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988. (1889) Les œuvres et les hommes. Les poètes (deuxième série). XI « Henri Heine »

Mais ce que nous savons, c’est que c’était là une bonne occasion pour les batteurs d’œufs de cette omelette soufflée qu’on appelle l’actualité de reparler de Henri Heine, dont, sans cela, je vous en réponds !

989. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « M. Charles Didier » pp. 215-226

En lisant au front de son volume ces mots : Les Amours d’Italie, on pourrait supposer qu’il a saisi, avec l’ambition très-peu scrupuleuse du succès, cette misérable bonne fortune d’occasion qu’un goût très-élève dédaignerait ; mais quand il s’agit de M. 

990. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre V. Des Grecs, et de leurs éloges funèbres en l’honneur des guerriers morts dans les combats. »

Dans une ville divisée en factions, et dont la moitié, corrompue par l’or de Philippe, se précipitait au-devant de ses fers, on ne manqua point une si belle occasion de déclamer contre un grand homme.

991. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « Delille »

Laurent, à l’occasion d’un bras artificiel qu’il a fait pour un soldat invalide (1761), on trouve pourtant déjà tout le poëte didactique ; les merveilles de l’industrie et de la mécanique moderne y sont décrites en une série de périphrases accompagnées de notes indispensables : Là le sable, dissous par les feux dévorants, Pour les palais des rois brille en murs transparents ! […] Glaces donc, tapisseries, écriture, imprimerie, moulin à vent, moulin à eau, pompes, écluses, ponts portatifs, automates de Vaucanson, machine de Marly, tout est passé en revue à l’occasion de ce bras artificiel. […] Il s’en occupe, mais seulement comme de tout ce qui est bizarre et peut le faire rire ; aussi le soin qu’il en prend est-il toujours en contraste avec les occasions : on l’a vu se présenter en frac chez une duchesse, et courir les bois, à cheval, en manteau court.

992. (1858) Cours familier de littérature. VI « XXXIVe entretien. Littérature, philosophie, et politique de la Chine » pp. 221-315

Les savants de l’Europe ont beau élever la voix pour célébrer ces anciennes nations, ils ne peuvent presque en parler que d’imagination, puisqu’ils ne les connaissent que par des étrangers qui, les ayant connues trop tard, n’en ont parlé que par occasion, et ont laissé beaucoup d’obscurités dans les fragments disparates qu’ils ont recueillis de leur histoire. […] Il persista dans ce même état l’espace de cinq nouveaux jours, après lesquels, faisant réflexion que puisqu’il avait rempli avec la dernière exactitude tout ce que les anciens pratiquaient en pareille occasion, il était temps qu’il se rendît enfin à la société, et qu’il serait coupable envers elle s’il continuait à écouter sa douleur, préférablement à ce que lui suggérait la raison d’accord avec le devoir. […] L’espace limité de ces pages ne nous permet pas ici d’entrer dans le récit circonstancié de ces longues missions philosophiques et de rapporter les mille anecdotes et les cent mille leçons dont chacun de ses pas fut l’occasion.

993. (1859) Cours familier de littérature. VII « XXXVIIe entretien. La littérature des sens. La peinture. Léopold Robert (2e partie) » pp. 5-80

Parent de la femme de Lucien par ma mère, j’ai eu moi-même l’occasion de connaître cette femme, que son mari avait préférée à un sceptre. […] Il mourut sans gloire, quoique né pour la gloire : il se pressa trop de la saisir là où il crut apercevoir son ombre ; le Ciel lui devait peut-être une meilleure occasion, et une meilleure mort. […] » Ces expressions du frère et du confident du grand artiste ne laissent aucun doute sur la cause de sa mort ; on ignore seulement quelle en fut l’occasion immédiate et déterminante.

994. (1859) Cours familier de littérature. VII « XLIIe entretien. Vie et œuvres du comte de Maistre » pp. 393-472

Ce bonheur se lisait sur son visage épanoui sous ses cheveux blancs comme un soleil d’automne sur la neige ; il était gai, content, reposé sans prétention et nullement sans charme, toujours prêt à fournir l’occasion de la réplique à ses frères pour les faire briller en s’éclipsant, parlant du comte comme d’un ancien, de l’abbé comme d’un saint, de Xavier comme du Benjamin absent et regretté de la tribu. […] J’avais eu occasion de le voir un an avant dans un duel où il avait été héroïque ; il ne me connaissait que de visage ; il ne savait pas mon nom, quoique j’eusse pris parti pour lui dans sa querelle. […] Si j’ai vécu jusqu’à présent d’une manière irréprochable, j’en ai recueilli le prix dans cette occasion.

995. (1865) Cours familier de littérature. XX « CXVIIIe entretien. Littérature américaine. Une page unique d’histoire naturelle, par Audubon (2e partie) » pp. 161-239

Plein de compassion, j’allais m’éloigner, lorsqu’une idée me frappa : c’est que je devais avant tout donner une exacte description du nid, et que pareille occasion ne me serait peut-être plus offerte. […] Leur chant alors, quand ils se rencontraient sur le bord du nid, se faisait remarquer par un petit gazouillement et des accents de joie que je n’ai jamais entendus dans aucune autre occasion : c’était, je m’imagine, la douce, la tendre expression du plaisir qu’ils se promettaient, et dont ils semblaient jouir par anticipation sur l’avenir. […] Dans une autre occasion, je vous donnerai de telles preuves de cette disposition qu’ont les oiseaux à revenir, avec leur progéniture, au lieu de leur naissance, que peut-être vous serez convaincu, comme je le suis en ce moment, que c’est précisément à cette tendance que chaque contrée doit l’augmentation qu’on remarque souvent parmi ses espèces, soit d’oiseaux, soit de quadrupèdes.

996. (1929) La société des grands esprits

Les Grecs restaient artistes en toute occasion : c’est une de leurs supériorités sur les multitudes contemporaines. […] Clemenceau, qui en mainte occasion a bel et bien fait œuvre d’homme de lettres. […] Nul n’a songé à lui en offrir l’occasion. […] Bref, en toute occasion, c’est la maîtrise et la supériorité de Goethe qui s’affirment. […] Flaubert n’est un réaliste que par occasion.

997. (1782) Essai sur les règnes de Claude et de Néron et sur la vie et les écrits de Sénèque pour servir d’introduction à la lecture de ce philosophe (1778-1782) « Essai, sur les règnes, de Claude et de Néron. Livre premier. » pp. 15-203

V et VI) rappellent, à l’occasion de ce forfait, l’exemple des anciens orateurs, aux yeux desquels le seul digne prix de l’éloquence fut l’immortalité de leur nom51. « Penser autrement, c’était réduire la reine des beaux-arts à un vil esclavage. […] Il était nuit, il n’y avait point de témoin ; la belle occasion perdue ! […] Cependant il y a cette différence entre le courtisan et le philosophe, que l’un épie l’occasion de flatter, et que l’autre la fuit ; que l’un souffre de sa dissimulation, en rougit, se la reproche, et que l’autre s’en applaudit. […] à quelle occasion ? […] Louis XV avait prononcé les trois paroles rappelées : la première, à l’occasion du transport, qu’il désirait, de l’Hôtel-Dieu dans l’île des Cygnes ; la deuxième, à propos de son ministre, M. de Monteynard ; la troisième, dans diverses circonstances.

998. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME ROLAND — I. » pp. 166-193

A voir la fatale et croissante préoccupation qu’inspirent aux survenants ces figures gigantesques, trop souvent salies de boue ou livides de sang en même temps qu’éclairées du tonnerre, à voir la logique intrépide des doctrines qui s’y rattachent et qui servent tout aussitôt d’occasion ou de prétexte à des craintes et à des répressions contraires, on peut juger que le mal, les moyens violents, iniques, inhumains, même en supposant qu’ils aient durant le moment de crise une apparence d’utilité immédiate, laissent ensuite, ne fût-ce que sur les imaginations frappées des neveux, de longues traces funestes, contagieuses, soit en des imitations théoriques exagérées, soit en des craintes étroites et pusillanimes. […] Le désintéressement que réclame la chose publique trouve sous sa plume une vertueuse énergie d’expression : « Quand on ne s’est pas habitué, dit-elle, à identifier son intérêt et sa gloire avec le bien et la splendeur du général, on va toujours petitement, se recherchant soi-même et perdant de vue le but auquel on devrait tendre. » Mais au même moment son noble cœur, si désintéressé des ambitions vulgaires, se laisse aller volontiers à l’idée des orages, et les appelle presque pour avoir occasion de s’y déployer.

999. (1868) Cours familier de littérature. XXV « CXLVIIIe entretien. De la monarchie littéraire & artistique ou les Médicis (suite) »

Tels sont les sentiments avec lesquels je vais poursuivre l’exécution de mon dessein, suppliant le ciel de m’accorder dans cette occasion la grâce de faire tout ce que chaque citoyen doit être prêt à entreprendre dans tous les instants pour le bonheur de sa patrie. » De San-Miniato, le 7 décembre 1479. […] Je réponds à cela que sans doute je serais très-condamnable, si la nature avait accordé aux hommes la faculté de pouvoir s’occuper dans tous les instants des choses qui sont le plus véritablement dignes d’estime ; mais comme cette faculté n’a été donnée qu’à un petit nombre d’individus, et que ceux-là mêmes ne trouvent pas souvent dans le cours de leur vie l’occasion d’en faire usage, il me semble, en considérant l’imperfection de notre nature, que l’on doit accorder le plus d’estime aux occupations dans lesquelles il y a le moins à reprendre. — Si les raisons que j’ai apportées déjà ne paraissaient pas suffire à ma justification, ajoute-t-il ensuite, je n’ai plus qu’à me recommander à l’indulgence de mes lecteurs.

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