des lettrés ; les hommes qui savent deux langues empruntent nécessairement, quand ils écrivent la plus pauvre, les termes qui lui manquent et que l’autre possède en abondance. Or, à ce moment, le français paraissait aussi pauvre en termes abstraits que le latin classique, tandis que le latin du moyen âge, enrichi de toute la terminologie scolastique6, était devenu apte à exprimer, avec la dernière subtilité, toutes les idées ; ce latin médiéval a versé dans le français toutes ses abstractions ; la philosophie et toutes les sciences adjacentes s’écrivent toujours dans la langue de Raymond Lulle.

340. (1920) Impressions de théâtre. Onzième série

les pauvres petites ! […] Les sermonnaires, en même temps qu’ils plaignent les pauvres, les félicitent toujours d’être pauvres. […] Il console le pauvre et celui qui souffre. […] » s’écrie la pauvre enfant. […] Pauvre Coppée !

341. (1949) La vie littéraire. Cinquième série

pauvre folle, lui cria Ortrude avec une haine joyeuse. […] D’abord c’était un asile pour le pauvre indigent. […] Quand ce pauvre saint Antoine lui crie : « Va-t’en, bête !  […] Heureux les pauvres d’esprit ! […] Je suis un pauvre homme, je n’ai besoin d’aucun plaisir.

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