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725. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Lettres inédites de l’abbé de Chaulieu, précédées d’une notice par M. le marquis de Bérenger. (1850.) » pp. 453-472

Ceci nous ramène à sa position chez les Vendôme et à quelques paroles fâcheuses de Saint-Simon. […] Chaulieu, de bonne heure, par sa liberté de parole, s’était attiré bien des ennemis. […] Ainsi, cette maladie n’empêcha pas que, pour divertir Monseigneur à Anet, M. de Vendôme, l’abbé de Chaulieu et moi, nous n’imaginassions de lui donner une fête, avec un opéra dont Campistron, poète toulousain aux gages de M. de Vendôme, fit les paroles, et Lully, notre ami à tous, fit la musique.

726. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Histoire de la Restauration, par M. de Lamartine. (Les deux premiers volumes. — Pagnerre.) » pp. 389-408

Lainé, le premier qui osa élever une parole de résistance légale et de liberté au déclin de l’Empire. […] Et lorsqu’il a dépeint la première entrée des troupes alliées dans Paris le 31 mars 1814, M. de Lamartine, montrant la curiosité succédant à la douleur à mesure qu’on avançait dans les quartiers brillants et le long des boulevards, avait dit : « Tout est spectacle pour une telle ville, même sa propre humiliation. » Quand on a écrit et pensé de telles paroles, on devrait être guéri, ce semble, du rôle de tribun, d’orateur populaire et ambitieux. La seule partie supérieure des Histoires de M. de Lamartine, et qu’il serait injuste d’y méconnaître au milieu de tout ce qu’on y rencontre d’inexact et de défectueux, c’est le sentiment vif des situations générales, l’esprit en quelque sorte des grandes journées et des foules, cet esprit que le poète encore plus que l’historien embrasse et qu’il recueille en son âme, avec lequel il se mêle et se confond, et dont il excelle à tracer en paroles émues, et comme en ondes vibrantes et sonores, les courants électriques principaux.

727. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Patru. Éloge d’Olivier Patru, par M. P. Péronne, avocat. (1851.) » pp. 275-293

Ce jeune homme, que la nature destinait aux études brillantes et littéraires et à l’art de la parole, se ressentira toujours, même sous sa forme grave, de ce peu de discipline première. […] Il pensait peu hors du cercle des lettres et de sa profession ; mais il était un habile ouvrier de la parole ; il avait ce que les anciens appelaient l’ore rotundo, le tour cicéronien ; il y visait en public. […] La première phrase de ce discours est difficile et délicate à traduire ; Cicéron y dit : « S’il y a en moi quelque talent (et je sens combien ce talent est peu de chose, quod sentio quam sit exiguum), si j’ai quelque habitude de la parole… c’est à Archias que je le dois. » On assure que Patru mit quatre ans avant de se fixer sur la traduction qu’il donnait de cette première phrase ; il y revint encore dans la seconde édition, qui ne parut que trente-deux ans après la première ; et, dans les deux cas, il manqua le point essentiel, le Sentio quam sit exiguum, ce correctif que Cicéron apporte aussitôt à son propre éloge.

728. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Monsieur Étienne, ou une émeute littéraire sous l’Empire. » pp. 474-493

Il représentait assez bien ces jours-là, et trouvait dans sa parole des élégances et des traits qui soutenaient du moins son ancienne réputation. […] De tous mes déplaisirs ce moment me console : Le roi m’a plusieurs fois adressé la parole. […] Les paroles qu’il prononça à cette occasion le 15 janvier 1844 devant le public, par une journée glaciale et en pleine rue Richelieu, furent son dernier succès.

729. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Les Faux Démétrius. Épisode de l’histoire de Russie, par M. Mérimée » pp. 371-388

Des gentilshommes russes exilés, des débiteurs insolvables, « et ces hommes toujours prêts à se jeter dans les révolutions parce qu’ils ont de l’amertume au cœur, selon les paroles du Prophète », s’étaient réunis en Lituanie et lui faisaient une cour que le zèle belliqueux des Polonais allait bientôt changer en une armée. […] Il va au fait, il met tout en action ; la parole serre de près chaque situation, chaque caractère. […] Les dialogues même de ses personnages n’ont pas une parole inutile, et dans l’action il a marqué d’avance les points où chacun d’eux doit passer.

730. (1868) Les philosophes classiques du XIXe siècle en France « Chapitre IX : M. Jouffroy écrivain »

On voyait qu’il ne poursuivait que le vrai, qu’il y employait toute sa force, qu’il n’en dépensait rien pour des intérêts étrangers, qu’il ne songeait ni à briller ni à plaire, qu’il était penseur et non orateur, qu’il se servait de la parole par occasion et non par amour de la parole. […] « Je souffre, disait-il, toutes les fois que je-suis obligé de traduire en paroles des phénomènes intérieurs ; les expressions de la langue suggèrent à l’esprit des images qui ressemblent si peu aux phénomènes que sent la conscience, que de telles descriptions font toujours pitié à ceux qui les donnent61. » Les grands romanciers donnent des descriptions aussi difficiles que celles des psychologues, et néanmoins très-claires ; c’est qu’ils les composent de petits faits62.

731. (1868) Les philosophes classiques du XIXe siècle en France « Chapitre XIV : De la méthode (Suite) »

Pierre ; je suis tout à fait incapable de rendre les paroles de M.  […] Au bout d’un quart d’heure, l’embarras de sa parole et de sa pensée disparaît ; il a saisi son idée ; il la possède et il est possédé par elle. […] Paroles de Cuvier.

732. (1866) Cours familier de littérature. XXII « CXXXIe entretien. Littérature russe. Ivan Tourgueneff » pp. 237-315

Les paroles de Boris lui firent faire un mouvement de surprise. […] Vous m’avez juré que vous parliez sérieusement, et vous devez tenir votre parole. […] Pierre le regarda d’un regard qui semblait dire : En voilà une qui a le don de la parole ! […] Je ne vous rends pas votre parole. […] — C’est vrai, c’est vrai, s’écria Onufre, encouragé par ces paroles.

733. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — D. — article » p. 188

Il aura du moins l’avantage de trouver, dans l’esprit de Corps, du zele pour les faire acheter sur la parole de certains Prophetes, & celui de les faire vivre quelques jours dans les Sociétés merveilleuses où ces Prophetes donnent le ton.

734. (1896) La vie et les livres. Troisième série pp. 1-336

Sept d’entre eux, très fatigués, allèrent trouver Cortès dans son campement ; et celui des sept qui s’entendait le mieux aux paroles persuasives harangua le chef. […] Tout passe ; seule, cette parole restera, comme elle a été instituée dès le commencement. […] Nulle inflexion dans sa voix, même lorsqu’il rapporte des faits scandaleux, relate des paroles peu décentes ou décrit des postures incongrues. […] Nous avons beau regarder vers le Nord, nous n’en restons pas moins des orateurs et des architectes, amis des paroles intelligibles et des formes nettes. […] Et puis, ce jeune poète connaissait le secret des paroles magiques.

735. (1912) Pages de critique et de doctrine. Vol I, « I. Notes de rhétorique contemporaine », « II. Notes de critique psychologique »

Il lui sembla qu’il écoutait, non plus les mots écrits, mais des paroles prononcées. […] » Par des actes, des gestes, des paroles. […] Et tout auditoire était bon à ce causeur-né, qui s’enivrait de sa propre parole. […] En effet, voici vingt ans, un député de l’extrême gauche n’était un persécuteur qu’en paroles. […] Mon père s’amusait à me chanter des chansons qu’il faisait pour moi, paroles et musique.

736. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — P — Prarond, Ernest (1821-1909) »

. — Paroles sans musique (1855).

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