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1158. (1928) Quelques témoignages : hommes et idées. Tome II

Il juge ceux-ci avec une lucidité singulière, admirant par-dessus tout, Musset, qu’il redoute : « Puisses-tu », écrit-il à un ami, « n’en pas tout lire, car j’ai des exemples, sous les yeux, terribles. » Et, aussitôt après, comme pour corriger ce dangereux enthousiasme : « Le plus grand poète français, c’est Bossuet. » Il fait de la musique. […] Des débris de cette sorte, on en trouve partout dans cette Italie où les couches de plusieurs civilisations se superposent, mais la gloire unique de ce Campo Santo de Pise, ce sont les fresques qui se développent le long des murs et, parmi elles, ce Triomphe de la mort, attribué longtemps à Orcagna, saisissante allégorie de la destinée humaine, où l’on voit à droite des dames et des seigneurs avec leurs faucons et leurs petits chiens, en train d’écouter de la musique, tandis que la Mort, d’un geste furieux, brandit sur eux l’implacable faux.

1159. (1782) Essai sur les règnes de Claude et de Néron et sur la vie et les écrits de Sénèque pour servir d’introduction à la lecture de ce philosophe (1778-1782) « Essai, sur les règnes, de Claude et de Néron. Livre second » pp. 200-409

Que Sénèque pousse son énumération aussi loin qu’il voudra, je persisterai dans la même réponse, et je lui dirai, d’après mon expérience, d’après l’expérience des bons et des méchants, que l’imitation d’une action vertueuse par la peinture, la sculpture, l’éloquence, la poésie et la musique, nous touche, nous enflamme, nous élève, nous porte au bien, nous indigne contre le vice aussi violemment que les leçons les plus insinuantes, les plus vigoureuses, les plus démonstratives de la philosophie.

1160. (1870) Portraits contemporains. Tome IV (4e éd.) « M. DAUNOU (Cours d’Études historiques.) » pp. 273-362

Lorsqu’il eut fini aq milieu des sanglots, et que, comme intermède, quarante jeunes élèves du Conservatoire, vêtues de blanc, les cheveux ornés de bandelettes et portant des écharpes de crêpe, eurent chanté, autour du mausolée, une strophe de l’hymne de Chénier mise en musique par Cherubini ; après que ces jeunes élèves, deux à deux, d’une main tremblante et en détournant leurs regards où se peignaient l’attendrissement et la douleur, furent venues déposer leurs branches de laurier aux pieds de l’effigie du mort109 ; en ce moment solennel, le citoyen Daunou, membre de l’Institut national, et chargé par lui de faire le panégyrique du héros, s’avança, tenant à la main aussi sa branche de laurier, et parla sur les degrés du mausolée : « ….

1161. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « Mémoires du général La Fayette (1838.) »

Il aimait beaucoup et goûtait la musique, la métaphysique aussi, on le sait, et pas du tout le travail, à proprement parler.

1162. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre III. L’âge classique. — Chapitre V. Swift. » pp. 2-82

La musique involontaire dont la pensée s’enveloppe cache la laideur et dévoile la beauté.

1163. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre V. Les contemporains. — Chapitre III. La critique et l’histoire. Macaulay. »

Là, se montraient les charmes voluptueux de celle à qui l’héritier du trône avait en secret engagé sa foi ; là aussi était cette beauté, mère d’une race si belle, la sainte Cécile dont les traits délicats, illuminés par l’amour et la musique, ont été dérobés par l’art à la destruction commune ; là étaient les membres de cette brillante société qui citait, critiquait et échangeait des reparties sous les riches tentures en plumes de paon qui ornaient la maison de mistress Montague ; là enfin, ces dames dont les lèvres, plus persuasives que celles de Fox lui-même, avaient emporté l’élection de Westminster en dépit de la cour et de la trésorerie, brillaient autour de Georgiana, duchesse de Devonshire1380.

1164. (1898) Manuel de l’histoire de la littérature française « Livre II. L’Âge classique (1498-1801) — Chapitre premier. La Formation de l’Idéal classique (1498-1610) » pp. 40-106

. — Sa réforme de l’orthographe ; — ses innovations métriques ; — ses tentatives de lier ensemble la musique et la poésie ; — son Académie.

1165. (1880) Goethe et Diderot « Diderot »

Engoué de musique et de danse, il rêvait, pour se grandir lui-même, de proportions inconnues au théâtre, et, dût le théâtre en crever, il y faisait entrer de force l’Opéra, prosaïsant, rapetissant le sujet des pièces, mais agrandissant le spectacle.

1166. (1853) Portraits littéraires. Tome II (3e éd.) pp. 59-300

Il parcourt les lagunes, il épie d’un œil inquiet les gondoles joyeuses, et au lieu de l’amour pur et sincère, hardi et confiant, il aperçoit une jeune fille qui a vendu son corps pour quelques sequins, un voyageur blasé qui a loué pour la soirée une courtisane et une gondole, des flambeaux et de la musique ; il entend les stances du Tasse répétées par des bouches mercenaires, des baisers qui, au lieu de célébrer l’amour confiant et plein d’espérance, racontent la pauvreté avilie. […] La musique et l’architecture sont évidemment hors de cause.

1167. (1890) Les princes de la jeune critique pp. -299

Lisez tout haut ceci : « Les contemporains ni n’en discernaient clairement le sens ni n’en soupçonnaient la portée. » Et encore ceci (il s’agit de l’argot) : « Évidemment ces formations sont l’œuvre d’imaginations toutes remplies de sales pensées et dont la circonvolution ne ramène jamais à la surface que des locutions grossières, et grossières même avant que de naître, parce qu’on parle comme on pense, et que, pas plus on ne parle clair quand on pense obscur, pas plus on ne peut parler honnête, s’il est permis de s’exprimer ainsi, quand on pense canaille22. » Cet homme assurément n’aime pas la musique. […] Rien qui s’harmonise mieux avec sa nature, si ce n’est peut-être la musique ; à condition sans doute qu’elle soit suave, langoureuse et, suivant ses propres termes, Triste comme la voix d’une amante qui pleure.

1168. (1782) Essai sur les règnes de Claude et de Néron et sur la vie et les écrits de Sénèque pour servir d’introduction à la lecture de ce philosophe (1778-1782) « Essai, sur les règnes, de Claude et de Néron. Livre premier. » pp. 15-203

Il m’objectera ici ce qu’il m’a dit plusieurs fois : qu’il n’y a peut-être pas une idée principale, folle ou sage, qui lui appartienne, que la préférence de l’état sauvage sur l’état civilisé, n’est qu’une vieille querelle réchauffée ; qu’on avait fait cent fois avant lui l’apologie de l’ignorance contre les progrès des sciences et des arts ; qu’on retrouve partout la base et les détails de son Contrat social ; qu’un homme d’un peu de goût ne s’avisera jamais de comparer son Hèloïse avec les romans de Richardson, qu’il a pris pour modèle ; que son Devin du village n’est aujourd’hui que de la très-petite musique ; que, si l’on avait un enfant à élever, on laisserait les idées fausses ou exagérées d’Emile, pour se conformer aux sages préceptes de Locke ; que l’on ne clouta jamais que les langes où nous emprisonnons les nouveau-nés, ne les fissent pâtir, et ne les déformassent ; qu’on lit dans la plupart des moralistes et des médecins122, que les mères exposaient leur santé et manquaient à leur devoir en refusant à leurs enfants la nourriture qui gonflait leurs mamelles, et que c’est autant la fréquence des accidents que l’éloquence de Rousseau qui les a persuadées. […] Comme il prétendit que nous n’avions point, que nous n’aurions jamais de musique, lorsque nous croyions en avoir une, et que nous en avions une, lorsqu’il était presque décidé que nous n’en aurions jamais. […] XLIV), et surtout que ses instruments de musique ne soient pas oubliés.

1169. (1886) Le roman russe pp. -351

Le critique Biélinsky traduira le sentiment de sa race, le jour où il dira avec tant de justesse : « Notre patrie est un mirage. » Le poète Tutchef sera entendu de tous, quand il écrira ces vers mystérieux : Comme le globe terrestre Est enveloppé par l’Océan, Ainsi la vie terrestre Est entourée de songes… Le cycle des bylines embrasse et transmute en rêves toute la vie nationale : mythes de dieux déchus et d’hommes fabuleux, souvenirs de merveilles qui poursuivent la race humaine et qu’elle se transmet à travers les âges, sous des vêtements toujours changeants ; épopées des ancêtres, chansons héroïques ou tendres, complaintes des chétives misères, rhapsodies où reviennent tous les noms que le peuple a aimés ou haïs ; c’est la musique de l’histoire ; depuis huit siècles, plus peut-être, elle se chante chez les pêcheurs des grands fleuves, chez les Cosaques d’Ukraine. […] Il y avait grand bal au Palais-d’Hiver ; la cour était réunie depuis longtemps, la musique jouait déjà ; on ne s’expliquait pas le retard de l’Empereur, on le croyait retenu par quelque affaire urgente. […] En les achevant, on est tenté d’appliquer à Tourguénef ce qu’il dit ailleurs d’un de ses héros : « Il possédait le grand secret de cette musique qui est l’éloquence ; il savait, en touchant certaines cordes du cœur, faire tressaillir et résonner sourdement toutes les autres. » Le Nid de seigneurs fixa la renommée de l’écrivain.

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