» Et elle, Brünnhilde, le Wotan-femme, « ferme derrière elle les portes grandes ouvertes de l’éternel Devenir, pour entrer dans le très saint pays de son choix, le pays sans désir et sans illusion » ; … la plus profonde souffrance d’amour m’ouvrit les yeux : je vis finir le monde. » J’ai cru utile d’insister sur ce point capital de la différence profonde entre les deux poèmes : c’est la seule chose qu’il soit indispensable de connaître pour comprendre et juger le poème de l’Anneau du Nibelung, et c’est en même temps un des faits les plus importants et les moins connus pour comprendre et juger l’évolution artistique qui s’est complétée et terminée dans l’âme de Wagner entre 1848 et 1852, c’est-à-dire, entre sa trente-cinquième et sa trente-neuvième année. […] Œuvres contemporaines Je vais rapidement énumérer les principales ouvres de Wagner qui d’une façon ou d’une autre se rattachent à cette époque de trente ans, soit qu’elles aient été conçues et exécutées en entier entre 1844 et 1874, soit qu’elles aient été terminées après 1844 ou commencées avant 1874. […] La période pratique, commerciale, si vous voulez, ne tardera point à s’ouvrir en France, étant déjà ouverte ailleurs depuis pas mal d’années. […] Œsterlein, a ouvert il y a deux ans, un Musée Wagner.
De cet atelier, je suis tombé à la nuit tombante dans l’atelier de Galland, le peintre-décorateur, dans cet atelier qui, en sa grandeur de cathédrale et avec son peuple mythologique de petites maquettes, au milieu de ses grisailles mourantes, semblait s’ouvrir à l’éveil crépusculaire d’un Olympe de Lilliput, ressuscitant la nuit. […] Non, le portier me laisse monter, et la petite bonne m’ouvre. […] Je vague au milieu de mes livres, sans les ouvrir, de mes dessins et de mes fleurs, sans les regarder. […] Des années, des années se passèrent, au bout desquelles l’empereur fit ouvrir le coffret.
Voici de remarquables vers d’amour du Peverone, ce brigand italien qui poivrait ses victimes pour les marquer de son sceau : Quand je te vois, quand je t’entends parler, Mon sang se glace dans mes veines, Mon cœur veut bondir hors de ma poitrine… Toute parole d’elle, quand elle ouvre la bouche, Attire, lie, frappe, transperce306. […] Qui ne connaît les vers tant cités sur Une charogne : Rappelez-vous l’objet que nous vîmes, mon âme, Ce beau matin d’été si doux : Au détour d’un sentier une charogne infâme, Sur un lit semé de cailloux, Les jambes en l’air, comme une femme lubrique, Brûlante et suant les poisons, Ouvrait d’une façon nonchalante et cynique Son ventre plein d’exhalaisons. […] En automne, le bruit des bûches qu’on vient de scier et tombant sur le pavé des cours lui fait dire : Il me semble, bercé par ce choc monotone, Qu’on cloue en grande hâte un cercueil quelque part… Ce n’est pas tant, à proprement parler, l’angoisse de la mort qu’on retrouve à chaque page que l’horreur toute physique du tombeau ; et lorsque nous le voyons se complaire aux idées de décomposition, évoquer les squelettes et rêver de cadavres, nous sommes tout simplement en présence de l’enfant qui, ayant peur de l’obscurité, ouvre la porte le soir et fait quelques pas au dehors pour ressentir le grand frisson de la nuit et, qui sait ? […] De plus, l’accroissement de la sociabilité est parallèle à l’accroissement de l’activité ; or, plus on agit et voit agir, plus aussi on voit s’ouvrir des voies divergentes pour l’action, lesquelles sont loin d’être toujours des voies « droites ».
Le monde qui apparaît de près, d’une démonstration immédiate qui dresse aussi merveilleusement les lieux qu’elle ouvre les cœurs. […] Plus assidûment encore et avec de plus harcelants malaises, le prince Pierre Bezonkhof, inquiet et se dégoûtant des grosses jouissances dont il essaie de tromper ses besoins spirituels de foi, se lance de-ci de-là à la recherche d’une règle, d’un mot magique qui donne quelque sens à ses actes, et rencontre en plein désespoir, un singulier personnage qui lui parle de Dieu et de la vie future selon les formes de la franc-maçonnerie ; il se jette dans cette secte pour reconnaître promptement l’inanité de sa philosophie et de sa morale, retombe dans sa morosité et ses débauches quand à l’approche de l’année française il est témoin de la forte certitude, de la foi et de la joie qui animent les masses populaires et les armées ; pris de contagion, enflammé d’un patriotisme fumeux, il quitte son palais, se môle à la populace, conçoit un instant le dessin d’assassiner Napoléon ; une conversation dissipe ce transport de férocité, il se fait horreur devant l’exécution de quelques-uns de ses compagnons, et froissé, prostré, éperdu, rejoint une troupe de prisonniers, où l’existence de pauvre qu’il mène, cette vie de résignation et d’insouciance l’apaisent peu à peu et l’ouvrent aux humbles paroles d’un petit soldai paysan, familier, doux et sensé ayant sur lui quelque chose de la bonne fraîcheur de la terre. […] Quelques-uns, sortant de la compassion et de l’amour d’eux-mêmes, se sentant participants à la force en qui réside indestructiblement le principe des existences passagères, et affermis en cette certitude de persister dans le tout, apprennent à ne plus se soucier de leur sort et à ne s’affliger pas autrement de leur dissolution que la froide terre où s’ouvrira leur fosse. […] Pour remonter enfin de cette connaissance des dehors essentiels et subjectifs, de cette connaissance des corps, des physionomies, des actes, des situations, des conditions, à la sorte de mouvements psychiques qu’ils causent ou dont ils sont causés, Tolstoï dut posséder tout d’abord une notion absolument exacte du seul rapport d’homme à âme qui lui était accessible, du sien, — et compléter cette intuition par des aptitudes miraculeuses au raisonnement par analogie pour autrui, par la divination des variations de la relation entre le monde et les êtres selon la variété de ces derniers, par d’audacieuses, sagaces et instinctives hypothèses, par une souveraine imagination psychologique qui lui ouvrit le cœur des simples et des femmes, comme l’esprit des méchants et des penseurs.
Le cœur volcan s’ouvre ; il en sort cette colombe, le Cantique des Cantique, ou ce dragon, l’Apocalypse. […] Quant à ce Paul, qui a été renversé par la force de la conviction nouvelle, cette brusquerie d’en haut lui ouvre le génie. […] Il faut savoir Ère, particulièrement, les livres du seizième siècle ; il y a dans presque tous, à cause des menaces pendantes sur la liberté de pensée, un secret qu’il faut ouvrir et dont la clef est souvent perdue ; Rabelais a un sous-entendu, Cervantes a un aparté, Machiavel a un double fond, un triple fond peut-être. […] Toute la vie est un secret, une sorte de parenthèse énigmatique entre la naissance et l’agonie, entre l’œil qui s’ouvre et l’œil qui se ferme.
Il regarda donc pendant longtemps et jusqu’au vertige dans la profondeur de son âme, de sa foi, de ses amours, de ses haines, de ses vengeances, et il se dit : « Je ferai voir l’invisible, et je le rendrai si visible, par la puissance de ma foi et par la vigueur de mes pinceaux, que la terre et le ciel sembleront s’ouvrir aux yeux des hommes, et que je jouirai d’abord en ce temps, puis, par anticipation, dans l’éternité, de cette justice éternelle qui sera à la fois ma félicité et ma vengeance. […] Le poème s’ouvrait aux portes de l’Éden et se terminait à la fin de la terre par l’explosion du globe, rendant toutes ses âmes purifiées, divinisées par la miséricorde de Dieu, et lançant ses gerbes de feu dans le firmament comme les flammèches d’un bûcher qui se consume lui-même après l’holocauste accompli. […] Ma passion précoce pour l’Italie poétique l’intéressa à moi ; il m’ouvrit le sanctuaire du Dante ; il m’apprit à épeler vers à vers ce grand poème ou cette grande énigme dont il était le sphinx depuis tant d’années. […] Dante le comprit, et, franchissant les limites de l’espace et du temps pour entrer dans le triple royaume dont la mort ouvre les portes, il plaça de prime abord la scène de son poème dans l’infini.
L’espace nous fournit donc ainsi tout d’un coup le schème de notre avenir prochain ; et comme cet avenir doit s’écouler indéfiniment, l’espace qui le symbolise a pour propriété de demeurer, dans son immobilité, indéfiniment ouvert. […] Le même instinct, en vertu duquel nous ouvrons indéfiniment devant nous l’espace, fait que nous refermons derrière nous le temps à mesure qu’il s’écoule. […] Le mettre, à l’état de modification moléculaire, dans la substance cérébrale, cela paraît simple et clair, parce que nous avons alors un réservoir actuellement donné, qu’il suffirait d’ouvrir pour faire couler les images latentes dans la conscience. […] On oublie que le rapport de contenant à contenu emprunte sa clarté et son universalité apparentes à la nécessité où nous sommes d’ouvrir toujours devant nous l’espace, de refermer toujours derrière nous la durée.
François Ier ouvre la marche avec ses épouses obscures, et avec l’une au moins de ses maîtresses brillantes, la comtesse de Châteaubriant. […] À Rennes (1598), quand le roi, qui songeait sérieusement à épouser Gabrielle, et qui, depuis quelque temps, voulait s’en ouvrir à Sully sans l’oser, s’arma à la fin de courage, et, emmenant son serviteur dans un jardin, le retint à causer durant près de trois heures d’horloge, on assiste à une conversation à la fois politique et des plus plaisantes.
Ceux-ci ne pouvaient pardonner à l’adversaire imprévu d’ouvrir cette veine toute nouvelle. […] Après avoir conseillé surtout l’étude de la botanique, comme propre à calmer l’âme et à lui ouvrir une source d’aimables et faciles jouissances, il montre le promeneur fatigué rentrant plus riche le soir dans sa pauvre chambre : « Oh !
Il est amoureux, il est fidèle, dit-il, mais ce n’est point en vertu d’un téméraire espoir : Que la terre à mes pieds s’ouvre pour m’abîmer, Si je cherche en l’aimant que le bien de l’aimer ! […] Le seul épisode de la carrière publique de Maucroix, qui mérite d’être rappelé un peu plus au long, c’est le rôle qu’il remplit à Paris à la fameuse Assemblée du clergé de 1682, laquelle s’ouvrit, comme on sait, par le sermon de Bossuet Sur l’unité de l’Église, et qui aboutit à la déclaration des quatre articles de l’Église gallicane.
Il y a depuis quelque temps comme un concours ouvert sur d’Aubigné. […] Le conseil fut suivi aussitôt, et, le rideau ouvert, voici les propos que ce prince entendit : Sire, disait d’Aubigné, est-il donc vrai que l’esprit de Dieu travaille et habile encore en vous ?
Prud’homie parfaite, selon lui, a pour fondement « un esprit universel, galant, libre, ouvert et généreux, un esprit voyant partout, s’égayant par toute l’étendue belle et universelle du monde et de la nature ». […] Il faut, dit-il, réveiller et échauffer leur esprit par demandes, les faire opiner les premiers et leur donner même liberté de demander, s’enquérir, et ouvrir le chemin quand ils voudront.