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1300. (1898) La poésie lyrique en France au XIXe siècle

Aussi bien, dans la littérature et dans la conduite même de notre vie, la mort, on en retrouve partout l’idée. […] Personne, parmi nos poètes, n’a poussé plus loin que Lamartine cette faculté qui consiste à retrouver Dieu partout ; la nature devient pour lui transparente : c’est Dieu qu’il y retrouve sans cesse : Ce monde qui te cache est transparent pour moi ; C’est toi que je découvre au fond de la nature, C’est toi que je bénis dans toute créature. […] Nous aimons beaucoup l’esprit en France — on l’aime partout, — et il faut bien dire que les romantiques avaient manqué d’esprit. […] C’est une étrange vision, Et cependant, ange ou démon, J’ai vu partout cette ombre amie. […] Les grandes maisons et les belles avenues, c’est un peu plus beau, c’est un peu plus grand, mais c’est partout la même chose.

1301. (1896) Le IIe livre des masques. Portraits symbolistes, gloses et documents sur les écrivains d’hier et d’aujourd’hui, les masques…

L’important est que l’intelligence soit : dès qu’elle est, elle agit ; et partout où elle agit on sent le bienfait de sa présence. […] Parmi les bustes d’inconnus qui sont au Louvre (et partout) taillés en marbre, il y a peut-être celui qui nous manque, de Lucrèce ou de Clodia, et, parce qu’il est innommé nous ne sentons, en le regardant, aucun de ces frissons qui nous troublent devant les figures qui ont vécu. […] Il importe, pour les bateaux, que le vent souffle d’ici ou de là ; pour les livres, nullement : ils vont de tous les côtés à la fois, ils arrivent partout, venant de partout, épaves que les naufrages roulent dans des langes éternels. […] Pleine d’images, cette tragédie est pleine d’idées ; le solitaire « a un compagnon partout : sa propre parole » ; « le sang, l’homme doit le répandre comme la femme, son lait » ; et toutes, images et idées, créatures d’une magnifique richesse de sang, de cheveux, de peau, vivantes et belles, se meuvent et fleurissent dans la forêt somptueuse d’une tragédie surhumaine. […] Là encore il fut curieusement précoce et, à dix-neuf ans, il produisait des pages tout à fait charmantes par la franchise de la philosophie, telles que le Magasin de jouets, avec, déjà, de jolies phrases : « Ces belles Poupées, vêtues de velours et de fourrures et qui laissent traîner derrière elles une énamourante odeur d’iris. » Dans Miracles, l’incroyance au divin est analysée avec une belle sûreté de main et d’intelligence ; presque partout, on sent un esprit maître de soi et qui tient à ne revêtir de la forme que des idées qui valent la forme.

1302. (1853) Histoire de la littérature dramatique. Tome II « Chapitre premier. Ce que devient l’esprit mal dépensé » pp. 1-92

Mais au plus bel instant du xviie  siècle, quand l’autorité était partout, comme le devoir, un comédien du roi Louis XIV s’attaquer ainsi, et tout d’un coup, au pouvoir le plus respecté de l’État, le traîner sur son théâtre, l’immoler à la risée publique, le charger, non seulement de sarcasmes, mais encore d’humiliations, de haine et d’outrages…, avouez que l’entreprise était étrange, inouïe, incroyable, et qu’il fallait bien du génie et bien du courage pour la tenter. […] Il flétrit, bien mieux que n’eût fait le bourreau, les plus avancés dans cette bataille religieuse, ces jésuites qui étaient partout ; et de cet amoncellement de doctrines perverses, il ne laissa pas pierre sur pierre. […] Il faut que vous sachiez aussi, mon père, que Molière a pris en main la défense des passions, et qu’il veut nous faire trouver honnêtes « toutes les fausses tendances, toutes les maximes d’amour, et toutes les douces invitations à jouir du beau temps de la jeunesse, qui retentissent partout dans les opéras de Quinault, à qui j’ai vu cent fois déplorer ces égarements » : mais assurément ce ne peut pas être là votre opinion, excellent père Caffaro ! […] Isidore le calme quelque peu en lui disant avec un doux sourire : Tout cela sent la nation, et toujours messieurs les Français ont un fonds de galanterie qui se répand partout. […] C’est un esprit qui pétille, il est vrai, et qui jette partout en son chemin, mille étincelles, mais sans efforts, mais sans recherche.

1303. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Les nièces de Mazarin et son dernier petit-neveu le duc de Nivernais. Les Nièces de Mazarin, études de mœurs et de caractères au xviie  siècle, par Amédée Renée, 2e éd. revue et augmentée de documents inédits. Paris, Firmin Didot, 1856. » pp. 376-411

Je n’ai pas oublié que madame Geoffrin, dans son bon sens bourgeois aiguisé de malice, disait de lui : « Il est manqué de partout, guerrier manqué, ambassadeur manqué, homme dJaffaires manqué, et auteur manqué. » — « Non, reprenait Horace Walpole qui cite le mot, il n’est pas homme de naissance manqué. » — « Non, dirai-je à mon tour plus fermement encore après cette épreuve où on le verra en 93, il n’est pas un homme comme il faut manqué, puisqu’il sut rester tel, si convenable, si décent, si souriant, et prêt à devenir laborieux dans la mesure de ses forces, à demander à sa plume une ressource honnête, à l’heure de l’adversité extrême. » Nivernais, en son beau moment et avant que le siècle tournât décidément au sérieux, avait ses admirateurs et son école mondaine. […] D’ailleurs, des vers faciles, ce qu’on appelait alors des vers aimables, qu’il semait partout sur les albums de Moulin-Joli, d’Ermenonville, quand Ermenonville fut à la mode, comme il avait fait à Strawberry Hill ; des chansons-romances dont quelques-unes valent celles du président Hénault, par exemple, la chanson intitulée Mes souhaits, sur l’air de la romance du Barbier de Séville : D’aimer jamais si je fais la folie, Et que je sois le maître de mon choix, etc. 

1304. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME GUIZOT (NEE PAULINE DE MEULAN) » pp. 214-248

Elle dit de Mme Des Houlières : « Ses idylles n’ont peut-être d’autre défaut que de vouloir absolument être des idylles… Elle a mis de l’esprit partout et des fleurs où elle a pu. » — « Le talent de Mme Cottin ne permet guère de le juger, dit-elle, que lorsque les émotions qu’elle a fait naître sont passées, et ces émotions durent longtemps. » Elle dit du style de Mme de Genlis qu’il est toujours bien et jamais mieux 97. […] Chacun souffre ; un cri lamentable Dit partout l’homme malheureux, L’homme de bien pour son semblable, Et les égoïstes pour eux.

1305. (1875) Premiers lundis. Tome III « De la liberté de l’enseignement »

Il est aussi un grand diocèse, messieurs, celui-là sans circonscription fixe, qui s’étend par toute la France, par tout le monde, qui a ses ramifications et ses enclaves jusque dans les diocèses de messeigneurs les prélats ; qui gagne et s’augmente sans cesse, insensiblement et peu à peu, plutôt encore que par violence et avec éclat ; qui comprend dans sa largeur et sa latitude des esprits émancipés à divers degrés, mais tous d’accord sur ce point qu’il est besoin avant tout d’être affranchi d’une autorité absolue et d’une soumission aveugle ; un diocèse immense (ou, si vous aimez mieux, une province indéterminée, illimitée) ; qui compte par milliers des déistes, des spiritualistes et disciples de la religion dite naturelle, des panthéistes, des positivistes, des réalistes, … des sceptiques et chercheurs de toute sorte, des adeptes du sens commun et des sectateurs de la science pure : ce diocèse (ce lieu que vous nommerez comme vous le voulez), il est partout, il vient de se déclarer assez manifestement au cœur de l’Autriche elle-même par des actes d’émancipation et de justice, et je conseillerais à tous ceux qui aiment les comparaisons et qui ne fuient pas la lumière, de lire le discours prononcé par le savant médecin et professeur Rokitansky dans la Chambre des seigneurs de Vienne, le 30 mars dernier, sur le sujet même qui nous occupe, la séparation de la science et de l’Église. […] Nous chercherons à la combattre, ainsi que toute la routine, partout où elle se trouvera.

1306. (1861) Cours familier de littérature. XI « LXIe entretien. Suite de la littérature diplomatique » pp. 5-79

Liberté à la base, aristocratie au milieu, monarchie au sommet, ordre partout ; mais ordre raisonné plutôt qu’imposé. […] Ainsi partout, ainsi toujours, dès qu’il y a une folie française sur un point du globe, l’Angleterre est là pour en profiter ; dès qu’il y a un intérêt légitime de la France quelque part, l’Angleterre est là pour le combattre.

1307. (1862) Cours familier de littérature. XIII « LXXVIIIe entretien. Revue littéraire de l’année 1861 en France. M. de Marcellus (1re partie) » pp. 333-411

« Depuis que cet homme n’est plus sur le trône, tout est changé ; le trouble reparaît partout ; l’Espagne n’a plus de roi ; l’Angleterre et l’Allemagne sont déchirées de factions ; un horrible assassinat vient de recommencer la révolution en France, je vous plains tous et je vous fuis. […] J’appris sa mort par hasard ; aussitôt, appuyée des ordres du pacha de Damas, qui me traitait comme sa fille, j’expédiai partout des émissaires, mais je ne pus recueillir que des renseignements incertains, et je ne savais où diriger mes poursuites.

1308. (1863) Cours familier de littérature. XVI « XCIIe entretien. Vie du Tasse (2e partie) » pp. 65-128

L’original de cette dépêche est sous nos yeux : Alphonse y proteste aussi énergiquement contre cette infidélité qu’il aurait pu le faire contre l’envahissement d’une de ses provinces ; on voit aussi par une lettre du cardinal de San Sisto, ministre du pape Grégoire XIII, au gouverneur de Pérouse, que les intentions d’Alphonse furent accomplies, et qu’on interdit sévèrement partout les éditions subreptices de la Jérusalem. […] Cependant je suis de plus en plus décidé à ne pas quitter le service du duc, car, outre que mes obligations envers lui sont telles que, quand je lui sacrifierais ma vie, ce ne serait pas encore assez pour payer ma dette, je crains bien de ne pas trouver à une autre cour plus de repos que dans ses États ; les maux que je subis sont de telle nature qu’ils m’atteindront partout ailleurs autant qu’à Ferrare. » Ces lettres sont d’autant moins suspectes d’adulation pour le duc de Ferrare, qu’elles sont écrites hors des États de ce prince, et adressées à un de ses ennemis, Scipion Gonzague, parent et ami des Médicis.

1309. (1868) Cours familier de littérature. XXVI « CLIVe entretien. Madame de Staël. Suite »

Il est triste aussi d’errer dans l’étranger ; et d’ailleurs partout ils me saisiront. […] Villemain, j’avais vu madame de Staël dans cette maison et ailleurs éclairer d’une vive lumière quelques entretiens accidentels sur la politique, les lettres, les arts, parcourir le passé et le présent comme deux régions ouvertes partout à ses yeux, deviner ce qu’elle ne savait pas, aviser par le mouvement de l’âme ou l’éclair de la pensée ce qui n’était qu’un souvenir enseveli dans l’histoire, peindre les hommes en les rappelant, juger, par exemple, le cardinal de Richelieu avec une sagacité profonde, et il faut ajouter une noble colère de femme, puis l’empereur Napoléon qui résumait pour elle tous les despotismes, et que sa parole éloquente retrouvait à tous les points de l’horizon comme une ombre gigantesque qui les obscurcissait.

1310. (1869) Cours familier de littérature. XXVIII « CLXVIe entretien. Biographie de Voltaire »

Résolu à ne pas se marier, afin de donner moins de gages encore à la persécution, il dispersa tous ses capitaux en rentes viagères sur des maisons nobles de France et sur des princes d’Allemagne afin d’avoir un asile partout. […] Le cœur a partout les mêmes devoirs, sur les marches du trône de Dieu, s’il a un trône, et au fond de l’abîme, s’il y a un abîme !

1311. (1834) Des destinées de la poésie pp. 4-75

On n’apercevait que la porte surmontée d’une ogive vide où pendait la cloche, et quelques petites terrasses taillées sous la voûte même du roc où les moines vieux et infirmes venaient respirer l’air et voir un peu de soleil, partout où le pied de l’homme pouvait atteindre. […] Partout où l’œil tombait, il voyait la vallée, la montagne, les précipices s’animer pour ainsi dire sous son regard, et une scène de vie, de prière, de contemplation, se détacher de ces masses éternelles, ou s’y mêler pour les consacrer.

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