Son nom doit rappeler à tous ceux qui l’ont lu ou entendu, l’idée d’un des plus habiles Orateurs qui aient illustré la Chaire.
S’il eût rejeté de fausses Anecdotes, choisi des faits plus avérés, ses morceaux d’Histoire pourroient passer pour des modeles ; mais sa Conjuration de Venise, celle des Gracques, l’Histoire de Dom Carlos, sont à présent regardées, avec raison, comme des Romans ingénieux, qui ne renferment de vrai que le nom des Personnages, & quelques faits trop ajustés au tour de sa brillante imagination.
Monsieur Fragonard, quand on s’est fait un nom, il faut avoir un peu plus d’amour-propre.
D’ailleurs, si nous voulons savoir toutes les choses à mesure qu’elles passent sous nos yeux, nous instruire des doctrines avant qu’elles aient vieilli ; savoir, pendant qu’ils l’occupent encore, les noms des acteurs qui se succèdent sur la scène politique, n’avons-nous pas les journaux de tous les jours, les livres de chaque semaine, les pamphlets du soir et du matin ?
Les héros, et les hiéroglyphes qui signifiaient leurs caractères ou leurs entreprises, furent donc placés dans le ciel, ainsi qu’un grand nombre des dieux principaux, et servirent l’astronomie des savants, en donnant des noms aux étoiles.
Non, c’est là un nom de victoire ! Le soldat victorieux, rouge de blessures qu’il ne sent pas, salue de ce nom son général. […] Les noms de whigs et de tories venaient de naître, et les plus hauts débats de philosophie politique s’agitaient, nourris par le sentiment d’intérêts présents et pratiques, aigris par la rancune de passions anciennes et blessées. […] C’est à peine si une allégorie biblique conforme au goût du temps dissimule les noms sans cacher les hommes. […] Il faut que le public reconnaisse les personnages, qu’il crie leurs noms sous leurs portraits, qu’il applaudisse à l’insulte dont on les charge, qu’il les bafoue, qu’il les précipite du haut rang où ils veulent monter.
À côté de la Bible, ce qu’il aime, c’est Pope, le plus correct, le plus compassé des hommes : « Je l’ai toujours regardé comme le plus grand nom de notre poésie. […] Lui-même, un peu plus tard, laissant le masque d’Harold, reprenait son récit en son propre nom, et qui n’eût été touché d’aveux si passionnés et si entiers ? […] Ils entrent les premiers dans quelque province inexplorée de la nature humaine, qui devient leur domaine, et désormais, comme un apanage, soutient leur nom. […] Gœthe pousse l’affectation d’orthodoxie jusqu’à inscrire au-dessous de chacun son nom latin et sa niche dans la Vulgate1288. […] Il y a du sang assez pour rassasier un tigre, et ce sang coule parmi les calembours ; c’est pour railler la guerre et les boucheries décorées du nom d’exploits.
L’examinateur ne répondait rien, et continuait à feuilleter l’énorme monographie, lorsque, tombant sur notre nom, au bas d’une note, il s’écriait : « Ah ! c’est trop fort, ce nom dans votre livre…. […] Les noms de ces écrivains ne doivent jamais être cités par un auteur, qui se respecte ! […] Partout du monde demandant à être reconnu, quêtant derrière lui, le murmure de son nom. […] En battant des rues, des ruelles interminables, avec le sentiment que chaque pas m’éloigne de mon gîte, j’ai soudainement l’angoisse d’avoir oublié le nom de mon hôtel, sans pouvoir le retrouver, quelque effort que je fasse : angoisse horrible qui ne dure qu’un moment, il est vrai.
Lui aussi, il avait rêvé de remplir l’univers de son nom, de faire des poèmes et des drames ; d’être à la fois Shakespeare et Musset, Goethe et Leopardi.
C’est pourquoi je me permets, sans avoir la prétention de vouloir inscrire son nom au temple de Mémoire, de le recommander tout spécialement à ceux qui sont las d’errer au bord de ces marécages de vers boiteux et de proses rampantes, qui coassent incessamment : Moi !
Maurice Lefèvre, résumant l’impression générale, disait, en nommant l’auteur de ces deux poèmes : « Xavier Privas, un nom à retenir… ».
Diptyque (le Porcher, Eurythmie), Paris, mars 1891, sans nom d’éditeur.