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415. (1889) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Quatrième série « Jean Lahor (Henri Cazalis). »

Il aimera avec sensualité et langueur : car il ne voudra goûter l’amour qu’aux lieux et aux heures qui le conseillent et l’insinuent, dans les parfums, dans les musiques, dans la douceur et la mélancolie des soirs tièdes.

416. (1896) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Sixième série « La Solidarité »

Un peu de musique aidant, j’ose dire que nous sommes, à l’heure qu’il est, virtuellement très bons les uns pour les autres.

417. (1920) La mêlée symboliste. I. 1870-1890 « La réforme prosodique » pp. 120-128

……………………………………… De la musique encore et toujours !

418. (1888) Journal des Goncourt. Tome III (1866-1870) « Année 1867 » pp. 99-182

Il y a six mois, il est tombé de son pays, d’Auxerre, sur le pavé des basses lettres à Paris, en compagnie de sa femme, une jeune femme de dix-sept ans, et réduit, pour vivre, à copier de la musique sur d’imbéciles paroles gaies de Debraux… 20 mars À propos du grand nombre de fous chez les musiciens, — enfermés ou non enfermés, — Berthelot disait finement : « Ce sont des gens qui sentent et ne pensent pas !  […] Après le café on s’assoit dans le petit jardin muré, aux dessins de verdure de tapisserie, pareil à un jardin de Pompéi, dans lequel arrivent, par bouffées sonores, la musique de Mabille, les quadrilles de la prostitution à pied, venant expirer aux pieds de la fille, qui se vante d’avoir par jour 1 000 francs de loyer à Paris et 1 000 de loyer à Pontchartrain. […] On nous citait une femme gagnant une très grosse somme par jour, avec le talent qu’elle a seule d’enfiler un collier de perles : c’est-à-dire d’assembler les perles, de les faire valoir l’une par l’autre, de les harmonier, de chercher pour ainsi dire leurs accords, sur des espèces de registres de musique en ébène. […] * * * — La musique au théâtre, au concert, ne me touche pas, je ne la sens un peu qu’avec le plein air et l’imprévu du hasard. […] Et les uns sur les bateaux, les autres sur des périssoires, semant le lac d’éclairs, en coupant de la rame ou des palettes l’eau scintillante, évoquent dans cette banlieue un souvenir d’un lac de cette Italie, dont la langue revient en musique, sur les lèvres des hommes et des femmes.

419. (1866) Cours familier de littérature. XXI « CXXVIe entretien. Fior d’Aliza (suite) » pp. 385-448

Quand il me disait : Allons ici ou là, j’allais ; quand je l’appelais, il venait partout où j’avais fantaisie d’aller moi-même ; nous ne savions jamais qui est-ce qui avait pensé le premier, mais nous pensions toujours la même chose : à la source, pour puiser l’eau de la maison ; sur les branches, pour battre les châtaignes ; aux noisetiers, pour remplir lui sa chemise, moi mon corset de noisettes vertes ; au maïs, pour sarcler les cannes ou cueillir les grains jaunis par l’été ; à la vigne, aux figuiers, pour couper les grappes ou pour sécher les figues mûres ; à l’étable, pour traire les chèvres, pendant qu’il les tenait par les cornes ; dans le ravin, où il y a l’écho de la grotte, pour nous apprendre à remuer les doigts sur les trous du chalumeau de la zampogna, à chercher à l’envi l’un de l’autre des airs nouveaux dans l’outre du vent qui s’enflait et se désenflait de musique sous notre aisselle ; ici, là, enfin partout, toujours deux, toujours ensemble, toujours un ! […] Enfin, ce fut une inspiration de quelqu’un de ces chérubins qu’on voit jouer de leurs harpes dans les voûtes peintes du dôme des églises, sans doute, preuve que le ciel même se plaît à la musique des pifferari, qui jouent le mieux la prière de leurs cœurs, des pauvres vieillards ou des pauvres enfants, sur leurs instruments. […] CXLI Alors je m’agenouillai dans la poudre du chemin, sur le premier degré du palais de sa niche, j’enflai la peau de chèvre si longtemps vide et muette qui donne le vent au chalumeau d’où le vent sort en musique, selon qu’on ouvre on qu’on ferme plus agilement avec les doigts les trous de la flûte, et je commençai à jouer un des airs les plus amoureux et les plus dévots que nous avions composés par moitié, Hyeronimo et moi, un beau soir d’été, au bord de l’eau, sous la grotte du pré.

420. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Maurice et Eugénie de Guérin. Frère et sœur »

Drôle de musique du Cayla, que j’aime, ai-je dit, parce que je n’en ai pas d’autre. Qui n’entend jamais rien, écoute le bruit, quel qu’il soit. » Elle ne sait pas la musique, et elle le regrette : il lui semble qu’elle aurait un moyen plus puissant et plus efficace que tout autre pour s’exprimer, pour s’épancher.

421. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Beaumarchais. — III. (Suite et fin.) » pp. 242-260

On peut juger de ce que peut être la dignité de l’homme mise en musique ; mais les contemporains s’en accommodaient fort, et Beaumarchais essayait par tous les moyens de ressaisir la popularité qui lui échappait. […] Beaumarchais, si attaqué, si calomnié, n’eut jamais de haine ; si l’on excepte Bergasse, qu’il a personnifié dans Bégearss avec plus de mauvais goût encore que de rancune, il avait raison de dire et de répéter : J’ai reçu de la nature un esprit gai qui m’a souvent consolé de l’injustice des hommes… Je me délasse des affaires avec les belles-lettres, la belle musique et quelquefois les belles femmes… Je n’ai jamais couru la carrière de personne : nul homme ne m’a jamais trouvé barrant ses vues ; tous les goûts agréables se sont trop multipliés chez moi pour que j’aie eu jamais le temps ni le dessein de faire une méchanceté.

422. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome premier — Livre troisième. Le souvenir. Son rapport à l’appétit et au mouvement. — Chapitre deuxième. La force d’association des idées »

Il m’est plus facile de me rappeler un paysage en écoutant un air de musique que de me rappeler un autre air de musique, surtout si les sons de l’orchestre ont de la force.

423. (1895) Les œuvres et les hommes. Journalistes et polémistes, chroniqueurs et pamphlétaires. XV « Xavier Aubryet » pp. 117-145

Rossini, par exemple, n’y est pas seulement Rossini ; il s’y appelle : « le paganisme de la musique ». […] Pas plus en style qu’en conception plus haute, Xavier Aubryet n’est un païen de ce temps, trop renouvelé des Grecs, et il l’a prouvé dans son Rossini ou le paganisme dans la musique.

424. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « Mme DESBORDES-VALMORE. (Pauvres Fleurs, poésies.) » pp. 115-123

» Reprends donc de ta destinée L’encens, la musique, les fleurs ; Et reviens, d’année en année, Au jour où tout éclate en pleurs !

425. (1874) Premiers lundis. Tome I « Hoffmann : Contes nocturnes »

Cœurs ulcérés, comme il aurait voulu vous retremper au sein d’une nature active, aimante et pleine de voix et de parfums ; vous ravir dans des musiques bénies parmi des anges de lumière et de bonté ; vous enchanter ici-bas par des images pudiques et des apparitions gracieuses auxquelles pourtant vous n’auriez pas dû trop toucher, de peur de les flétrir et de vous dégoûter avant le temps !

426. (1874) Premiers lundis. Tome II « H. de Balzac. Études de mœurs au xixe  siècle. — La Femme supérieure, La Maison Nucingen, La Torpille. »

Rousseau tué par les chagrins et par la misère… » Après avoir quelque temps continue sur ce ton,  l’auteur s’attache à une phrase échappée à M. de Custine dans son livre sur l’Espagne : « En France, dit le spirituel touriste, Rousseau est le seul qui ait rendu témoignage par ses actes autant que par ses paroles à la grandeur du sacerdoce littéraire ; au lieu de vivre de ses écrits, de vendre ses pensées, il copiait de la musique, et ce trafic fournissait à ses besoins.

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